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II- Le Développement des Ressources Humaines

2. Attirer, retenir et développer les talents

2.6. Le Dialogue social

Dans les Pays africains où la liberté syndicale est reconnue, protégée, respectée et assumée, conformément aux engagements internationaux et continentaux, aux Agendas mondiaux, aux Constitutions et aux législations nationales propres à chaque pays, les organisations syndicales et les partenaires sociaux peuvent jouer un rôle significatif dans la dynamique de développement et de transition en Afrique.

De même, dans les pays ayant créé un environnement favorable pour la liberté syndicale et ayant développé une culture du dialogue social, le rôle des syndicats et des partenaires sociaux ne se limite plus à la défense des droits et des intérêts sociaux, économiques et professionnels de leurs adhérents ou à l’amélioration des conditions de travail. C’est ainsi qu’ils se trouvent impliqués, de plus en plus, dans la modernisation de la Fonction Publique, dans la dynamique de développement durable, dans la lutte contre le changement climatique, dans la programmation et le suivi des politiques de cohésion économique et sociale, ou dans la génération de plus-values à travers des partenariats. Ce rôle ira en s’accentuant car dans l’ensemble des Agendas liés au développement durable, la Communauté internationale s’est engagée à l’instauration de mécanismes institutionnels, politiques, juridiques et financiers en vue de mettre en place, en accord avec les politiques nationales, des plateformes inclusives

permettant la participation effective de tous aux mécanismes de prise de décisions, de planification et de suivi, ainsi qu’une participation citoyenne renforcée.

Pour pouvoir positionner les syndicats et les partenaires sociaux en tant qu’acteur majeur dans la GRH, il convient tout d’abord de créer des conditions favorables pour institutionnaliser un dialogue social fréquent, crédible, de qualité et durable entre les employeurs et les représentants des agents publics.

Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Discours du Trône du 29 Juillet de 2018

« Le dialogue social est un devoir et une nécessité ; il convient de l’instaurer et de le maintenir dans la durée et sans aucune interruption. Et Je lui dis également qu’il doit rencontrer régulièrement les syndicats et communiquer constamment avec eux, indépendamment de l’issue éventuelle de ce dialogue ».

Dans tout processus de modernisation de la GRH, le dialogue social doit devenir un atout pour favoriser des relations sociales au sein de la CT, à même de contribuer à l’adaptation et au développement des compétences en lien avec les évolutions et les réformes que connaît la CT, que ce soit sur le plan juridique, institutionnel, managérial, technologie, dans ses méthodes de travail ou dans ses relations avec son environnement. Ces relations peuvent également favoriser et encourager l’innovation et la créativité, attirer et conserver les talents dans l’administration locale, impliquer et motiver les agents, et favoriser ainsi le sentiment d’appartenance et l’esprit d’entreprise.

Les syndicats et les partenaires sociaux permettent ainsi d’informer le leadership politique des attentes, des satisfactions, des difficultés et des interrogations des agents, ainsi que de favoriser la compréhension par ces derniers des enjeux politiques, organisationnels, techniques, sociaux ou économiques propres à l’administration locale et des décisions qui en découlent.

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CONCLUSION :

PLAIDOYER POUR UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE, ATTRACTIF ET MOTIVANT POUR LE CAPITAL HUMAIN AU NIVEAU LOCAL EN AFRIQUE

Appel à la mise en œuvre de la Feuille de Route de Salé

A l’occasion de la tenue de la 1ère édition du Forum Africain des Managers Territoriaux et des Instituts de Formation le Niveau Local, au Royaume du Maroc, à l’Université Internationale de Rabat, à Salé, du 18 au 21 Septembre 2017 et auquel ont pris part quelque 450 participant(e)s représentant 58 Pays, dont 38 Pays africains, les participant(e)s représentant l’ensemble des acteurs et les parties prenantes impliquées dans la gestion des ressources humaines ont adopté la Déclaration de Salé. Il s’agit d’une réelle Feuille pour mettre à niveau l’administration publique locale en Afrique, pour moderniser la gestion des ressources humaines et pour, surtout, asseoir une Gouvernance Locale africaine qui investit d’abord et avant tout dans son Capital Humain.

Premier Forum des Managers Territoriaux et des Instituts de Formation

ciblant les Collectivités Territoriales en Afrique

Salé, Maroc, 18-20 Septembre 2017

Déclaration de Salé

Nous, les participant(e)s au Premier Forum des Managers Territoriaux et des Instituts de formation ciblant les Collectivités Territoriales en Afrique, organisé du 18 au 20 Septembre 2017 dans la ville de Salé, au Maroc, représentant(e)s les Ministres ;

les

Présidents et Conseillers de Régions, Comtés, Provinces, Arrondissements ;

M

aires et élus locaux ; Directeurs d’établissements de formation ; Représentants des Réseaux Professionnels, dirigeants d’organisations de la société civile et le grand public ;

- Conscient(e)s du changement structurel dans le modèle de répartition

des peuples de l'Afrique qui est passée

d'un Continent essentiellement rural, il y a 30 ans à un Continent qui deviendra essentiellement urbain en l’espace de 30 ans ;

- Sachant que la population urbaine de l'Afrique est répartie presque

également entre : 56 régions métropolitaines ayant une population de

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plus d’un million habitants totalisant 174 millions de personnes, soit 37% de la population urbaine du Continent ; 1100 villes intermédiaires de 0,1 à 1 million d' habitants totalisant 175 millions de personnes, soit 37% de la population urbaine du Continent ; et plus de 10000 petites villes ayant une population allant de 10.000 à 100.000 habitants totalisant 125 millions de personnes, soit 26% de la population urbaine du Continent ;

- Compte tenu du fait que d'ici l'an 2030, en moins de 20 ans, les villes africaines accueilleront 1.2 milliards d'habitants, soit l'équivalent de la population du Continent à ce jour, soit 3 fois la population des États-Unis, et 4 fois la population de l'Union européenne ;

- Compte tenu de la volonté politique exprimée au plus haut niveau en faveur de la Décentralisation par l'adoption en juin 2014 par les Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine de la Charte Africaine des Valeurs et Principes de la Décentralisation, la Gouvernance locale et le Développement local, et la création du Haut Conseil des

Collectivités Locales en tant qu'organe consultatif de l'Union Africaine ;

- Tenant compte du rôle central des Collectivités Territoriales africaines pour relever le défi de l’urbanisation rapide et du développement durable, pour veiller à ce que le logement, les services de base, les infrastructures et les équipements, mais aussi les emplois et les activités économiques soient offerts aux citoyens, et pour enraciner la démocratie et l'Etat de droit au niveau local ;

- Conscient(e)s que les élu(e)s et dirigeant(e)s des Gouvernements Locaux d’Afrique doivent exécuter leurs mandats dans un environnement caractérisé par l'incertitude dans la délégation des pouvoirs, les limites en matière de ressources financières, et la faible attractivité des carrières offertes par les Collectivités Territoriales ;

- Préoccupé(e)s par la faiblesse des administrations des collectivités locales en termes de disponibilité de ressources humaines qualifiées, notamment au sein des villes de taille moyenne et les petites villes, en comparaison avec les nouvelles responsabilités qu'elles doivent assumer concernant la localisation et la mise en œuvre des Agendas mondiaux adoptés par la Communauté internationale, à savoir l'Agenda 2030 pour les Objectifs de Développement Durable, l’Agenda du Changement Climatique, et le Nouvel Agenda Urbain, ainsi que le

déséquilibre hommes-femmes qui se poursuit au détriment des

femmes ;

- Confirmant notre attachement à la coopération Sud-Sud et à la coopération internationale en tant que moyen de partager l'expérience et de tirer les leçons des pratiques des différents gouvernements locaux en Afrique et dans les autres régions du monde; et notre attachement à la mise en réseau et au travail d’équipe à des fins d’établissement de comparaisons internationales

et d’analyse comparative de la performance en matière de gouvernance locale ;

- Adhérant au sens de l'urgence et à l'appel à l'action exprimé au cours de ce Forum de Salé, au Maroc, et appréciant le fait que nous avons une fenêtre d'opportunité de seulement 10 ans avant que la gestion des collectivités locales ne soit plus contrôlable ;

Déclarons ce qui suit:

Nous réaffirmons notre engagement envers des gouvernements locaux axés sur les droits humains et sur les services aux populations, dotés d’élu(e)s et de responsables locaux compétents et dévoués travaillant la main dans la main avec les citoyens et toutes les parties prenantes au profit des citoyens ;

1) À cette fin, nous demandons à tous les pays Africains de mettre en œuvre des politiques de décentralisation efficaces, avec une délégation réelle des pouvoirs et des ressources aux gouvernements locaux, conformément aux dispositions de la Charte Africaine sur les Valeurs et les Principes de la Décentralisation, la Gouvernance locale et le Développement local, adoptée par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine ; et demandons instamment aux pays africains qui ne l'ont pas encore fait de signer et de ratifier cette Charte africaine ;

2) Nous affirmons qu'aucun progrès réel et efficace ne sera réalisé dans la gestion des collectivités territoriales africaines si la situation des inégalités affectant les femmes dans les collectivités territoriales n’est pas corrigée, notamment par l'adoption de politiques et des processus budgétaires sensibles au genre, des actions positives pour l'égalité entre les sexes au niveau des organes politiques et administratifs, l'autonomisation des femmes maires et femmes au sein des gouvernements locaux, à travers le soutien au Réseau des femmes maires (REFELA), ainsi que la définition et la mise en œuvre du renforcement des capacités ;

3) Nous apprécions la valeur ajoutée de la mise en place

et le développement de Réseaux panafricains et de sections nationales

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de hauts fonctionnaires des gouvernements locaux africains, et encourageons les cadres supérieurs respectifs des gouvernements locaux africains à adhérer aux Réseaux des Secrétaires Généraux (Africa MagNet), des Directeurs Financiers (Africa FiNet), et de Directeurs Techniques (Africa TechNet). Nous demandons en outre à CGLU Afrique d’envisager de mettre en place un Réseau de Directeurs des Ressources Humaines (Africa HRNet). Ces Réseaux devront être considérés comme les bras professionnels et techniques des associations nationales de gouvernements locaux. Tous les efforts possibles devront être déployés pour que ces Réseaux développent des relations et concluent des accords de partenariat avec leurs homologues dans d’autres régions du monde ;

4) Nous soutenons fortement le lancement et le développement de l'Académie Africaine des Collectivités Territoriales (ALGA), que nous considérons comme étant le Centre d'excellence Panafricain pour l'amélioration de l'offre des établissements de formation se consacrant au renforcement des capacités des collectivités locales ; et pour l'offre et la mise en œuvre d'approches et de programmes novateurs pour la modernisation et la professionnalisation des administrations des gouvernements locaux ;

5) Nous encourageons les institutions africaines de formation et d'autres continents se consacrant au renforcement des capacités des collectivités locales à soumettre leur candidature pour devenir membres d’ALGA et faire partie du mécanisme d'accréditation et de labellisation d’ALGA, afin qu'elles soient reconnues en tant que prestataires qualifiés de cours de formation pour les responsables et fonctionnaires des collectivités locales, et pour bénéficier des programmes d’apprentissage par les pairs, des voyages d'étude et des programmes de soutien d’ALGA ;

6) Nous demandons à CGLU-Afrique-ALGA de renforcer et de

développer l'Observatoire des Ressources Humaines des Collectivités

Locales pour qu’il soit un référentiel des meilleures pratiques dans la

gestion des administrations locales et infranationales, une plateforme

pour l’échange d’expériences sur le comportement éthique et la

comparaison des performances dans la gestion des administrations

locales. L'Observatoire publiera un rapport sur l'état des Ressources

Humaines des collectivités locales en Afrique qui sera rendu public

lors du Sommet Africités, à partir de la 8

ème

édition qui aura lieu à

Brazzaville, au Congo, du 4 au 8 décembre 2018. L'Observatoire devra

également être utilisé pour organiser des programmes

d’apprentissage de pair à pair et de mentorat ;

7) Nous insistons sur la nécessité urgente de prendre à bras-le-corps la question de la formation au financement durable et du renforcement des capacités au profit des responsables et des fonctionnaires du gouvernement locaux. Nous demandons instamment aux gouvernements nationaux et locaux de mettre en place un mécanisme de financement régulier en consacrant au moins 1% du montant total des salaires versés au personnel des collectivités locales, en tant que contribution au financement des activités de formation et de renforcement des capacités. Nous rappelons en outre que l'ampleur de la demande à cet égard est favorable à la mobilisation de ressources financières supplémentaires des gouvernements nationaux, des partenaires au développement et des entreprises du secteur privé dans le cadre de leur responsabilité sociale.

8) Nous donnons mandat à CGLU Afrique-ALGA pour sensibiliser toutes les parties intéressées à la nécessité de lancer un grand chantier de renforcement des capacités des collectivités locales, d’apprentissage par les pairs et d’assistance technique en Afrique pour que les collectivités locales puissent relever la promesse de contribuer de manière effective et efficiente à la transformation structurelle du Continent et à la mise en œuvre des Objectifs de développement durable, de l’Agenda du changement climatique ou du Nouvel Agenda urbain ;

9) Nous félicitons le Gouvernement, les associations de collectivités locales et l'Université Internationale de Rabat (IUR) du Royaume du Maroc, pour leur accueil et l'organisation de ce premier Forum ; nous recommandons en outre que ce Forum soit organisé à titre annuel ici à l'IUR, sous la direction de CGLU Afrique-ALGA.

Fait à Salé, Maroc, le 20 Septembre 2017

Les Participant(e)s au Premier Forum des Managers Territoriaux et des Instituts de Formation

ciblant les Collectivités Territoriales en Afrique

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ANNEXES

LISTE DES ANNEXES