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LA VILLE CONTEMPORAINE

II.1 APERÇU HISTORIQUE SUR LA VILLE DE BATNA

Batna est une ville de création coloniale ; elle a été construite à partir de l’an 1844 comme garnison militaire, c'est-à-dire une cité urbaine sans passé historique. Cependant elle a toujours occupé une place stratégique, tant par son site, que par sa situation en tant que carrefour de communication important.

Elle a connu une croissance qui s’étend tout au long de son histoire par des modes de développement différents, de l’époque coloniale, jusqu'à l’indépendance et à l’heure actuelle.

Cette situation nous incite à réfléchir sur les modes de développement, ainsi que leurs conséquences.

II.1 APERÇU HISTORIQUE SUR LA VILLE DE BATNA

« Avant l'occupation française ; La vallée où se trouve maintenant la ville de Batna faisait partie de la ville de Lambèse. Les déluges ont provoqué des glissements des terrains qui ont fait que plusieurs vestiges de Lambèse se retrouvent enfouis sous le sol de la ville de Batna.

La vallée était habitée par une population Berbère Touareg appelée Fezzan d'origine tripolitaine Zénète, elle sera concentrée à la Zaouia de Zmella ou le village de Zmella. Les Français l'ont baptisé village nègre, car il y avait une population noire les Zenagas (Berbère subsaharien).

Les Ouled Ali, tribu berbère, avaient aussi des parcelles de terre dans cette vallée.

Les Ouled sidi Yahia d'origine Zénète habitaient la vallée jusqu'à Lambèse, eux aussi avaient une Zaouïa.

Les Ouled Chelihs, tribu berbère des Masmouda, ils étaient établis aussi dans la vallée. Ils avaient aussi une Zaouia.

Les Zaouias étaient des lieux de pèlerinage et de savoir.

57 Les Hraktas tribu berbère Zénète ou des Houaras avaient des terres pour

leurs pâturages et avaient des lieux Saints dans cette vallée. Les Ouled Adi avaient la majorité des terres.

Les routes étaient protégées par ses tribus contre les Razias des autres tribus proches et des attaques ottomanes. Le commerce était prospère dans cette vallée, les gens passés [SIC] par cette vallée pour aller à Constantine. Ils venaient de Menaa ou de Biskra. Le voyage durait une journée à dos de cheval ou d'âne. A cette époque, les gens voyageaient de nuit et de jour. » 1

La création de Batna date du 12 février 1844 dont l’origine était un camp militaire pour protéger la route du Tell au Sahara et maitriser les populations des Aurès. Deux mois après sa création, ce centre fut déplacé à 2 km à l’Est, proche des ruines romaines de Ras El Ayoun.

En 1848 c’est autour de ce camp que se bâtirent les premières maisons du centre actuel, érigé en ville sous le nom de nouvelle-Lambèse, en 1849 sous appellation définitive de Batna. Ces implantations de garnisons ont nécessité entre les années 1850 à 1860, la mise en places de plusieurs structures de bases, administratives, routières, religieuses etc.

C’est ainsi que s’est imposée la création de la ville de Batna, car l’intension d’en faire une ville est venue selon les circonstances qui régnaient à cette époque.

«Si la date du 22 juin, fut considérée comme celle de l’acte fondateur de la ville de Batna, c’est parce que ce jour là, le camp de ravitaillement qui avait démontré son positionnement stratégique, devint un établissement militaire définitif. Rien n’a participé d’une volonté délibérée d’établir un camp, puis une ville à cet endroit. Les circonstances seules ont fait que la nécessité de maintenir une garnison à Batna s’est imposée au commandant de la subdivision de Batna, au commandant de Constantine, et au gouverneur général de l’Algérie, alors qu’au mois des mars1844, la préoccupation première du Duc d’Aumale était de prendre Biskra afin de s’assurer le contrôle du Sahara. » (Marin, J-P.2005)

Et le 18 février 1860, Batna accède au rang de chef-lieu de commune de plein exercice. Au fil des années elle a commence à connaitre tous les problèmes structuraux et sociaux qui se sont multipliés. De 1954 à 1966 ayant eu une croissance urbaine importante, elle a généré une dynamique et occupation spatiale considérable.

II.1.1 LA NAISSANCE DE LA VILLEOU LA VILLE MÈRE :

L’origine de la forme actuelle de la ville prend naissance dès l’arrivée sur les lieux de l’occupant colonial puisque elle fut créée de toutes pièces à partir d’un camp militaire installé sur une plaine arrosée par plusieurs sources.

A l’arrivée des troupes d’occupation françaises sous le commandement de Duc d’Aumale, le 12 février 1844, le groupement militaire fait étape auprès d’un point d’eau et le Duc décide alors de créer un camp militaire, en lui octroyant le nom de Batna. Ce lieu du bivouac selon plusieurs versions est appelé par les autochtones « N’BET HENA » ce qui veut dire en argot militaire « vouloir bivouaquer dans cette endroit », les français en entendant cette prononciation, traduisent : Batna, d’où nait cette appellation.

1

58 Ils disent aussi que Batna est acronyme de- Bataillon de Tirailleurs Nord-Africains

Il y a une autre version cette fois, d’après Abdelmalek BAHLOUL dans sa thèse de doctorat 3ème cycle, 1988 qui disait que : « le nom de Batna est de formation arabe dont le constituant est à vocable concernant faisant allusion au relief (oronyme1). Le nom de Batna dérive donc du mot arabe BAT’EN ou BET’N qui signifie « ventre » et peut s’appliquer à une plaine fertile ou désigner une dépression herbeuse. Dans le cas de notre ville nous avons en effet une dépression alimentée par une multitude de sources qui ont formé le premier nom de la ville ». 2

Entre 1844 et 1860, la ville se constituait de deux tissus urbains séparés par oued Batna

II.1.2 LA VILLE EUROPÉENNE :

Est édifiée au nord la structure urbaine issue du plan de la ville établi suivant une trame en damier, le réseau des rues est basé sur deux rues principales se coupant à angle droit.

L’avenue de la république, aujourd'hui la route de Constantine qui commence au nord par l’ancienne porte de Sétif passant à proximité de l’église (aujourd’hui démolie) la poste, l’ancienne sous-préfecture, théâtre et le marché au sud.

L’avenue de France aujourd’hui Trék Biskra, qui veut dire route de Biskra allant du nord au sud croise en perpendiculaire l’avenue de la République.

L’autorité militaire aménage d’autres rues pour faciliter la circulation entre elles, telles que les allées BOCA aujourd'hui appelées allées Ben Boulaid. Le croisement de ces rues donne naissance à un quartier dit « européen », noyau de la population coloniale appelé jusqu’à ce jour « stand » caractérisé par des maisons alignées de type petites villas

1

Un oronyme est un nom de montagne. L'oronymie est l'étude des noms de montagne.

2

BAHLOUL, Abdelmalek. Mutation d’une ville moyenne de l’Algérie orientale : Batna. Thèse de doctorat 3 ème cycle : géographie économique, Paris, université de Pais 1 Panthéon-Sorbonne, 1988,

p 230.

59 individuelles le plus souvent érigées de rez-de-chaussée et de jardin. Dans ces quartiers se concentrent les édifices socio-économiques et les administrations

II.1.3 LE VILLAGE NÉGRE :

Appelé ainsi par le européens ; Z’mala par les autochtones. Il se situe à 500 pas au sud de la ville Batna coté Ouest de la route de Lambèse, selon ZACCONE Joseph la population qui y vivait était une population noire, issue des anciens esclaves, que le décret du 27 avril 1848 a libéré ; ils travaillaient soit comme manœuvre à tout faire , tailleur de pierre, domestique, etc. …, ils faisaient tous les métiers que les indigènes ne voulaient pas.

Les constructions sont dominées par le type « Haouch », alignées à la rue avec une emprise du sol en moyenne de 70%pour laisser place à une petite cour intérieure.

La configuration de la ville proche des casbahs des anciennes cités algériennes est érigée de maison à façades aveugles, alignées le long de petites rues étroites. Dans cette espace exigu, la ségrégation spatiale devient une évidence flagrante.

60 Ainsi la ville était formé de deux parties (jusqu'à 1923) 1: le quartier colonial et le quartier des indigènes et c’est le décret du 18 février 1860 qui réuni ce dernier au premier pour constituer la ville de Batna, chef lieu de la commune de plein exercice2

1

PDAU, 1998

2

BAHLOUL, Abdelmalek, Op. cit, p

Photo ‏II-3 : Le village Négre, quartier des autochtones,

61

II.1.4 DÉPASSEMENT ET ÉCLATEMENT DU NOYAU URBAIN :

Comme il est fréquent en ces circonstances la protection des garnisons attira plusieurs installations civiles. Ajouter à cela l’édification d’une ligne de chemin de fer Constantine-Batna- Biskra- Touggourt entre 1890-19101

L’influence de ces facteurs a été l’origine de la formation ainsi que du développement et de la différenciation des aspects et du contenu humain de la ville en y créant plusieurs quartiers sans omettre le rôle que les voies de communication jouent dans la croissance et le développement des centres urbains.

Depuis, l’étendue spatiale de la ville, Batna ne cesse de se densifier par l’occupation de nouveaux terrains par la construction de nouvelles maisons, de nouvelles structures et de nouveaux quartiers.

II.1.5 PÉRIODE DE 1923 À 1945 :

À partir de 1923 la ville sort de ses murailles et se structure en deux parties très distinctes, séparées par Oued El Gourzi, formant ainsi deux quartiers avec deux morphologies différentes :

-Le noyau colonial au Nord en damier avec des ensembles bien individualisés, -Z’Mala, quartier traditionnel au Sud avec un dispositif en ilots entassés et confus. 2

Suite à cela l’étendue spatiale a entrainé la construction de plusieurs quartiers soit : * Nord-Est : le quartier Stand (Ex Graf)3.

* Nord-Ouest : le quartier fourrière près de la gare. 1 Ibid. p. 164. 2 Ibid. p. 165. 3

Qui veut dire GRAVIER car c’est l’endroit d’une anciennes carrière, appelé GRAFF dans le langage populaire.

62 * Sud-Est et Sud-Ouest :

- Bouakal : prolongement spatial et similitude de Zmala, que ce soit sur le plan de la structure de l’habitat que sur le contenu humain. Le terrain appartenant aux consorts Bouakal 1

- Cité Chikhi : doit son nom au propriétaire des terrains. Il se situe au sud de la ville et séparé par le canal de ceinture. La première maison fut construite par la famille Bouldjej en 1930 2

- la verdure : de 1925 à 1940 ce quartier, développé en plan d’occupation des sols rectangulaires, se compose de maisons individuelles où habitaient les ouvriers et employés d’origine européenne. Il se situe entre oued El Gourzi et le canal limité à l’Est par la route de Biskra et à l’Ouest par Bordj El Ghoula. L’appellation Verdure provient de l’abondance de la verdure de ses vergers et jardins.

II.1.6 PÉRIODE DE 1945 À 1962 :

Au cours de cette phase et pendant la guerre de libération, la cité a subi un exode rural massif, coincidant avec le lancement du plan de Constantine et le programme d’habitat à loyer modéré (HLM) .Cette situation a généré de multiples mutations spatiales dans les quartiers suivants:

Le quartier européen a connu une transformation due aux constructions d’une nouvelle

caserne au Nord Est du noyau colonial et des immeubles de type HLM.

Le quartier traditionnel

La Cité Chikhi, au Sud de la ville, se compose d’habitats en petits îlots bien alignés où on comptait 252 logements. En 1958, à l’ouest, à coté de la route de Biskra, trois immeubles en forme d’un « F », ont été construits. Du coté Est on y trouve la cité « Million » composée de trois immeubles formant des carrés géométriques par des « L »

1

Ibid. p. 173.

2

Ibid. p. 170.

63 inversés. Cette cité a été construite pour les harkis, les fonctionnaires et les familles des soldats européens.

Kechida : au Sud ouest de la ville c’était un groupe de maison à caractère rural situé en dehors de l’agglomération principale de la ville de Batna et pendant cette période on comptait 260 logements.

Bouzourane : est situé au Nord-Est de la ville au pied du coudiat du même nom, il a émergé a partir de 1960 avec ses bidonvilles.

Le Parc à Fourrage, comme son nom l’indique, est construit sur des terrains réservés auparavant aux fourrages. Il se situe à l’Est du camp militaire.