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CHAPITRE 2 : CADRE THÉORIQUE ET PROBLÉMATIQUE

II. L‟action de diriger et des dirigeants

1.2 L‟action de diriger

Pour comprendre l‟action de diriger nous avons choisi entre autres la théorie venant de sciences de la gestion, où se désignent quatre fonctions clés de l‟administration : l‟organisation, la planification, la direction et le contrôle des ressources d‟une organisation une démarche centrée sur la figure du dirigeant engagé au quotidien dans les organisations.

Nous pouvons dire que dans l‟action de diriger émergent quatre éléments: 1) Le dirigeant : celui qui fait l‟action professionnelle de diriger ;

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS 3) la situation; les moments et le contexte où se développent l‟action de diriger; 4) el les objectifs; les intentions qu‟a l‟action de diriger.

Nous nous centrerons alors sur la figure de dirigeant qui a une intention d‟influencer sur l‟activité d‟autre individu, en rapport à une situation déterminée. Nous envisagerons comment le dirigeant, à travers l‟action de « diriger » négocie son rapport au réel, dans le cadre d‟organisation d‟activités d‟une part prescrites et d‟autre part construites discursivement au fur et à mesure que les dites activités sont développées.

- Diriger, vers l’omniprésence des organisations des activités, à la fois

comme contexte et comme sujet:

Dans des contextes préalables, le jeu autour de la norme, de la règle, constitue le point focal des activités d‟autrui.

L‟action de diriger tend à « Faire Agir ; dans le cadre de [...], en référence à […] et contribuer à la finalisation de l‟agir » (Barbier, 2010), il s‟agit d‟agir sur l‟engagement

d‟activité d‟autrui, c‟est-à-dire une activité sur autre activité.

Si nous pensons que aussi bien l‟action de diriger que celle d‟éduquer sont des

actions d‟intervention sur autrui (Barbier, 2010), alors, nous pouvons comprendre

également les notions d‟engagement du point de vue des Sciences de l‟Éducation : « l‟engagement révèle le niveau de motivation sous-jacente à l‟activité, la motivation se rapporte à l‟énergie et à la direction qui caractérisent le comportement, alors que l‟engagement concerne la mise en action de cette énergie au moyen d‟une connexion entre la personne et l‟activité » (Reeve, et al., 2004). Il s‟agit de l‟action de diriger en agissant sur la motivation qui provoque l‟engagement dans l‟activité et le finalise. Pour revenir vers notre sujet « l‟action de diriger dans des contextes préalables », nous faisons des hypothèses sur le rapport qu‟entretiennent les acteurs à la règle et le rôle que joue l‟action de diriger dans la connexion entre l‟acteur et leur activité.

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS - Diriger pour agir sur l’engagement d’autrui et accomplir les objectifs

prescrits de l’organisation des activités :

L‟action de diriger peut être conditionnée, surtout, quand l‟assignation des ressources au budget des organisations est liées à l‟accomplissement des objectifs prescrits (indicateurs économiques, financiers, de production, de qualité, etc.). Nous pouvons dire que l‟action de diriger est située dans un espace très large, « les cycles de travail, les cycles de production » mais en même temps très à côté. Dans ce contexte, l‟action de diriger est orientée pour influencer sur « le moteur » de l‟engagement d‟autrui, la motivation des acteurs, en termes de développement du sentiment d‟efficacité personnel «la croyance partagée par un groupe en ses capacités conjointes d'organiser et d'exécuter les actions nécessaires pour produire un niveau donné de réalisations » (Bandura, 1977). Dans le contexte d‟un cadre préétabli, le sentiment d‟efficacité personnelle peut y avoir une influence sur l‟intensité des efforts que les acteurs investissent dans l‟adaptation à ce cadre, sur leur persévérance malgré les difficultés qu‟ils rencontrent, sur leur capacité de maintenir une attitude positive face à leurs objectifs et de l‟organisation.

- Diriger sur la base de la transgression à l’organisation préétablie des

activités :

La prescription des activités peut être contextuelle mais elle peut aussi revenir des acteurs eux-mêmes : il s‟agit de l‟auto prescription. Dans le deux cas, l‟omniprésence des organisations des activités, peut signifier la négation à l‟innovation de cette même activité. Les acteurs sont confrontés d‟une part à suivre la formalité des normes, des règles, des procédures etc., et d‟autre part à son usage en situation.

C‟est précisément dans les décalages qui s‟instaurent entre des prescriptions formelles et des usages en situation, que l‟action de diriger devient pertinente, comme une façon d‟influencer l‟engagement d‟activité d‟autrui, en termes « apprentissage significatif ou interprétatif » (Bruner, 199, 2002 ; Zeitler, 2001). Ainsi,

la transgression à l‟organisation préalable des activités devient une opportunité pour le dirigeant et les dirigés : « C‟est précisément dans l‟incomplétude des règles

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prescrites, dans les décalages qui s‟instaurent entre des prescriptions et des usages en situation que viennent se nicher l‟intelligence pratique et les capacités d‟improvisation des acteurs » (Alter, 2003).

L‟action de direction implique « d‟agir » avec efficacité dans l‟engagement d‟activité d‟autrui malgré l‟incertitude, parce que nous partons de l‟idée que tous les acteurs ont une liberté d‟action et qu‟ils agissent dans un environnement hautement complexe, dynamique et souvent adverse.

- Diriger vers des organisations des activités conçues comme

discursives et interprétatifs :

Une deuxième voie pour concevoir l‟action de diriger est sur la base de la dimension discursive et fictionnelle des activités. Les dirigeants son confrontés à la nécessité d‟abord de se convaincre de la légitimité des actions entreprises, de partager sa vision et en même temps de persuader autrui de cette légitimité. Barbier, (2010) dit : « qu‟une voie privilégiée pour diriger c‟est communiquer »,

communiquer en liaison avec la notion de langage « La forme la plus haute d‟une faculté qui est inhérente à la condition humaine, la faculté de symboliser. Il s‟agit de la faculté de représenter le réel par un « signe » et de comprendre le « signe » comme représentant le réel, donc d‟établir un rapport de « signification » entre quelque chose et quelque chose d‟autre » (Benveniste, 1966).

Barbier, (2010) dit également que l‟action de diriger présente les intentions :

D‟intervention sur l‟activité d‟autrui.

D‟influer sur le sens construit autour de l‟activité.

De donner à voir : les positions et les territoires. De construire du sens pour soi.

Selon le même auteur, l‟action de diriger est une action de dire ; dans toutes ces intensions nous observons la présence de la dimension discursive et en même temps fictionnelle dans le sens de l‟interprétation développé par Bruner, (1991,

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS 2002). Nous posons la question de pourquoi le discours et la fictions se retrouvent en même temps dans l‟action de diriger ?.

Nous concevons la notion de discours dans un sens différent de celui de la parole « Le discours fait référence à un ensemble de trois éléments liés: la pratique sociale, la pratique discursive (incluant la production, la distribution et la consommation de textes), et le texte » (Sarfati, 2005), à travers le discours l‟acteur construit et transforme l‟environnement « Le discours est alors une activité tout à la fois déterminée par le contexte et transformatrice de ce même contexte, forme d‟un ensemble de représentations (partagées au moins partiellement par les différents participants) qui se renouvellent et s‟enrichissent sans cesse » (Kerbrat – Orecchioni, 2005).

L‟environnement est conçu comme l‟ensemble des conditions naturelles et culturelles susceptibles d‟agir sur les activités, qui peut être proche de l‟organisation comme la situation même ce qui entoure l‟organisation et ses acteurs « Le contexte extérieur à l‟interaction, « qui va de la situation, c‟est-à-dire de l‟environnement immédiat, à la société dans son entier, en passant par le niveau de portée intermédiaire qu‟est le contexte institutionnel ». (Kerbrat – Orecchioni, 2005).

L‟action de diriger au travers du discours est une espèce de fil conducteur qui permet la régulation entre acteur et activité ; dans le termes de Vygotski, au travers « le langage le penser est médiatisé », nous sommes d‟accord que langage et le discours sont différents mais complémentaires, « Le discours se présente ainsi, comme une sorte particulière « de mécanisme social de la conduite », comme un moyen puissant de la régulation par signes de l‟activité humaine » (Ricoeur ; Sebestik , 2004). Nous pouvons faire l‟hypothèse que dans l‟action de diriger aussi il y a des éléments interprétatifs qui au fur et à mesure permettent de développer l‟activité. Nous entrons dans le domaine de la subjectivité, « Une capacité à envisager la pratique sous un jour non conventionnel, voire subversif, une capacité à varier les contextes et à offrir des explications rivales du même phénomène, une capacité moins à prescrire qu‟à donner du sens » (Grimand, 2009). Ces éléments interprétatifs nous permettent de dire que le fait de diriger et de construire du sens pour soi et d‟influer sur le sens d‟autrui, construit autour de l‟activité « cette capacité de la fiction, les faits ne sont jamais présentés en eux-mêmes mais selon un certain point de vue, une

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certaine optique. Cette capacité de la fiction à ordonne les événements dans une trame signifiante, en les éclairant rétrospectivement, en fait un formidable levier de construction du sens » (Weick, 1995), « L‟imaginaire est à l‟image: un prolongement sans rupture » (Grimand, 2009). La fiction dans le sens d‟interprétations était une façon pour le dirigeant de « négocier » son rapport au monde, de sorte que les interactions futures soient davantage.

L‟organisation des activités existent-elle aussi en tant que « fictions », « les individus y voient un moyen de comprendre, d‟interroger, en un mot de « faire sens » de ces institutions qui saturent leurs vies » (Rhodes, 1997).