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Chapitre III. Spécifité de la région minière de Gafsa

3. Le contexte climatique et géo-stratigraphique

Le gouvernorat de Gafsa se situe dans le secteur sud de l’Atlas saharien, entre les Hautes Steppes et le Sahara. Il dispose d’une station principale située dans la ville de Gafsa qui relève tous les paramètres météorologiques (température, pluviométrie, humidité, dynamique éolienne…), et d’autres secondaires localisés dans quelques autres délégations. Ces stations ne relèvent que quelques paramètres avec une certaine interrompons de suivi. Par conséquent, l’étude climatique du BMG est en fonction de la disponibilité de ces données.

3.1. Le cadre climatique

Le BMG est soumis à un climat à une nuance aride supérieur à hiver frais et une amplitude thermique très forte selon l’indice bioclimatique de L. Emberger (Henia L., 1993). Toutefois, ce climat, qui est la conséquence d’un bilan hydrique déficitaire, assure la transition avec le climat saharien. Généralement, cette aridité est la conséquence d’un bilan hydrique déficitaire. En revanche, le bassin de Douara-Tebedditt (20 km à l’est de la ville de Moularès) bénéficie de précipitations un peu plus abondantes soit 174mm, d’étés un peu moins chauds (carte 11); les températures d’hiver sont également plus faibles.

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Carte 11 : Etage bioclimatique de la région minière de Gafsa (Source : CRDA, 2008)

3.1.1. La pluviométrie

Les moyennes sont relativement faibles : 154 mm/an à Gafsa, 131 à Moularès et 108 à Métlaoui. Ces précipitations sont caractérisées par une répartition irrégulière d’une année à une autre et un faible module pluviométrique. Les pluies sont parfois torrentielles, orageuses et peuvent survenir sous forme d'averses très violentes et concentrées dans le temps31.

L’année se subdivise en deux saisons (figure 15), une saison relativement pluvieuse qui s’étend du mois de septembre jusqu’au mois de mai. En effet, après la sécheresse estivale, les pluies réapparaissent subitement en octobre, enregistrant une moyenne de 16 mm pour les deux stations, et atteignent leur maximum en Janvier avec une moyenne de 17mm. Dès le mois de mai les pluies diminuent progressivement jusqu’à atteindre en Juillet, le mois le plus sec de l’année, leur minimum (1,7 mm en moyenne). Les variabilités spatiales sont marquées par un gradient pluviométrique décroissant du nord vers le sud. L’intensité orageuse de la pluviométrie donne naissance à des ruissellements rapides générateurs d’érosions et à des

31Des pluies torrentielles se sont abattues au septembre 2009 sur le gouvernorat de Gafsa, occasionnant des fortes inondations notamment à Rdeyef.

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crues dévastatrices pour les infrastructures sans être utile ni pour l’agriculture par sa rareté ni pour l’alimentation de la nappe par sa rapidité.

Figure 15 : Pluviométrie annuelle moyenne dans la région minière de Gafsa (1981-2015) (Source : SM-Gafsa)

3.1.2. La température

Le régime thermique de la région minière est marqué par l’alternance de deux saisons différentes. L’hiver a une température moyenne de 12,5°C et s’étend pratiquement du mois de Novembre jusqu’au mois de Mars. Décembre et Janvier sont les mois les plus froids de l’année, pour respectivement une moyenne de 11,1°C et 9,8°C ce qui correspond à un sous- étage à hiver chaud. Fortement contrasté par rapport à l’hiver (4,2°C), l’été est caractérisé par ses fortes chaleurs, la température moyenne estivale s’élève à 28,5°C. Le mois de Juillet, le plus chaud, présente une température maximale de l’ordre de 46°C. Quant au nombre d’heures d’ensoleillement annuel, il est de l’ordre de 8,9 h/j, favorisant l’évaporation. Les

0 4 8 12 16

Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. fevr. Mars Avril Mai Juin Juill. Aout Métlaoui Moyenne annuelle

0 4 8 12 16 20

Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. fevr. Mars Avril Mai Juin Juill. Aout Moularès Moyenne annuelle

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données de pluviométrie et de température montrent une très bonne corrélation contradictoire et se comportent à des stations de région méditerranéenne aride (figure 16).

Figure 16 : Diagramme ombro-thermique (1981-2015) (Source : SM-Gafsa)

3.1.3. Le vent

Le BMG est classé parmi les zones ventées en Tunisie (vents forts et désastreux : poussières, vent de sable surtout dans la période automnale…). Les formes du relief avec les chaînes de montagnes et les plaines jouent un rôle déterminant dans la canalisation des vents (les vents d’origine orographique).En effet, en hiver, les vents dominants ont une orientation nord-est et nord-ouest qui sont les générateurs de pluies. En été, ils sont d’orientation sud- ouest (240° dans la rose du vent) apparent et des vents de sable (figure 17). Les principaux couloirs éoliens se situent à deux niveaux : le premier couvre la région de Sègui-Mdhilla et principalement dans son secteur ouest dans la zone de confluence des Oueds Thelja et Bayech. Le deuxième s’étend jusqu’à la région du Guettar.

D’autre part, la région de Gafsa est largement ouverte aux influences sahariennes, subit fréquemment le souffle du «Siroco» (localement nommé Chehili), du côté du sud-ouest avec une vitesse supérieure à 6 m/sec. Il s’agit d’un vent chaud et très sec soufflant du sud-ouest, pouvant entraîner une élévation notable de la température ressentie jusqu’à des valeurs dépassant largement 40°C avec une moyenne de 19 à 30 jours par an. Généralement les vents n’influent pas sur les travaux d’extraction et de traitement des phosphates, par contre ils sont les principales sources de transport des matières en suspension dans l’air et de poussières

19,9 12,8 3 16,4 20,3 16 9,8 23,7 29,7 25,0 11,0 0 5 10 15 20 25 30 35

Jan fev Mar Avr Mai Jui Juill Aou Sep Oct Nov Dec

Pluviométrie (mm) Température (°C)

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(aérosols) de phosphates et des déchets fins. Ces derniers forment une sorte de pollution atmosphérique gênante pour les populations locales.

Figure 17 : Rose des vents annuels pour la période (1950-1980) et (1981-2011) (Source : SM-Gafsa)

3.2. Le cadre géo-stratigraphique

La région minière de Gafsa est marquée par un paysage bien spécifique, il s’agit d’un ensemble d’élévations effilées, organisées en chaînons et séparées par des plaines rarement disposées en cuvette ou en couloir. Contrairement aux élévations, ces plaines sont le plus souvent très larges. Du point de vue altimétrique, la plupart des élévations présentent des sommets qui oscillent entre 600 m et 900 m.

3.2.1. Les chaînes de la région minière de Gafsa

Le système montagneux du sud-ouest tunisien, y compris la chaîne de Gafsa, se caractérise par une longueur de plus de 100 km et d’orientation est-ouest. La région d’étude est traversée par un alignement de plis de direction NW-SE représenté à l’ouest par les Djebels Bou Ramli (1156 m), Ben Younes (870 m) et à l’est par les Djebels Orbata (1170) m et Bouhedma (790 m). Ces altitudes diminuent progressivement en se dirigeant vers le sud. A l’ouest s’allongent des reliefs de la chaîne de Moularès et à l’est les plaines littorales du Golfe de Gabés. La succession des ensembles structuraux de l’ouest à l’est est présenté comme suit :  La chaîne de Moularès : c’est un ensemble morphologique qui appartient à l’Atlas

méridional. La chaîne prend comme origine le nord de l’oasis de Tamaghza et s’étend le long de la frontière algéro-tunisienne sur plus de 50 Km de long, et se présentent comme un triangle nommé « triangle de Moularès » (Sghari A., 1991). Plusieurs gorges apparaissent, par

0 2 4 6 8 10 N NNE NE ENE E ESE SE SSE S SSW SW WSW W WNW NW NNW 1950-1980 1981-2011

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exemple, la gorge de Boudiaf creusée par l’oued Moularès qui représente l’amont de l’oued Tebedditt et la gorge de l’oued Louza dans le Djebel Henchir Souatir (carte 12);

La chaîne de Métlaoui : se prolonge, parallèlement à la chaîne de Moularès, et se

prolonge jusqu’à l’Algérie par la chaîne d’El Mandra et son extrémité orientale (Djebel Stah). Cette chaîne présente plus de régularité d’altitude sur environ 90 km de long de Tamaghza aux environs de Gafsa en passant par la région de Métlaoui suivant une direction SW-NE. Elle est composée de plusieurs montagnes de l’ouest à l’est, Djebel Bliji (970 m), Djebel Alim, Djebel Oum El Kecheb (715 m), Djebel Stah (690 m). Deux cours d’eaux seulement traversent cette chaîne, l’Oued Khangua à Tamaghza (ou Tamerza) à l’extrémité occidentale et l’Oued Oum Kercheb au centre aux environs de la région de Métlaoui.

Carte 12 : Carte structurale de la zone d’étude (Source : Ahmadi R., 2002)

3.2.2. Les plaines de la région minière de Gafsa

Le BMG se situe dans la zone centro-méridionale de la Tunisie. Il comprend les vastes plaines, caractérisées par une topographie assez régulière, avec une inclinaison générale vers le sud, et s’étend de la frontière algérienne jusqu’à la Méditerranée. Les plaines séparent les chaînes de montagne et souvent très larges mais peu marquées (carte 13). Il s’agit de vastes étendues à surfaces homogènes. Nous pouvons citer de l’est en ouest :

La plaine de Gafsa-Sud Métlaoui : s’étend de la chaîne de Métlaoui jusqu’à la

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au nord-est, par les monts de Orbata alors qu’elle est limitée au sud par les massifs des Djebels Séhib et Berda et par la chaîne de Chèreb qui longe le nord de Chott Djérid. Cette plaine montre une inclinaison régulière du nord-ouest vers le sud-est et se termine à la dépression Chott El Gharsa.

La plaine de Métlaoui-Rdeyef : constitue une topographie plate de forme

triangulaire. La plaine représente un synclinal très vaste qui se situe entre les faisceaux de plis de Moularès et de Métlaoui. Elle est bordée vers l’est par Djebel Stah (photo 1), qui constitue le prolongement est de la chaîne de Métlaoui, et vers l’ouest par la frontière algérienne. La plaine se caractérise par une topographie irrégulière et des altitudes élevées à l’ouest dépassant 550 m et diminuant à l’est jusqu’à 100 m à Garaât Douza (zone de chott) à l’est ;

Carte 13 : Orographie du bassin minier de Gafsa (Source : CRDA, 2008)

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Photo 1 : Plaine de Métlaoui-Rdeyef (22 km à l'est de la ville de Moulares) (Source : Salhi B., 01/10/2015)

3.2.3. Les dépression ou les chotts

Les zones de chotts sont des vastes dépressions de terrain renfermant ou ayant renfermé un lac salé et observés dans les systèmes endoréiques avec un régime de sebkha inondée temporairement (CRDA, 2007). La zone d’étude inclue une seule zone de dépression nommée Garaât Douza (ou Douara localement). C’est un bassin endoréique centré, à une distance de 23 Km à l’Est de la ville de Moularès. En période de précipitation exceptionnelle, les ruissellements issues des reliefs des bordures Est et Ouest alimente le lac temporaire où l’eau est rapidement reprise par évaporation. Ce bassin versant prend naissance dans les zones montagneuses (massif d’Aïn Moulares, Dj Bou Ramli, et les oueds se perdent dans un système de Garâat (Louza, Nabbich, etc.).

Tableau 2 : Variation de la superficie de Garaât Douza Source : Image Landsat (1973, 2001et 2016) (Salhi B., 2016) Périmètre (Km) Surface (Km²) 1973 15,242 15,268 2001 15,489 15,908 2016 16,137 16,851 J. Stah

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Carte 14 : Variation de la superficie de Garaât Douza à l’aide des images Landsat

3.2.4. Les ressources en sols

Dans le BMG, les élévations dénudées n’offrent qu’une végétation steppique occasionnelle sur les sols squelettiques entrainés par le ruissellement. Mais dans les vastes surfaces déprimées qui les cernent, le remblaiement quaternaire a donné naissance à des sols plus ou moins évolués, selon la nature des apports alluviaux (CRDA, 2008, Arrondissement CES32). La plus grande partie des sols sont de type calcimagnésiques, correspondant à des sols de faibles profondeurs et dominant notamment les glacis et les Djebels dans la partie nord du BMG. Les sols squelettiques à croûte gypseuse et calcaire dominent la partie sud du BMG. A un moindre degré, les sols peu évolués sont en général de deux origines principales, érosive et d’apports. Ils surmontent des accumulations éoliennes aux alentours de Garaât Douza ou des dépôts fluviatiles à croûtes calcaires ou gypseuses.

Selon la carte des ressources en sols (carte 15), il en existe différents types à savoir :

Les sols gypseux : apparaissent localement le long de l’Oued El Melah au nord de la

zone d’étude. Ils se développent particulièrement dans la cuvette de Moularès et au sud du chaînon de Métlaoui jusqu’à Chott El Gharsa, et au sud couvrant l’ensemble Chemsi-Belkhir. Ces sols sont peu profonds (60 à 90 cm) avec une texture grossière à moyenne ;

32 CES : Conservation des Eaux et des Sols

2016

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Les sols bruns et bruns rougeâtres : sont bien développés au nord et au nord-est du

chaînon de Gafsa, dans quelques dépressions intramontagnardes, au nord de Moularès et aux alentours de Rdeyef. Il s’agit de sols le plus souvent calcaires peu profonds et de très faible salinité, appropriés à l’agriculture ;

Les sols de type rendzines ou calcimagnésiques : ces sols sont constitués de croûtes

calcaires, croûtes et encroûtement gypseux, d’éboulis, de colluvions et de sables. Les horizons constituant ces sols sont de texture moyenne à moyennement grossière. Ces sols constituent proportionnellement la plus grande couverture pédologique du bassin de Moularès-Rdeyef ;  Les sols isohumiques : sont de types bruns steppiques et se trouvent au niveau des

vallées d’oued Bayech, se caractérisent par une profondeur importante. Ils peuvent être de texture grossière, sableuse ou sablo-limoneuse, s’ils sont développés sur des colluvions. Ce sont des sols d’érosion et d’apports plus ou moins récents. Ils sont situés principalement dans la partie extrême ouest de la région de Moularès-Rdeyef ;

Les sols halomorphes (ou les sols salés) : dominant aux bords des dépressions

fermées. Ce sont des sols de type salins à dominante sables grossiers et devenant plus argileux en profondeur. Les sols halomorphes sont constitués de dépôts alluviaux fortement salés. Ils sont peu profonds (30 à 60 cm) à profonds (90 à 120 cm), avec une texture moyenne.

Carte 15 : Ressources en sol dans le bassin minier de Gafsa (Source : CRDA, 2008)

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