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LA VILLE CONTEMPORAINE

II.5 LA STRUCTURE DU TISSU URBAIN CONTEMPORAIN

Ce paragraphe portera sur l’édification des différents types de tissu urbain de la ville. Cette description aura pour objectif de mieux comprendre les dysfonctionnements du développement urbain de la ville

L’évolution du tissu urbain de Batna s’est fait progressivement depuis le centre de la ville coloniale vers les différents axes routiers, dés lors cette structure urbaine hétérogène s’est développée sous forme de « Patchwork »1

résultat de la juxtaposition des différentes maisons bâties aux grés de la situation politico-économique et des autorités locales (administratives et politiques).

Ainsi nous distinguons quatre entités urbaines différentes.

II.5.1 LE CENTRE VILLE

C’est le centre historique, il comprendra donc la ville coloniale avec des lotissements destinés aux populations européennes ; il a un caractère architectural typique ; très homogène avec une structure orthogonale régulière, il joue le rôle de centralité urbaine de part les fonctions et les activités commerciales administratives et économique qu’il englobe.

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Selon Larousse « Ensemble quelconque formé d'éléments hétérogènes, disparates »

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/patchwork/58600

Photo‏II-8 : Lots de terrain d’origine agricole à vendre par leurs propriétaires pour l’urbanisation

69 Les rues intérieures sont majoritairement résidentielles, avec quelques commerces et services de proximité

II.5.1.1 CARACTÉRISTIQUES DE LHABITAT :

Villa ou maison individuelle composée d’un RDC à un R+1, toiture en général en tuiles rouges dite de Marseille en raison de son origine, limitée d’un espace jardin sur les cotés avec cour sur la façade extérieure, elles ne sont pas collées les unes aux autres, alignées sur le bord de la voirie et en retrait de 3 à 4 mètres en moyenne de celle-ci qui créa un espace public aéré, une rue munie de trottoirs suffisamment larges pour faciliter la circulation des piétons sans déborder sur la chaussée ; ainsi est constituée la trame bâtie du quartier du stand. (Photo II-9)

Figure ‏II-1 : Localisation du centre-ville par rapport aux autres quartiers de la ville et une image satellite du quartier

70 L’habitat collectif en hauteur type HLM R+5 issu du plan de Constantine n’a connu un début qu’à partir de la fin des années 50 ; les immeubles des allées Benboulaid (ex Bocca) en sont un exemple, (Photo II-10)

71 Photo ‏II-10 : Les derniers immeubles coloniaux qui ont résisté aux changements

Deux nouveaux modes d’occupation des quartiers du centre-ville commencent à naitre ces dernières années grâce à l’émergence d’une population migrante, enrichie par le commerce.

Des transformations frappantes se font par petites opérations de rénovation ou densification par extensions verticales, qui déforment les belles villas et les bouleversent en constructions imposantes.

La photo II- 11 illustre bien ce type de villas gigantesque et contemporaines

72 Une autre transformation à prendre en considération dans ce deuxième mode d’occupation des quartiers du centre-ville qui est celui du détournement des fonctions initiales du garage ou du jardin ou des deux à la fois et parfois tous le rez-de-chaussée donnant sur la rue au profit d’une activité commerciale au détriment du quartier résidentiel. En transformant ainsi le quartier en une mosaïque de différents types de villas, allant de la coloniale à l’imposante et encombrante villa- familiale parsemée de différents commerces et services.

II.5.2 LES QUARTIERS TRADITIONNELS :

Ils sont un modèle de construction et de coutumes des populations indigènes pendant un long espace de temps. Ce tissu urbain constitue les quartiers de Z’Mala (PhotoII-13), Bouakal, cité Chikhi, cité Evolutive, ce sont des îlots de maisons de recasement construits par le système colonial pour loger les populations d’origines rurales émigrantes vers la ville de Batna.

Cette politique de recasement avait pour objectif essentiel l’isolement de la population rurale apportant un soutien logistique à la révolution .Ceci permettait à l’occupant de contrôler les mouvements de ces habitants et de recueillir toutes les informations susceptibles d’être utilisées pour combattre les Moudjahidines et les réseaux de soutien. Aujourd’hui c’est un tissu dense composé d’îlots de trame orthogonale de forme rectangulaire, et composé essentiellement de constructions individuelles majoritairement de Rez-de-chaussée à R+1 au maximum.

Photo ‏II-12 : Un des cas ponctuel de renouvèlement urbain et transformation de la vocation initial

73 Ce type de tissu se distingue par une forte compacité, une densité de maisons adossées, serrées les unes contres les autres, des rues étroites, parfois sans espace pour les trottoirs, ni ressemblance avec les cités de style colonial.

Figure ‏II-2 : Localisation des trois quartiers traditionnels, dans la ville et Une image satellitaire d’un des quartiers (Bouakal)

74 Photo ‏II-13 : Le vieux quartier Zmala

II.5.3 GRANDS ENSEMBLES,ZHUN ET LHABITAT COLLECTIF :

Ce sont les zones d’aménagement de l’urbanisation planifiée post indépendance, des espaces d’extension destinés à recevoir de nouveaux quartiers ou groupes d’habitations à la limite de la ville coloniale. L’habitat y est la fonction essentielle, caractérisé par une faiblesse voire parfois une absence de structures socio-économiques (transport, commerce de proximité, écoles, centres sanitaires, ensembles de loisirs et détente), ce qui entraine forcément des problèmes d’intégration .Cette situation amène alors très souvent les habitants de ces cités à transformer leur logement en lieux d’activités de proximité, pour suppléer à ces manques.

Exemple :

- les ZHUN : grands ensembles de logements collectifs construits par l’État, crées en 1976 dans le cadre du plan d’urbanisme directeur (PUD), elles sont composées ordinairement d’immeubles de R+4 répartis comme suit :

75 ZHUN1 1(cité 1200 logts, Cité SONATIBA), d’une superficie de 150 hectares, située au sud de la ville limitée au Nord et à l’Est par Bouakal et Douar Edisse, à l’ouest par le quartier Chouhada et au sud par le quartier Taméchit

ZHUN 2(cité 64 logts, Cité police 40 logt, Cité 300 logts, Cité 500 logts, Collectif Kechida 340 logts, 150 logts), d’une superficie de 343hectares, située au NORD par le quartier Chikhi, au Sud par la voie d’évitement sud, à l’ouest par le quartier Kechida et à l’Est par le quartier Chouhada.

Habitat collectif (cité Gruyère 220 logts,

Cité Fourriére 64 logts, CNEP et 30 logts Wilaya, Cité des Fonctionnaires 92 logts, Cité 410 logts, Cité 64 logts, Cité 742 logts).

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PDAU 1998

Figure ‏II-3 : Localisation des grands ensembles, ZHUN et l’habitat collectif, dans la ville Une image satellite d’un des quartiers (ZHUN 1l)

Image satellite Googel Earth du 12/05/2014

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Source : http://www.vitaminedz.com/1200-logements-au-centre-ville-de-batna/Photos_670_68368_5_1.html 05/03/2012

À remarquer que ces cités ont une toponymie impersonnelle avec un espace de vie anonyme : le nom des lieux se rapporte aux nombres de logements construits à savoir cités des 1 200 logements, des 500 logements etc..., ou au nom des entreprises réalisatrices du projet telle que la cité SONATIBA, les bâtiments des russes ou des italiens (appellation en dialecte local, Batimette el Rousse, T’layenne).

Ajouter à cela, le phénomène plutôt inquiétant et gênant qui semble se généraliser dans les grands ensembles, celui de l’appropriation et privatisation des lieux, en vue d’un usage personnel des espaces publics et communs d’une manière insociable et agressive. Ces modifications apparaissent sur les façades (Photo II-15)

Certains résidents de ces grands ensembles, ZHUN et habitat collectif procèdent au mépris de la loi, de la législation algérienne et des textes qui interdisent l'occupation ou le détournement d'un espace (articles 12, 60, 64 de la loi 90-30 et article 162 du décret n° 91-454, Codes du foncier et de l’urbanisme, 2000) et avec impunité flagrante à des occupations privatives des espaces publics pour créer des lieux d’usage incommodant le voisinage et l’environnement.

77 Photo ‏II-15 : Différents cas de réappropriation des espaces communs et détournements

78 Récemment une nouvelle stratégie de l’habitat est apparue en formule logement social locatif, logement social participatif, logement en location vente, et logement promotionnel

La première exécution à Batna est implantée à Bouzourane sous la formule d’AADL (Photo II-16). D’autres furent construites dans les rares poches vides à Batna.

Dans ces nouveaux quartiers, et contrairement aux anciens, les espaces communs viabilisés sont maintenus à leur état initial, dotés d’ascenseurs, d’éclairage, d’espace d’accès étendus et d’aires pouvant servir aux jeux et aux loisirs, où la vie est plus conviviale

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II.5.4 L’HABITAT INDIVIDUEL : LOTISSEMENT, COOPÉRATIVE ET AUTO -CONSTRUCTION

II.5.4.1 LOTISSEMENTS :

Kemouni 331 logts, Bouarif 240 logts, El Bousténe 385 logts El Zouhour 352 logts…etc, occupent la plus grande partie de l’agglomération de la ville de Batna. Ces lotissements sont caractérisés par un tissu de bâtis compacts nettement marqué par une occupation totale des parcelles de terrain, ne laissant d’une manière générale qu’une seule façade. Ces constructions individuelles collées les unes contre autres, se distinguent par un modèle permettant à la fois aussi bien un gain de surface au RDC à usage professionnel qu’en hauteur d’habitation par superposition d’étages (RDC avec garage, locaux commerciaux, étages pour logement cernés de balcons) avec une variété d’ouvertures, (fenêtres, portes balcons). Ces extensions non harmonieuses enlaidissent l’espace urbain de la ville de Batna.

Figure ‏II-4 : Localisation des quartiers de l’habitat individuel : Lotissement, coopérative et auto construit

Une image satellite d’un des quartiers (Route de Tazoult)

Image satellite Googel Earth du 12/05/2014

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II.5.4.2 COOPÉRATIVES :

Bouzourane, Cibat 40 logts, Nedjma 20 logts, ...

Contrairement aux lotissements décrits précédemment, les coopératives sont caractérisées par un nombre réduit de lots (20 à 25 lots) offrant une certaine qualité architecturale mieux élaborée. Le mode d’occupation des parcelles dégage une certaine typologie de maison individuelle avec véranda. 1

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PDAU 1998, P 132

Photo ‏II-17 : Deux différents types de Villa à Batna

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II.5.4.3 AUTO CONSTRUCTION

Une forte concentration d'habitat individuel auto-construit s’est installée. De qualité variant de l’excellent, au médiocre, tant sur le plan architectural qu’urbanistique Le rez-de-chaussée de ces maisons est strictement réservé à un usage commercial, à savoir de grands garages dont les hauteurs sont hors normes1, entrepôts, ateliers et autres superettes ou épiceries.

Le bâti auto-construit de qualité moyenne et médiocre érigé sans plans d’urbanisme et d’architecture est donc un habitat non réglementaire. Il est formé de bloc de murs en parpaings et/ou en briques rouges, avec un à deux niveaux maximum sans aucune âme architecturale, de géométrie cubique.

Nous avons remarqué l’existence souvent d’une terrasse d’où émergent des barres de ferraillage avec un vieux pneumatique en attente de surélévation (pour une future extension verticale). Cela dépend éventuellement de l’augmentation de la taille de la famille, ou de l’amélioration des moyens financiers du propriétaire.

Le tout donnant une vue d’inachevée, sans peinture, ni trottoirs, rien qu’un aspect hideux et laid.

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Selon Pr Chelghoum, ce sont des constructions très vulnérables en cas de séisme, lors d’un séminaire en Novembre 2012 à l’université de Batna

Photo ‏II-19 : Villas de l’auto-construction, plusieurs niveaux d’habitation et des locaux Commerciaux au R.D.C,

82 Photo ‏II-20 : Un autre type d’auto-construction à Batna

83 À noter que dans le cas d’épuisement du foncier les opérateurs et affairistes vont jusqu'à urbaniser des Oueds et zones inconstructibles, parfois inondables.

Dès lors cette agglomération se trouve entourée par une suite de maisons bâties dans l’illégalité absolue. Cet état de fait bloque alors toute initiative d’extension planifiée du tissu urbain de la ville