• Aucun résultat trouvé

Les acteurs et leur espace

II. Les acteurs

Dans l’analyse des acteurs dans différents espaces pas forcément cloisonnés, nous mettons plusieurs catégories : il y a, d’un côté, ceux qui sont en charge de la production, de la transformation, de la distri-bution et de la commercialisation que nous appellerons les acteurs de la base auxquels se joignent les consommateurs, et, de l’autre, toutes les institutions qui prennent les décisions et les organismes

45. — Le mouton et la chèvre du Fouta-Djalon sont assez rustiques et de petite taille (0,40 à 0,60 mètre) avec un poids moyen de 20 à 30 kilogrammes ; ils constituent les élevages des sédentaires.

d’appui et d’encadrement. Dans ce lot, nous mettrons les pouvoirs publics, les ONG et la recherche. La figure 4 permet de comprendre la place des acteurs dans les filières laitières locales.

FIGURE 4. — Schéma simplifié des filières laitières et acteurs au Sénégal.

II. 1. LES PRODUCTEURS

Les producteurs sont catégorisés suivant le mode de conduite de l’activité qui est d’abord sous-tendu par les moyens et méthodes mis en œuvre ; ainsi, on distingue le système agropastoral, plus important par la taille du cheptel car il concerne 67 % des bovins et 62 % des petits ruminants (MAE, 2001) le sys-tème pastoral et le syssys-tème moderne de production.

II.1.1.LES PASTEURS DANS LE SYSTÈME EXTENSIF

Le système pastoral recouvre la zone sylvopastorale, caractérisée par une faiblesse des précipitations (au Nord de l’isohyète 400 mm). Les quantités recueillies annuellement sont incapables d’entretenir une agriculture productive. La pluviométrie est donc largement déficitaire, le couvert végétal contracté. Il est composé d’espèces à épineux, caractéristiques d’une adaptation physiologique à la rigueur climatique.

Cette végétation est également insuffisante pour la satisfaction des besoins alimentaires du cheptel de ce système qui concerne 32 % des bovins et 35 % des petits ruminants (DIAO, 2003) du Sénégal. Le mode de vie mené par les éleveurs consiste en la recherche de sécurité alimentaire des troupeaux.

Dans le système extensif pastoral, la production laitière traditionnelle n’a lieu quasiment qu’en sai-son des pluies, moment où les pâturages sai-sont relativement abondants. « Pas de pluie, pas de lait » (VATIN, 1996). Elle s’établit sur deux à trois mois (août, septembre, octobre). Cette production sert d’abord à couvrir les besoins de la famille du pasteur (autoconsommation) qui absorbent près de 80 % de la production ; c’est seulement l’excédent qui est commercialisé.

Le lait, à la différence du bétail, constitue un aliment quotidien de la famille ; c’est aussi, comme ali-ment du veau, une « matière première » de l’élevage. La vente de produits laitiers ne porte donc que sur un surplus, une fois assurées l’alimentation du veau et celle de la famille.

(VATIN, 1996).

Par ailleurs, ce taux de 80 % peut varier dans certaines zones. Des taux de commercialisation de 40 à 60 % sont rapportés dans le Delta du fleuve Sénégal et 20 à 30 % en amont de Richard-Toll (CORNIAUX, 2003 : p. 18). Cette pratique est celle des pasteurs nomades qui sont amenés à se déplacer sur de longues distances durant une bonne partie de l’année à la recherche de pâturages et de points d’eau pour l’alimentation et l’abreuvement du bétail.

La pratique de la transhumance, comme nous le verrons dans les chapitres IV et V, revêt des dimen-sions d’ordre sociologique. C’est l’œuvre du groupe peul, à qui l’on tente d’imposer la sédentarité à tra-vers différentes politiques sans grand succès.

Un bassin de rétention

et accueille des milliers de ruminants par jour jusqu’en décembre.

FIGURE 5. — Troupeaux bovins et petits ruminants du Ferlo s’abreuvant dans le point d’eau.

Le troupeau constitue pour les pasteurs la véritable richesse, un capital social et financier ; il l’est da-vantage quand le mode de conduite autorise des déstockages pour résoudre de véritables problèmes ; or, le déstockage n’est pas courant chez le Peul ; cela n’arrive qu’en cas de force majeure.

II.1.2.LES PRODUCTEURS DANS LE SYSTÈME SEMI INTENSIF À DOMINANTE AGROPASTORALE

Les acteurs du système semi-intensif mixte agropastoral allient plusieurs types d’activités. Les condi-tions climatiques autorisent une agriculture sous pluie en association avec les activités d’élevage. Au-delà du pâturage constitué par la biomasse issue de la saison des pluies, les agropasteurs associent d’autres compléments nutritifs pour leurs animaux. Il s’agit du produit de cultures fourragères, des rési-dus de cultures (paille de riz, fâne d’arachide, tiges de maïs, fourrage de niébé…), mais aussi d’autres compléments comme la graine de coton ou le tourteau de sésame et/ou d’arachide, qui sont des sous-produits agro-industriels. L’utilisation de ces sous-produits a pour mobile d’améliorer la production de viande et de lait des animaux tenus en stabulation. Ces derniers sont le plus souvent parqués dans un habitat avec des conditions sanitaires améliorées ; la production de lait ou de viande devient possible toute l’année. Le fumier issu de la stabulation est valorisé dans les champs, ce qui permet l’intégration entre l’agriculture et l’élevage.

Ce système est retrouvé dans les Régions de Diourbel, Fatick, et Kaolack au centre du pays et dans les Régions de la Basse et Moyenne Casamance, celles du Sénégal oriental et de la Haute Ca-samance, soit trois zones agro écologiques : les climats vont du soudano-sahélien au soudano-guinéen et au subguinéen ; les isohyètes sont comprises entre 500 et 1 200 millimètres ; les ressources pasto-rales y sont relativement abondantes. On y retrouve la transhumance, mais, les éleveurs de ces zones sont, en règle générale, relativement sédentarisés, notamment au Sud et Sud-Est chez les éleveurs peul, en raison de la disponibilité des ressources pastorales (eau et pâturages).

Dans le système semi-intensif, en zone cotonnière et dans une partie du bassin arachidier (Régions de Kolda, Tambacounda, Kaolack), la production laitière est aussi autoconsommée par les agropasteurs mais dans de moindres proportions que dans le système extensif (environ 30 % en saison sèche et 40 % en saison des pluies selon DIA, 2002). Le reste est commercialisé en milieu urbain à un prix ré-munérateur (entre 150 et 350 francs le litre) ; les agropasteurs évoluant à travers ce système approvi-sionnent les mini-laiteries artisanales dans les villes de Kolda, Tambacounda, Vélingara… Des bassins de collecte du lait sont ainsi mis en place autour des centres urbains. Une technique fondée sur la

« stabulation » a créé une nouvelle dynamique de production laitière, et intéresse de plus en plus les acteurs. Il s’agit d’une nouvelle donne économique de l’activité laitière au Sénégal que nous présente-rons dans le chapitre IV.

Des vaches retenues à l’étable dans un village de Kolda.

C’est dans cet endroit que se passe la traite quotidienne, mais aussi la supplémentation à la graine de coton

des vaches sélectionnées pour la production laitière commercialisée.

L’étable est constituée

de mangeoires construites en dur, d’une fosse compostière

et d’un abri en paille tenant sur des piquets.

©D. DIA, avril 2002.

FIGURE 6. — Des animaux dans une étable en système semi-extensif.

II.1.3.LES « ÉLEVEURS » DANS LE SYSTÈME MODERNE INTENSIF

Le système moderne de production laitière au Sénégal est géographiquement très concentré dans la frange côtière du pays (grâce au climat favorable) : Région de Dakar (la banlieue rurale de la zone des Niayes) et, dans une moindre mesure, Région de Thiès. Les températures moyennes annuelles sont de l’ordre de 240. Ce cadre est propice au développement d’un élevage laitier (DÈME, 1986).

Les ressources alimentaires naturelles adaptées à un élevage intensif sont certes rares dans cette Ré-gion, mais les résidus des cultures maraîchères viennent en appoint aux besoins des animaux. Les producteurs bénéficient ainsi d’une dynamique productive associant agriculture et élevage.

Des fermes modernes accueillent des génotypes étrangers à haut potentiel productif laitier : holsteins, jersiais, montbéliard ; la conduite de ce type d’élevage nécessite des moyens financiers considérables.

Ces fermes sont détenues par des personnes ou groupes de personnes qui disposent de revenus assez importants, à la mesure du capital animalier et infrastructurel mis en place. Nous aborderons ce point dans le chapitre VI. Le système logé dans l’élevage périurbain concerne 1 % des bovins et 3 % des petits ruminants du pays (DIAO, 2003).

Les propriétaires ne sont en général présents à la ferme que le week-end, en villégiature. C’est pourquoi ils sont appelés « les éleveurs du dimanche ». Les expériences ne se sont pas multipliées à outrance à travers le pays. Cette option prise par ces « éleveurs » a fait que la contribution de ces ex-ploitations à la production nationale a été très faible. Ainsi, les aspects liés à la commercialisation du lait issu de ces élevages n’ont, en général, jamais été une préoccupation de leurs promoteurs, naguère en marge de toute forme d’organisation professionnelle. Ce n’est seulement en 2007 qu’une association professionnelle est mise sur pied, l’ANIPL, Association nationale pour l’intensification de la production laitière 46.

Ainsi, depuis 2005, on note une nouvelle orientation commerciale qui vise à faire connaître les produits de ces fermes et de s’insérer dans les circuits commerciaux ; ce qui induit l’apparition de nouveaux

46. — La naissance de l’ANIPL a coïncidé avec le contexte de la hausse des prix du lait qui a suscité une nouvelle dynamique organisationnelle chez les fermiers des Niayes. L’objectif de l’association est de créer un lobbying pour résoudre les problèmes communs à tous les fermiers. Il s’agit du foncier, de la fiscalité et de l’approvisionnement en intrants alimentaires…

rateurs économiques différents des éleveurs traditionnels. La production intensive, quoique devenant importante de plus en plus, du fait d’une nouvelle conception des « éleveurs », est loin d’être satisfai-sante. La production est valorisée par l’installation d’unités de transformation laitière. Elle ne constitue seulement qu’environ 1 % de la production totale de lait local du Sénégal. Cela souligne le poids des systèmes extensif et semi-intensif (le système agropastoral) dans le dispositif local de production lai-tière.

II. 2. LES TRANSFORMATEURS

Les transformateurs ou processors occupent un maillon important de la chaîne ; deux catégories sont distinguées :

— les transformateurs de lait local ;

— les transformateurs de poudre de lait importée.

Les transformateurs de lait local sont les mini-laiteries artisanales. Elles transforment le lait frais issu des bassins de collecte ruraux en produits finis ou semi finis. Le personnel est souvent réduit (trois à six personnes) avec un matériel sommaire (ensacheuses, marmites, bombonnes de gaz, réfrigérateurs, etc.). Le nombre de mini-laiteries artisanales au Sénégal est passé d’une dizaine à 40 unités en 2005 (DUTEURTRE, 2006 : p. 35). Les promoteurs des mini-laiteries sont en général des individus qui évoluent dans le cadre de GIE familial, le plus souvent originaire du terroir abritant l’unité de transformation. Les liens de proximité géographique et sociale sont essentiels pour la sécurisation de l’approvisionnement en lait cru.

Même si ces entreprises déclarent collecter du lait local, le lait en poudre entre dans le processus de transformation de plusieurs unités, du fait de l’absence saisonnière de la matière première ou du coût d’opportunité existant entre la fabrication à partir du produit local ou à partir du produit importé.

En outre, après l’échec de plusieurs initiatives de collecte et de transformation du lait local, dans la moitié septentrionale du pays, une nouvelle dynamique vient d’être impulsée, en 2006 à Richard-Toll avec la création de la Laiterie du Berger (LDB) qui, actuellement, est encore la seule unité industrielle de collecte et de transformation du lait local (Encadré 2). La collecte s’organise autour de campements structurés en différents points que des Pick-up rallient deux fois par jour (matin et soir). Les voitures transportent le lait contenu dans des seaux en plastique. Elles parcourent 100 kilomètres à chaque voyage (aller et retour), dont 90 kilomètres de piste. La durée du trajet varie entre 2 heures 30 minutes et 3 heures, condition pour conserver la qualité du lait ramassé. En plus, au-delà de 50 kilomètres, le coût de la collecte dépasse 100 francs CFA par litre.

ENCADRÉ°2 :UNE LAITERIE INDUSTRIELLE SINSTALLE DANS LA RÉGION DE SAINT-LOUIS, À RICHARD-TOLL

Depuis la fermeture de l’usine Nestlé en 2003, aucune laiterie moderne ne collectait du lait local au Sé-négal. La « Laiterie du Berger », installée à Richard-Toll au Nord du Sénégal dans la vallée du Fleuve, collecte du lait auprès des éleveurs Peul de la zone et fabrique divers produits : lait pasteurisé et fer-menté en emballage carton de type « pack » d’un demi-litre, crème fraîche, etc. La laiterie a un niveau de collecte de 650 litres par jour. Elle s’approvisionne auprès des éleveurs dans les villages sur un rayon de 50 kilomètres autour de Richard-Toll.

Cette PME laitière commercialise des produits laitiers à 100 % sénégalais valorisant ainsi le lait d’origine exclusivement locale et vient renforcer le système de collecte déjà existant dans plusieurs villes secondaires du Sénégal, notamment en zone cotonnière, composé de mini-laiteries artisanales.

Cette dynamique participe à la « valorisation et au développement de l’élevage au Sénégal. ».

Le coût global des investissements s’élève à 700 millions Cfa. La LDB compte plus de 240 éleveurs fournisseurs quotidiens en lait frais suivant deux axes: le lac de Guiers et la zone sylvopastorale. Elle emploie 47 agents permanents.

Les transformateurs de poudre de lait importée s’identifient à travers la gestion des cantines à lait instal-lées au niveau des marchés et des quartiers, mais aussi à travers les industries de transformation ; pour cette dernière catégorie, nous nous reporterons à la section II.3.

Le personnel consacré à la transformation artisanale de la poudre de lait dans les cantines est très réduit, le plus souvent limité à une seule personne. En général, il s’agit d’une activité masculine, contrai-rement aux traditions du commerce laitier en Afrique noire. À Dakar, le nombre de cantines pour la vente du lait reconstitué est estimé à 6 000 en 2005 (DUTEURTRE, 2006 : p. 45). Leur dissémination dans les quartiers populeux de Dakar fait qu’elles s’intègrent dans le décor de ces espaces (DÈME, 1986 : p. 29).

L’origine de cette activité semble remonter à la fin des années 1950. Elle serait due à Yoro Tokos-sel SOW47, qui s’est approvisionné une première fois à partir de la laiterie Bareil et continua finalement à importer de la poudre de lait. Il devenait ainsi l’un des plus grands importateurs d’origine sénégalaise du lait en poudre. Dans tous les grands marchés de Dakar où sont établis les grands importateurs de lait en poudre (Colobane, Sandaga et Tilène), ainsi que les grands réseaux de distribution comme Samba DIA « neexx soow 48

47. — François VATIN (1996), p. 138 nous apprend que Yoro Tokossel SOW était un bana-bana Peul, revendeur de lait qu’il allait chercher loin dans la brousse. Il fut confronté à une année de grave sécheresse qui avait réduit à néant les approvisionnements. M. BAREIL, l’industriel laitier qui importait de la poudre pour son usine à Dakar lui aurait proposé de lui en vendre. Yoro Tokossel SOW […] a donc commencé à fabriquer et à vendre ce nouveau produit sur les marchés de Dakar. Yoro Tokossel n’est plus en vie.

», etc., Yoro Tokossel est décrit comme le pionnier de la reconstitution et il a inspiré ses parents peul établis à Dakar qui sont d’abord passés par son « entreprise ». Il a exploité son statut de revendeur de lait en poudre pour vulgariser sa technique de reconstitution du lait en poudre.

48. — Terme wolof signifiant Samba DIA, promoteur du bon lait fermenté.

Une cantine, point de vente de lait caillé reconstitué à partir de la poudre de lait.

Elle est placée dans un coin de rue

dans le quartier populaire de Fass Delormes.

Les bassines servent de contenant pour le caillage et la vente du lait.

Les glacières contiennent des glaçons pour rafraîchir le mélange lait, couscous en boulettes, sucre, constituant le repas du soir de plusieurs personnes dans ces quartiers.

Le slogan accrocheur du promoteur est attaché au bon goût (neex sow, saf sap).

©D. DIA, déc. 2005.

FIGURE 8. — Cantine à lait reconstitué dans un quartier de Dakar.

Le marché du lait en poudre est depuis lors un marché oligopolistique, où la concurrence est cependant forte. C’est ainsi que plusieurs coopératives sont créées dans les différents marchés pour mieux contrô-ler le commerce du lait en poudre revendu en gros, mais aussi en vrac. Les coopératives regroupent plusieurs commerçants qui ont une longue expérience de la vente du lait. Ils ont entamé les importa-tions de lait depuis les années 1960, ont accompagné le processus jusqu’à la libéralisation de la filière dans les années 1990. Ils sont toujours actifs et constituent un grand groupe de pression dans le sec-teur du lait. Ce sont les principaux fournisseurs des transformasec-teurs artisanaux situés dans les diffé-rents quartiers de Dakar, mais aussi dans les villes de l’intérieur du pays. L’activité est rentable, car le marché s’agrandit de plus en plus, du fait de l’accessibilité du produit aux ménages à faible revenu.

Au-delà des 6 000 cantines de Dakar, d’autres emplois sont créés par le système de reconstitution de la poudre de lait. Des stratégies ont été trouvées par les transformateurs, consistant en la vente ambu-lante du lait accompagné d’autres produits. Plus récemment, au début des années 2000, les acteurs ont adopté le schéma des bassines remplies de lait posées sur des chariots. Ils proposent du lait reconsti-tué accompagné de céréales, du sucre et des glaçons ; ces vendeurs sillonnent les quartiers de Dakar, les écoles. Ce schéma commence à s’étendre sur les autres villes comme Thiès, Mbour et Kaolack.

Un vendeur de lait ambulant

dans le quartier de Fann Hock à Dakar.

Le lait reconstitué est transporté par chariot, aux couleurs et à la marque Vitalait, marque la plus présente sur le commerce au Sénégal.

Le vendeur propose du lait caillé sucré, du ciakri avec des glaçons.

Le slogan fondé sur le goût du lait est ici mis en avant par le vendeur (Oumzo, neekh soow).

©D. DIA, déc. 2005.

FIGURE 9. — Lait reconstitué transporté par chariot pour la vente.

II. 3. LES IMPORTATEURS ET LES INDUSTRIELS

Les importations de lait et produits laitiers sont élevées au Sénégal, en termes de volume ; ceci a une répercussion forte sur la facture laitière qui est chiffrée à près de 35 milliards de francs cfa en 2003.

Après une très forte hausse durant les années 1980, atteignant un pic de 226 739 tonnes en 1993, les importations ont chuté de moitié après la dévaluation du franc cfa en 1995, pour reprendre leur progres-sion dans les années 2000 (FIGURE 10).

FIGURE 10. — Importations nationales de lait en poudre de 1990 à 2007 : quantités et valeurs.

La production nationale de lait étant relativement modeste et couvrant moins de 50 % des besoins de la population (TABLEAU IX), le salut se dessine dans les importations de produits laitiers ; aussi, le dispo-nible en lait per capita est-il assez modeste comparativement aux pays du Nord.

TABLEAU IX

Évolution du disponible en lait au Sénégal de 2000 à 2005 (millions de litres)

ANNÉE LAIT DE BOVIN LAIT DE PR* TOTAL LOCAL IMPORTATIONS DISPONIBLE % IMPORTATIONS LITRE/HBT

Les importateurs sont souvent des coopératives qui s’activent dans ce créneau depuis les indépen-dances, mais aussi plus récemment les entreprises de re-conditionnement de la poudre de lait.

L’évolution témoigne d’un environnement économique assez favorable. Elle se traduit par une ruée d’acteurs vers ce secteur visiblement porteur. Une dizaine d’industriels occupent le secteur du lait im-porté au Sénégal et représentent chacun une marque : Satrec (Vitalait), CCBM (Baralait), Jamil Taraf (Laicran), Senico (Halib), Kirène (Candia), etc.

Les importateurs sont certainement parmi les acteurs les plus puissants (du point de vue organisa-tionnel et financier) de la filière laitière au Sénégal. Ces entreprises créent des centaines d’emplois (nous le verrons dans le chapitre VI) et permettent une importante entrée de recettes fiscales pour l’État (TABLEAU X) et à ses sociétés publiques (publicités à la télévision nationale par exemple).

Sur la paillasse d’une boutique,

une diversité de marques de lait en poudre ré-emballé au Sénégal.

La présentation du produit est déterminante dans l’orientation des consommateurs.

Les sachets noués (au milieu de l’image) ainsi que les sachets de 22,5 grammes

Les sachets noués (au milieu de l’image) ainsi que les sachets de 22,5 grammes