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L p versus L p

Dans le document Mesure et Intégration (Page 184-189)

angulaire, mais n’est pas une norme. Nous allons pallier ce défaut en définissant des cousins des espaces Lp, les espaces Lp; la définition est conceptuellement compliquée, mais concrètement facile à maîtriser.

Ces espaces sont des espaces normés par} }Lp (inégalité de Minkowski, théo-rème10.25) et complets (théorème de Fatou10.27).

L’autre notion importante de ce chapitre est celle d’exposé conjugué: si1ĺpĺ 8, leconjuguédepest le nombre1ĺqĺ 8défini par

1 p` 1

q “1.

L’inégalité de Hölder(théorème10.17) affirme que, sif P Lp etg P Lq, avecp etqconjugués, alorsf gest intégrable et

ˇ ˇ ˇ ˇ ż

f g ˇ ˇ ˇ ˇĺ

ż

|f g| ĺ }f}Lp}g}Lq.

L’inégalité de Cauchy-Schwarzs’obtient en prenantp“q “2dans l’inégalité de Hölder.

Dans la section10.4, nous énonçons lethéorème de représentation de Riesz10.30, qui de manière informelle montre que l’inégalité de Hölder est la seule inégalité possible dans les espacesLp avec1ĺpă 8.

Dans tout le chapitre, pX,T, µq est un espace mesuré fixé. f, g, etc. : X Ñ R sont des fonctions mesurables. Même sans mention explicite, la mesurabilité des fonctions concernées est assumée dans chaque énoncé. Le p. p. est relatif à la mesureµ.

Compétences minimales attendues.

a) Comprendre la différence entreLp etLp. b) Comprendre la définition deL8.

c) Savoir montrer qu’un objet est bien défini pour une classef PLp. d) Savoir utiliser les inégalités de Hölder et Minkowski.

e) Savoir utiliser le théorème de Fatou et son corollaire.

˛

10.1 L

p

versus L

p

Dans cette section, nous définissons lesespaces de LebesgueLpetLpet donnons quelques éléments pour comprendre les règles de calcul dansLp.

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10.1 Définition(Espaces de LebesgueLp).

a) Si1ĺpă 8, }f}Lp :“

ˆż

|f|p

˙1{p

“ ˆż

X

|f|p

˙1{p

. b) Sip“ 8,

}f}L8 :“esssup|f|:“mintM P R;|fpxq| ĺM p. p.u.

c) Lp “LppX, µq:“ tf :X ÑR; }f}Lp ă 8u.

10.2 Définition(Espaces de LebesgueLp).

a) Lp “ LppX, µq :“ Lp{ „. Ici,„est l’équivalence f „ g si et seulement si f “gp. p.

b) Sif PLp, alors nous posons}f}Lp :“ }g}Lp, oùgest une fonction arbitraire de la classe d’équivalence définissantf.

10.3 Remarque.

a) La définition}f}Lp :“ }g}Lp est correcte, au sens où}g}Lp ne dépend pas du choix de g dans la classe de f, mais ceci demande une preuve ; voir l’exercice 4.21b). En particulier, ceci implique que, sigPLpeth„g, alorshPLp.

b) Voici une conséquence de l’item a). Nous pouvons définir de la même manière}f}Lp, 1 ĺ p ĺ 8, sif est une classe d’équivalence detg : X Ñ R;gmesurableupour„.

Nous avons alors la définition équivalente deLp:

Lp :“ tf;fest une classe d’équivalence telle que}f}Lpă 8u. ˛ 10.4 Notation. Par abus de notation, et bien qu’un élément deLpsoit une classe d’équi-valence et non pas une fonction, nous écrivons

}f}Lp “ ˆż

|f|p

˙1{p

, si1ĺpă 8.

Le sens de cette égalité est que pour tout représentantgdef, l’égalité précédente est vraie si nous remplaçons à droitef parg.

Abus de notation analogue dansL8. ˛

Nous continuons par deux remarques essentielles pour comprendre, d’une part, le sens des énoncés concernant les espacesLp, d’autre part, la façon de défi-nir les opérations dans les espacesLp.

EspacesLp 10.1LpversusLp

10.5 Remarque. Lorsqu’il s’agit d’une propriété des espaces Lp, la première question à se poser est si sa preuve (qui fait intervenir des fonctions, et non pas des classes) est indépendante du choix de la fonction dans la classe d’équi-valence.

Illustration pour l’inégalité de Cauchy-Schwarz (théorème10.17avecp“ q“2). Pour prouver cette inégalité, nous allons montrer que

ż

|f1g1| ĺ ˆż

|f1|2

˙1{2ˆż

|g1|2

˙1{2

, @f1, g1 :X ÑR. (10.1) En prenant, dans (10.1), f1 dans la classe de f et g1 dans la classe de g, nous obtenons

ż

|f1g1| ĺ }f}L2}g}L2.

Pour conclure, il suffit de montrer que f1g1 est dans la classe def g; or, ceci découle de l’exercice10.10b).

10.6 Remarque.

a) Si1ĺpă 8etf PLp, alors la proposition6.23(appliquée à|f|p) et la remarque6.22 montrent qu’il existe, dans la classe d’équivalence def, une fonctiongfiniepartout.

b) Si f P L8, soit A :“ tx P X;|fpxq| ą esssupfu. Alors A P T est négligeable, d’oùg “f χAc est dans la classe def. Notons quegest, par construction, bornée, en particulier finiepartout.

c) Ainsi, lorsque nous travaillons avec une classef deLp, nous pouvons toujours consi-dérer un représentant finipartout(et, sip“ 8, borné).

d) En particulier, si f, g P Lp alors nous pouvons définir la classe f `g comme celle de f1 `g1, avecf1 (respectivement g1) dans la classe de f (respectivementg) finie partout. Dans l’esprit de la remarque10.5, nous laissons au lecteur le soin de vérifier que la classef `gobtenue ne dépend pas du choix def1etg1. ˛ La remarque suivante montre que l’espaceLppX, µqn’est pas, dans un sens à préciser, plus riche que l’espaceLppX, µq.

10.7 Remarque. Nous pouvons identifier de manière naturelle les classes d’équivalence des fonctions T-mesurables etT-mesurables. En effet, soit f1 : X Ñ Rune fonction T-mesurable. Alors (proposition4.19a)) il existe une fonctionT-mesurableg1 :XÑR telle quef1“g1 µ-p. p. (ou, ce qui est équivalent, telle quef1“g1µ-p. p.).

Notons : f la classe de f1 par rapport à pX,T, µq, g la classe de g1 par rapport à pX,T, µq,Gla classe deg1 par rapport àpX,T, µq. Par choix deg1, nous avonsf “ g.

Par ailleurs, nous avonsGĂg(vérifier). L’applicationf ÞÑGest bien définie et bijective, de réciproqueGÞÑg(vérifier).

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Cette identification naturelle s’étend aux espaces Lp : si f1 P LppX, µq, alors les classes respectives satisfontf PLppX, µqetGPLppX, µq, ce qui donne une bijection na-turelle,f ÞÑG, entreLppX, µqetLppX, µq. Cette bijection préserve la norme :}f}LppX,µq“ }G}LppX,µq(vérifier).

En particulier, nous pouvons identifierLppRn, λnqàLppRn, νnq. ˛

Exercices

Cet exercice donne quelques propriétés simples de} }Lp. L’item d) est particu-lièrement important de point de vue théorique.

10.8 Exercice.

a) }tf}Lp “ |t| }f}Lp,@tPR,@f :XÑR(avec la convention0¨ 8 “0).

b) Sif “gp. p., alors}f ´g}Lp “0et}f}Lp “ }g}Lp. c) }f}Lp “0si et seulement sif “0p. p.

d) La définition de}f}L8 est correcte, au sens suivant. SoitA :“ tM P r0,8s;|fpxq| ĺ M p. p.u. Montrer queAest non vide et a un plus petit élément,m. Cetmest le plus petit nombreCder0,8savec la propriété|fpxq| ĺCp. p., et doncm“ }f}L8. e) }f `g}Lp ĺ }f}Lp` }g}Lppourp“1etp“ 8. (Ici,f, g:XÑR.) ˛

La définition de } }L8 est assez absconse. L’exercice suivant donne un cas où }f}L8 “sup|f|.

10.9 Exercice. SoitU un ouvert deRn, muni de la mesure de Lebesgue surBU. Sif P CpUq, montrer que}f}L8 “sup

U

|f|. ˛

L’exercice suivant montre que la relation „« commute » avec les opérations sur les fonctions.

10.10 Exercice. SoitpX,T, µq un espace mesuré. Nous considérons des fonctionsf, g : X Ñ R(pas nécessairement mesurables). Montrer que la relation d’équivalence «f „g si et seulement sif “gp. p. » a les propriétés suivantes.

a) Sif „f1etg„g1, alorsf`t g „f1`t g1,@tPR(à condition que les fonctions soient finies en tout point).

b) Sif „f1 etg„g1, alorsf g „f1g1.

c) Sif „get siΦ :RÑR, alorsΦ˝f „Φ˝g.

d) Dans cette question,X:“Rnetµ:“λn. Soitτhfpxq:“fpx´hq,@x, hPRn. Sif „g,

alorsτhf „τhg,@h. ˛

Dans le même esprit, nous mentionnons la propriété suivante, utilisée dans la définition du produit de convolution (dans le chapitre11).

EspacesLp 10.1LpversusLp

10.11 Exercice. Nous munissonsRnde la mesure de Lebesgue. Soientf, g, f1, g1 :Rn Ñ R, avecf „f1etg„g1. SoitxPRn. Montrer queh„h1, où

hpyq “fpx´yqgpyq, h1pyq “f1px´yqg1pyq, @yPRn. ˛ L’exercice suivant introduit des espacestrès importants, lesespaces`p.

10.12 Exercice(Espaces`p).

a) Siµest la mesure de comptage, alors l’égalité p. p. équivaut à l’égalité. Ainsi, nous pouvons identifier naturellementLpetLp.

SiX“Nmuni de la mesure de comptage surPpNq, alors nous définissons

`p “`ppNq:“Lp “Lp, @1ĺpĺ 8.

b) Sipanqnest une suite indexée surnPN, montrer que }panqn}`p

#` ř

n|an|p˘1{p

, si1ĺpă 8 supn|an|, sip“ 8 .

c) Montrer que si1 ĺ p1 ĺ p2 ĺ 8, alors`1 Ă `p1 Ă `p2 Ă `8. De plus, ces inclusions sont « continues » : si1ĺpĺr ĺ 8, alors}panqn}`r ĺ }panqn}`p.

d) SoitpanqnP`p, avecpă 8. Montrer que pour toutrąpnous avonslimsÑr}panqn}`s “ }panqn}`r.

e) Si1ĺră 8etpanqnest une suite arbitraire, alorslimsŒr}panqn}`s “ }panqn}`r. ˛ Cet exercice est une suite « concrète » de la remarque « abstraite »10.7.

10.13 Exercice.

a) Nous travaillons danspRn,Ln, λnq. Montrer que toute classe d’équivalence contient un représentant borélien.

b) Même propriété si à la place deRnnous considérons une partie borélienne deRn.

c) Généralisation ? ˛

Un autre exercicefondamental. Nous le commenterons à sa fin.

10.14 Exercice. Nous supposonsµfinie.

a) Montrer que si1ĺp1 ĺp2 ĺ 8, alorsL8 ĂLp2 ĂLp1 ĂL1.

b) Soitf PLp, avecpą1. Montrer que pour tout1ĺr ă pnous avonslimsÑr}f}Ls

}f}Lr. ˛

†. Nous définissons de même`ppAq, avecAa. p. d.

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10.15 Remarque(Inclusions entre les espaces Lp). En général, il n’y a pas de relation d’inclusion entreLpetLq, avecp‰q: nous n’avons pasLp ĂLq.

Il existe deuxexceptions notables.

a) Si1ĺp1 ĺp2 ĺ 8, alors`1 Ă`p1 Ă`p2 Ă`8. Les espaces`pcroissent avecp.

b) Siµest finie et1ĺp1 ĺp2 ĺ 8, alorsL1 ĄLp1 ĄLp2 ĄL8. Siµest finie, les espacesLpdécroissent avecp.

Pour l’item a), voir l’exercice10.12c) ; pour l’item b), l’exercice10.14a).

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