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La sexualité à l’épreuve de la réalité

Chapitre 1 : Terrain d’étude

1.2 La sexualité en entretiens

Méthode de travail et évolution des techniques utilisées

Les entretiens se sont déroulés sur une longue période et leur forme a été modifiée à plusieurs reprises, au rythme de la rédaction de cette thèse et de l’évolution de notre champ de réflexion et de notre problématique. Ils sont donc en quelque sorte, la représentation de la charpente de notre présent travail, sa structure invisible et pourtant intrinsèque.

Nous avons tenté de sélectionner des sujets dont l’âge, le sexe, la catégorie sociale, l’environnement quotidien, l’activité professionnelle et surtout l’activité sexuelle et l’identité sexuelle, étaient les plus variés possibles. Et nous avons aussi réalisé une quarantaine d’entretiens. Les interrogés avaient entre 18 ans – pour la plus jeune – et 68 ans – pour le plus âgé – ce qui donne une diversité d’opinions intéressante d’un point

de vue générationnel, mais pas seulement (nous le verrons qu’elle l’est d’un point de vue historico-politique également).

Nous devons également signaler que la grille d’entretien a été modifiée au cours de notre travail. Effectivement, nous avions eu l’idée de dresser trois grilles différentes s’adressant chacune aux trois catégories sexuelles dominantes que sont l’hétérosexualité, l’homosexualité et la bisexualité. Chaque interrogé avait alors le choix entre ces trois grilles. Les questions étaient pour la plupart les mêmes exceptées celles qui concernaient directement et exclusivement leur catégorie sexuelle. Les questions identiques relevaient de la sexualité en général, des opinions de théories de genre, d’identité de genre, portaient sur l’association Bi’cause ou sur l’homoparentalité. Nous avions à ce stade de notre travail, en tête de démontrer que certaines réactions étaient communes aux trois catégories sexuelles. Or, nous nous sommes heurtés à plusieurs difficultés, voire à des choix erronés. En effet, ce procédé induisait d’abord que nous devions poser une première question aux interrogés qui, immédiatement, les situait alors même que nous n’avions pas commencé l’entretien ; ils devaient déjà, avant même de découvrir notre champ de recherche, choisir une catégorie sexuelle, ce qui formatait déjà leurs réponses et leur réaction face au questionnaire. Ensuite, nous avons été confrontés à un autre problème. Certaines personnes refusaient d’emblée de se situer par rapport à une catégorie précise et de ce fait choisissaient par défaut le questionnaire destiné aux bisexuels sans pour autant se dire « bisexuels ». Les questions et donc les réponses n’étaient alors plus aussi adaptées et nous devions modifier la direction de l’entretien. Enfin, une dernière faille a fini de nous convaincre de changer de méthode d’entretien. Beaucoup de questions n’étaient finalement pas exclusivement adaptées à notre catégorie, ce qui induisait que nous étions hors du champ même de notre recherche qui prônait pourtant, à son origine, une volonté de casser les codes propres au principe même de la catégorisation sexuelle. Nous allions donc, en suivant cette façon de procéder, à l’encontre de notre hypothèse de base et à l’encontre du travail que nous avions construit jusqu’alors. Cette dernière difficulté a définitivement changé la direction que nous entreprenions.

Afin de suivre la logique de notre problématique qui tente, entre autres, de contrecarrer le principe de catégorisation sexuelle socialement entretenu, nous avons abandonné ce procédé et avons opté pour une grille d’entretien unique et posé la question de la catégorisation sexuelle de la personne interrogée en dernier. Nous étions alors à nouveau en accord avec notre problématique et l’ensemble de nos hypothèses

jusqu’alors posées. Les interrogés jouissaient d’un confort que les premières grilles ne leur offraient pas, mais surtout, tous se retrouvaient à parfaite égalité puisque ce n’était non plus quelques questions similaires auxquelles ils avaient affaire, mais bien à toutes les questions, ce qui offrait un travail parfaitement exploitable par rapport à notre champ d’investigation.

Il paraît essentiel de dévoiler la méthodologie que nous avons suivie, erreurs, corrections et structure des changements apportés compris. C’est de cette manière que nous avons abouti à la grille d’entretien finale, celle qui a servi à la grande majorité de nos entretiens. Ainsi, les interrogés qui ne souhaitaient pas s’inclure dans une catégorie sexuelle définie pouvaient librement répondre au questionnaire ouvert et exprimer leur choix lorsqu’ils arrivaient à la question de la catégorie sexuelle. D’autre part, les réponses ont finalement été bien plus précises et surtout beaucoup plus facilement comparables et exploitables les unes par rapport aux autres, sans parler de la mise en confiance qui a été plus aisément instaurée entre les interrogés et nous. La grille s’en est trouvée plus riche, plus ouverte, plus en accord avec notre théorie et ainsi plus pertinente.

La grille d’entretien dont nous allons citer quelques extraits dans cette thèse, abordaient différents thèmes sans que ceux-ci soient strictement spécifiés aux personnes rencontrées. Nous pouvons parler de quatre thèmes principaux : le regard des autres et de la société sur les pratiques sexuelles, la liberté individuelle en termes de sexualité, la procréation et la parentalité, et enfin, la question de la bisexualité. Trente questions se suivaient, mais nous n’avons pas fait de véritable enquête dans le sens où nous préférions nous entretenir avec chaque interrogé de façon ouverte et ne pas heurter les discussions par des questions strictes. Nous prenions toute fois garde à soulever tous les thèmes importants pour l’exploitation de ces entrevues. Les entretiens ont été enregistrés, mais, s’apparentant plus volontiers à des conversations très variables d’un entretien à un autre, nous avons préféré ne pas retranscrire ces propos en annexes de cette thèse. Cependant, nous citerons les passages les plus révélateurs dans cette partie puisqu’ils nourrissent notre argumentation.

Quatre catégories sexuelles

Suite à nos multiples entrevues, nous avons relevé quatre catégories sexuelles : Les hétérosexuels, les homosexuels, les bisexuels et ceux que nous nommons – selon les

propos des concernés – les « sans étiquette ». Mais des sous-catégories existent des deux premières, celle des hétérosexuels et celle des homosexuels : les « hétérosexuels stricts », les « hétérosexuels ouverts », les « homosexuels stricts » et « les homosexuels ouverts ». Les « hétérosexuels stricts » représentent ceux qui s’illustrent par des relations exclusivement hétérosexuelles à l’inverse des « hétérosexuels ouverts » qui ont connu des rapports amoureux et/ou sexuels avec des personnes du même sexe qu’eux. Il en va de la même logique pour différencier les « homosexuels stricts » (ne vivant que des relations exclusivement homosexuelles) des « homosexuels ouverts » qui eux, connaissent ou ont connu des relations amoureuses et/ou sexuelles avec des personnes du sexe opposé. Toutefois, nous devons noter trois faits importants concernant ces appellations et différenciations : elles sont d’abord subjectives dans le sens où nous avons pris la liberté de créer ces sous-catégories sexuelles à l’insu des interrogés et en nous appuyant uniquement sur la réalité des expériences qu’ils nous ont confiées. Ensuite, le second point est, lui, parfaitement objectif puisqu’il faut préciser que ce sont les interrogés eux-mêmes, qui, alors que nous pouvions considérer leurs pratiques comme étant bisexuelles, ont insisté sur le fait que malgré tout, ils se situaient, selon le cas, comme homosexuels ou hétérosexuels et en rien bisexuels ou encore « sans étiquette »1. Enfin, il est important de faire la différence entre les hétérosexuels qui sont catégorisés comme « hétérosexuels stricts » parce qu’ils n’ont jamais eu de relations homosexuelles et les hétérosexuels qui rejettent violemment l’idée d’avoir à l’avenir une relation homosexuelle. A noter que ce sont majoritairement eux qui sont plus volontiers dans cette dernière situation que les homosexuels.

La majorité des hétérosexuels dits « stricts » parce que n’ayant jamais eu de relation homosexuelle, que celle-ci soit sentimentale ou sexuelle, n’excluent pas totalement cette possibilité2. Nous aurions pu alors créer une seconde sous-catégorie qui aurait différencié les hétérosexuels qui, idéologiquement, rejetaient la possibilité de connaître un véritable désir pour une personne du même sexe et les hétérosexuels qui n’excluaient pas cette possibilité. Mais dans nos entretiens, rien de significatif n’aurait pu surgir de cette sous-catégorie tant les hétérosexuels refusant toute expérience homosexuelle sont minoritaires ; de plus, aucun argument n’aurait pu nourrir et donc

1

Nous reviendrons plus tard sur cette notion de reconnaissance en tant qu’hétérosexuel ou homosexuel malgré des pratiques bisexuelles lorsque nous aborderons l’identité sexuelle comme reconnaissance personnelle et communautaire, notamment lorsque nous travaillerons plus profondément sur la notion de communautarisme comme reconnaissance individuelle.

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La notion de « possibilité » qu’ont soulevée les interrogés est d’ailleurs particulièrement intéressante et mérite que nous la développions plus tard.

légitimer cette sous-catégorisation. Par contre, cette différence a été intéressante quant au jugement apporté sur la question de la bisexualité et nous avons voulu privilégier cette piste en priorité. Il faut donc entendre par « stricts » non pas le positionnement idéologique des interrogés, mais plutôt la réalité de leurs expériences passées.

Ainsi, ce que nous devons retenir prioritairement de ces entretiens, ce sont ces catégories et ces sous-catégories sexuelles existantes explicitement dans notre société moderne : les bisexuels, les « sans étiquette », les hétérosexuels et parmi eux, deux sous-catégories, celle des « stricts » et celle des « ouverts » (ceux qui ont déjà eu une relation homosexuelle) et enfin les homosexuels d’où découle, symétriquement opposées, deux sous-catégories, les homosexuels « stricts » et les homosexuels « ouverts » (ceux qui ont déjà eu une relation hétérosexuelle). La première affirmation que nous pouvons avancer, est que la catégorisation est un argument de taille pour chaque sujet interrogé. Mise à part l’exception qu’illustre le cas de ceux qui se veulent « sans étiquette », tous ont tenu à se définir sexuellement parlant et surtout à se faire reconnaître comme étant hétérosexuels, homosexuels ou bisexuels. Il y a donc bien une volonté d’appartenir à une communauté où nous serions tous semblables, ou du moins à une communauté au sein de laquelle nous répondrions tous aux mêmes codes culturels, sociaux et ici, plus encore affectifs.

Lorsque nous demandons si l’interrogé a eu le sentiment d’être influencé par sa catégorie sexuelle, entendons de façon libre soit par son expérience, soit par sa définition identitaire, l’écrasante majorité répond qu’il est évident que son appartenance à une communauté sexuelle est la source de ses réponses et de sa vision de la société. Alors que la question laissait libre de comprendre deux choses différentes, beaucoup n’en ont compris qu’une : la définition identitaire comme formatrice des opinions et des expériences – et notons que ce n’est, en plus, jamais l’inverse. Nous serions donc avant tout sujets d’un groupe sexuel (identité), puis acteurs et illustrateurs de ce groupe (pratiques) et enfin, défenseurs de celui-ci (diffuseurs d’opinions et de codes se rapportant à ce groupe).

Une hypothèse compromise

Aller plus loin à partir de cette constatation s’impose maintenant. Nous avions voulu démontrer, du moins nous partions de l’hypothèse selon laquelle une catégorie sexuelle « bornerait » certaines libertés sexuelles. Or, nous nous sommes retrouvés face

à une réalité tout autre dès lors que nous nous retrouvons devant notre étude de terrain. Soit notre hypothèse s’illustre ici, mais nous devons encore expliquer par quels mécanismes elle s’ancre dans la réalité des entretiens, soit, elle est maintenant réfutée et elle en devient non plus notre théorie, mais bien une réalité controversée parce qu’elle se doit de servir à aller encore plus loin ou même à changer de voix idéologique.

Alors que nous pensions qu’il n’était pas nécessaire de se considérer comme membre d’un groupe bien défini sexuellement parlant pour trouver une reconnaissance identitaire, nous nous rendons compte que non seulement cette nécessité s’est largement exprimée à travers les personnes que nous avons interrogées, mais qu’au- delà, elle présente un schéma tout à fait inversé par rapport à ce que nous pressentions en cas de réfutation par le travail de terrain. Apparemment nous n’associons pas nos expériences sexuelles à une communauté qui leur correspondrait, mais à l’inverse, nous nous positionnons d’abord comme étant rattachés à une communauté sexuelle et y calquons ensuite nos agissements et nos choix sexuels. Cette réalité sociale est flagrante d’autant plus qu’elle est non seulement consciemment révélée par nos interrogés, mais en plus parfaitement consentie. Si nous savions déjà qu’il était probable que nos choix sexuels soient formatés – c’était même notre hypothèse de base – nous n’imaginions pas que loin d’être subi, cet état de fait semble même désiré. C’est ici que notre problématisation quant au lien entre les institutions sociales et nos agissements sexuels est ébranlée et que nous entrevoyons un point de fêlure très enrichissant quant à la suite de notre travail.

Stigmatisation et reconnaissance sociales

Force est de constater, donc, que nous devons regrouper des personnes interrogées sous une même bannière. Rien ne laissait penser au départ que nous avions affaire à des phénomènes de groupes strictement prédéterminés et rigoureusement définis. C’est d’ailleurs ce que Caroline Dayer, sociologue spécialisée dans le concept de stigmatisation, décrit en différenciant les phénomènes d’exogroupe de ceux d’endogroupe et par là, exprime ce qui est à l’origine d’une stigmatisation sociale des minorités et des non-minorités puisque ce processus englobe toutes catégorisations sociales, que celles-ci soient marginales ou pas :

La distinction entre une personne « normale » et une personne « différente » s’établit en fonction d’une norme qui n’émerge pas du fonctionnement naturel de l’organisme, mais qui

constitue l’affaire d’une collectivité, est socialement acquise et correspond à une attribution de valeur qui se fonde sur des utilités sociales. Les concepts d’endogroupe et d’exogroupe permettent de saisir la façon dont le rejet de « l’autre » s’opère. Le premier « représente les individus qu’une personne a catégorisés comme membres de son propre groupe d’appartenance et à qui elle a tendance à s’identifier (Bourhis, Gagnon, 1994), alors que le second est constitué des individus qu’une personne a catégorisés comme membres d’un groupe autre que le sien »1.

L’étude qu’elle établit à partir d’une approche de psychologie sociale menée par Bourhis et Gagnon2dans les années 1990 est remarquable puisqu’elle met en évidence des processus internes aux groupes sociétaux proches de ce que décrivaient déjà Gustave Le Bon à la fin du XIXèmesiècle dans Psychologie des foules.3C’est à la fin du XIXème siècle que le sociologue français publie cet essai de psychologie sociale qui démontre à quel point le procédé que suit une foule afin de former une opinion générale est régi par l’anéantissement total des idéaux et des intérêts individuels. Très vite, nous comprenons que la notion d’opinion générale n’est pas une addition simple des idéaux de chacun, mais plutôt bien une déconstruction des idéaux individuels au profit d’une tout autre recherche idéale qui nie le profit possible apporté à chacun. Lorsque Caroline Dayer parle « d’utilité sociale », nous comprenons, aux lumières de Gustave Le Bon, qu’il s’agit d’intérêt général plutôt qu’individuel et aussi, à la lecture de Freud, nous pouvons aller jusqu’à dire qu’il s’agirait même d’un processus à la portée de tous les chefs de groupe afin de manipuler, modifier et de rendre à son avantage un avis collective devenu à la merci d’un mécanisme qui se rapproche de l’hypnose. Il est donc facile, si ce n’est inné de se soumettre à une opinion collective dans le but même de servir cette collectivité. Ainsi, la destruction totale des choix de chaque individu faisant partie d’une foule, d’une société ou d’une communauté, est à l’origine de la création d’une nouvelle manière de reconnaître les normes et les non-normes et ce, même en désaccord avec l’opinion personnelle. Ce procédé est, d’après Le Bon, inconsciente, et Freud, en étudiant l’œuvre de Le Bon dix ans après sa publication dans Psychologie des

foules et analyse du moi, compare aisément cette inconscience collective à l’état

d’hypnose. Ainsi, la reconnaissance de ce qui est la norme et de ce qui constitue le

1

Caroline Dayer, « Souffrance et homophobie. Logique de stigmatisation et processus de socialisation » in, Homosexualités et stigmatisation, op.cit., pp. 97 et 98.

2

Richard Bourhis, André Gagnon, La psychologie sociale des préjugés, des stéréotypes et de la discrimination, Québec, G. Morin, 1994, p. 715, cité par Caroline Dayer.

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hors-norme est formatée par un processus propre au collectif et à la notion d’opinion générale et non plus à un processus de réflexion individuelle et personnelle.

Ce paramètre est à prendre en compte dans la lecture de nos entretiens. C’est en cela que l’étude de Gagnon et Bourhis et de la façon dont Dayer la cite nous intéresse. Les concepts d’exogroupe et d’endogroupe donnent à réfléchir quant à la possibilité de considérer les stigmatisations observées ou subies par les membres de la société comme des sensations parfois irrationnelles et fantasmagoriques. Alors que cette théorie qui différencie les phénomènes d’endogroupe et d’exogroupe nous intéressera particulièrement lorsque nous développerons la notion de stigmatisation sexuelle et des mécanismes internes à la pratique de la bisexualité et de la construction de l’identité bisexuelle, nous utiliserons les données travaillées par Caroline Dayer afin de mieux comprendre pourquoi nous semblons vouloir nous catégoriser par rapport à notre sexualité et celle des autres – car il faut bien que nous soyons définis par rapport à la définition des autres individus qui nous entourent – et pourquoi aussi cette définition référentielle s’établit dans une stratégie sociale orchestrée par un besoin à la fois individuel, mais aussi et surtout collectif.

Alors qu’une majorité d’interrogés, quelle que soit leur sexualité, affirment que la bisexualité n’existe pas vraiment et que sa stigmatisation, par définition, n’est qu’un leurre, il est possible de comprendre ces constatations comme des poncifs infondés, mais considérés comme réels par ces auteurs sans pour autant que la preuve du contraire puisse être apportée. Le processus de mise en forme des opinions par la masse plus que par la réflexion ou le sentiment individuel est ici intéressant. Nous reconnaissons comme membre de l’endogroupe celui qui fait partie intégrante de notre groupe social en répondant aux mêmes codes sociétaux, générationnels, culturels, etc… que nous. A l’inverse, le membre de l’exogroupe est considéré comme répondant à des codes différents des nôtres et faisant ainsi partie d’un autre groupe sociétal, que ce fait soit vrai ou pas. Le phénomène d’inclusion ou d’exclusion de certains membres de la société est tout à fait discutable quant à sa véracité étant donné qu’il prend en considération la réflexion non pas d’un individu isolé, mais bien d’un ensemble d’individus qui fondent une masse dont les codes sont formatés sur un mode collectif et nous retombons ainsi dans la faille qui existe dans le processus collectif décrit par Gustave Le Bon et Freud1. Nous parlons de faille dès lors que nous semblons tomber

1

Cf. première partie de cette thèse, l’étude de Freud et Gustave Le Bon, Psychologie des foules et analyse du moi.

dans une illusion collective qui détruit la lucidité individuelle. Privée de son libre- arbitre, notre réflexion de masse est dépourvue du pouvoir raisonné et argumenté dont nous jouissons de façon individuelle. L’existence de la bisexualité est alors remise en question sans fondement. Nous pourrions affirmer qu’elle existe puisqu’il existe des bisexuels, mais cet argument ne tient pas longtemps devant une opinion collective.