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L’organisation des services de la HAP — La Direction centrale

LA PERIODE DU MANDAT FRANÇAIS : LE TEMPS DES INTERVENTIONS SELECTIVES ET CONTRAINTES (1919-1939)

Paragraphe 1 : Une politique d’intervention adaptée aux circonstances

A. La Direction de l’hygiène et de l’assistance publique : organisation et services

1. L’organisation des services de la HAP — La Direction centrale

La direction centrale de la HAP est composée de plusieurs organes consultatifs et exécutifs, qui sont présentés brièvement, ci-après, chargés de mettre en place la politique adoptée par la Direction.

Le Conseil supérieur d’hygiène de l’état du Grand Liban

Par arrêté N. 1909 du 23 mai 1923, a été créée sous la présidence du gouverneur de l’État du Grand Liban un Conseil supérieur d’hygiène, destiné à réunir les compétences spéciales susceptibles de contribuer à l’amélioration de la santé publique. Ce conseil, comme son homologue français441, est

appelé à émettre son avis sur toutes les questions concernant l’hygiène publique, l’assistance médicale

438 Le premier directeur de la HAP était le Dr. Joseph Mandour, ancien élève de la faculté française de médecine de Beyrouth; diplômé de la faculté de Paris (1895).

Il a été nomme Adjoint au chef de service de l’hygiène des T.E.O. le 1er Janvier 1920, et Directeur de l’HAP le 1er septembre 1920.

L’État de Grand Liban – Direction de l’Hygiène et Assistance publique, annuaire médicale de l’État du Grand-Liban pour 1921-1922-

1923-1924,Beyrouth, Imprimerie Catholique, 1925, p. 16.

439 Les quatre premiers conseillers techniques nommés successivement pour la direction de l’HAP sont : • Le Médecin Major de 1er classe Chatinières.

• Le Médecin Major de 2eme classe Cristau. • Le Médecin Major de 2eme classe Playoust. • Le Médecin Major de 1ère classe Eschée. Idem, p. 16.

440 Haut commissariat français à Beyrouth, Syrie et Liban, rapport mensuel d’ensemble, Beyrouth, Novembre 1921, pp. 30-31. 441 Voir en ce sens : Jacques Léonard, Archives du corps : la santé au XIXe siècle, Rennes, Ouest-France, 1986, 329 p.

aux indigents, l’exercice de la médecine, de la pharmacie, de l’art dentaire, de la profession de sage- femme442.

Par décision N. 1881 du 13 octobre 1923, les membres de ce conseil sont nommés, et on les cite ici pour donner une idée générale concernant les personnages nommés, en majeure partie praticiens publics, et leurs fonctions :

- Vice-président, le médecin principal de 1er classe Delmas, inspecteur général des services HAP et quarantenaires du HC.

- Le médecin-major de 1ère classe Escher, conseiller technique pour la direction de l’HAP du Grand Liban, représentant l’Inspection générale des services HAP du HC.

- Le Docteur Joseph Mandour, Directeur de l’HAP du Grand Liban.

- Le Docteur H. De Brun, Professeur de Pathologie interne à la faculté française de médecine.

- Le Docteur Calmette, Professeur d’hygiène à la faculté française de médecine.

- Le révérend père Vergille, directeur de l’Institut Antirabique de l’état.

- Le professeur Guigues, directeur de l’Institut de recherches et d’analyse chimiques de l’État.

- Le Docteur Robert Tyan, Médecin chef de l’hôpital des contagieux de Beyrouth.

- Le président de la Commission d’hygiène du Conseil représentatif.

- Le médecin-chef représentant du service de santé des Troupes françaises au Grand Liban.

- Le Docteur Wafik Bey Baydoun, Médecin Chef de la Ville de Beyrouth.

- Le Docteur Nemtallah Younes, Médecin Chef de Bureau d’hygiène de la ville de Tripoli et de Sandjak de Liban Nord.

- Le Docteur Chucri Bellan, Médecin du Caza de Metten.

- Le Docteur Philipe Awad, Médecin Chef de l’hôpital de Saida.

- Le Docteur Michel Braidi, Médecin Chef de l’hôpital de Zahlé.

- Le Docteur Abdel-Raouf Hamadé, Médecin praticien à Beyrouth.

- Le Docteur Hassan Assir, Médecin praticien à Beyrouth.

- Le Docteur Amin Gemayel, Médecin praticien à Beyrouth.

- Le Docteur Constantin R., Médecin praticien à Beyrouth.

- Le Docteur Elie Gebara, Médecin praticien à Beyrouth.

- M. Antoine Arab, Pharmacien praticien à Beyrouth.

- M. Daoud Nahoul, Pharmacien praticien à Beyrouth.

- M. Abdul-Hazif Hamade, Chef des services vétérinaires de l’état du Grand Liban.

- M. Georges Sarkis, ingénieur en chef des travaux publics.

- M. Assad Younes, Inspecteur général des services d’agriculture du Grand Liban.

- M. Joseph Mechelaby, Inspecteur de l’instruction publique.

- M. Khaled Bey, Inspecteur adjoint des services administratifs443.

Les Magasins centraux et dépôts sanitaires

Cet organe, créé bien avant la formation de l’État du Grand Liban, avait rendu d’innombrable service aux diverses formations sanitaires des différentes régions de la Syrie444, il comprenait deux sections :

« Médicaments » et « matériel ». Il se chargeait d’achat, transit et expédition des produits pharmaceutiques et matériels sanitaire. En plus, à ses côtés, existait un service de préparation galénique445 (collyres446, pommades447 etc.). En 1921, lors de la nouvelle organisation de la Syrie, les

Magasins centraux subiront à leur tour une reforme nécessitée par les circonstances. Les États de la

443 Idem, pp. 18-19.

444 Idem, p. 19.

445 Une forme galénique (ou pharmaceutique, ou encore médicamenteuse) est une préparation que le pharmacien met au point soit dans un laboratoire pharmaceutique industriel, soit dans son officine.

Source: HTTP://www.Larousse.fr

446 Les collyres ou gouttes ophtalmiques sont des préparations pharmaceutiques destinées à une application ophtalmique. Ce sont des médicaments liquides ou semi-solides qu’on applique sur la conjonctive de l’œil. Les collyres ont une action locale et

permettent de traiter les infections des yeux ou des paupières.

Voir : Marc Ooteghem, Préparation ophtalmiques, Paris, Tec et Doc, 1995.

447 Médicament de consistance molle, destiné à être appliqué sur la peau ou les muqueuses, et qui est constitué d’un excipient gras contenant un ou plusieurs principes actifs.

Syrie448 créent leurs services autonomes, et les Magasins centraux, à partir de cette date ne fonctionnent

plus que pour l’État du Grand Liban. Ainsi déchargé, ce service peut développer en 1922 ces laboratoires pharmaceutiques, il installe un système de remplissage des ampoules pour injections et de confection de comprimés ; depuis, la plupart des ampoules et comprimées achetées jadis par adjudication de l’Europe seront fabriqués sur place449.

En 1923, par suite des compressions budgétaires, les Magasins centraux sont supprimés ou plutôt transformées en simple dépôt de médicament et matériel sanitaire, une partie de ses personnels est licenciée450.

La Pharmacie de l’Assistance publique

Cette pharmacie fonctionne dans divers locaux mais d’une façon régulière, durant les années 1921, 1922, 1923, 1924. Elle est assez surchargée, à cause du personnel restreint qui la compose. Elle exécute les ordonnances qui lui venaient des policliniques, des hôpitaux, des médecins sanitaires, de la Croix rouge arménienne, de la Goutte de lait etc.…

Année Nombre d’ordonnances exécutées

1921 20.980

1922 20.316

1923 18.239

1924 27.897

Tableau 19 : Ordonnances exécutées par la Pharmacie de l’Assistance publique pendant les années 1921, 1922, 1923, 1924

448 La Syrie est divisée à cette époque, pour ses raisons politiques, en quatre États :

1. L'État d'Alep : Proclamé le 1er septembre 1920, il repose principalement sur la ville d'Alep et de sa région. 2. l'État de Damas : Proclamé en septembre 1920, il repose principalement sur la ville de Damas et de sa région. 3. Un territoire autonome alaouite est créé le 2 septembre 1920 et est directement placé sous autorité française. 4. L'État du Djebel druze est institué le 24 octobre 1922.

449 L’État de Grand Liban – Direction de l’Hygiène et Assistance publique, op. cit, p. 19. 450 Idem, p. 19.

L’Inspection des pharmacies

Elle est mise en place au courant de l’année 1924 par l’arrêté N. 2354 du 1er février 1924. Les droguistes, pharmaciens et ätar451, convaincus d’être dans l’ignorance de la loi, sont alors priés de s’y

conformer, et ceux qui, dans le délai fixé, ne s’y sont pas soumis, sont poursuivis conformément à la loi, « En sorte que les inspections ultérieures auxquelles on va procéder, ainsi que les descentes inopinées aboutiront à l’épuration de la profession pharmaceutique dont l’exercice n’avait été jusqu’ici l’objet d’aucune surveillance sérieuse de la part des autorités du régime précèdent. »452

Quant au commerce des stupéfiants, nombreux en raison des productions régionales, la Direction de la HAP, d’entente en cela avec les autorités policières et avec leur aide, a pris toutes les mesures nécessaires pour poursuivre les débitants de ces drogues malfaisantes « non seulement dans les pharmacies, mais aussi dans les débits de tabac, les bals louches et même chez les décrotteurs. »453

L’exercice de la pharmacie fait l’objet d’une réglementation spéciale qui a pour but de sauvegarder les droits et les intérêts de cette profession. Aussi la Direction de la HAP refuse catégoriquement « tout permis d’exercer la pharmacie, aux personnes qui n’étaient pas munies d’un diplôme régulier, même ci ces personnes ont exercé longtemps et illicitement ce métier et même si elles possèdent des certificats sérieux. »454

Les Instituts

L’Institut antirabique

Cet institut a pris la suite du Service Antirabique fondé en 1913 par la Faculté française de médecine de Beyrouth. Il fonctionnait depuis 1919 en vertu d’un accord entre le HC et la Faculté.

Il assure le traitement antirabique455 de toutes les personnes envoyées par les Services de la HAP des

différents États de Syrie. Il traitait de plus, à titre onéreux, les personnes visées contaminées par des animaux suspects, et qui se présentent pour être vaccinées. Enfin « Cet institut a assuré, à titre gracieux,

451 ätar, mot arabe signifie parfumeur, apothicaire, droguiste.

452 L’État de Grand Liban – Direction de l’Hygiène et Assistance publique, op. cit, p. 23. 453 Idem, p. 23.

454 Idem, p. 23.

depuis six ans, le traitement des militaires qui lui ont été adressés par le Service de Santé de l’Armée française du Levant. »456

L’Institut de recherches bactériologiques

Cet institut fonctionnait depuis 1919 en vertu d’une convention passée entre le Gouvernement du Grand Liban et la Faculté française de médecine de Beyrouth. Il exécutait les analyses et recherches bactériologiques pour les hôpitaux et les policliniques de la HAP, les examens bactériologiques pour les expertises officielles, les analyses demandées pour leurs services par les médecins de la HAP.

Cet institut faisait de plus, à titre gracieux, les analyses demandées par la Base Navale française.

Les analyses et recherches effectuées peuvent se classer ainsi:

- Recherches et analyses bactériologiques proprement dites.

- Cultures, autovaccins.

- Examens d’eau au point de vue bactériologique.

- Autopsies de rats soupçonnées de Peste.

- Examens de conserves.

- Expertises bactériologiques.

- Réaction de Wassermann457 et réaction sérologiques diverses.

- Examen anatomopathologique.

L’Institut de recherches et d’analyses chimiques

Cet institut fonctionnait depuis 1919 en vertu d’une convention passée entre le Gouvernement du Grand Liban et la Faculté française de médecine. Il exécutait les analyses chimiques de produits

456 Idem, p. 23.

457 La réaction de Bordet-Wassermann : Réaction de fixation du complément, appliquée au diagnostic sérologique de la syphilis. Source : HTTP://www.Larousse.fr

pathologiques pour les hôpitaux de la HAP, les analyses d’expertises officielles, les analyses demandées par les médecins du service de la HAP en tant qu’elles se rapportent à leurs services.

Il exécutait de plus, sur demande spéciale, les expertises judiciaires ou médico-légales.

L’activité de ce laboratoire bien équipé458 semble s’orienter vers de nouveaux buts : la répression des

fraudes des denrées alimentaires459, dans l’intérêt de la santé publique.

Le Bureau de renseignements d’hygiène

« Une direction d’hygiène a constamment besoin de renseignements, soit pour faire des commandes de produits, d’instruments, de matériel d’hôpital (catalogues, adresses, plans, etc.), soit pour faire des rapports ou pour répondre à des demandes de l’administration (statistiques, plans, cartes, documents divers, etc.) soit pour expliquer aux entrepreneurs, à des particuliers les conditions hygiéniques exigées dans les constructions, dans l’installation d’appareils sanitaires, dans l’établissement de fosses ou dégoûts (catalogues, devis, plans, modèles, etc.) car souvent c’est l’instruction qui manque plus que la bonne volonté.

De plus, une direction d’hygiène doit se tenir au courant des progrès scientifiques, des mesures générales épidémiologiques, des décisions des congrès médicaux, de la législation sanitaire des divers pays, etc. (livres, périodiques, etc.) »460.

C’est pour répondre à ces divers besoins que la Direction de la HAP du Grand Liban décide d’organiser ce type d’organisme