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La gravure plasma par ionisation réactive (RIE)

Fig. II.11 Photographie d'un porte-échantillon 3 pouces, montrant le plan de

focalisation, la cage de faraday et la vis micrométrique permettant l'alignement des

marques de repérages

8 µm de côté) sont donc réalisés lors de la première lithographie. Ensuite, il faut

aligner ces marques avec un microscope optique avec une erreur maximum de 0,1°

pour que le nanomasqueur arrive à corriger les erreurs de rotation. Pour repérer ces

marques, le nanomasqueur est utilisé comme un microscope électronique à balayage,

avec une détection des électrons rétro-diusés. Avec ce nanomasqueur, l'alignement

des diérents niveaux se fait en principe à± 30 nm près.

Une fois la résine insolée et révélée comme nous le verrons dans le chapitre

3, le transfert du masque au substrat peut avoir lieu soit par gravure, soit par

métallisation. Nous allons donc voir maintenant le principe de la gravure ionique

réactive, puis le principe de la métallisation.

II.4 La gravure plasma par ionisation réactive (RIE)

II.4.1 Introduction

La gravure plasma est une technique de gravure sèche (par opposition à la gravure

humide) dans laquelle interviennent les eets de bombardement par des ions et la

réaction chimique. Il s'agit donc d'une gravure à la fois physique et chimique que

l'on appelle RIE pour Reactive Ion Etching en anglais.

Elle a initialement été inventée dans les années 60, dans le but d'éliminer des

couches de matériaux, par exemple pour supprimer les couches de résines

photo-sensibles par un plasma d'oxygène. Une autre utilisation consiste à transférer des

motifs de résine dans le substrat. Celle-ci n'a été développée que dans le milieu des

années 70, avec l'apparition du nitrure de silicium comme couche de passivation [18].

Ainsi, la gravure humide du nitrure dans des bains de H

3

P O

4

portés à hautes

tem-pératures (140°C-200°C) qui attaquait trop sévèrement les résines a été remplacée

par une gravure plasma. Le mélange de tétrauorométhane (CF

4

) et de dioxygène

(O

2

) a montré les premiers résultats encourageants pour la gravure des couches de

CHAPITRE II. OUTILS DE FABRICATION ET DE

CARACTÉRISATION DE STRUCTURES NANOMÉTRIQUES

nitrure [18].

Le bâti de gravure utilisé lors de cette étude est le modèle Plasmalab 80 Plus

d'Oxford Instruments. Une photographie de ce bâti est présentée en gure II.12.

Fig. II.12 Photographie du bâti de plasma RIE

Pour que la gravure fonctionne correctement, deux étapes sont nécessaires. Tout

d'abord, il y a la formation du plasma par un champ électromagnétique, et ensuite,

la gravure du matériau de façon physico-chimique.

II.4.2 Génération du plasma

Le schéma d'un bâti de gravure RIE est donné en gure II.13.

Fig. II.13 Schéma d'un bâti de plasma RIE

Plusieurs lignes de gaz sont prévues pour permettre de les mélanger selon le type

de matériau et de gravure à eectuer. L'enceinte est amenée à basse pression, entre 5

II.4 La gravure plasma par ionisation réactive (RIE)

mTorr et 1 Torr, en ajustant la position de la vanne située juste avant la pompe. Le

plasma est obtenu dans le système en appliquant un fort champ électromagnétique

sur l'électrode sur laquelle se trouve le substrat. Le champ est à une fréquence de

13.56 MHz et la puissance appliquée varie de quelques dizaines à quelques centaines

de Watts. Le champ électrique oscillant vient dissocier et ioniser les molécules du

gaz en leur arrachant des électrons, ce qui crée le plasma.

Au cours de ce processus, un gaz moléculaire (prenons l'exemple du chlore : Cl

2

)

se transforme d'abord en espèce atomique (dissociationCl

, éq. II.2) puis est ensuite

ionisé (ionisationCl

+

, éq. II.3) lorsque les collisions entre les atomes sont en mesure

de libérer les électrons les plus extérieurs.

Dissociation : e

+Cl

2

→2Cl

+e

(II.2)

Le phénomène de dissociation qui intervient pour des énergies d'électrons faibles,

entraîne l'apparition de radicaux libresCl

. Ces espèces très réactives interviennent

dans le processus de gravure chimique.

Ionisation : e

+Cl

→Cl

+

+ 2e

(II.3)

La réaction d'ionisation forme des ions Cl

+

qui vont agir lors de la gravure

physique.

Le plasma résultant consiste alors en un mélange de plusieurs espèces chimiques

hautement réactives : particules neutres, ions positifs (atomes ou molécules qui ont

perdu un ou plusieurs électrons) et électrons, qui peuvent ensuite réagir avec la

surface du substrat pour former des produits volatiles qui sont évacués par le système

de pompage.

II.4.3 Les mécanismes de gravure RIE

Comme nous venons de le voir, le plasma généré contient des espèces très

réac-tives qui vont réagir chimiquement avec la surface de l'échantillon, mais également

des particules ionisées qui donneront lieu à une attaque physique de la surface par

bombardement ionique. Le réglage des diérents paramètres (pression, puissance,

température, polarisation, chimie) permet de donner plus ou moins d'importance à

l'un ou l'autre des processus de gravure.

II.4.3.1 Gravure chimique

Le principe du procédé de gravure chimique est présenté sur la gure II.14. Ce

procédé commence comme nous l'avons vu dans le paragraphe précédent (II.4.2) par

la génération (1) des radicaux libres pouvant attaquer chimiquement la couche puis

la diusion (2) de ces espèces réactives vers la surface de la couche à graver. Ensuite,

ces particules viennent s'adsorber à la surface (3) et réagissent chimiquement avec

le matériau de surface (4). Le matériau produit par la réaction doit être volatile

pour pouvoir quitter la surface. Enn, les deux dernières étapes, la désorption et la

diusion (5), permettent d'évacuer les composés volatiles à l'extérieur du matériau,

puis de l'enceinte.

Ces réactions chimiques, entre le gaz et l'échantillon produisent donc une gravure

sélective et isotrope.

CHAPITRE II. OUTILS DE FABRICATION ET DE

CARACTÉRISATION DE STRUCTURES NANOMÉTRIQUES

Fig. II.14 Mécanismes chimiques ayant lieu lors d'une gravure plasma RIE

II.4.3.2 Gravure physique

La gravure physique est quant à elle issue de l'interaction mécanico-physique

entres les ions formés par le plasma et la surface du matériau. Dans chaque cycle

du champ, les électrons sont électriquement accélérés vers le haut et vers le bas de

la chambre, touchant quelque fois l'enceinte de la chambre ou l'électrode de support

de l'échantillon. Comme l'enceinte de la chambre est à la masse, si les électrons

arrivent sur celle-ci, ils retournent simplement à la masse, n'aectant pas l'état

électronique du système. Cependant, l'électrode inférieure étant isolée électriquement

pour le niveau continu, les électrons qui s'y absorbent y créent une charge négative

(typiquement autour de quelques centaines de volts). Comme les ions créés dans

le plasma sont plus lourds, ils bougent relativement moins en réponse au champ

électrique, et de ce fait, le plasma développe une charge positive [19, 20].

A cause de cette diérence de tension, les ions positifs sont accélérés et

bom-bardent la surface de l'échantillon avec une énergie cinétique élevée. Une partie de

cette énergie est transférée aux atomes de surface de l'échantillon entraînant la

gra-vure du matériau.

La gravure physique n'est donc pas sélective, mais elle est anisotrope (des ancs

parfaitement verticaux peuvent être obtenus en privilégiant cette gravure

méca-nique).

II.4.3.3 Diérences entre la gravure chimique et la gravure physique

Comme nous venons de le voir, la gravure chimique est isotrope et sélective, alors

que la gravure physique est anisotrope et non sélective. Cela va donc se traduire par

une sous-gravure importante si la gravure est plutôt chimique ( II.15a), et par la

gravure de tous les matériaux, y compris de la résine protectrice pour la gravure

physique( II.15b).

Ainsi, une forte pression et une température élevée favorisent le processus

chi-mique. En eet, le libre parcours moyen des particules est directement liée à la