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La théorie cognitive de l‟apprentissage, dans une perspective psycho-

CHAPITRE 2 : CADRE THÉORIQUE ET PROBLÉMATIQUE

I. Action et activité

1. Les courants théoriques

1.4 La théorie cognitive de l‟apprentissage, dans une perspective psycho-

Au début des années 1960, Jérôme Bruner crée à Harvard, avec George Miller, le

Center for Cognitive Study, avec le but d‟impulser une «révolution cognitive», qui

placerait «la signification au centre de la psychologie» : « Nous voulions découvrir et décrire formellement les significations que l‟être humain crée au contact du monde, et émettre des hypothèses sur les processus à l‟œuvre dans cette création. Nous voulions étudier les activités symboliques que l‟homme utilise pour construire et donner un sens au monde qui l‟entoure et sa propre existence », «car la culture donne forme à l'esprit9»

(Bruner, 1983). Cette approche de la cognition, plus interprétative, mettait au centre « la construction de la signification ».

Parallèlement, Bruner, avec le Center for Cognitive Study, décidait de créer une nouvelle psychologie culturelle. Il manifeste que le langage est un outil d´élaboration de l‟expérience et il conçoit le développement humain comme un

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS processus de collaboration entre l‟enfant et un adulte. L‟adulte est ainsi envisagé comme médiateur de la culture : « notre projet était de créer une nouvelle psychologie culturelle qui ne se limite pas aux seuls aspects logiques et abstraits de la pensée, mais qui permette d‟étudier l‟être humain en tant que producteur de rêves, d‟idées, de projets, ainsi que porteur et créateur d‟une culture ». (Bruner, 1983).

Toutes les hypothèses que l‟auteur fait sur l‟éducation sont dérivées de la théorie du développement cognitif. Sa principale question est ; comment éduquer l‟homme pour qu‟il se serve du patrimoine culturel?. Pour Bruner, l‟homme n‟est pas seulement un être biologique, mais surtout un être culturel. Cette culture est très élargie et l‟homme par lui même ne peut l‟assimiler. L‟éducation et l‟aide des adultes sont donc nécessaires.

Nous nous focaliserons sur les aspects de la théorie de Bruner liés au sujet de thèse, « la qualification de l‟environnement

- L'attribution de signification à l’environnement et le développement de

l’enfant :

L‟apprentissage de la langue est peut-être la première étape cruciale de la socialisation de l‟enfant. Le langage est crucial en ce qu‟il va permettre à l‟enfant d‟interagir plus efficacement avec son environnement. C‟est également une étape importante pour la construction de son identité. Le langage permet à l‟enfant de s‟affirmer. Il est important de comprendre comment l‟enfant apprend le langage?. Comment l‟enfant passe de la communication à la parole?.

Selon Bruner, (1983,1987) la relation parents / enfant est cruciale pour l‟acquisition du langage. L‟enfant doit pouvoir avoir un modèle, quelqu‟un qui le stimule et c‟est en général la mère qui joue ce rôle. L‟enfant n‟apprend pas à parler seul, il a besoin de l‟interaction avec ses parents, tout particulièrement avec sa mère. Les travaux Vygotsky de avaient montré auparavant l‟importance de l‟interaction dans l‟acquisition du langage, spécifiquement dans son ouvrage « Pensée et Langage ». Ce courant a été repris par Bruner, (1987) qui a étudié la manière dont les parents apprennent aux enfants à parler. Il développe l‟idée selon laquelle le dispositif

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS d‟acquisition du langage donne la possibilité de dégager les règles grammaticales propres à une langue particulière et permet ainsi à l‟enfant de produire tous les énoncés de cette langue.

Selon Bruner, (1987) il y a deux aspects fondamentaux dans l‟acquisition du langage.

- La notion de lien affectif parental :

Pour apprendre à parler, l‟enfant a besoin des autres êtres humains. On comprend le rôle majeur des parents, surtout de la mère, au cours des débuts de l‟acquisition du langage : «Je soupçonne qu'une grande partie du développement commence par tourner vers nos propres traces et en formulant nouvellement en clé, avec l‟aide de tuteurs adultes, ce que nous avons fait ou ce que nous avons vu, pour atteindre de nouvelles manières d'organisation» (Bruner, 1987).

Selon Bruner, (1983, 1987), l‟enfant adopte plusieurs canaux de communication. Par des mimiques, des gestes, il arrive à se faire comprendre de son entourage, ensuite, il s‟exerce à prononcer des sons plus ou moins proches des mots du langage commun. En les associant sommairement, il réussit à expliciter ce qu‟il souhaite obtenir de ses proches. Nous pouvons dire que la parole fait partie du domaine du corps, le corps tout entier est engagé. Les expressions faciales vont exprimer tout le registre des émotions. Le déplacement dans l‟espace est aussi en jeu, la distance sociale, c‟est-à-dire, l´éloignement de celui qui émet son message par rapport à celui qui le reçoit est une convention sociale qui varie selon les civilisations. L‟enfant apprend d‟abord, donc, à communiquer avant d‟apprendre à parler.

Les parents ont un rôle important dans cet apprentissage, surtout la mère. Ils doivent encourager l‟enfant à délaisser le jargon de la toute petite enfance dont l‟efficacité se limite au cercle étroit des relations familiales au profit de l‟acquisition du langage commun à une culture qui lui permettra de se confronter à des situations plus variées et à des expériences nouvelles.

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS Ainsi, la qualité d‟interaction avec les parents, spécialement la mère conditionne l‟acquisition du langage oral, le bébé comprend la parole de la mère par les intonations, les mimiques et les mouvements de la bouche, plus que par le mot lui- même. Dans ce contexte Bruner lie intimement culture et langage. Il dit que « c‟est la culture qui force l‟homme à maîtriser le langage et le langage sert de support pour transmettre la culture à l‟enfant, .., l‟enfant apprend à employer le langage pour obtenir ce qu‟il veut, jouer, rester en contact vocal avec son entourage…ce faisant, il apprend les contraintes qui prévalent dans sa culture et qui sont concrétisées par les restrictions et les conventions imposées par les parents » (Bruner, 1987).

Nous pouvons dire ainsi, que les enfants ont déjà un comportement de communication différent selon leurs origines sociales, et l‟appartenance à une culture particulière car la communication renvoie au corps mais aussi à la représentation de l‟autre, à la notion d‟espace et du temps, qui sont les fondements de la culture. « Mon point de vue est que la culture (et non la biologie) donne forme à la vie et à l‟esprit de l‟homme, qu‟elle donne une signification à son action en situant l‟intentionnalité qui la sous-tend dans un système interprétatif précis » (Bruner, 1991).

De ce fait, communiquer ce n‟est pas tant gérer de l‟information mais des stratégies, car selon Bruner, le développement cognitif, l‟acquisition du langage et de la culture s‟effectuent dans le cadre d‟interactions permanentes avec l‟environnement, avec autrui et non par le seul déploiement autonome de capacités mentales.

Parler c‟est agir. Quand les hommes parlent, ils transmettent de l‟information. Pour interagir, ils font des actes, «le dire c‟est le faire», parler, c‟est gérer des stratégies, car les êtres humains utilisent le langage pour vivre ensemble.

Le développement de l‟intelligence est d‟abord intimement lié à la capacité de construire des comportements intentionnels. Les intentions sont fondamentalement liées à la culture des individus, en lien à la notion de mémoire collective et narrative. «Il existe des relations qui sont basées sur une série de suppositions et de croyances communes en référence au monde, le fonctionnement de l'esprit, des choses

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que nous sommes capables de faire et la manière de réaliser la communication »

(Bruner, 1986).

Cette intentionnalité va se réguler sous l‟effet de l‟acte, comme une action volontaire. Selon Bruner, elle précède « le savoir-faire » et cette intentionnalité de l‟enfant sera interprétée par son entourage, permettant ainsi à l‟enfant d‟accéder au langage et finalement à la socialisation. C‟est dans ce contexte que la notion de « lien affectif parental » de Bruner est proche de la notion de « lien affectif relationnel » de Maturana et Varela: « L'acceptation de l'autre á côté de nous dans la vie en commun (dans le quotidien), c'est le fondement biologique du phénomène social, … sans l'acceptation de l'autre á côté de nous il n'y a pas de socialisation.” (Maturana , Varela, 2006).

- Le développement de la fonction référentielle :

C‟est le moment où l‟enfant comprend que ce qui l‟entoure peut être nommé, que chaque chose à un nom. Quand l‟enfant développe des notions primitives de sémantique, il se met à accompagner ses gestes référentiels de désignation par des sons puis le son se substitue au geste. Ainsi, les conventions linguistiques sont habituellement des formes initialement primitives qui se sont normalisées en se socialisant au cours des échanges.

La fonction référentielle sert à préciser le référent d‟un message en clarifiant le contexte d‟interprétation d‟un énoncé donné. C‟est-à-dire, si le locuteur fait référence à un objet, il précise alors à son interlocuteur l‟objet dont il fait référence, à l‟exclusion de tout autre. « La référence ne dépend pas seulement de la domination de la relation entre les signes et les signifiés, mais de l'usage des procédés sociaux accordés conjointement entre eux, pour assurer que le signe et le signifié dans un processus d'union se cachent sous une forme négociable avec les usages des autres »

(Bruner, 1983).

Dans les échanges de communication qui impliquent complètement la fonction référentielle, un des éléments de cette situation de communication n‟est pas fixé,

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS c‟est inconnu : c‟est le référent, sur lequel les deux participants doivent conjointement focaliser leur attention.

Les situations de communication constituent un sous-ensemble des situations interactives. Le sen classiquement donné aux situations de communication présuppose, dans la communication référentielle, un référent, connu de l‟un des partenaires, et que l‟autre devra reconnaître.

L‟accent est mis sur un transfert de signification, dans un schéma classique ; un des participants, l‟émetteur, code un message destiné au partenaire (le récepteur) et le produit ; le message concerne un référent (objet, personne). Le récepteur interprète le message (le décode), nous pouvons inférer que l‟interprétation est une façon d‟agir sur autrui « malgré sa diversité, les interprétations partagent une caractéristique extraordinairement importante : toutes s'efforcent pour invoquer un état intentionnel (un motif, un état d‟esprit) ». (Bruner, 1986

1.5 Quels sont les liens de la théorie de Jérôme Bruner avec la