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II. L’ubérisation de l’officine

1. La digitalisation de l’officine

1.1. La e-santé

L’e-santé est originaire du terme e-Health apparu en 1999 lors d’une conférence du septième congrès international de la télémédecine en Australie (48). C’est John Mitchell qui est le premier à avoir défini ce terme. Pour lui, l’e-santé est l’utilisation simultanée d’internet et des technologies de l’information à des fins éducationnelles, cliniques et administratives, que ce soit sur place ou à distance. Le terme est maintenant défini par le CNOM (conseil national de l’ordre des médecins) comme tout ce que l’on utilise pour la transformation numérique du système de santé et au-delà, c’est-à-dire le secteur médical et social. Il comprend également le e-commerce qui correspond à une dématérialisation de toutes sortes d’activités. Il y a eu un certain enthousiasme de la part des entrepreneurs lorsque ce terme est sorti.

L’HAS émet une autre définition par le fait que l’e-santé comprend un vaste domaine d’applications des technologies de l’information et de la télécommunication pour le service de la santé. La HAS (49), dans ce domaine, a pour mission de surveiller les logiciels des professionnels de santé (Dossiers médicaux électroniques, logiciels d’aide à la prescription, à la dispensation…), la télémédecine (pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication) comprenant la téléexpertise (demande à distance d’un deuxième avis médical), la téléconsultation (consultation médicale à distance), la santé mobile (les applications de santé sur smartphone) et les campagnes d’informations des utilisateurs de ces pratiques.

Enfin, la commission européenne et l’OMS définissent le terme comme « l’utilisation des technologies de l’information et de la communication à l’ensemble des activités en rapport avec la santé et la fourniture des soins à distance » (50).

L’essor de ce système a été développé par les NTIC et permet de supprimer les distances entre professionnels de santé et patients.

L’e-santé est un domaine très vaste mais qui peut apporter de nombreux bénéfices car elle utilise un grand nombre de technologies dans différents domaines. Elle permet de pouvoir soigner, gérer et partager autrement les informations sur les maladies et sur toutes les données de santé des individus. C’est un réel bénéfice pour le système de santé car elle permet de prendre en charge de manière plus globale la santé de l’ensemble de la population par de la prévention sanitaire ou des risques à domicile, en assurant la sécurité du patient et en l’accompagnant, en améliorant l’accès aux soins, en effectuant le suivi patient, en informant la population et en la conseillant sur les meilleures options de santé.

Cependant, d’après une étude qui s’est déroulée en 2014-2015, la France ne cherche pas à bénéficier des avantages de l’e-santé comme le fait le Royaume Unis ou encore les Etats-Unis (51). La France n’arrive pas à créer des startups e-santé qui sont numéro 1 à l’échelle internationale.

Dans un premier temps, elle sous-exploite le système de e-santé ce qui n’apporte pas de réel bénéfice aux patients et la croissance de l’économie française ne se développe pas comme elle le voudrait avec le marché de la e-santé. L’e-santé peut permettre de créer un très grand nombre d’emplois et la France continue à sous-exploiter ce domaine. Le marché est dominé par les petites entreprises comme les start-ups de télémédecine, les start-ups innovantes comprenant des technologies permettant de mieux se soigner et avec un meilleur suivi comme l’entreprise Sigfox ou Samsung (start-ups d’objets connectés) qui ont eu un réel succès, les PME (Petites et moyennes entreprises) qui développent, commercialisant des nouveautés comme des applications mobiles santé, des dispositifs d’aide au maintien à domicile. Cependant ces petites

entreprises ne reçoivent pas beaucoup d’investissements. Alliance e-Health France prend petit à petit son essor pour pouvoir représenter toutes ces petites entreprises innovantes et transmettre de meilleurs informations aux autorités publics pour que celles-ci puissent se retrouver dans la légalité au point de vue sanitaire.

Dans un deuxième temps, le système e-santé ne se développe pas de manière maîtrisée et cohérente avec les pouvoirs publics. Les concepts de ces innovations ne sont pas toujours très clairs. C’est pour cela que l’ASIP (Agence des Systèmes d’Informations Partagées de santé), la DSSIS (Délégation à la Stratégie des Systèmes d’Information Santé) et la DGOS (Direction Générale de l’Offre des Soins) veulent développer l’e-santé dans un cadre maitrisé afin que les projets puissent obtenir un soutien de la part des pouvoirs publics comme le financement de ces innovations.

A l’inverse de la France, les pays étrangers favorisent le développement de l’e-santé grâce aux raisons suivantes:

- L’accès au soin est facilité grâce à l’e-santé car les pays étrangers sont en manque d’effectifs de médecins notamment dans les zones rurales.

- Ils facilitent le développement de ces start-ups innovantes et leurs capacités à pouvoir diffuser rapidement la nouveauté sur le marché.

- Les finances publiques soutiennent financièrement les projets e-santé à l’étranger. - Ils encouragent le développement de l’e-santé à l’international.

- La e-santé à l’étranger permet de faciliter les échanges avec les utilisateurs de ce système notamment les professionnels de santé.

- Ils ont mis en place des outils permettant de prendre en charge les services e-santé comme par exemple le remboursement des actes de télémédecine.

- Les pays en avance dans l’e-santé mettent le patient au centre des services qu’offre le système d’e-santé, comme la mise en place de plateformes publiques délivrant des informations et des services.

Les pays les moins en avance en matière d’e-santé sont le Brésil et l’Allemagne. La France est un pays moyennement avancé. Le Canada, la Norvège et Dubaï sont avancés dans le secteur de l’e-santé et les pays les plus développés dans ce secteur sont le Royaume Uni, l’Espagne, les Etats unis et le Japon.

La France possède un grand nombre de professionnels et d’établissements de santé par rapport aux autres pays. L’accès au soin est très bon mais ce qui empêche le développement de ce secteur est qu’ils ont un problème d’organisation des soins. La France fait quand même des efforts pour déployer l’e-santé et depuis les dernières élections présidentielles, le sujet est présent dans les programmes électoraux (52). Ceci montre bien que notre pays évolue dans ce secteur.

1.1.1. Les composants e-santé

L’e-santé a permis d’établir un lien entre les différents acteurs (professionnels de santé et patients) et ce système est né grâce aux ordinateurs, aux appareils connectés et aux objets connectés.

Celle-ci est composée de 7 secteurs (50) :

- La télémédecine qui est définie par l’utilisation de la télécommunication pour pouvoir transmettre des informations médicales émises par des médecins via une webcam afin d’obtenir à distance un diagnostic de maladie, un avis d’un spécialiste, une surveillance étroite et continue d’un patient malade ou alors une autorisation de décision thérapeutique.

- Les systèmes d’informations qui comprennent des logiciels d’aide à la dispensation, à la prescription, le DMP (dossier médical partagé), le DP (dossier pharmaceutique), le PACS (logiciel d’examens d’imageries médicales) ou encore les dossiers de réunions de prises de décisions. Tous les systèmes d’informations permettent d’échanger, de partager, d’analyser, d’obtenir des données relatives aux patients.

- Le big data qui correspond à l’ensemble des données numériques concernant la santé et se retrouvant dans les bases de données publiques ou privées (données d’assurance maladie, réseaux sociaux…) afin de les utiliser pour assurer une meilleure gestion de notre système de santé et pour pouvoir assurer plus de prévention.

- Le e-learning qui permet de dispenser des formations à distance aux professionnels de santé via internet.

- Le serious game qui se compose d’un jeu vidéo dans le domaine de la santé permettant de transmettre un message et d’informer à travers le caractère ludique et divertissant que procure le jeu.

- Le MOOC qui permet d’accéder gratuitement à des cours en ligne par les plus grandes universités du monde dans tous les secteurs notamment la santé.

- La m-santé ou santé mobile qui utilise les smartphones (applications mobiles, internet mobiles, appel, SMS) et les matériels connectés (objets connectés) dans le domaine de la santé et permettant d’obtenir des informations de santé via ce support.

1.1.2. Les producteurs e-santé

Les acteurs de l’e-santé sont responsables de la création de ce secteur et permettent d’alimenter son contenu (50). Ils sont divisés en 6 catégories :

- L’industrie pharmaceutique qui doit faire face à la perte de brevets. Pour cela elle doit utiliser le numérique pour renforcer son business model. Cela passe par la mise en place de nombreux services comme des systèmes de communication digitale et des dispositifs médicaux connectés. Le développement e-santé de ce secteur est encore trop lent à cause des nombreuses contraintes réglementaires qui s’appliquent aux laboratoires.

- Le gouvernement est impliqué dans l’e-santé. En effet, le ministre des affaires sociales et de la santé et l’hôpital numérique s’occupe de ce secteur en réalisant de nombreux travaux dans la e-santé comme l’accompagnement des professionnels et des établissements de santé dans la mise en place de l’informatisation des dossiers patients, leurs compétences en e-santé, la vérification de la sécurité des données et le soutien de la recherche dans ce domaine.

- Les start-ups et objets connectés qui succèdent aux idées innovantes comme par exemple les balances, les auto-tensiomètres et les montres connecté(e)s. assurant de manière simplifiée le suivi des patients atteints de maladies chroniques et les personnes âgées.

- Les patients par leur volonté de vouloir avoir accès aux informations de santé via internet et de partager leurs expériences sur une maladie qu’ils ont eue par l’intermédiaire des réseaux sociaux.

- Les professionnels de santé qui utilisent ce système dans leur quotidien par l’intermédiaire d’internet, d’applications mobiles de santé et de nombreux autres domaines.

1.1.3. Les enjeux et freins de la e-santé

Concernant les enjeux, l’e-santé est là pour permettre d’accéder à des soins dans des zones subissant des désertifications médicales comme les zones rurales par exemple (50). Les patients deviennent dans ce cas des acteurs de leur santé.

Dans un deuxième temps, elle permet aux professionnels de santé d’obtenir un gain de temps au travail car ces outils permettent d’avoir une aide pour le diagnostic des maladies et pour prendre des décisions.

Enfin, elle apporte un gain financier pour l’hôpital par rapport aux nombreuses ressources qu’elle propose comme les dossiers médicaux, la prise de rendez-vous, la gestion de l’espace dans l’hôpital ou l’aide à la prescription.

Les freins au développement de l’e-santé sont dans un premier temps qu’il y a une difficulté de coordination des professionnels et des établissements de santé sur l’utilisation des logiciels. Le fait qu’ils utilisent tous des logiciels différents ne permet pas de pouvoir accéder à toutes les données d’e-santé. Les logiciels ne peuvent pas se synchroniser et échanger leurs données lorsqu’ils sont différents. C’est pour cela que l’ASIP, a voulu mettre en place un système d’échange des données de santé. Ce système peut être consulté par tous les acteurs de l’e-santé. Dans un second temps, la France est très stricte dans le domaine de la protection des données personnelles, alors que l’e-santé comprend le big data correspondant à l’ensemble des données numériques concernant la santé et se retrouvant dans les bases de données publiques ou privées (Données d’assurance maladie, réseaux sociaux…) et le big data est parfois utiliser pour assurer une meilleure gestion de notre système de santé et assurer plus de prévention. Il est donc difficile pour le système français de faire la part des choses entre protection des données et utilisation de ces données pour le big data.

Troisièmement, la certification de certains sites internet qui ne sont pas valides au point de vue qualitatif et sécuritaire dans le domaine de la santé.

Enfin, la m-santé possède un frein par rapport au fait que ces applications mobiles sont utilisées afin de saisir des données manuelles et ceci peut engendrer un certain ennui de la part des patients qui peuvent décider d’abandonner leur utilisation.

1.1.4. Exemples d’entreprises e-santé

CATEL est la première entreprise e-santé (53). Crée en 1997, elle a eu pour mission de participer au développement de la télésanté, de la e-santé et de la télémédecine. Didier Robin étant le président et Pierre Traineau étant le co-fondateur de cette entreprise, ils ont mis en place un système d’accompagnement permettant à différents projets dans le secteur de l’e-santé de pouvoir se développer. Ils aident les projets à plusieurs étapes de leur développement comme la formation, l’information, le conseil stratégique, la mise en relation ou l’accompagnement méthodologique.

Elle joue également un rôle dans l’épanouissement de ces projets au niveau international. C’est un acteur de l’e-santé en France. Il rassemble un grand nombre d’acteurs dans le domaine de la santé, du service à la personne, du social et de la formation.

E-Health France représentent les entreprises réalisant des solutions e-santé. Cette institution est très récente et a fait son apparition en 2017. Elle a pour objectif de faire croître une entreprise créatrice d’emplois dans le secteur de l’e-santé et dont son évolution peut moderniser le système de santé.

Une filière du numérique dans le secteur de la santé et du bien-être a été créé et s’appelle E- Health Tech. Celle-ci a pour but de développer des jeunes start-ups dans le secteur de la e-santé et du bien-être en France et elle touche tous les secteurs : réseaux sociaux, plateformes internet, applications mobiles, objets connectés, big data ou encore conversation via des plateformes numériques. Elle permet également aux plus grandes entreprises d’e-santé de pouvoir se développer à l’international afin de faire croître l’économie du pays dans le secteur de la santé. Afin de booster ce secteur, il y a eu l’apparition d’hackatons e-santé permettant aux participants de pouvoir trouver une idée innovante en 48h dans le domaine de l’e-santé (54). L’ordre national des pharmaciens a de ce fait, créé son propre hackaton qu’il nomme « HackingPharma ». Le hackaton le plus important étant HackingHealth créant des événements dans de nombreuses villes et dans près de 5 continents.