• Aucun résultat trouvé

SECTION 3 : LE DEVELOPPEMENT DURABLE :

4. Le développement durable, un instrument de consensus :

Source : Notes et études économiques, n°28, septembre 2007

4. Le développement durable, un instrument de consensus :

Le développement durable est désormais une préoccupation des Etats, et des régions, il entre aussi dans les stratégies des sociétés industrielles et des acteurs du secteur tertiaire.

Cette notion est également devenue dans certains pays occidentaux un objet d’enseignement, de l’école primaire au lycée. Les médias s'en sont emparés, les publications sur le sujet sont nombreuses, émanant d’économistes, d’urbanistes, de politistes, de juristes, d’aménageurs ou de géographes.

Le développement durable, qui se veut une nouvelle manière de penser le monde et de le gérer, qui tente d’apporter des réponses aux inquiétudes relatives à la planète, renvoie en

70 réalité à de très nombreuses questions. Néanmoins, en dépit du flou conceptuel et politique qui entoure cette notion, en dépit des doutes sur les instruments à adopter pour sa mise en pratique, de la difficulté d’articulation et de définition des échelles pertinentes à sa mise en œuvre, malgré la multitude d’acteurs et la prégnance des conflits qui caractérisent leurs

relations, le développement durable a acquis une dimension mondiale dont il est nécessaire de souligner l’intérêt comme les contradictions.

Certains refusent cette notion de développement durable car elle ne remet pas vraiment en question les modèles de développement économique actuels, caractérisés par la course à la production, le productivisme (agriculture), l’intégration à la sphère marchande d’un nombre toujours plus grand d’objets et d’activités. Pour eux, il est illusoire de penser que la poursuite de la croissance aille dans le sens d’une protection de l’environnement. Ils critiquent l’idée selon laquelle l’augmentation accrue du capital (équipements, connaissances, compétences, etc.) créé par les hommes pourrait compenser les quantités moindres de capital naturel (le stock de ressources naturelles disponibles).

D’autres regrettent aussi que la notion de développement durable soit devenue une notion fourre-tout, au-delà des stricts aspects environnementaux et intergénérationnels, et que les autorités l’utilisent dans de multiples circonstances. Le développement durable recouvre ainsi le progrès social, la solidarité entre les peuples, la lutte contre la faim, l’équité sociale, le commerce équitable, une alimentation saine et adaptée, les droits de l’homme, etc.

Par ailleurs, les ONG, après avoir inventé et promu le développement durable (comme le World Wide Fund for Nature par exemple), se voient peu à peu dépossédées de ce domaine par les gouvernements et les entreprises.

La notion de développement durable est finalement très ambivalente car d’un côté, elle met l’accent sur les effets négatifs du système de développement économique actuel, et, de

71 l’autre, elle peut apparaître comme une légitimation des évolutions actuelles quitte à intégrer une dimension environnementale dans celles-ci. Une chose est sûre, c’est qu’il faille penser à endiguer cette avancée exponentielle en matière d’utilisation des ressources naturelles en dépit de cette cacophonie définitionnelle. Car au delà de cette mésentente, il existe un enjeu, aussi vrai que grave, sur lequel tous les savants doivent se pencher pour au moins ralentir cette hégémonie et se donner le temps de réfléchir à des solutions moins condamnable que celle que l’on vit actuellement.

5. Les caractéristiques du développement durable :

Bien que le développement durable soit une notion constituant l’épine dorsale de l’économie moderne, il n’en demeure pas moins que les objectifs de l’une déstabilisent l’autre causant des problèmes qui font ressortir les caractéristiques de la première

Les caractéristiques que nous allons décrypter montrent en fait le caractère à la fois clair et opaque de cette notion plus que jamais d’actualité.

5.1. L’irréversibilité :

Par rapport à la vie humaine, ce qui dérange le plus, au-delà du fait que la pollution atteint des sommets chaque année, c’est que les dégâts causés s’installent dans la durée ; les dérèglements climatiques par exemple causés par la diminution de la couche d’ozone et le renforcement de l’effet de serre peuvent durer plusieurs siècles du fait de l’extrême sensibilité de l’atmosphère au moindre changement. La stabilité des produits toxiques (les piles et les batteries) dans la nature durant des années voire des décennies en est un autre et tout aussi édifiant exemple.

Ces exemples montrent bien le degré de le leur incidence considérée comme irréversible à l’échelle d’une vie humaine. Le retour à la normale peut prendre des siècles.. trop long pour qu’en profite la génération avec laquelle nous vivons aujourd’hui, peut être la prochaine ou celle d’après.

72 Ce manque d’équité intergénérationnel constitue la seconde caractéristique. Elle est au cœur des débats et le sujet phare des militants d’un développement durable pour tous.

5.2. Le manque d’équité inter et intragénérationnelle :

Les démarches entérinés et les choix faits par les politiques ou les experts gouvernementaux en matière d’environnement s’inscrivent nécessairement dans le temps. Ces décisions mettent en jeu le bien être des individus actuels et des générations futures.

Pour la génération actuelle le fossé entre le Nord et Sud est béant tant la disparité est criante en matière de quotient de profitabilité des avantages du développement durable ; pour les locataires du Sud , une position attentiste est de mise devant la multiplication des zones à risque pour l’environnement et la réitération -dans un silence passif- de catastrophes écologiques à terre, en mer et dans l’air avec successivement des explosions de pipes au Nigeria, le déversement de déchets toxiques au larges des pays dits « en voie de développement » (l’Inde) -c’est à se demander de quelle développement parle t-on ici-, et des usines délocalisées de production chimiques et autres produits fortement toxiques émettant des gaz toxiques provoquant le cas échéant des pluies acides.

Au même moment les pays du Nord, et sans crier gare, jouissent des résultats d’une économie reposant sur la sur exploitation des ressources naturelles, ne se souciant pas de l’avenir et bafouant par la même occasion le protocole de Kyoto et tout les autres –bien qu’ils soient ratifiés par ces pays à l’exception des Etats-Unis.

Devant cette déchéance annoncée, nous nous demandons qu’en sera-t-il des générations à venir ? Trop peu d’éléments pour se prononcer de manière sûre, mais au train où vont les choses, il est fort à parier que les générations succédant à la notre n’auront pas autant de choix que nous, ils seront plus contraints d’optimiser tout ce qui constitue leur bulle vitale pour espérer durer.

73

5.3. L’incertitude :

C’est le facteur clé, et omniprésent lorsque l’on traite de l’économie de l’environnement. Ce facteur est en réalité lié à plusieurs indices que sont l’indice du développement humain, le taux de natalité, le nombre de ménages raccordés au réseau d’eau potable, et bien d’autres, qui interagissent entre eux et qui confèrent une situation floue et non définitive. L’incertitude amène par ailleurs à définir des critères de choix globaux, tel que le principe de précaution de Perrings13.

5.4. La mutidimensionnalité :

Les problèmes liés à la surexploitation des richesses naturelles, provoquent dans la majeure partie des cas recensés des réactions en chaîne. Et pour cause, nous ne pouvons plus isoler les actions d’épuisement des ressources avec les dégats qu’elle engendre en aval à cette catastrophe. Ainsi, le manque de ressources influe directement sur l’environnement. Une ressource polluée ne peut plus être disponible pour l’usage qu’on attend d’elle. L’extraction de ressources épuisable cause des pollutions perçues à l’échelle locale ou régionale (ex. l’émission du CO2 renforçant l’effet de serre). Cette situation explique l’aspect multidimensionnel qui existe entre l’exploitation et l’épuisement des ressources.