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3. La morphologie des structures souterraines

3.1.1.2.5. La toiture

Il s’agit d’une des particularités les plus singulières de ce type de construction. Beaucoup des cellules étaient encore surmontées, au moment de leur découverte, de dalles de basalte

Fig. 175 : Photo depuis le sud vers le nord des murs de la cellule ANG-F3’03 (Photo de S. Bortot)

Fig. 174 : Photo de l’angle N-O de CHAR-01’01 (Photo de S. Bortot)

Fig. 176 : Photo du dallage de ANG- F3’01. (Photo de S. Bortot)

du même type que celles qui composaient les murs, mais beaucoup plus grandes : elles pouvaient, en effet, atteindre une longueur de 1.9 m pour 0.8 m de largeur et une dizaine de centimètres d’épaisseur (Fig. 178). Ces dalles semblent également avoir été extraites des affl eurements avoisinnants. Les quelques exemplaires de toiture retrouvés intacts permettent d’avoir une idée relativement précise de leur agencement : dans certains cas, les dalles sont disposées sur l’assise supérieure des murs (TOR-02’01, 03 ; MOR-D’03 ; MOR-D’20 ; MOR-D’21 ; ANG F3’03, etc) ; dans d’autres cas, elles sont fi chées dans la partie haute de murs latéraux qui se poursuivent en élévation (TAP-A1’01 , ANG-F3’04 ; TAP-BC4’01, etc). Dans certaines cellules, quelques dalles suffi sent à couvrir l’espace interne alors que, dans d’autres, les dalles fi chées dans les murs latéraux sont surmontées de dalles plus petites disposées transversalement pour colmater les interstices (TAP- BC4’01). Parfois enfi n, les dalles sont fi chées de manière à former un encorbellement sommaire (TOR- 02’04 et peut-être CHAR’01’01).

La toiture était ensuite recouverte d’une couche de cailloutis surmontée de sédiment. L’ensemble devait assurer l’étanchéité de la toiture, ce qui n’est pas un aspect négligeable pour notre analyse car, en dehors des cas de structures souterraines intégrées dans des édifi ces aériens, aucun auvent ou autre type de protection n’a jamais été retrouvé.

Dans la structure NOG-C3’01, à première vue, dans le complexe SAN-01’01, il semblerait que les espaces souterrains aient été couverts de matériaux périssables car aucune dalle de couverture n’a été retrouvée dans ces secteurs.

3.1.1.2.6. Les accès

La “trappe” connectant l’espace en élévation et le niveau souterrain n’a pu être observée que dans une seule structure : TAP-BC4’01 de Casas Tapadas (Fig. 179) : il s’agissait d’un aménagement de dalles mobiles

Fig. 177 : Photo d’un fragment de torchis retrouvé in situ, sur la paroi est de ANG-F3’02 (Photo de S. Bortot)

Fig. 178 : Photo de TAP-BC4’01, depuis le sud vers le nord. Les dalles de couverture reposent sur l’assise supé- rieure de la parois est, l’autre paroi étant eff ondrée. (Photo de S. Bortot)

Fig. 179 : Photo de la couverture de TAP-BC4’01, du côté nord. (Photo de S. Bortot)

dalles plus petites, disposées sur le contrefort du mur

dalles de couverture fichées dans les murs latéraux

à l’extrémité de la toiture, un endroit où aucune dalle de couverture n’était fi chée. Ces dalles reposaient, d’une part, sur la toiture de la cellule, d’autre part, sur un muret de hauteur égale adossé contre un mur qui s’élevait, lui, beaucoup plus haut. Il semblerait, à la lumière des quelques vestiges d’accès observés dans d’autres cas, que cette technique ait été fréquemment employée.

Les systèmes d’accès peuvent présenter

des particularités propres aux espaces souterrains : dans certains cas, on accède à l’espace interne par un puits latéral (TOR-03’01) (Volume “Données et analyses” : Figs. 38 à 41) ou bien, par une cellule indépendante qui pourrait être interprétée comme une petite entrée ou une antichambre (TOR-02’01) (Fig. 181). Concernant les systèmes de descente au fond, plusieurs confi gurations ont été observées : la plupart du temps, des dalles de petite taille étaient fi chées dans les parois de manière à constituer une sorte de marchepied. Dans d’autres cas, on a observé une dalle fi chée associée à un aménagement au sol qui pourrait être assimilé à une marche d’escalier (Fig. 180). Enfi n, parfois, aucun aménagement n’existe, alors que les structures souterraines peuvent être particulièrement profondes ; il faut alors envisager l’utilisation d’échelles en bois.

3.1.2. Plans, surfaces et volumes

Comme cela a été mentionné à différentes reprises, les 75 cellules dénombrées — dont 28 ont été fouillées — appartiennent à 37 secteurs distincts, mais, hormis les cas de structures souterraines complètement pillées, il est parfois impossible d’évaluer la superfi cie au sol d’une construction en creux, et sa capacité volumétrique. Il n’a donc pas été possible de raisonner sur la totalité des éléments du corpus. Le tableau qui suit récapitule les informations exploitables à ce propos (Fig. 183).

Fig. 180 : Photo du système d’accès d’ANG-F3’02 : il est constitué d’une dalle fi chée et d’une marche au sol. (Photo de S. Bortot)

Fig. 181 : Photo du système d’accès à TOR’02’01, constitué de trois dalles fi chées dans les murs(Photo de S. Bortot)

3.1.2.1. Les plans et les surfaces

La plupart des structures souterraines sont de plan quadrangulaire ; quelques-unes sont de plan triangulaire, d’autres de plan circulaire ou plutôt ovalaire (Volume “Données et analyses” : Fig. 63) ; enfi n, le plan de certaines structures n’a pas pu être déterminé car elles n’étaient pas assez visibles en surface. Généralement, il semble que, dans les cas où l’affl eurement rocheux était très saillant, les constructeurs n’ont pas forcément cherché à obtenir des cellules quadrangulaires. Dans les autres cas, en revanche, il semblerait que cette forme ait été recherchée.

Parmi les 59 structures souterraines retenues pour l’étude de ces aspects (Fig. 182), 47 ont une surface inférieure ou égale à 4 m², et seulement 4 autres une surface de plus de 6 m² : CHAR-01’01; NOG-C3’01 ; TAP-BC11’01 et SAN-03’01. À propos de SAN-03’01 et CHAR-01’01, il est diffi cile de proposer un commentaire argumenté, dans la mesure où nous n’avons pas un aperçu complet de la construction : la première n’a pas été fouillée, la seconde ne l’a été que partiellement. Nous ne sommes donc pas certaines que des murs internes n’aient pas subdivisé l’espace interne. En ce qui concerne NOG-C3’01 et TAP-BC11’01, hormis leurs dimensions, ces deux cellules sont aussi les seules à avoir été construites non pas dans des terrasses ou contre les affl eurements mais dans des remplissages de plates-formes. Comme nous le verrons par la suite, NOG-C3’01, constitue à plus d’un égard, un cas exceptionnel dans ce corpus (Volume “Données et analyses : p. 70 et 71). TAP-BC11’01, pour sa part, n’a pas été fouillé, et il est donc diffi cile d’être très affi rmatif ; mais ses dimensions, ainsi que son agencement dans le long du bâtiment aérien auquel elle est associée sont peut-être des indices de particularités fonctionnelles.

On retiendra donc que la surface de la grande majorité des structures souterraines de notre

Fig. 182 : Graphique représentant les superfi cies des structures souterraines. moins de 2 m² (n = 18) entre 2 et 4 m² (n = 29) entre 4 et 6 m² (n = 8) entre 6 et 8 m² (n = 2) plus de 8m² (n = 2)

Abréviations utilisées : prof. : profondeur

T m3 : Total des mètres cubes d’un complexe

Fig. 183 : Tableau des dimensions des cellules du massif

forme prof. m3 T m3 forme prof. m3 T m3

TOR-01'01 rectangulaire 2.26 2.4 5.42 5.42LAR-01'01 rectangulaire 2.85 0.9 2.56 ?

TOR-02'01 rectangulaire 1.63 1.14 1.86 LAR-02'01 rectangulaire 1.26 ? ? ?

TOR-02'02 rectangulaire 1.76 1.2 2.13

TOR-02'03 rectangulaire 0.82 1.08 0.88 MAJ-A2'01 rectangulaire 2.69 ? ?

TOR-02'04 rectangulaire 0.98 1.1 1.08 MAJ-A2'02 rectangulaire 5.39 ? ?

TOR-03'01 rectangulaire 1.74 1 1.74 1.74MAJ-A2'03 rectangulaire 4.03 ? ?

TOR-04 rectangulaire ? ? ? ?MAJ-A2'04 rectangulaire 3.21 ? ?

Casas Tapadas

CHAR-01'01 rectangulaire 6.4 1.25 8 8TAP-A1'01 rectangulaire 3.15 0.9 2.83 ?

CHAR-02'01 rectangulaire ? ? ? ?TAP-A3'01 rectangulaire 2.43 ? ? ?

CHAR-03'01 rectangulaire 4.5 ? ? ?TAP-BC4'01 rectangulaire 5.74 1.72 9.87 ?

TAP-BC23'01 rectangulaire 1.65 2.6 4.3 ?

NOG-C3'01 rectangulaire 13.99 1.2 16.8 16.8TAP-BC8'01 rectangulaire 2.59 1.38 3.57 ?

NOG-C5'01 rectangulaire 2.07 1.44 2.98 TAP-BC8'02 rectangulaire 2.53 1.5 3.79 ?

NOG-C5'02 rectangulaire 1.62 1.44 2.33 TAP-BC11 rectangulaire 9.77 ? ? ?

TAP-E6'01 rectangulaire 2.13 ? ? ?

MOR-D'01 indérterminé ~1.85 1.02 1.88 TAP-E13'01 rectangulaire 2.03 ? ? ?

MOR-D'02 indéterminé ~4.23 0.8 3.38 TAP-E13'02 rectangulaire 2.31 ? ? ?

MOR-D'03 circulaire 1.32 1.25 1.65 TAP-E13'03 rectangulaire 2.47 ? ? ?

MOR-D'04 rectangulaire 1.27 1.2 1.52 TAP-E12 indéterminé 2.14 ? ? ?

MOR-D'05 ovalaire ~1.03 0.9 0.93 La Campana

MOR-D'06 rectangulaire 2.51 ~1 2.51 CAM'01-01 rectangulaire 2.88 ? ? ?

MOR-D'07 rectangulaire 2.92 0.7 2.04 La Perra

MOR-D'08 ovalaire 0.7 0.3 0.21 PER-01'01 rectangulaire 3.24 ? ? ?

MOR-D'09 indéterminé ~2.2 0.35 0.77 PER-C3'01 rectangulaire 3.96 1.63 6.45 6.45

MOR-D'20 rectangulaire 2.86 1.72 4.91 MOR-D'21 rectangulaire 3.43 1.8 6.17 MOR-D'22 ? ? ? ? ? PAL-01'01 rectangulaire 4.84 ? ? ? PAL-01'02 rectangulaire 4.47 ? ? ? SAN-01'01 rectangulaire 2.55 ? ? ? SAN-02'01 rectangulaire 3.96 ? ? ? SAN-03'01 rectangulaire 7.5 ? ? ? SAN-04'01 rectangulaire ? ? ? ? SAN-05'01 rectangulaire ? ? ? ? SAN-F'01 rectangulaire 4.51 ? ? SAN-F'02 rectangulaire 2 ? ? SAN-F'03 rectangulaire 3.36 ? ? ANG-A1'01 rectangulaire 0.59 ? ? ? ANG-B2'01 rectangulaire 1.12 ? ? ? ANG-B4'01 ? ? ? ? ? ANG-F3'01 rectangulaire 2.94 1.64 4.82 ANG-F3'02 rectangulaire 3.75 1.79 6.71 ANG-F3'03 rectangulaire 2.76 1.27 3.5 ANG-F3'04 rectangulaire 1.99 ? ? ANG-F3'05 rectangulaire 1.5 ? ? ANG-F3'06 rectangulaire 1.85 ? ? 5.31 Campo Santo ? Yacata El Angel

Los Toriles Lomillo Largo

? ? Los Nogales Charco la Tortuga 5.95 Las Majadas El Moro 25.97 Commentaire :

L’élément MOR-D’10 présentait un contexte peu fi able, dans la mesure où il s’agissait d’un élément non achevé. Pour cette raison, nous ne l’avons pas fait fi gurer dans ce tableau.

corpus n’excède pas 4 m². Deux structures se détachent très nettement de cette tendance avec des superfi cies respectives de 9.77 m² et 13.9 m² (NOG-C3’01 et TAP-BC11’01). Il s’agit, dans les deux cas, de couloirs assez étroits. Deux autres dépassent également 6 m² (CHAR-01’01 et SAN-03’01) ; dans ces deux cas, l’espace interne est de plan presque carré, mais il existait peut-être des subdivisions internes que nous n’avons pas vues en surface.

3.1.2.2. Les profondeurs

En ce qui concerne les profondeurs, seules les cellules fouillées ou entièrement pillées sont parlantes et le le total à considérer n’est pas tout à fait le même que celui utilisé pour les superfi cies : ici seuls 31 individus ont été comptabilisés (Fig. 184). Le même mode de représentation graphique des valeurs obtenues permet de constater qu’il existe, là aussi, une tendance assez forte : plus de la moitié des cellules concernées présentent une profondeur comprise entre 1 et 1.5 m. Seules deux structures souterraines mesuraient plus de 2 m de profondeur : TOR-01’01 et TAP-BC23’01, cette dernière dépassant 2.5 m. Parmi les cellules de moins d’un mètre de profondeur, on remarquera qu’elles se situent, pour leur grande majorité, dans le groupe D d’El Moro. Dans ce groupe, les structures en question étaient particulièrement mal conservées, et les mesures prises ne sont probablement pas toujours représentatives de leurs dimensions initiales.

moins de 1m (n= 7) entre 1 et 1.5 m (n = 15) entre 1.5 et 2 m (n = 7) entre 2 et 2.5 m (n = 1) plus de 2.5 m (n = 1)

Fig. 184 : Graphique représentant les profondeurs des structures souterraines

3.1.2.3. Les volumes

Considérons enfi n les volumes (Fig. 185). Dans ce cas, le corpus utilisé est le même que celui pris en compte pour l’évaluation des profondeurs, à savoir 31 individus. On constate que la plupart des structures souterraines ont une capacité volumétrique comprise entre 2 et 4 m3. Cependant, environ

un tiers n’atteignait même pas 2 m3. En réalité, le tableau général précédent montre que seules quatre

bien qu’il ne soit pas rare d’en trouver qui atteignent 6 m3. Une seule d’entre elles dépasse 10 m3 de

capacité volumétrique. Il s’agit évidemment de la même construction dont la surface est largement supérieure aux autres : NOG-C3’01.

Pour conclure sur l’architecture des structures souterraines, rappelons les caractéristiques qui ont été distinguées. Elles peuvent être résumées en quelques points :

1. Les murs des constructions souterraines sont aménagés dans des remplissages de terrasses ou dans des plates-formes, quoique beaucoup plus rarement (dans seulement deux cas : NOG-C3’01 et TAP-BC11’01).

2. L’un des traits distinctifs les plus remarquables sont ces toitures de grosses dalles qui sont propres aux structures souterraines.

3. Ces plans varient mais ils sont majoritairement quadrangulaires. La surface moyenne est comprise entre 2 et 4 m², la profondeur entre 1 et 1.5 m, et la capacité volumétrique entre 1 et 4 m3.

4. Les cellules présentent généralement un système d’accès vertical ; il peut être combiné avec un système de circulation horizontal, pour connecter plusieurs cellules entre elles, mais ce point sera discuté plus loin. Nous avons relevé toutefois quatre cas où l’accès aurait pu se faire latéralement : MOR-D’06, SAN-03’01, les complexes MAJ-01 et TAP-A1. Cependant, les cas en question ne sont pas totalement clairs ; on les reprendra ici succintement.

TAP-A1a qui est décrite en détail dans l’autre volume (Volume “Données et analyses : p. 136-137), est une pièce adossée au terrain naturel : elle est en fait souterraine ou aérienne en fonction de la position de l’observateur en amont ou en aval dans la pente. Elle présente effectivement un accès latéral (une porte) qui ouvre sur un couloir conduisant à l’extérieur du complexe. Le niveau de circulation externe à l’entrée de ce couloir est à la même hauteur que le niveau d’occupation de l’espace interne. Accolée à cet espace, la cellule TAP- A1’01, se situe plus ou moins à la même hauteur et elle présente, elle aussi, un accès latéral ; pourtant nous l’avons incluse sans hésitation dans notre corpus. En réalité, ces pièces, à première vue assez similaires, sont bien distinctes. La première, TAP-A1a, est

Fig. 185 : Graphique représentant les volumes des structures souterraines

entre 6 et 8 m3 (n = 3) entre 8 et 10 m3 (n = 2) plus de 10 m3 (n = 1) moins de 2 m3 (n = 10) entre 2 et 4 m3 (n = 11) entre 4 et 6 m3 (n = 4)

construite sur un seul et même niveau, alors que l’autre, TAP-A1’01 constitue le niveau inférieur d’une autre pièce et entre les deux il existe une séparation faite de grosses dalles fi chées dans les murs. Par conséquent, TAP-A1’01 fonctionne complètement comme un espace souterrain, même si elle n’est pas topographiquement totalement souterraine.

Le cas de SAN-03’01 se présente, selon nous, dans les mêmes termes que le complexe TAP- A1, à savoir que la confi guration d’ensemble permet de supposer l’existence d’un accès latéral (volume “Données et analyses” : p. 99). Mais, nous ne sommes absolument pas en mesure de dire si les pièces sont du type de TAP-A1a ou TAP-A1’01.

Concernant MOR-D’06, nous n’avons pas d’indication sur le niveau de circulation à l’extérieur de la cellule (volume “Données et analyses” : Fig. 63). Nous n’avons pas non plus d’information quant à l’éventuel parement externe du mur où semble se situer l’accès.

Par conséquent, si nous avons bien la preuve d’accès latéraux à des espaces semi-souterrains tels que TAP-A1a, en revanche, nous n’avons pas la preuve de l’existence d’accès latéraux à des cellules complètement souterraines. Le cas de MAJ-A1, s’il était confi rmé, constituerait, selon nous, la seule exception : un linteau est visible dans le mur de contention de la terrasse au nord ; il aurait délimité une porte située à la base des murs de la cellule la plus au nord du complexe.

Outre les caractéristiques que nous venons d’évoquer, il en existe d’autres, relatives aux ensembles architecturaux dans lesquels s’intègrent les structures souterraines.