• Aucun résultat trouvé

La sexualité à l’épreuve de la réalité

Chapitre 2 : De l’identité à la question de la parentalité

2.1 Autocensure et reconnaissance identitaire

Nouvelles questions

Lorsque nous avons rencontré les personnes que nous avons interrogées, nous avons tenté de donner à nos entretiens un espace de parole libre, mettant en avant, à l’aide de notre questionnaire semi-directif, des questions catégorisées de façon tacite. Au-delà des interrogations concernant la bisexualité, nous avons cherché à graduer les questions du plus général au plus intime.

En procédant de cette manière, nous avons réussi à construire une grille d’entretien cohérente par rapport à notre sujet. Elle présente quatre parties qui symbolisent le corps de notre réflexion : la bisexualité vue et/ou pratiquée par les personnes interrogées, leur avis sur le rôle des institutions lorsqu’elles sont confrontées aux questions sexuelles, leur regard sur la notion de procréation et de parentalité, et enfin, sur la sexualité d’un point de vue intime et social mêlés, c’est-à-dire ce qu’ils attendent de la société et de leurs propres choix pour que leur sexualité soit la plus épanouie possible. Ainsi, nous avons lié sexualité et société en créant des catégories précises de recherches à travers les questions que nous posions. Les personnes interrogées étaient alors en mesure de produire une pensée orientée de façon tacite dans le sens de notre problématique. C’est de cette façon que nous avons tenté d’inciter les personnes que nous interrogions à élaborer une réflexion encadrée alliant l’expérience personnelle de chacun à la notion d’expérience générale de la sexualité. Ainsi, nous avons abouti à un raisonnement qui superposait efficacement la sexualité publique et la sexualité privée.

Ainsi mis en confiance, les sujets que nous rencontrons sont aptes à suivre notre direction sans pour autant être influencés ou contraints.

Nous venons d’étudier ce que révèlent les réponses apportées aux questions en rapport avec la bisexualité, c’est-à-dire, celles qui demandaient de la définir, de l’expliquer et de l’argumenter pour ceux qui se sentaient concernés par sa pratique. Nous avons constaté que ces révélations mettaient surtout en avant une grande diversité d’expériences et de ce fait, une grande diversité identitaire par rapport à ces expériences. Pourtant, nous n’avons pas encore travaillé sur cette notion d’identité par rapport à la place que chacun d’entre nous se donne ou trouve dans la société. Car c’est ici, pourtant, que tout se joue.

L’identité sexuelle n’est pas seulement le nom que nous attribuons à nos pratiques sexuelles, mais aussi, et peut-être même surtout, une façon de faire voir à l’autre et aux autres ce que nous sommes et pas seulement sexuellement parlant.

Si nous avons appris que beaucoup de personnes se définissaient sexuellement à travers l’identité sexuelle à laquelle ils se rattachaient, nous avons aussi compris que certains n’avaient pas la même approche quant à la notion de définition de soi à travers les choix et comportements sexuels. C’est maintenant ce qui va nous intéresser, savoir de quoi est constituée l’identité sexuelle, de quoi les membres de notre société ont besoin pour s’épanouir sexuellement et surtout, comment la sexualité peut être ce par quoi les notions de liberté et de censure s’expriment pleinement.

Identité sexuelle et identité sociale

Lorsque nous avons travaillé sur les différentes catégories sexuelles que nous avons rencontrées, nous ne nous sommes pas arrêtés sur le côté sociétal de ces catégories. Nous nous sommes contenté de nommer ces catégories, de les définir, et de constater que plusieurs membres d’une même catégorie avaient des expériences et des opinions parfois très différentes, malgré un comportement a priori strictement identique parce que correspondant à l’une des quatre catégories citées (hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle ou « sans étiquette »).

Mais pour que nous comprenions exactement comment se sont catégorisées d’elles- mêmes ces personnes interrogées, il faut, au préalable que nous analysions la notion d’identité dans ses trois phases essentielles à l’accomplissement de la notion de sexualité telle que nous la travaillons : identité genrée, identité sexuée, et enfin identité sexuelle. A ce sujet, le travail de la psychanalyste Agnès Oppenheimer est intéressant. Dans la revue française de psychanalyse consacrée à la bisexualité, Oppenheimer écrit un travail intitulé

La bisexualité à l’épreuve de l’identité sexuelle. Non seulement ce travail est

particulièrement nourrissant à ce stade de notre étude, mais en plus, il aborde une des questions à laquelle nous avons du mal à répondre, celle qui concerne la difficulté à définir l’identité bisexuelle en tant qu’identité strictement définie et délimitée alors même qu’elle constitue un dualisme et une inconstance au sein même de son fondement. Le paradoxe est tel, et même remarqué par les personnes que nous avons interrogées, toutes catégories sexuelles confondues, que nous ne pouvons faire l’impasse sur une réflexion approfondie de la question :

Les « expérimentations naturelles » ont mis en avant l’importance de l’identité sexuelle. Les termes ne sont pas innocents. Stoller distingue le « sexe » biologique (mâle-femelle) du « genre » psychologique (masculin-féminin). C. Chiland note que « sexuel » caractérise l’érotique et « sexué » qualifie la sexuation ; aussi propose-t- elle le terme d’ « identité sexuée » pour rendre compte du sentiment d’appartenance à un sexe […] l’ « identité sexuelle » rend alors mieux compte du lien entre identité et psychosexualité.1

En s’appuyant sur le travail de Stoller, psychanalyste spécialisé dans la question de l’identité sexuelle liée à celle du sexe biologique, et de C. Chiland, elle-même spécialiste de la question de l’identité sexuée mise en relation avec le comportement sexuel, Oppenheimer rejoint notre théorie selon laquelle il y a une frontière entre le sentiment d’appartenance à une catégorie sexuée, le comportement sexuel, et l’appartenance à une catégorie sexuelle, en d’autres termes, entre l’identité genrée, l’identité sexuelle et le choix d’objet sexuel : « En fonction de l’assignation, l’identité sexuelle est savoir implicite, puis autodésignation et conviction d’appartenance ». 2

Cette analyse va donc bien dans le sens de ce que nous avons appris à travers nos entretiens, notamment les propos rapportés par les « sans-étiquette sexuelle », qui, via leur refus d’être catégorisés malgré des comportements sexuels, eux « étiquetés », valorisent cette dernière notion de « conviction d’appartenance » dont parle Oppenheimer.

Dès son premier chapitre des Trois essais sur la théorie sexuelle, Freud met en évidence la définition de la « pulsion sexuelle » qui va être la base de tout son travail sur les vérités à tirer à propos de la construction infantile de la sexualité, puis à propos de ce qu’il va nommer « les aberrations sexuelles » :

Si nous appelons objet sexuel la personne dont émane l’attraction sexuelle et but sexuel l’acte auquel pousse la pulsion, l’expérience passée au crible de la science nous démontre qu’il existe […] de nombreuses déviations dont la relation à la norme admise requiert un examen approfondi. […] Afin d’expliquer la possibilité d’une inversion sexuelle, on a recours […] à une théorie qui entre une nouvelle fois en contradiction avec l’opinion populaire. Pour celle-ci, l’être humain est soit un homme, soit une femme. Mais la science connaît des cas dans lesquels les caractères

1

Agnès Oppenheimer, « La bisexualité à l’épreuve de l’identité sexuelle », Bisexualité, op.cit., p. 103.

2

sexuels sont effacés et où la détermination du sexe devient par conséquent difficile ; […] La conception qui découle de ces faits anatomiques depuis longtemps connus est celle d’une disposition bisexuelle originelle.1

Freud soulève ici le premier point à prendre en considération dans la question identitaire que présentent à la fois nos entretiens et Oppenheimer : le penchant sexuel serait régenté par une vérité anatomique, le sexe biologique. C’est en tout cas ce que démontre Freud pour expliquer le comportement bisexuel, mais alors que nous avons déjà étudié la question freudienne d’une bisexualité innée et expliquée soit par un hermaphrodisme plus ou moins développé, soit par une disposition psychique bisexuelle, nous n’avons pas encore travaillé sur la notion psychosociale de l’identité sexuelle et c’est pourtant elle qui nous sollicite ici. La théorie freudienne d’une prédisposition innée de par la nature de notre sexe biologique est-elle recevable ? Suffit-elle à comprendre l’appartenance à une catégorie sexuelle plutôt qu’à une autre ? Si l’identité de genre a sa place dans le choix sexuel, alors nous sommes en droit de nous demander pourquoi nous avons une telle diversité d’identités sexuelles au sein d’une même société sans pour autant nous contenter de la simple réponse apportée par l’hermaphrodisme plus ou moins développé chez certains individus « déviants ». Chaque individu est pris entre plusieurs facteurs, culturels, biologiques et pulsionnels dans sa façon de se positionner sexuellement parlant, et ce sont toutes ces données qui doivent être enregistrées afin de construire l’identité culturelle. Nous pourrions donc définir l’identité sexuelle d’après une des explications apportées par Oppenheimer :

La sexualité est au service de cette identité sexuelle qui détermine la pathologie perverse et le choix sexuel. La bisexualité est également prise dans un débat où la psychanalyse est accusée de normativité et où les facteurs culturels sont les déterminations idéologiques : l’individu est pris entre biologie et culture.2

Nous prendrons pour base cette dernière analyse mais nous n’en approuverons pas tous les éléments. Effectivement, nous considérons plus volontiers l’identité sexuelle comme résultat aléatoire d’une fusion d’informations entre sexe biologique et culture idéologique, plutôt que l’inverse comme Oppenheimer. Loin de nier la différence entre le

1

S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, op.cit., pp. 38, 45 et 46.

2

féminin et le masculin, l’identité bisexuelle ne saurait se restreindre à une analyse superflue de la position genrée que pourraient prendre ceux qui se revendiquent bisexuels.

Beaucoup de nos personnes interrogées ne font pas de différence entre les choix sexuels qu’ils assument, leur identité sexuelle et les conditions générales de leur position sexuée. Seuls quelques cas isolés marquent une barrière stricte entre leur sexe, leur position genrée – entendons alors, leur façon de représenter le masculin ou le féminin – et leur choix sexuel et leur identité sexuelle. Cyril, 24 ans, hétérosexuel « ouvert » cherche à maîtriser la tendance qu’il a reçue de son éducation qu’il qualifie de « fermée » au profit de ce qu’il appelle « une révolution sexuelle » :

Je sens bien qu’on voudrait simplifier les choses en superposant le sexe et l’identité sexuelle. Ce serait trop simple, c’est comme de dire que les lesbiennes haïssent les hommes et que les gays sont efféminés. Ça ne fait pas que simplifier vulgairement les choses, ça les fausse. Mes parents me considèrent comme étant homo parce que je cultive un style androgyne et que j’ai déjà eu une relation avec un garçon. […] Je me sens hétéro sans forcément appliquer les « règles » hétéros. C’est ça pour moi la révolution sexuelle.

Cyril montre bien que tout peut être déconstruit, contrairement à ce que les études scientifiques et notamment psychanalytiques, peuvent affirmer. La définition de l’identité ne se rapporte pas forcément aux comportements sexuels et aux choix sexuels. Les « jeux » du genre sont socialement admissibles et symbolisent même selon lui, une forme de révolution dans la reconnaissance de la sexualité dans son ensemble (genre, sexe, plaisir sexuel et représentation sexuelle).

Clara, bisexuelle de 32 ans, donne au contraire un sens différent à ce qu’elle ressent au quotidien :

Je suis bisexuelle et il me semble important d’être en accord avec tout un mouvement qui se rapporte à la bisexualité. Je milite, non pas avec un groupe, mais quotidiennement dès que je croise quelqu’un avec qui j’en parle, par exemple, pour faire valoir l’existence de cette sexualité, de l’identité bisexuelle que je porte. […] Je ne remets pas du tout en cause mon identité de femme, au contraire, il est important de bien la marquer pour montrer que ça n’a rien à voir.

Cyril et Clara se rejoignent sur un point : l’identité sexuée n’est pas à lier à l’identité sexuelle, ni au déterminisme, social, cette fois, de l’épanouissement sexuel et libidinal. Gaïd Le Maner-Idrissi, enseignant- chercheur en psychologie, a travaillé sur l’identité sexuée. Selon lui, cette identité a encore une nouvelle définition. Jusqu’à maintenant, nous nous étions limité à la définition psychanalytique qui conçoit l’identité sexuée comme la représentation sociale des éléments féminins et masculins se rapportant à notre sexe biologique, à la définition populaire que nous devons à nos entretiens, qui oscille entre l’identité portée par notre sexe et les symboles sociaux s’y rapportant et la possibilité de mêler sexe et sexualité à travers le cocktail sexe biologique et identité sexuelle. Il est maintenant nécessaire de s’émanciper de ces définitions et de chercher à trouver plus de pertinence à ces trois notions-clés dans la question sociale de l’identité sexuelle.

Le Maner-Idrissi distingue à son tour trois types d’identités qui tournent autour de la notion de sexe : l’identité sexuelle, l’identité de genre et l’identité sexuée. L’identité sexuelle serait cette conviction d’appartenance à la communauté « garçons » mêlée au mimétisme socioculturel attendu pour garçon ou fille. De cette première « conviction » résulterait a priori, un choix sexuel déterminé (qui est pourtant discutable, comme nous l’avons déjà étudié). L’identité de genre, elle, se soumettrait à des règles strictement psychologiques et non biologiques. En d’autres termes, c’est bien avec l’identité de genre que joue Cyril en distinguant son sexe biologique de son apparence physique qu’il travaille de façon androgyne, c’est-à-dire en ne répondant pas aux codes de sa catégorie physiologique masculine. 1 Enfin, il parle d’ « identité sexuée » lorsqu’il s’agit du sexe biologique, physiologique qui assignerait automatiquement un être humain en individu femelle ou mâle. Il dit de cette dernière, comme dans les recherches de C. Chiland, qu’elle est fondamentale pour construire les deux autres, identités de genre et identité sexuelle :

L’ancrage biologique constitue ce que Chiland (1995) appelle le sexe d’assignation, c’est-à-dire le sexe donné à l’enfant à la naissance. Selon elle, le sexe biologique va déclencher dans l’entourage social, comme chez le sujet lui-même, des réactions

1

Gaïd Le Maner-Idrissi, L’identité sexuée, Dunod, Paris, 1997, p. 17 : Lorsque Le Maner-Idrissi différencie ces trois notions phares dans la constitution de l’identité de chaque individu, à propos de l’identité de genre, il utilise les propos de R.K. Unger, psychanalyste américaine féministe. Sa définition de l’identité de genre nous paraît assez pertinente pour la citer à notre tour : « « Le terme de genre peut être utilisé pour désigner les composantes non physiologiques du sexe qui sont actuellement perçues comme appropriées aux individus de sexe masculin ou aux individus de sexe féminin. » R.K. Unger, Female and Male: Psychological perspective, New-York, Harper and Row, 1979. »

différenciées en fonction de la catégorie-sexe d’appartenance. Dans cette perspective, le sexe biologique constitue un stimulus qui engendre des conduites particulières liées au sexe social. 1

Ainsi, nous comprenons que l’identité sexuelle est bien le résultat d’une addition entre ce que le psychologique et le biologique construisent autour de la notion de féminin- masculin et nous comprenons également que le choix sexuel est indépendant de l’identité sexuelle sans que pour autant, nous ne puissions tout à fait les démarquer l’un de l’autre puisque l’identité sexuelle serait finalement une sorte de vitrine de nos choix sexuels dans un rapport sine qua non avec notre sexe biologique. Effectivement nous ne sommes homosexuels qu’à la stricte condition, déjà, de considérer de façon définie notre propre sexe. Il en va de même dans le cas de l’identité hétérosexuelle et bisexuelle. C’est irréfutable, même si cette identité-là fait surgir le problème d’une ambivalence qui n’existe pas dans la nature, à part dans le cas de l’hermaphrodisme qui a valu à Freud de faire un amalgame qu’il modifiera en préférant la théorie d’une bisexualité psychique plutôt qu’une bisexualité biologique.

Une question, dans notre grille d’entretien propose de donner son avis à propos de la différence possible entre l’identité sexuelle et la pratique sexuelle. Notons que tous les interrogés, sans aucune exception sur les quarante-deux individus rencontrés ont, à juste titre, pensé que l’identité sexuelle avait un lien évident avec le sexe biologique là où la pratique sexuelle ne concernait que le rapport à nos choix et à nos pratiques sexuelles. Le lien est à la fois fort et dissociable pour tous. Ce qui montre bien que l’identité sexuelle et la catégorie sexuelle sont étroitement liées tout en restant hétérogènes l’une par rapport à l’autre. La façade qui représente notre identité générale est donc un savant mélange de faits qui semblent être bien maîtrisés par les individus qui constituent la société française actuelle.

Représentation et communautarisme sexuel

Nous avons déjà fait allusion au travail de Gustave Le Bon à propos de la notion de « foule », de communautarisme et des rouages qui, assemblés, articulent le mécanisme d’un groupe social. Nous allons maintenant revenir sur cette analyse en la confrontant à ce que nous avons découvert durant le travail de terrain de cette thèse.

1

Admettons que nous ne sommes pas forcés de nous inclure dans une catégorie sociale – nous venons de voir que certaines personnes interrogées nous l’ont prouvé – et admettons également qu’il ne faille pas obligatoirement s’identifier biologiquement pour se reconnaître de façon identitaire comme étant un homme ou une femme. Si la première hypothèse reste plausible, la seconde paraît discutable, voire, réfutable.

Nous avions parlé de ce que Gustave Le Bon, anthropologue français du début du XXème siècle, avait découvert dans Psychologie des foules. Il démontre l’existence d’un mode de pensée collectif qui, d’une part aboutit à un anéantissement des avantages individuels au profit du bien-fondé du collectif et qui, d’autre part, met en évidence une prise de position idéologique massive et violente ayant pour conséquence une inhibition des réflexions et des mécanismes du mode de pensée de chaque individu. Chaque membre de la foule se transforme ainsi, à la fois en maillon essentiel à la chaîne qui contribue au bon fonctionnement d’une société, et aussi un esprit dénaturé, appauvri, aliéné au service d’une défense féroce des idéologies imposées. Freud, dans Psychologie

des foules et analyse du moi – œuvre dans laquelle il étudie le travail de Gustave Le Bon

et l’adapte à ses théories – associe cette double attitude à une perte de conscience individuelle proche de celle de l’hypnose mais à une échelle collective. Mais pour qu’il y ait un mouvement de masse, de foule, il faut un meneur, une « maître » pour reprendre les termes utilisés par Freud, qui guiderait, comme un psychanalyste guide l’inconscient de son patient, les esprits constituant la foule ainsi maîtrisée. Gustave Le Bon, cite deux phases essentielles du rouage de ce mécanisme des foules :

Les facteurs qui déterminent ces opinions et ces croyances [celles qui constituent la mentalité particulière des foules] sont de deux ordres : facteurs lointains et facteurs immédiats.

Les facteurs lointains rendent les foules capables d’adopter certaines convictions et inaptes à se laisser pénétrer par d’autres. […]

Les facteurs immédiats sont ceux qui, superposés à ce long travail, sans lequel ils ne pourraient agir, provoquent la persuasion active chez les foules, c’est-à-dire font prendre forme à l’idée et la déchaine avec toutes ses conséquences.1

Nous avons donc, pour point de départ deux faits importants qui vont nous intéresser dans la construction du raisonnement qui va suivre et qui concerne le communautarisme