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Conclusion partielle

Chapitre 2.2. Présentation des principaux terrains d'étude

2.2.2. Les lacs naturels dus aux grands agents de transport

Les lacs naturels formés par de grands agents de transport constitue le second grand ensemble lacustre observable dans ces espaces insulaires. Leur formation s’explique par l’obturation d’un chenal d’écoulement formant ainsi une contre-pente et permettant à un lac de se former. Les origines de cette contre-pente peuvent être terrestres suite à un éboulement important voire une coulée volcanique comme cela est observable pour le Grand Etang à La Réunion. De même cette contre-pente peut elle aussi trouver ses origines dans des facteurs maritimes, on pense à l’action de la houle favorisant la formation d’un cordon littoral comme l’on peut l’observer pour les plans d’eau côtiers tel que l’Etang Saint Paul à La Réunion.

2.2.2.1. Grand Etang à La Réunion.

Le Grand Etang de La Réunion est un plan d’eau naturel situé à l'est de l'île de La Réunion sur la commune de Saint Benoît. Ce lac datant de 5 730 ans96 doit sa formation à la présence d'une coulée volcanique obstruant une vallée d'écoulement. Ainsi un lac d'une superficie moyenne de 40 hectares a pu s'étendre en arrière de cette coulée. Les accumulations de sédiments ont progressivement comblé cette dépression dont la profondeur moyenne est aujourd'hui inférieure à 10m. Ce lac est délimité par d'immenses parois (400m de dénivelé) marquant la terminaison d'un plateau d'altitude (1300-1400m), l'Ilet Patience. Ce plateau constitue l'essentiel du bassin d'alimentation dont la superficie atteint 5,90km², cette zone forestière reçoit d'abondantes précipitations entre 3500 et 5000mm d'eau par an dont une partie est captée pour alimenter la commune de la Plaine des Palmistes tandis que le reste se déverse dans le lac par l'intermédiaire des cascades d'Annette. Ce lac s'inscrit au cœur d'un réseau endoréique car l'absence d'émissaire, il impose un fonctionnement hydrologique tout à fait particulier.

Ce site se caractérise par un rythme hydrologique particulier avec d'importantes variations de niveau tout au long de l'année. Ce marnage pouvant atteindre plusieurs mètres s'explique par les précipitations abondantes favorisant le remplissage de la cuvette, mais la problématique essentielle du site réside dans l'évacuation de ces eaux accumulées (près de 7 millions de mètres cube) qui semblent disparaître soit par évaporation soit par infiltration. La détermination de ce cheminement hydrologique constitue une problématique scientifique de premier ordre dont quelques hypothèses ont été avancées par O.Banton97.

96 Banton.O, 1985

97 Banton.O, 1985

L'isolement du site du fait de la topographie et le rythme hydrologique lacustre favorisent le développement d'écosystèmes adaptés et en grande partie endémiques. Les paysages ont su s'adapter aux contraintes hydrologiques avec la formation de strates végétatives caractéristiques du site. La richesse écologique et paysagère a permis d'inscrire ce plan d'eau et son bassin d'alimentation dans le périmètre du Parc naturel des Hauts de La Réunion98. Il constitue un réservoir de la biodiversité des îles. Néanmoins, les outils réglementaires du parc naturel ont un impact limité au regard des menaces sérieuses qui pèsent sur ce site avec les multiples pollutions engendrées par la fréquentation touristique mais aussi la présence de plus en plus d'espèces envahissantes exotiques (goyaviers, rats, tangue...). Ce site possède un suivi scientifique relativement conséquent tant sur le plan hydrologique99 que biologique100, les nombreuses données mises à disposition des organismes institutionnels vont servir de support à l'analyse de l'évolution de cette masse d'eau.

2.2.2.2. L'Etang Saint Paul à La Réunion.

L’Etang Saint Paul est un plan d’eau littoral de type lagunaire situé dans la partie ouest de l’île sur la commune du même nom. Ce lac est la plus vaste zone humide de La Réunion avec 447 hectares mais se décompose aujourd’hui distinctement en deux ensembles : le lac et la zone marécageuse101. Malgré un toponyme assimilable à une structure anthropique (étang), ce plan d’eau constitue l’un des lacs naturels majeurs de l’île. Il est à noter que le toponyme d’ « étang » est utilisé sur l’île pour nommer tous les plans d’eau côtiers (Etang du Gol, Etang de Bois rouge). Ce lac est situé en arrière d’un étroit cordon littoral formant une lagune. Il s’étend au sein de la plaine alluviale de Saint Paul composée d’éléments détritiques d’origine fluvio-marine. L’accumulation de sédiments, amenés par les différentes ravines, en arrière de ce cordon, a favorisé le remplissage progressif de cette lagune.

Son bassin d'alimentation couvrant plus de 106km² s'étend jusqu'au sommet du Maïdo à une altitude de 2250m. Il est marqué par d'immenses planèzes basculées entaillées par des ravines. La zone de contact entre la plaine et ces planèzes se caractérise par un relief abrupt et découpé avec des ravines qui dessinent d’importants canyons dans lesquels on retrouve des cascades.

98 « Carte du parc national de La Réunion », 2013

99 Base de données de l’Office de l’eau, http://banquededonnees.eaureunion.fr

100 Lacoste.M, Delbosc.P, Picot.F, 2011, p41-42

101 TCO, 2005, op cité

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Figure 29: Planche de présentation du Grand Etang (Réunion)

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Figure 30 : Modèle numérique de terrain du bassin d'alimentation du Grand Etang (Réunion)

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Situé dans la partie ouest de l’île, au bord de la mer avec des volumes de précipitations inférieurs à 1000mm en moyenne, l’Etang Saint Paul présente une configuration littorale, bien différente des autres plans d’eau déjà présentés qui étaient plutôt situés à l’intérieur des terres et en altitude. La particularité de ce plan d’eau réside dans ses relations avec l’espace maritime. En effet l’interaction entre le milieu marin et les eaux douces intérieures se base sur des équilibres fragiles qui peuvent être remis en cause par certains aménagements (travaux sur le cordon littoral, pompages…) déstabilisant ainsi l’ensemble des écosystèmes. Les remontées d’eau saumâtres sont un problème connu mais qui ne cesse de s’accroître face aux diverses pressions auxquelles est soumise la nappe d’eau102. Malgré cela, il s’y est donc développé des écosystèmes originaux mais avec un endémisme moins marqué que sur les autres lacs déjà observés. Cet écosystème à l’interface entre le monde maritime et terrestre se marque donc par sa biodiversité en particulier animale avec la présence d’une importante avifaune dont 17 espèces sur 28 constituent un intérêt patrimonial103. Cette richesse a permis la classification du site en réserve naturelle à partir de 2008104.

Devenue gestionnaire depuis 2009, la mairie de Saint Paul se trouve confrontée à de nombreux enjeux. En effet le lac est situé en milieu urbain et le manque de place sur le littoral impose des pressions grandissantes sur cette réserve naturelle exposée régulièrement à des pollutions diverses (déchets, rejets divers…). Les excès climatiques posent aussi d’importantes difficultés avec des inondations régulières105 dues à des constructions situées dans l’aire de l’étang, ce qui impose à la commune d’effectuer une gestion brutale du cordon littoral en pratiquant des ouvertures au tractopelle. La revalorisation du marais constitue aussi un enjeu écologique et touristique pour permettre de valoriser cette avifaune par l’intermédiaire de la restauration des canaux de navigation.

Apparaît une problématique plus structurelle, liée au cycle de vie du lac qui se trouve confronté à un comblement progressif et à une fermeture de la masse d’eau libre. L’entretien des berges, la lutte contre certaines espèces envahissantes106, le maintien d’un niveau d’eau et une meilleure gestion du cordon littoral constituent tout autant de questions que le nouveau gestionnaire doit résoudre pour maintenir durablement cette masse d’eau en l’état.

102 TCO, 2005, op cité

103 Lacoste.M, Delbosc.P, Picot.F, 2011, op cité, p32-35

104 Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, Decret du 2 Janvier 2008 relatif au classement de l’Etang Saint Paul (Réunion) en réserve naturelle, Journal Officiel n°3 du 4 janvier 2008.

105 L’info.re, 04/02/2010

106 Lacoste.M, Delbosc.P, Picot.F, 2011, p32-35

Figure 31 : Planche de présentation de l'Etang Saint Paul (Réunion)

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Figure 32 : Modèle numérique de terrain du bassin d'alimentation de l'Etang Saint Paul (Réunion)