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2. Cadre théorique et revue de la littérature

2.3 Champ conceptuel : la représentation iconographique

2.3.1 Fonctions de la représentation égyptienne

2.3.1.1 La représentation égyptienne en contexte funéraire

Les représentations bidimensionnelles tentent de remplacer la réalité – une représentation vivante du défunt, tandis que les représentations tridimensionnelles deviennent, en fait, le

Silverman, 1995, pl. XXI et Kemp, 2006, p. 26 1 O’Connor et

2 Davis, 1989, p. 109 3 Schäfer, 1974, p. 38 4 Ibid., 151

alité – cèdre de Phénicie et ébène de la Nubie, alors que la populati

face entre eux. L’action est axée sur le représenté et non orientée vers le

agit comme substrat dans lequel s’incarne l’âme ou le ka du défunt. Elle peut ainsi se substituer à sa momie dans le cas où elle serait détruite.2 À ces fins, l’élite se fait commander des statues de pierre, de métal ou de bois de qu

on, moins nantie, commande des statuettes ou figurines de plus petites tailles, façonnées de terre cuite ou sculptées dans du bois autochtone de moindre qualité (acacia, palmier et sycomore).3

Un aspect important à préciser concernant les tombes égyptiennes, est que nul n’y a réellement accès, à part peut-être quelques membres de la famille du défunt et les artistes qui les parent. Si l’objectif des représentations avait été uniquement décoratif, à quoi bon embaucher des artistes, à grands frais, pour décorer une tombe qui ne sera vue par personne ? Ceci ne fait que confirmer l’importance de la notion d’existence par le biais de la représentation, primant sur le désir de communiquer un message ou de valider son statut auprès des vivants. De plus, ceci est également illustré par le fait que les personnages d’une scène, dans une représentation égyptienne, se font généralement

spectateur, qui n’y est pas convié. Ceci explique probablement le nombre négligeable de représentations de personnages nous faisant face, à part les figures protectrices telles Bès et Hathor.1

Tous les aspects de la vie quotidienne semblent être représentés dans les tombes thébaines – les plus nombreuses et les plus complètes, afin de faire perdurer pour le défunt, à présent dans l’au-delà, un monde terrestre idéalisé ou du moins correspondant à un ordre établi et générique. Ces représentations constituent une source importante d’informations pour les chercheurs afin de saisir certains aspects de la vie en Égypte pharaonique. Toutefois, il faut se rappeler que ce qui nous est narré en image, par le biais du canon de représentation, n’est pas une succession chronologique de moments réels. Il ne s’agit pas de

1 Wildung, 1997, p. 13, 15, 17 et Allen dans Wilkinson, 2010, p. 388-400

2 Robins dans Wilkinson, 2010, p. 355-365 ; Favard-Meeks, 1992, p. 15-16 ; Panofsky, 1969, p. 63 ; Wildung, ant sa regénérescence dans 9, p. 171-173

1997, p. 15 et Ikram et Dodson, 1998, p. 15

3 Pour une étude sur l’utilisation de la statuaire comme substitut du défunt permett l’au-delà voir : O’Connor, 1996, p. 621-633 et Brewer et Teeter, 199

Par exemple, l’atelier de l’artisan est représenté avec tous ses outils flottant dans l’espace aux côtés de l’artisan, permettant ainsi d’illustrer son rôle et son environnement quotidien. Cette représentation ne décrit pas un moment particulier dans le temps et l’espace. Il ne s’agit pas d’une reproduction de la réalité, mais d’une image conçue de la réalité (fig. 3

la description réaliste d’une chose ou d’un événement, mais plutôt d’une description générique, à la limite idéalisée, de celle-ci.2

).3

Figure

éléments qui lui sont propres. À quelques exceptions près, la portraiture est très rare en

3 : Représentation générique d’un atelier d’artisan du Nouvel Empire. Dessin tiré de Schäfer, 1974, fig. 148

Étant donné que la représentation a pour objectif d’éterniser le défunt, celui-ci est généralement représenté de façon idéalisée. On le dépeint en parfaite santé, jeune et beau, et correspondant à l’idéal social et non à un portrait fidèle, même si on note quelques

ard-Meeks, 1992, p. 15-16 , 1997, p. 15 et Davis, ibid.

1 Trigger, 2003 ; Volokine, 2000 et Fav 2 Davis, 1989, p. 199

f pour les nains ou les membres des classes inférieures, comme les domestiques. Dans les scènes de tom

nde taille, en opposition à la représentation de ses domestiques, de petite taille.3 Les représentations de femmes sont

la représentation de la vie terrestre mouvante

Égypte ancienne.1 Les difformités et l’âge avancé sont quelquefois, mais rarement représentés, sau

bes, il est parfois impossible de distinguer physiquement la mère de la fille, à moins que les personnages soient identifiés par une légende écrite.2

Un autre élément distinctif de l’art égyptien est la taille des personnages. Dans une scène représentée de l’art occidental, la taille d’un personnage est proportionnelle à sa position relative par rapport au spectateur. Plus il est petit, plus il est situé loin du spectateur et vice versa. Dans l’art égyptien, la taille d’un personnage indique avant tout son statut social. Un membre de l’élite est toujours illustré de gra

très souvent plus petites que celles des hommes, sauf pour le cas de femmes appartenant à la royauté, indiquant ainsi leur statut élevé au sein de la société.4

Si on tente de déterminer quelles peuvent être les fonctions des représentations dans le contexte des tombes, plusieurs possibilités complémentaires d’interprétation émergent. Il peut s’agir d’un espoir de faire perdurer les activités terrestres dans l’au-delà suite au décès ; l’espoir de compenser l’état inerte du défunt par

; l’espoir de laisser une trace, biographie, ou mémoire commémorative de la vie du défunt sur terre ; narrer le compte-rendu des intérêts et activités du défunt dans sa vie active afin de faire perdurer cette réalité dans l’au-delà.5

Schäfer, de son côté, avance que la fonction principale des images religieuses dans les tombes égyptiennes consiste à faire bénéficier leur occupant des activités et biens représentés. Par exemple, les images de vie quotidienne, illustrant les activités sur le

1 Robins dans Wilkinson, 2010, p. 355-365 ; Schäfer, 1974, p. 18 ; Davis, 1989, p. 341-42 et Assmann, 1996,

rewer et Teeter, ibid., p. 181

n, 2010, p. 355-365 et Davis, ibid., p. 199 p. 55-81

2 Brewer et Teeter, 1999, p. 183-184 3 Davis, ibid., p. 35 et B

4 Schäfer, ibid., p. 231 5 Robins dans Wilkinso

à sa vue,

mais également à son s 1

n monde d’idéalité esthétique, alors réalité magique. Chez les Grecs, l’objectif du avail de l’artiste consiste en une imitation réaliste de la vie, alors qu’en Égypte, le travail

2

domaine du propriétaire de la tombe, ainsi que d’autres aspects de son environnement, sont le résultat d’efforts pieux, afin de préserver ses gens et ses biens, non seulement

ervice ou à son bénéfice. La conclusion demeure toujours la même. La représentation sert à donner vie à ce qui est représenté afin de le réactualiser « magiquement » dans la réalité terrestre, dans l’au-delà et dans la sphère divine.

L’art grec, qui ne présente pas de dichotomie aussi claire entre sacré et profane que ne le fait l’art moderne occidental, se rapproche toutefois davantage de notre conception de la représentation versus la réalité, que de celle de l’Égypte antique. Afin de bien saisir notre propos sur la représentation égyptienne nous pouvons effectuer trois comparaisons schématiques, entre la représentation grecque et égyptienne. Pour les Grecs, la statuaire commémore le passage d’un homme qui a vécu, alors qu’en Égypte elle devient le substrat pour l’incarnation de son âme – un nouveau corps pour le défunt qui attend d’être rappelé à la vie. Pour les Grecs, « l’œuvre d’art » existe dans u

qu’en Égypte elle existe dans un monde de tr

de l’artisan consiste à reconstruire ou redonner la vie.