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La formation doit être pratique et liée à l’exercice quotidien

V. FORMATION CONTINUE OU LE « LIFE LONG LEARNING » :

2. La formation professionnelle continue au Maroc :

2.1. Genèse et évolution de la formation professionnelle continue : [40] Au Maroc, bien avant l’avènement du Protectorat, la formation continue était organisée dans de petites fabriques artisanales regroupées dans des corporations, qui transmettaient les techniques et les normes de production au profit des apprentis.

Ces corporations, étaient présidées par un Amine et contrôlées par un Mohtassib.

A la fin du XVIIIe, pour renforcer sa flotte militaire, le sultan Mohamed III recruta cent jeunes marocains pour recevoir une formation spécialisée à Tanger et cent quarante autres pour une formation artistique.

De son côté, l’État organisait sporadiquement des formations fonctionnelles pour couvrir les besoins de son appareil administratif et militaire.

Sauf quelques rares exceptions, la formation continue était traditionnelle, intégrée dans l’artisanat et obligatoire dans le cadre des corporations.

Cependant, entre 1912 et 1944, l’administration coloniale détruit la structure sur laquelle reposait la corporation professionnelle, entraînant ainsi une désorganisation de l’apprentissage professionnel artisanal, principal opérateur de la formation professionnelle à l’époque.

Entre 1912 et 1944, en raison de la politique coloniale, la formation qualifiée devient inexistante pour les marocains. Celle-ci s’est vu divisée en deux sortes d’enseignement : Un programme de formation professionnelle destiné aux jeunes européens et un enseignement destiné aux marocains qui aboutissaient à des formations non qualifiantes.

Ce n’est qu’à partir de 1945, dans un contexte politico-économique favorable à l’introduction des réformes et à la réalisation de grands projets de développements, visant au fond à prolonger le régime colonial, qu’il a été décidé l’organisation de nouvelles structures de formation plus ouvertes aux jeunes marocains, visant à former des ouvriers qualifiés ou semi-qualifiés pour les métiers de commerce, de l’industrie et de l’agriculture coloniale.

Après l’indépendance, le Maroc s’est retrouvé face à une situation précaire, caractérisée par la pénurie de main d’œuvre qualifiée, autochtone et par la dépendance économique et culturelle à l’égard de la puissance coloniale.

Le Maroc indépendant allait assigner à l’éducation, en général, et à la formation professionnelle en particulier, un rôle prépondérant dans le développement social et économique du pays.

Au cours de cette période, les principales caractéristiques de la formation professionnelle étaient la diversité et l’instabilité des organismes de coordination et d’exécution des politiques, et des plans de développement de la formation professionnelle.

Un processus de réforme de la formation professionnelle s’est enclenché depuis les années 80 pour faire face à une demande en formation de plus en plus importante et diversifiée et aux nouvelles exigences de l’appareil de production.

En 1963, fut créé le Haut-Commissariat de la Formation Professionnelle qui avait pour but de contrôler, concevoir et coordonner l’action de formation professionnelle. Il a été remplacé en 1964 par le Secrétariat d’État à l’Enseignement Technique et à la Formation Professionnelle. Mais c’est en 1974 que paraît la première et importante législation sur la formation professionnelle

travail (OFPPT). Ce dernier apparaît comme l’opérateur principal de l’État et entend jouer un rôle clef en apportant à l’économie nationale le flux vital de compétences et de qualifications nécessaires à son développement.

2.2. Financement de la formation professionnelle continue au Maroc : Le financement de la formation professionnelle est assuré, depuis la création de l’Office, par le produit de la taxe à la formation professionnelle, instauré sur proposition du ministre du Travail et des Affaires sociales et du ministre des Finances depuis le 4 avril 1974 au profit de l'OFPPT. [40]

Elle est exclusivement à la charge des employeurs et calculée sur l'ensemble de la rémunération brute mensuelle perçue par chaque salarié, y compris les indemnités, primes..., portant ainsi depuis 1986 à 1,6 % de la masse des salaires bruts.

Ce financement est destiné à couvrir les frais de fonctionnement tandis que l’investissement (construction, équipement) est assuré dans le cadre du budget général de l’État.

Au regard de l’analyse des grandes tendances d’évolution du système, une série de problématiques et de dysfonctionnements peuvent être relevés :

- En premier lieu, le développement de la formation continue, principale motivation de la création de l’OFPPT et de la Taxe de la Formation Professionnelle est resté embryonnaire jusqu’en 1996 et ne touchait annuellement que 3 à 4 % des salariés déclarés à la CNSS. De plus, depuis sa mise en place, la formation professionnelle s’est toujours caractérisée par la multiplicité des acteurs et des centres de décision certes, source de richesse, mais également source de difficultés, voire d’inefficacité, de la gouvernance du système.

- Quant à la problématique du financement qui a toujours revêtu un caractère déterminant dans l’évolution du système, se pose à la fois en termes de sources de financement et de gestion du système, d’affectation des ressources mobilisées et de maîtrise des coûts. Actuellement, la structure du financement du système est constituée essentiellement du Budget Général de l’État, du produit de la taxe versée par les entreprises, la contribution des familles qui supportent les frais de formation dans le secteur privé et enfin les dons mobilisés au cours de ces dernières années dans le cadre de la coopération internationale. [40]

Chacune de ces sources de financement présente des limites et des contraintes qui pèsent sur le fonctionnement global du système et sur sa capacité à faire face aux besoins de développement quantitatifs et qualitatifs de la formation.

2.3. Nouvelle loi 60-17 relative à l’organisation de la formation continue : [41]

Par ailleurs, le Maroc d’aujourd’hui est devenu de plus en plus conscient des enjeux économiques et sociétaux du « Life long Learning ».

Publiée le 29 octobre 2018 dans le bulletin officiel, la loi N-60.17 relative à l’organisation de la formation continue est composée de 32 articles, dans lesquels sont détaillés les mécanismes organisant la formation continue au profit des salariés du secteur privé, de certaines catégories de personnels des établissements et entreprises publiques, et d’autres personnes non-salariées qui exercent une activité privée. [42]

Son 2éme Article souligne l’intérêt de la formation continue dans le développement des qualifications et des compétences dans le but d’accompagner les évolutions technologiques permettant l’épanouissement social et professionnel de la personne, mais aussi l’amélioration de la productivité et la compétitivité de l’entreprise.

Quant à l’article 7, il énonce le rôle des instances professionnelles et syndicales dans la médiatisation et la sensibilisation sur l’importance de la formation continue.

Il définit aussi l’intérêt du recensement des compétences dans l’identification des besoins en formation et la nécessité de mesurer l’impact et les résultats du système de formation continue. Cet article précise également le volume d’horaires éligible à la validation de la formation qui est de 3 jours de travail par an cumulables sur une période de 5 ans.

L’article 9 nomme les organisations prestataires des activités de formation continue telles que les institutions de l’enseignement supérieur, les institutions publiques travaillant dans le domaine de la formation et les établissements publics ou privés qui présentent des services de formation continue dont les critères d’accréditations seront précisés ultérieurement.

L’article 11 donne droit à toute personne qui a effectué une activité de formation continue la possibilité de valider ses acquis professionnels à travers un diplôme ou une attestation certifiante.

L’article 12, confie à l’OFPPT la gestion du système de formation continue à travers la création d’un nouveau conseil d’administration dédiée exclusivement et de manière indépendante à la formation continue. Il lui

incombera l’étude des dossiers de demande de financement des activités de formation continue, la réalisation des partenariats pour l’élaboration des programmes ainsi que le suivi et l’évaluation de la réalisation des programmes de formation continue… [43]

Cette formation professionnelle continue est amenée à répondre à la demande sociale de formation en cohérence avec les besoins de l’environnement et à jouer un rôle majeur dans le développement durable du pays et particulièrement dans l’amélioration de la compétitivité, de la cohésion sociale et territoriale.