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LA VILLE CONTEMPORAINE

II.7 DÉBUT D’ÉMERGENCE DE CENTRES SECONDAIRES :

Il est évident que, le tissu urbain de Batna, sous l’effet de distension a conduit à une déconcentration du périmètre urbain de la ville au profit d’une production d’espace urbanisable, à forte densité de logements devant aboutir normalement à désengorger la ville.

La question que l’on se pose ici est : est-ce que la ville de Batna a un seul centre ponctuel, ou plutôt multipolaire avec un certain nombre de nouveaux pôles d’activité secondaires qui gravitent autour d’un pôle central ?

Sachant que « Le centre se distingue de la périphérie par un ou plusieurs éléments de centralité c’est à dire d’attributs démographiques, économiques, fonctionnels, politiques, symboliques qui sont susceptibles d’exercer, directement ou indirectement, une attraction ou une domination sur les personnes et les autres entités localisées en périphérie. » 1

Dans un contexte géographique, nous avons jugé nécessaire de s’appuyer sur la structure et l'organisation interne de la ville selon les trois modèles de référence (Cf. Annexe 2) :

-La ville concentrique de Burgess (1925) où la ville s’étend en rayonnant à partir de son centre d’affaires, encerclant le centre-ville.

-La ville sectorielle de Hoyt (1939) : L’évolution de la ville ne s’effectue pas en cercles réguliers mais en arcs de cercles ou secteurs. La ville évolue par glissement radial du centre vers la périphérie.

-La ville à noyaux multiples de Harris et Ullman (1945) : Les villes modernes disposent de multiples centres d'attraction, reliés entre eux par des axes de transport. (Le modèle des centres multiples) la structure de la ville devient multi-nucléaire. (BAILLY Antoine S, 1973, p. 83)

Toute fois, l'organisation de l'espace urbain de Batna toute au long de son évolution a changé. Elle est passée du modèle des secteurs (manière concentrique, mais sectorielle). Un centre structuré par deux axes perpendiculaires, (les axes majeurs de communications de la ville) le long desquels se sont développées des activités socioéconomiques (commerciales, administrations, entreprises et enseignement) (Figure III-6) avec ses axes :

Nord Sud : route de Biskra, avenue de l’ANP, avenue de l’indépendance, route de Constantine

Est Ouest : avenue de la république, rue Boukhlouf Mohammed, Allées Mohammed Boudiaf, Route de Tazoult.

Au modèle des centres multiples (Les modèles polynucléaires de Harris et Ullman (1945))

caractérisé par l’émergence de plusieurs centres secondaires :

* Un siège principal, point de convergence et de rayonnement (le centre ville) des activités du secteur tertiaire et commerciales. Il dessert une population de l’ordre de 400

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Mobilités et polarisations : vers des métropoles polycentriques

Le cas des métropoles francilienne et méditerranéenne p4 ; Disponible à l’adresse : http://www.observation-rbaine.certu.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/polycentrisme_et_renforcement_des_poles_secondaires_en_IDF_ et_dans_le_grand_delta_mediterraneen-rapport_cle034cca.pdf

87 000 habitants, auxquelles s’ajoutent les activités secondaires diurnes issues des populations rurales en transit ou en affaires. L’ensemble de ces mouvements de personnes est estimé pour la wilaya à 1.163.000 habitants.1

* Un pôle de services d’importance régionale (CHU, clinique privées, institut technologique des forêts, institut de sciences médicales…), sur l’axe routier Batna – Tazoult.

* Le quartier Bouakel est considéré comme centre secondaire commercial en relayage avec les activités du centre ville compte tenu des activités artisanales qu’il englobe.

* La zone des activités industrielles initiée au cours des années 1970/1980 à la limite du périmètre urbain, le long de la route Constantine/Biskra se retrouve maintenant entourée de cités d’habitat érigées loin de toutes réglementations. De nouveaux sites industriels se développent actuellement loin de l’agglomération réservée à l’habitat mais toujours en prolongement des routes nationales.

* Un important pole universitaire implanté à proximité du centre urbain Fesdis en allant vers Djerma est en fin d’achèvement.

* Un nouveau pôle administratif à l’ouest du centre-ville regroupe les services supérieurs et sièges sociaux des entreprises étatiques. Telles que La direction de l’urbanisme et la construction, L'Office National Algérien du Tourisme (ONAT), la Société nationale de l'électricité et du gaz, (SONELGAZ)...

Donc l’évolution récente de Batna confirme la théorie : Du monocentrisme au

pluri-centrisme

Seulement tous ces nouveaux pôles ne recèlent pas les activités économiques et les fonctions administratives nécessaires à la vie quotidienne du citoyen et n’apportent pas de réduction aux mouvements des citoyens des quartiers périphériques vers le centre ville.

Au final, une recomposition des activités socioéconomiques de l’espace urbain de la ville de Batna, par nature d’activité, est indispensable pour assurer un cadre de vie plus conviviale.

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Source Auteur à partir d’image satellite Google Earth 2014

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CONCLUSION :

Batna est une ville récente (170 ans) de création entièrement coloniale. Une ville de garnison qui s’est agrandie par les structures socioéconomiques de gestions des populations civiles européennes ainsi que par leurs habitations installées autour des formations militaires.

Dès le recouvrement de l’indépendance, l’exode rural, l’occupation massive des biens vacants, 1 l’industrialisation naissante, et la poussée démographique ont induit une extension exogène du périmètre urbain sans respect des règles, normes et lois définissant l’occupation des sols. Batna s’est vue développée d’un habitat précaire, sans viabilisation, sans accompagnement de structures d’équipements favorisant l’émergence des problèmes sociaux altérant le cadre de vie que subit la population aujourd’hui.

Différents plans de gestion du territoire urbain ont vu le jour ces dernières décennies : planification des ZHUN, création de lotissement, coopérative...

Faisant de Batna est une véritable mosaïque de paysages urbains.

Un mouvement urbanistique morcelé s’est développé en dehors de tout cadre légal et réglementaire (plan), et n’a contribué qu’à multiplier les problèmes de dysfonctionnement de la ville.

La plupart des édifices du centre-ville se retrouvent actuellement dans un état dégradation avancée, à quand la réhabilitation urbaine ?

Finalement l’extension urbaine de Batna vers les axes de communications, est résultat des stratégies résidentielles des ménages d’une part et d’une planification stratégique des pouvoirs publics d’autre part, aussi responsable l’une que l’autre, vu que pour la première c’est l’auto-construction sur la propriété privée qui la guide et la deuxième via le report de croissance.

Nous constatons depuis le recouvrement de l’indépendance qu’une projection de l’habitat à long terme est absente. La politique développée ne fait que parer aux urgences et à la forte demande.

La question que l’on se pose aujourd’hui que deviendra la ville de Batna dans 50

ans et pourquoi pas dans un siècle ?

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III

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CHAPITRE

ANALYSE DIACHRONIQUE DE LA DYNAMIQUE