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2. Exemple de type d’histoire pouvant être racontée avec le modèle AISSA par la

2.1. L’observation des fenêtres de visualisation

Dans cet exemple de simulation, la figure 30 présente l’état initial et la figure 31 l’état au pas du temps 300, soit 25 ans et la figure 32 présente l’état en fin de simulation (50 ans). On peut voir dans la figure 30 l’interface de visualisation de l’état initial du système (pas du temps 0). Elle est composée de trois fenêtres A, B et C :

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Figure 30 : vue spatialisée de l'état initiale du modèle, état de surface, la nappe souterraine et une coupe hydrogéologique

o La fenêtre A montre le niveau de la nappe d’eau souterraine avec des hydro-cellules composées de « 4 X 4 » hydro-cellules de base du modèle. Le niveau de la nappe est représenté par trois couleurs différentes en relation choisies selon le degré de sensibilité des ouvrages de captages (forages et foggaras) aux rabattements de la nappe. A l’initialisation le niveau piézométrique est de 200 mètres, il est représenté par la couleur cyan. Cette couleur change en bleu clair après un rabattement de 20 centimètres. Cette dernière valeur a été choisie en référence aux explications des oasiens qui considèrent que les foggaras sont sensibles au moindre rabattement. En réalité, et d’après les explications des experts locaux des foggaras, la galerie capte seulement les eaux du toit de la nappe sur une profondeur de 10 à 20 centimètres59. Ainsi, la couleur change du bleu claire au bleu foncé entre les deux valeurs 199.80 mètres et 170 mètres (entre 0.2 et 30 mètres de rabattement). Cette dernière valeur a

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Selon un expert local de la foggara dans l’oasis de Tasfaout au Touat, il faut éviter d’approfondir la galerie de plus de 20 centimètres car cela d’un côté génère plus de coûts en montant vers l’amont et, d’autre côté, si la galerie est plus profonde en aval, elle peut diminuer la quantité d’eau capté en amont et donc réduire les parts d’eau des propriétaires qui ont fait le travail.

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été choisie en relation avec nos observations du terrain dans l’oasis d’Ouled Aissa car à partir de ce niveau les paysans trouvent des difficultés pour accéder à l’eau souterraine en raison des coûts élevés pour l’approfondissement des forages et leur équipement. Au-dessous du niveau piézométrique de 170 mètres (soit 30 mètres de profondeur), les hydro-cellules prennent la couleur marron.

o La fenêtre C montre l’état de surface avec une grille de cellules de base du modèle (20 X 20 mètres). Elle représente en particulier l’état des parcelles et des foggaras. Pour les parcelles agricoles, elles peuvent prendre trois états différents. L’état bon pour les parcelles satisfaites en eau d’irrigation (vert foncé), l’état moyen pour les parcelles qui n’ont pas reçu suffisamment d’eau d’irrigation (vert claire) et l’état dégradé pour les parcelles abandonnées à cause des petites quantités d’eau reçue et considérées très insuffisantes pour l’exploitation (couleur jaune).

Pour l’état des foggaras, elle passe aussi par trois stades déterminés uniquement par rapport à la contribution des propriétaires aux travaux d’entretien sans prendre en considération le niveau piézométrique de la nappe (cf. section dynamique de la foggara. chapitre IV). La couleur bleue signifie que la foggara bien entretenue. Dans le cas d’un manque d’entretien, la foggara prend la couleur orange. Si le niveau d’entretien est faible ou nul, la foggara prend la couleur rouge.

- La fenêtre B représente une coupe hydrogéologique entre deux points de l’espace du modèle. Le tracé de la coupe est montré par un trait noir sur la fenêtre C. la coupe permet de suivre l’évolution du niveau de la nappe d’eau souterraine tout au long de la simulation. Les trois couleurs représentent le substrat géologique (couleur marron foncé), l’aquifère (couleur bleu) et le relief topographique (marron clair). Dans cet exemple de simulation présenté pour les chercheurs, les techniciens du terrain et les oasiens, nous avons mis une nappe d’une épaisseur de 50 mètres. Ce choix a été fait après les discussions menées avec un hydrogéologue qui nous a expliqué la présence de plusieurs niveaux ayant des caractéristiques hydrodynamiques différentes sur les mêmes endroits de la nappe (cf. section de discussions sur le modèle).

Après 25 ans de simulation (figure 31), on peut voir dans la fenêtre C qu’une foggara est à l’état dégradé (couleur rouge) et deux foggaras sont en bon état (couleur bleu). Cela veut dire que ces dernières ont eu un taux de participation à l’entretien de plus de 60 % pour cinq années consécutives. Dans le secteur traditionnel, deux parcelles sont dégradées et

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abandonnées (couleur jaune), 13 parcelles déclarent un manque d’eau pour l’année écoulée et donc un état en cours de dégradation (couleur vert clair) et le reste de parcelles sont satisfaites en eau (couleur vert foncé). Dans le secteur moderne, sur les 20 nouvelles parcelles mise en place, trois parcelles déclarent un grand manque d’eau (couleur jaune). La coupe hydrogéologique (fenêtre B.) montre un léger rabattement dans sa partie droite qui représente la zone du secteur du périmètre de mise en valeur. Le rabattement est dû aux pompages sur les forages installés sur chaque parcelle dans ce secteur. À gauche (fenêtre A), le modèle de la nappe montre deux zones de rabattement du nord au sud. Dans la partie des foggaras au nord, son niveau a légèrement baissé de 20 cm au moins sur les hydro-cellules occupées par les foggaras et leur aire d’influence. Dans le sud, le rabattement est plus important et résulte de l’installation des forages dans le nouveau périmètre de mise en valeur et dans une bonne partie des parcelles dans le secteur traditionnel. L’aire d’influence de ces forages est plus importante que celle des foggaras.

Figure 31 : situation après 300 pas du temps mensuel (25 ans)

Dans ce scénario, la réalisation de forages dans le secteur traditionnel est permise et une grande famille peut réaliser un forage (cf. chapitre IV). Elle regarde ses parcelles (qui sont les parcelles de ses membres propriétaires) et elle calcule le total des superficies des parcelles qui

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ne sont pas satisfaite en eau (volume d’eau reçue de l’année précédente est de moins de 80 % des besoins). Si cette surface totale est au moins égale à 0.7 ha (cf. chapitre IV, section sur le choix des paramètres), la grande famille regarde s’il y a au moins un fonctionnaire parmi ses membres. Sa présence signifie une situation économique favorable à la réalisation du forage. Ce dernier est installé sur la plus grande parcelle non satisfaite de la grande famille et irrigue l’ensemble des parcelles qui avaient besoin d’eau.

Dans l’exemple à la fin de la simulation (pas du temps 600 soit 50 ans) (figure 32), une foggara est à l’état moyen (couleur orange) et les deux autres sont en bon état. L’état de la foggara du milieu est amélioré par rapport à la situation au pas du temps 300 (figure 31). Par contre, la première foggara à gauche est passée de l’état bon à l’état moyen. L’état de ces foggaras change en fonction du taux de participation qui peut être dû à deux facteurs : l’évolution démographique, et le taux d’accès aux nouveaux emplois. Si ce dernier taux est faible par rapport au nombre de propriétaires sans fonction, ces derniers ont moins de moyens financiers pour installer des forages et participent donc à l’entretien. Paradoxalement, seulement 13 parcelles dans le secteur traditionnel déclarent un manque d’eau et aucune parcelle n’est dégradée, malgré les rabattements qui ont touché à une grande partie de l’espace du modèle hydrogéologique dans lequel le niveau de la nappe est passé au-dessous du niveau des galeries des foggaras (fenêtre A). L’explication est dans l’accès de beaucoup de propriétaires à l’emploi, ils ont abandonné la participation à l’entretien des foggaras et ont mis en place de nouveaux forages.

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Figure 32 : état du modèle à la fin de la simulation (pas du temps 600 = 50 ans)

Dans le secteur moderne, deux parcelles sont en cours de dégradation et trois parcelles sont complètement dégradées. Cela est dû au grand rabattement du niveau de la nappe qui se rapproche du niveau de 170 m. Sur le modèle de la nappe, l’impact des forages installés dans le secteur moderne est bien visible avec une aire d’influence beaucoup plus grande que celle des foggaras.