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Le choix des documents

Dans le document Langues et TICE (Page 65-67)

6. Faciliter l'appropriation

3.2. Scénarisation et simulation

3.3.2. Le choix des documents

Choisir les documents est une étape essentielle pour les concepteurs, d'autant plus que dans la situation de découverte autonome typique de l'autoformation, l'enseignant est rarement présent pour contextualiser le document. Nous allons examiner dans un premier temps les facteurs qui rendent l'input plus ou moins complexe et nous verrons comment les variables liées à la complexité peuvent être modulées à des fins d'apprentissage. Nous montrerons ensuite les avantages d'une approche croisant les types de discours et les médias.

D'un point de vue cognitif, au moment de la découverte d'un document, l'apprenant est tout d'abord confronté à la détermination du type de discours afin d'orienter son écoute ou sa lecture pour interpréter le texte. La complexité n'est pas inhérente à un type de discours donné, mais d'autres facteurs (linguistiques, temporels, situationnels) interviennent qui rendent un discours oral plus ou moins facile à saisir. Il est possible de repérer deux types de complexité, une complexité propre à la langue orale et une complexité situationnelle propre au contexte.

- Les locuteurs parlent de façon morcelée.

- La langue orale contient davantage de reformulations du thème principal que l'anglais écrit.

- Les locuteurs utilisent fréquemment des connecteurs.

- Le discours oral contient une proportion plus élevée de mots grammaticaux (articles) que de mots porteurs de sens (verbes, noms, adjectifs).

- Le discours oral comporte des unités grammaticales incomplètes, des faux départs, des structures laissées en suspens.

- Les locuteurs utilisent fréquemment des ellipses : des éléments grammaticaux ou des thèmes demeurent implicites.

- Il se peut que le locuteur choisisse de garder certains thèmes implicites (anaphores et cataphores).

- Les locuteurs utilisent fréquemment des mots bouche-trous.

- Les locuteurs utilisent fréquemment des déictiques pour faire des références exophoriques (hors du discours, le référent est situé dans la situation extralinguistique) et se servent de gestes et de signaux non verbaux pour faire passer le message.

- Le débit, l'accent, les gestes et autres traits paralinguistiques (caractères individuels de la voix et moyens de communication non linguistiques comme les mimiques) varient d'un locuteur à un autre.

Tableau 3.1 - Caractéristiques de l'anglais oral (adapté de Rost, 2002 : 31)

A partir d'un corpus de discours authentiques (du langage dans un contexte naturel), Rost (2002 : 30-31) a établi les traits représentatifs de l'anglais parlé et les

différences avec la langue écrite. Le tableau 3.1, qui présente cette liste, résume bien les caractéristiques du code oral de l'anglais et peut être étendue à d'autres langues.

En situation d'interaction, le locuteur ajuste son discours en temps réel pour se faire comprendre de son interlocuteur. Dans une majorité de situations verbales, la forme du message est moins importante que le message lui-même. Par conséquent, plus le thème du discours sera connu par les deux parties, plus il sera elliptique et difficile à comprendre par une tierce personne. Cela explique la relative absence de documents oraux réellement "pris sur le vif" (conversation entre deux conjoints dans le métro par exemple), qui répondraient à des critères d'authenticité mais seraient incompréhensibles tels quels.

Selon Brown (1995), il est plus facile de comprendre n'importe quel texte s'il présente les caractéristiques suivantes.

- Un nombre limité de personnes et d'objets. - Des personnes ou des objets clairement distincts. - Des relations spatiales simples.

- Le respect de l'ordre chronologique des événements.

- Un lien entre les différents énoncés (par exemple, les relations de cause à effet).

- La possibilité de relier facilement la nouvelle information aux connaissances antérieures.

Plusieurs facteurs liés au temps complexifient le traitement du message. En raison de notre faible capacité mémorielle, la longueur d'un document va ajouter à la difficulté du traitement. En effet, lors du traitement psycholinguistique du message, l'apprenant retient l'image du discours entendu en mémoire de travail. Plus le message est long, plus le risque de surcharge cognitive est grand en raison de la faible capacité de cette mémoire de travail. Plus le niveau de l'apprenant est faible, plus vite sa mémoire de travail sera saturée, empêchant un traitement efficace de l'input et bloquant parfois la réception.

D'autre part, certains auteurs comme James (1986, cité par Cornaire, 1998 : 125- 126) ont montré que la longueur du texte constitue une source de complexité plus grande que le type de texte lui-même. Il semble qu'une longueur de trois minutes représente un seuil au-delà duquel un apprenant rencontre des difficultés pour maintenir son attention. Il convient donc de moduler la longueur du document selon le niveau de développement de l'apprenant.

Le débit est un autre facteur lié au temps, ou plus précisément à la vitesse. Par débit, nous entendons le nombre de mots prononcés pendant un laps de temps donné. Il est difficile de moduler le débit d'un discours authentique sans affecter la qualité de

la prosodie et le schéma intonatif de la source. Il est envisageable de modifier l'input en allongeant les pauses entre les groupes de souffle afin de ménager des silences propres à faciliter la compréhension.

Pour conclure, le tableau suivant résume les différents facteurs à prendre en compte lors du choix des documents. Comme cela apparaît, les concepteurs ont à leur disposition un certain nombre de variables sur lesquelles il est possible de jouer.

Registre de langue + ou - standard

Degré d'authenticité

Discours + ou - situé

Type de discours + ou – connu

Thème + ou – familier

Contenu + ou – riche en informations

Durée + ou – longue

Degré de complexité

Débit + ou - rapide

Tableau 3.2 - Facteurs de choix de l'input

Certains facteurs liés à l'authenticité ou à la complexité peuvent être modulés tandis que d'autres éléments propres au multimédia peuvent entrer en ligne dans la présentation de l'input.

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