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La commission universitarisation

Dans le document MEUNIER-SCHOEN Pierrette (Page 88-92)

2.3 Le projet institutionnel

2.3.3 La commission universitarisation

C’est avec un recul de six mois que nous relatons ce qui s’est passé à partir de notes prises et de comptes rendus. Ces données (Cf. Annexe 6 : compte rendu des réunions universitarisation) renseignent sur la démarche suivie par le groupe, le temps de cette commission, actuellement terminée. Le processus de la mise en œuvre de l’universitarisation continue d’évoluer, le C.O.D.I.R mène seul les démarches en concertation avec le C.A. Aussi, nous vous livrerons notre lecture toute empirique quelle soit, de cette démarche, à partir d’une position « d’apprenti chercheur » impliqué. Cela nous obligera en fin de chapitre à faire un détour sur notre participation et présenter les questionnements qui se sont posés à nous, préalables à la suite de notre recherche.

Composée des trois Directeurs de chaque I.F.I, du Directeur Pôle Recherche et Développement qui pilote les réunions, et d’un représentant formateur121 par institut

(pédicurie-podologie, ergothérapie, masso-kinésithérapie), cette commission s’est

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réunie quatre fois durant l’année scolaire 2009 : janvier 2009, mars 2009, juin 2009, et septembre 2009, dernière réunion de cette commission.

Ces réunions ont lieu en fin de journée, pendant deux heures, dans la salle de réunion du Conseil d’Administration. Elles sont un lieu d’échanges entre ces différents membres pour décider des orientations à prendre et des actions à mener.

• Le temps des interrogations

Quelle stratégie mener au niveau interprofessionnel ? Tel a été le thème de la première réunion. Est-il préférable de commencer par

- Développer en aval un montage de Master en formation continue sur les champs communs aux trois professions : Rééducation-Réadaptation-Réhabilitation pour donner accès aux professionnels (anciens étudiants avec expérience professionnelle) d’accéder à une autre certification, si tenté qu’un partenariat soit possible avec plusieurs branches universitaires ? Ou de :

- Préparer en amont, les I.F.I au nouveau contexte en procédant par différentes étapes, à plusieurs niveaux : niveau politique, niveau organisationnel et institutionnel, niveau pédagogique ?

La première démarche choisie sera de consulter les conseillers scientifiques de chaque filière métier pour explorer les pistes possibles. Une réunion du CODIR avec les conseillers scientifiques, donne comme orientation l’idée d’abandonner la visée du master compliquée à mettre en place. Il s’agit plutôt de s’ancrer dans une licence transversale aux trois professions, avec une branche commune sur « la mécanique et le mouvement » et sur les sciences humaines et sociales qui aurait pour socle le handicap, champ commun aux trois métiers. Dans l’esprit, cela légitime à la fois les métiers et l’association. Il est réaffirmé aussi de ne pas « sortir du champ de la santé ». Une licence reconnue, bâtie en commun devrait ensuite s’ouvrir au master avec un tronc commun. Il est aussi discuté le grade licence / licence et D.E. Il est rappelé que la dimension d’universitarisation implique des enseignants chercheurs dans le cursus et dans les jurys d’examen.

• Le temps de l’exploration

La deuxième réunion est consacrée au relevé des données que les membres de la commission ont pu collecter.

Diverses démarches sont menées auprès d’instances universitaires et autres instituts de formations publics notamment ceux organisés sur le modèle de l’I.U.P (Institut

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Universitaire Professionnalisé), pour saisir des données et mesurer les opportunités qui pourraient s’offrir à l’I.F.P.E.K. Ces démarches menées collectivement ou individuellement par les Directeurs, ravivent l’espoir pour une des catégories professionnelles (les masseurs kinésithérapeutes) d’intégrer le cursus de L1 Santé122 ,

espérant un autre grade que celui de la licence, proposé par le Ministère. La position de ce groupe professionnel se justifie, pour bon nombre d’I.F.M.K, par le recrutement d’une année de médecine validée avant l’admission au centre de formation I.F.M.K. Référence est faite aux I.U.P de Lyon et Lille qui ont obtenu un niveau Master. Cette question n’est pas encore tranchée nationalement et la pression de ce groupe professionnel est encore vive.

Ce temps d’exploration en tant que temps d’actions et récolte d’informations met en exergue des différents points de vue des professionnels selon la filière métier.

• Le temps de la décision

La troisième réunion entérine le fait qu’il faille construire une licence et un master qui soient propres à l’I.F.P.E.K, pour devenir « un pôle d’excellence et de référence » dans le paysage breton. Il est d’ailleurs évoqué une licence rennaise, sur le handicap. Des contacts sont pris avec les différents acteurs du tissu local (E.H.E.S.P123.notamment)

pour collaborer à cette construction. L’idée de licence devient le compromis trouvé entre les trois I.F.I. Le choix du nom de cette licence sera évoqué comme préalable, marquant ainsi l’empreinte symbolique de l’institution, comme socle d’une culture commune. A la suite de cette réunion, nous nous engagerons dans un sondage auprès de l’ensemble du personnel formateur de l’I.F.P.E.K. (Cf. Annexe 7 : Résultats sondage)

• Le temps de préparation de la mise en œuvre

Les directives nationales se précisent. Un nouveau texte officiel datant du 5/05/09 vient modifier les agréments des instituts de formation paramédicale. En substance, un Directeur peut diriger plusieurs instituts de formation paramédicale sans être obligatoirement de la filière métier, comme les précédents textes le formulaient. Il

122 L1 est la licence santé réservée exclusivement pour le Ministère aux filières de médecine, sages femmes, dentaire et pharmacie. Cette licence est actuellement baptisée : première année commune aux études de Santé (plaquette Rennes I, mars 2010). Les professions paramédicales (infirmiers, kinésithérapie, pédicurie, ergothérapie), actuellement ne font pas partie de cette licence commune aux études de santé, hormis quelques instituts de formation ayant bénéficié d’un accord à titre expérimental, antérieur à la réforme d’universitarisation, celui-ci étant entériné de fait.

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indique également les titres que doivent posséder Directeurs et formateurs permanents. Auparavant le titre requis était le Diplôme Cadre de Santé maintenant celui-ci doit s’accompagner d’un titre équivalent homologué II, correspondant aux titres universitaires. Ce dernier texte n’est pas sans soulever quelques commentaires parmi les membres de la commission surtout vis-à-vis du métier : Comment est-il possible qu’un Directeur ne soit pas issu de la même filière métier que celui qu’il enseigne et développe ? Et quel véritable diplôme exiger des formateurs permanents, sachant que certains ont entamé des études universitaires, d’autres pas ? Telles sont les premières questions qui font appréhender l’approche de la réalité universitaire. Au niveau national, la plupart des référentiels formation sont prêts et attend la validation sauf celui des kinésithérapeutes, bloqué par l’ensemble de leurs organisations professionnelles et syndicats qui ne désolidarisent pas le contenu de la formation, du mode de recrutement et du grade souhaité (M1voire M2). Un « bras de fer » s’est établi avec le Ministère, empêchant toute avancée sur le terrain. Ce conflit est partagé par les formateurs et Directeur de l’I.F.M.K présents à la commission, qui souhaitent que le groupe intègre cette exigence, rendant caduque la construction d’une licence commune. Parallèlement à ces préoccupations concrètes d’un début de mise en œuvre pour l’universitarisation des trois instituts de formation initiale, l’autre volet concernant la filière master, avance dans un partenariat avec l’E.H.E.S.P, A.E.S (Administration Economique et Sociale) de Rennes II, Les Hautes Ecoles libres de Lausanne et Bruxelles124, Handicap International, sur un projet de Master 2 titré :

« Santé publique, situation de handicap, participation sociale125 », qui sera effectif

rentrée 2010.

Cette dernière réunion 2009 marquant les premiers pas de l’I.F.P.E.K vers la mise en œuvre de l’universitarisation avec la réalité palpable des contraintes, montre la fragilité de la coopération interprofessionnelle, rappelant les divisions déjà observées au niveau national.

Parallèlement aux commissions, le CODIR entreprend des démarches pour positionner le projet d’universitarisation et obtenir un conventionnement avec une Université. Nous donnerons un aperçu des négociations avec l’Université Rennes 1 d’après les informations qui nous été transmises par la Déléguée Générale. Celles-ci sont incomplètes mais marquent un tournant dans la stratégie décidée lors des commissions.

124 Ces hautes écoles font partie d’un groupe GIFFOC (Groupement International Francophone) 125 Source : Bulletin d’informations I.F.P.E.K, n° 11.

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• Les démarches du C.O.D.I.R

Des démarches sont effectuées auprès de l’U.F.R Médecine de Rennes 1 pour discuter du conventionnement et de la mise en œuvre avec un chargé de mission aux formations paramédicales. Le flux des entrants et sortants reste la question la plus discutée, les kinésithérapeutes envisageant le recrutement des étudiants de première année de médecine validée. Mais comment L’U.F.R de médecine devant intégrer pharmacie en sus des étudiants de dentaire et maïeutique peut-il intégrer tous ces flux, compte tenu déjà d’une estimation à plus de mille cinq cents étudiants sur la région Bretagne ? La mise en place de la première année commune aux études de santé devant être effective dès la rentrée 2010. Qui garantit que les flux ne vont pas grossir exagérément, si la kinésithérapie recrute avec une année de médecine validée ? D’autres questions sont soulevées telles que la nécessité de la création d’une licence alors que le grade est déjà acquis. N’y aurait-il plus d’intérêt pour l’I.F.P.E.K à monter l’ensemble de la filière L.M.D en se projetant dans le futur et rechercher des conventionnements également avec d’autres Universités bretonnes déjà engagées dans ce processus ? Ce dernier questionnement conduira l’I.F.P.E.K à reconsidérer son projet Licence et à envisager éventuellement un autre projet.

Dans le document MEUNIER-SCHOEN Pierrette (Page 88-92)