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Classes particulières de mesures

Dans le document Mesure et Intégration (Page 60-66)

Démonstrations

Démonstration de la proposition4.19. Nous considérons uniquement le cas des fonctions à va-leurs dansR. L’autre cas est similaire.

Commençons par établir une propriété des fonctionsT-étagées. Soitf une fonction T-étagée. Doncf “ ř

nanχAn, avecAn PT,an PR, la somme comportant un nombre fini de termes.

SoitBnĂAn,BnPT, tel queAnzBnsoitµ-négligeable (justifier l’existence deBnen utilisant la proposition4.11). Avecg :“ř

nanχBn, nous avonsf ´g “ ř

nanχAnzBn. Il s’ensuit quef “gen dehors de l’ensembleYnpAnzBnq, qui estµ-négligeable (vérifier).

Conclusion : donnée une fonctionf T-étagée, il existe une fonctionT-étagéegtelle quef “gen dehors d’un ensembleµ-négligeableC.

a) «ùñ» Soitfnune suite de fonctionsT-étagées telle quefnÑf. SoientgnT-étagées etCnµ-négligeables tels quefn“gnen dehors deCn.

En dehors de l’ensembleµ-négligeableYnCn, nous avonsgn“fnÑf. En définissant

A:“ txPX; pgnpxqqna une limite dansRu

et g :“ χAlimngn, nous avons que g est T-mesurable (voir la proposition 3.34) et g“fen dehors de l’ensembleµ-négligeableYnCn.

«ðù» SoitCun ensembleµ-négligeable tel quef “gen dehors deC. Alors g´1p8qzCĂf´1p8q Ăg´1p8q YC,

ce qui montre quef´1p8q PT “T.

De même,f´1p´8q PT etf´1pBq PT siB PBR(vérifier). DoncfestT-mesurable (théorème3.5).

b) Nous avons (via l’exercice4.21)f T-mesurableðñ DhT-mesurable telle quef “h µ-p. p.ðñ DhT-mesurable telle queg“h µ-p. p.ðñgT-mesurable. CQFD

4.4 Classes particulières de mesures

Dans cette section, nous introduisons les principales classes de mesures : fi-nies, σ-finies,boréliennes, de Radon, et donnons quelques-unes de leurs propriétés fondamentales.

4.22 Définition. Une mesureµdéfinie sur un clan (ou tribu)C est : a) finiesiµpXq ă 8(et alorsµpAq ă 8pour toutAPC).

b) σ-finies’il existe une suitepAnqnľ0 ĂC telle que : i) X “ Ynľ0An.

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ii) µpAnq ă 8,@n.

c) de probabilité(ou probabilité tout court) siµpXq “1.

Les mesuresσ-finies joueront un rôle important entre autres dans le chapitre 8(mesures produit et leur utilisation). Une première illustration de leur utilité est le résultat suivant d’unicité.

4.23 Proposition. SoientC un clan dansXetµ12deux mesures surT pCq. Si : i) µ1pAq “µ2pAqpour toutAPC.

ii) Il existe une suitepAnqnľ0 ĂC telle queµ1pAnq ă 8,@n, etYnľ0An “X,

alorsµ1 “µ2. ˛

4.24 Définition. SoitpX, dqest un espace métrique.

a) Une mesureborélienneest une mesureµ:BX Ñ r0,8ssur les boréliens de X.

b) Une mesurede Radon dansRn est une mesure borélienne µdansRn telle queµpKq ă 8,@Kcompact.

Même définition pour une mesure surX, avecX ĂRnouvert ou fermé.

Si une mesure est à la fois borélienne et a des propriétés de finitude (voir les hypothèses du théorème 4.25), alors nous disposons de formules « explicites » pour calculer la mesure d’un borélien. Ceci est expliqué dans le résultat suivant, dont à la fois l’énoncé et la preuve sont relativement complexes.

4.25 Théorème. SoientpX, dqun espace métrique etµune mesure borélienne sur X.

a) Siµest finie, alors

µpAq “ suptµpFq; F fermé etF ĂAu

“inftµpUq; U ouvert etU ĄAu, @AP BX, (4.2) µpAq “ suptµpFq; F fermé etF ĂAu

“inftµpUq; U ouvert etU ĄAu, @AP BX. (4.3) b) Siµestσ-finie, alors

µpAq “ suptµpFq; F fermé etF ĂAu, @AP BX, (4.4) µpAq “ suptµpFq; F fermé etF ĂAu, @AP BX. (4.5) c) S’il existe une suitepUnqnľ0 d’ouverts deX telle queX “ Ynľ0Unet µpUnq ă

8,@n, alors nous avons (4.2)–(4.3).

Mesures 4.4 Classes particulières de mesures

d) S’il existe une suite pKnqnľ0 de compacts telle queX “ Ynľ0Kn et une suite pUnqnľ0 d’ouverts deX telle queX “ Ynľ0UnetµpUnq ă 8,@n, alors

µpAq “ suptµpKq; K compact etK ĂAu

“inftµpUq; U ouvert etU ĄAu, @AP BX, (4.6) µpAq “ suptµpKq; K compact etK ĂAu

“inftµpUq; U ouvert etU ĄAu, @AP BX. ˛ (4.7) Un cas particulier important du théorème4.25est celui des mesures de Radon dansRn; il s’applique en particulier à la mesure de Lebesgueνn.

4.26 Corollaire. Siµest une mesurede Radon dansRn, alors µpAq “ suptµpKq; K compact etK ĂAu

“inftµpUq;U ouvert etU ĄAu, @APBRn, (4.8) µpAq “ suptµpKq; K compact etK ĂAu

“inftµpUq;U ouvert etU ĄAu, @APBRn. (4.9) Énoncé analogue si nous remplaçonsRnpar un ouvert deRn.

Une conséquence immédiate du théorème4.25est le résultat suivant d’unicité.

4.27 Corollaire. Siµ1, µ2sont deux mesures de Radon dansRntelles queµ1pKq “ µ2pKqpour tout compactK ĂRn, alorsµ1 “µ2.

Énoncé analogue si nous remplaçonsRnpar un ouvert deRn. ˛ Exercices

4.28 Exercice. Siµestσ-finie, alorsXest une union a. p. d. d’ensembles d. d. d. de mesure

finie. ˛

4.29 Exercice. La mesure de comptage surNn’est pas finie, mais estσ-finie. ˛ L’exercice suivant permet de mettre en place un raisonnement du type : « si une propriété P est vraie pour les mesures finies, alors elle l’est pour les mesures σ-finies ».

4.30 Exercice(Une mesureσ-finie est limite de mesures finies). Soitµune mesureσ-finie sur la tribu T deX. Soit pXnqnľ0 Ă T avecµpXnq ă 8, @n et X “ YnXn. Posons µnpAq:“µpAX pX1Y. . .YXnqq,@APT. Alors :

a)µnest une mesure finie,@n.

b)µnÕµ(c’est-à-direµnpAq ÕµpAq,@APT). ˛

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L’exercice qui suit sera utilisé dans la preuve du théorème4.25.

4.31 Exercice. SoitpX, dqun espace métrique. SoitFun fermé deX. Soit Un:“ txPX;dpx, Fq ă1{nu, @nPN˚.

AlorsUnest un ouvert etUnŒF. ˛

Démonstrations

Démonstration de la proposition4.23. SoitpAnqnľ0ĂC telle queµ1pAnq ă 8,@n, etYnľ0An“ X. En remplaçant si nécessaire lesAnparBn :“A0Y. . .YAn, nous pouvons supposer queAnÕX.

Dans un premier temps, réduisons le problème au cas des mesures finies.

Comme dans l’exercice4.30, posonsµnjpAq:“µjpAXAnq,APTpCq,j“1,2,nPN.

Pour toutnPN,µn1 etµn2 vérifient les hypothèses i) et ii) de la proposition4.23(justifier) et, de plus,µn1 etµn2 sont finies (vérifier). Supposons montrée l’égalitéµn1 “µn2. Grâce au théorème de la suite croissante, nous obtenonsµj “limnµnj,j “ 1,2(justifier), et donc µ1 “µ2.

Ainsi, pour conclure il suffit de montrer queµ1 “ µ2 sous l’hypothèse i), si,de plus, µ1, µ2sont finies.

Soientµ12 deux mesuresfiniessurC, vérifiant i). Soit U :“ tAPTpCq; µ1pAq “µ2pAqu.

Nous avons C Ă U. Pour conclure, il suffit de montrer queU est une classe mo-notone (et d’invoquer le théorème de la classe momo-notone). Ceci résulte en appliquant à µj, j “ 1,2, le théorème de la suite croissante, respectivement le théorème de la suite décroissante. (Vérifier l’application de ces deux théorèmes, notamment dans le cas de la

suite décroissante). CQFD

Démonstration du théorème4.25.

a) Posons, pourAĂX,

µfpAq:“suptµpFq;F fermé etF ĂAu “suptµpFq;F fermé etF ĂAu, µopAq:“inftµpUq;U ouvert etU ĄAu “inftµpUq;U ouvert etU ĄAu.

Nous avons (vérifier)

µfpAq ĺµpAq ĺµopAq, @APBX, et en particulier

µfpAq ĺµpAq ĺµopAq,@APBX. (4.10) Nous devons montrer que (*)µpAq “µfpAq “µopAq,@A PBX et en particulier (**) µpAq “µfpAq “µopAq,@APBX. Il suffit en fait de montrer (**). En effet, admettons

Mesures 4.4 Classes particulières de mesures

(**). Donné A P BX, soientBA, CA P BX tels queBA Ă A Ă CA etµpCAzBAq “ 0 (d’oùµpBAq “µpCAq “µpAq). Grâce à (**) (supposée vraie), nous avons

µpAq ľµfpAq ľµfpBAq “µpBAq “µpAq, µpAq ĺµopAq ĺµopCAq “µpCAq “µpAq, ce qui implique (*).

Il reste donc à montrer (**). Soit U :“ tA P BX;(**) est vraieu. Pour établir (**), il suffit de montrer queU est une tribu contenant les fermés (vérifier).

L’axiome i) de la tribu est clair (justifier). Vérifions l’axiome ii). Pour commencer, no-tons que, siAPBX, alors (justifier chaque égalité)

µfpAcq “suptµpFq;Ffermé etF ĂAcu

“suptµpUcq;U ouvert etUcĂAcu

“suptµpUcq;U ouvert etU ĄAu

“suptµpXq ´µpUq;U ouvert etU ĄAu

“µpXq ´inftµpUq;U ouvert etU ĄAu “µpXq ´µopAq, et, de même,µopAcq “µpXq ´µfpAq.

Il s’ensuit que, siAPU, alors

µfpAcq “µpXq ´µopAq “µpXq ´µpAq “µpAcq,

et de mêmeµopAcq “µpAcq, d’oùAcPU. L’axiome ii) d’une tribu est vérifié pourU. Soit maintenant une suitepAnqnľ1ĂU. Soitεą0. CommeAnPU, il existe un fermé Fn,εet un ouvertUn,εavec

Fn,εĂAnĂUn,ε, µpFn,εq ąµpAnq ´ε{2n`1etµpUn,εq ăµpAnq `ε{2n`1, d’où

µpAnzFn,εq ăε{2n`1etµpUn,εzAnq ăε{2n`1.

PosonsUε :“ Ynľ1Un,ε(qui est un ouvert) etFN,ε“ YNn“1Fn,ε(qui est un fermé pour toutN). Nous avons

µopYnAnq ĺµpUεq “µpUεz YnAnq `µpYnAnq

“µppYnUn,εqzpYnAnqq `µpYnAnq ĺµpYnpUn,εzAnqq `µpYnAnq ĺ

ÿ

nľ1

µpUn,εzAnq `µpYnAnq ăε`µpYnAnq;

(4.11)

au passage, nous avons utilisé l’inclusion (à justifier) pYiPIBiq z pYiPICiq Ă YiPIpBizCiq.

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En faisant ε Ñ 0dans (4.11) et en utilisant (4.10), nous obtenons (***) µopYnAnq “ µpYnAnq.

De manière analogue au calcul précédent, nous avonsµppYNn“1AnqzFN,εq ăε, ce qui implique

µfpYnAnq ľµpFN,εq “µpYNn“1Anq ´µppYNn“1AnqzFN,εq

ąµpYNn“1Anq ´ε, @N PN˚,@εą0. (4.12) En faisant, dans (4.12), d’abordεÑ0, puisN Ñ 8, nous obtenons, grâce au théorème de la suite croissante, µfpYnAnq ľ µpYnAnq. En utilisant (4.10), nous concluons à l’égalité (****)µfpYnAnq “µpYnAnq.

De (***) et (****), nous déduisons que U vérifie l’axiome iii) d’une tribu, De ce qui précède,U est une tribu.

Pour compléter a), il reste à montrer que les fermés sont dansU. Soit F un fermé.

Nous avonsµfpFq ľµpFq, d’oùµfpFq “µpFq.

Par ailleurs, soitpUnqnla suite de l’exercice4.31. Nous avonsµopFq ĺµpUnq,@n, d’où µopFq ĺ limµnpUnq “ µpFq(carµest finie, ce qui nous permet d’utiliser le théorème de la suite décroissante).

b) Comme expliqué au point précédent, il suffit de montrer queµfpAq ľµpAq,@APBX. SoitpAnqnľ0 ĂBX avecYnľ0 An “XetµpAnq ă 8,@n. Quitte à remplacerAnpar Bn:“A1Y. . .YAn, nous pouvons supposer queAnÕX.

PosonsµnpAq:“µpAXAnq,@APBX,@n. La mesureµnest finie (vérifier) etµnpAq Õ µpAq,@APBX (théorème de la suite croissante). Grâce au point a), nous avons

µfpAq ľµfnpAq “µnpAq, @APBX,@nPN˚. (4.13) En faisantnÑ 8dans (4.13), nous obtenonsµfpAq ľµpAq, comme désiré.

c) µétantσ-finie, nous avons la conclusion du b). Il suffit donc de montrer queµopAq ĺ µpAq,@APBX. Quitte à remplacerUnparVn:“U1Y. . .YUn, nous pouvons supposer queUnÕX.

PosonsµnpAq :“µpAXUnq,@n, qui est une mesure finie. PosonsW1 :“U1 et, pour n ľ2,Wn :“UnzUn´1, de sorte que lesWnsont d. d. d.,X “ \nľ0WnetWn ĂUn,

@n.

SoitAPBX. SoitAn:“AXWn,@n. LesAnsont d. d. d. etA“ \nľ0An. Par ailleurs, nous avonsAnĂUn, d’oùµnpAnq “µpAnq. Il s’ensuit queµpAq “ř

nµnpAnq.

Soitε ą 0. De a), il existe un ouvertVn,ε tel que Vn,ε Ą An etµnpVn,εq ă µnpAnq ` ε{2n`1. L’ensembleWn,ε :“ Vn,εXUnest un ouvert contenant An. Par ailleurs nous avonsµnpVn,εq “µpWn,εq.

Finalement, nous avons µopAq ĺµpYnWn,εq ĺ

ÿ

n

µpWn,εq ĺ ÿ

nľ0

npAnq `ε{2n`1q

“µpAq `ε,@εą0.

(4.14)

Nous concluons en faisantεÑ0dans (4.14).

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