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Chapitre V – Discussion

5.4 La réflexion autour des typologies que propose Arapey

Arapey suggère une utilisation des typologies, ainsi qu‟une approche de leur construction, à partir de la possibilité d‟identifier des stratégies au niveau des exploitations et de l‟exploration de leurs conséquences par l‟intermédiaire de systèmes multi-agents, voire d‟autres méthodes. Il est possible de

actifs, leurs résultats, leurs finalités, leurs stratégies globales ou de beaucoup d‟autres manières. Dans Arapey, nous les avons caractérisées par ce qu‟elles font, par quelques-unes de leurs pratiques ou stratégies, ainsi que nous l‟avons déjà indiqué auparavant. Cette typologie de « fonctionnement », va dans le même sens que celle qui a été proposée par Le Moigne (1990), où il faut « avant tout modéliser un système d‟activité » afin de décrire des exploitations ou des « agriculteurs-éleveurs ». Cette méthode transcende des situations très différentes et permet de différencier ce qui est propre au système de ce qui dépend des circonstances (Holland, 1998). Landais et Deffontaines (1990) citent à Cristofini, qui, dans les années 1970 en Corse, a établi certaines observations où il fait référence à une situation qui indique que même lorsque les structures des exploitations sont différentes, les pratiques observées restent stables. Quelques pistes indiquent que cette affirmation est valable : nous avons prouvé, avec l‟aide d‟agronomes uruguayens, que les stratégies décrites par Attonaty et Soler (1994), par Lemery et al (2004) ou par Dockès et al (2004), pour montrer le fonctionnement des agriculteurs céréaliers de la région parisienne, les éleveurs du Massif Central ou des éleveurs laitiers français, peuvent être utilisées en Uruguay, et que des comportements semblables peuvent être identifiés. Toutefois, ni les résultats, ni les structures, ni les pratiques détaillées de conduite des processus de productions ne sont semblables, si ce n‟est qu‟ils répondent aux caractéristiques écologiques et socio-économiques où s‟inscrivent les exploitations.

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Fig. 4. Gestion de la trésorerie

Dans le cadre d‟un autre travail, nous avons modélisé la gestion de la trésorerie (Fig. 4) d‟un très petit éleveur – pour l‟Uruguay – (200 ha en fermage) et nous avons prouvé que le schéma montré était représentatif de ce que faisaient des éleveurs 10 fois plus grands en surface exploitée. Pour reprendre les mots de M. S. : « je me sens bien représenté par ce diagramme » (décembre 2005).

D‟autre part, cette modélisation qui formalise et met en évidence les règles générales qui s‟appliquent toujours, ainsi que celles qui sont des adaptations et qui s‟appliquent selon les circonstances (Marshall et al. 1994), nous permet de caractériser facilement l‟importance relative de chacune de celles-ci et de définir la complexité de la gestion des exploitations, conformément à ce que proposent Hubert et al (1993). Dans la mesure où les

nombreuses, l‟attention doit être redoublée car l‟exploitation en devient plus complexe. En effet, la représentation de la gestion des exploitations nous permet par exemple de raisonner sur la facilité avec laquelle elles peuvent s‟insérer dans un système d‟activités qui inclut des activités non-agricoles. A la limite, il est possible de trouver des exploitations qui gèrent toujours de la même manière les processus productifs, indépendamment des résultats. L‟administration de l‟élevage étant centrée sur une amélioration du système et pas sur une réponse à des situations (Darré et al. 1993), comportement typique des éleveurs extensifs. D‟autre part, il existe une gestion où des règles circonstancielles sont appliquées de façon journalière, comme dans le cas des exploitations intensives qui doivent ajuster en permanence le processus productif en recourant en général à des intrants extra-exploitation.

Une des caractéristiques cruciales de la modélisation des exploitations en tant que système d‟activité, à l‟exemple de la modélisation du travail (Dedieu 1993), vient du fait que cela permet d‟anticiper quel sera le comportement du système face aux vues de différentes situations. Ceci peut être développé aussi bien mentalement qu‟avec un crayon et du papier, ou grâce à une simulation informatique, à l‟exemple de ce qui est fait dans les systèmes multi-agents. Cette prévision ne peut pas être faite à partir de typologies de structures ou de résultats, qui sont, ou étaient, une description habituellement faite par les groupes CREA et les centres de gestion de type Plan Agropecuario. A partir des registres des exploitations, différentes catégories ou types d‟exploitations sont élaborés en fonction de leurs structures et de leurs résultats. Dans la mesure où il n‟y a pas de description ou de modélisation de ce qu‟on fait dans chaque type d‟exploitation, il n‟est pas possible de prévoir le fonctionnement du système selon différentes situations. Néanmoins, cela est possible avec une description des règles permanentes (d‟activités) et des règles d‟adaptations (décisions). Nous pourrons ainsi avoir une idée des résultats de l‟exploitation après une année de sécheresse ou comment elle réagirait si le prix de la laine baissait. Une simulation à l‟aide de multi-agents est l‟outil qui permet

d‟explorer avec plus de rigueur et de puissance les conséquences liées à la conduite des exploitations, puisque comme le définissent Gilbert et Terna (1999), il est très difficile d‟examiner la cohérence d‟une description de texte et, selon Simon (1991), de prévoir les conséquences de ce que nous savons déjà.

Arapey modélise les pratiques qui impliquent la gestion de la trésorerie et des investissements à réaliser. Comme il est une description classique « de fonctionnement » il n‟y a pas de référence aux structures existantes. De plus, il décrit l‟environnement où sont produites ces décisions, il prend en compte quelques facteurs stables dans la « expérimentation virtuelle », comme les coûts familiaux, etc., et explore les conséquences de ces pratiques par rapport à l‟évolution des exploitations.

Il faut également prendre en considération le classement selon les objectifs ou les finalités. Arapey suggère – ainsi que tous les modèles que nous avons examinés et qui ont été construits à partir de Cormas – que ces derniers ne sont pas nécessaires pour décrire le fonctionnement du système. Selon Varela (1990), les objectifs font référence à un observateur qui les utilise afin de faire travailler son imagination et de rendre cohérent l‟ensemble des observations, à l‟exemple de ce qui est fait lors de l‟approche globale des exploitations agricoles (AGEA) (Marshall et al. 1994). Toutefois, cette description des finalités ne permet pas de prévoir le fonctionnement du système car, face à des objectifs semblables, les stratégies peuvent être très différentes. L‟adéquation des stratégies aux buts demande un certain bon jugement de la part de l‟observateur (Marshall 2000, Ericsson et Penker 2000). Comme nous allons le voir plus loin, les SMA semblent particulièrement utiles pour conforter l‟analyse, bien que sa mise en œuvre ne demande pas que les objectifs des agents soient décrits.