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L’interaction est-elle spécifique d’un ou plusieurs isotypes de CMH-I ?

3.1) Introduction

Le CMH-I regroupe de nombreux isotypes différents, classés en deux groupes : les isotypes classiques (HLA-A, -B et -C) et non classiques (HLA-E, -F, -G et les molécules apparentées comme CD1). Nous avons donc cherché à savoir si l’Ecto-F1-ATPase interagit avec toutes ces molécules, ou avec des isotypes particuliers.

Le rôle principal des isotypes classiques est de présenter des peptides aux lymphocytes T αβ CD8+

et ils sont également reconnus par divers NKR. Les molécules non-classiques ont des spécificités et des fonctions diverses. HLA-E lie le plus souvent des peptides issus des séquences d’adressage des autres isotypes de CMH-I à la membrane plasmique. Il est principalement reconnu par CD94/NKG2A, un NKR hétérodimérique de type inhibiteur (243) et exprimé par la plupart des lymphocytes T Vγ9/Vδ2. Tous ces isotypes sont donc des candidats potentiels.

HLA-F étant très peu détecté à la surface des cellules qui l’expriment (244) et l’expression d’HLA-G étant excessivement restreinte, peut-être même aux cellules du trophoblaste seules (245), nous avons exclu ces deux isotypes. Nos résultats précédents indiquant que les molécules de CMH-I impliquées sont dépendantes de la β2m et reconnues par l’anticorps W6/32, nous avons également exclu les molécules telles que MICA/B et CD1. Ceci ne signifie néanmoins pas que ces molécules n’interagissent pas avec l’Ecto-F1-ATPase, mais que dans les modèles cellulaires que nous avons utilisé, ce ne sont à priori pas elles qui sont impliquées dans le masquage d’épitopes que nous avons observé.

Nous avons donc cloné les isotypes -A, -B, -C et -E à partir de la lignée Raji dont l’expression de l’Ecto-F1-ATPase en surface n’est détectable qu’après dénaturation des

Résultats I : Interaction Ecto-F1-ATPase / CMH-I molécules du CMH-I. Les ADNc ont été transfectés dans la lignée K562 qui exprime l’Ecto- F1 mais pas le CMH-I. Nos résultats indiquent que l’Ecto-F1-ATPase interagit préférentiellement avec HLA-B. L’expression de ce dernier entraine une forte diminution de l’activation des lymphocytes T Vγ9/Vδ2. En revanche, bien que la diminution de l’expression d’HLA-B par utilisation d’ARNi sur ces transfectants permette à nouveau une détection partielle de l’Ecto-F1-ATPase, elle n’est pas capable de restaurer la capacité de stimulation de ces cellules. Ceci suggère donc qu’une faible expression d’HLA-B ou que d’autres molécules non identifiés sont capables d’inhiber les lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

3.2) Matériel et méthodes

Lignées et culture cellulaires.

Les lignées K562 et Raji proviennent de l’ATCC et ont été cultivées en RPMI 1640 Glutamax complémenté par 10% de Sérum de Veau Fœtal décomplémenté (SVF), du pyruvate de sodium et de la pénicilline/streptomycine (RPMI complet). Tous les réactifs de culture proviennent d’Invitrogen.

Les lignées Vγ9/Vδ2 ont été obtenues à partir de PBMC (Peripheral Blood Mononuclear Cells) purifiés par gradient de centrifugation (Ficoll) à partir de « buffy coats » provenant de L’Etablissement Français du Sang de l’hôpital Purpan, Toulouse. Brièvement, 108 PBMC ont été cultivées en présence d’IPP, 5µM (Isoprenoids LC), et d’IL-2 (Sanofi-Synthélabo), 400U/mL, pendant 20 à 24 jours en milieu RPMI complet, le SVF étant remplacé par du sérum humain (SH, PAA Laboratories), puis congelées. Les lignées obtenues par ce protocole sont généralement >90% Vδ2+

. Les cellules sont décongelées la veille de leur utilisation et incubées en RPMI complet (avec SH) sur la nuit sans ajout d’IL-2.

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Anticorps et réactifs.

Le pamidronate, le G418 et les amorces PCR ainsi que les ARNi proviennent de Sigma Aldrich. Les anticorps anti-Vδ2-FITC et anti-IgG de souris-FITC (anticorps polyclonal de chèvre) proviennent de Beckman-Coulter, l’anticorps anti-CD107a-PE de BD Pharmingen, l’anticorps W6/32 correspond à un surnageant d’hybridome gracieusement fourni par le Dr. Philippe Lebouteiller (INSERM U563, Toulouse) et l’anticorps anti-β ATP synthase (3D5) provient d’Invitrogen. Tous les réactifs de biologie moléculaire proviennent d’Invitrogen.

Amorces.

Des séquences publiées ont été utilisées pour HLA-A, -B et -C (246). HLA-A : 5’-TATAAAGCTTGATTCTCCCCAGACGCCGAGG-3’ (sens) 5’-ATATGCGGCCGCACAAGGCAGCTGTCTCACA-3’ (anti-sens) HLA-B : 5’-TATAAAGCTTCACCCGGACTCAGRTCTCCT-3’ (sens)

5’-ATATGCGGCCGCATCTCAGTCCCTCCACAAGA-3’ (anti-sens) HLA-C : 5’-TATAAAGCTTTTCTCCCCAGACGCCGAGA-3’ (sens)

5’-ATATGCGGCCGCGTCTCAGGCTTTACAAGCGA-3’ (anti-sens) (R = A ou G)

Les séquences des amorces pour HLA-E ont été déduites d’alignements du consensus HLA-E avec le consensus A, B, C et les séquences strictement spécifiques d’HLA-E ont été choisies. HLA-E : 5’-TATAAAGCTTTCTCAGGACTCAGAGGCTGG-3’ (sens)

5’-ATATGCGGCCGCGGCTTTACAAGCTGTGAGACT-3’ (anti-sens)

Les séquences soulignées correspondent aux sites de restriction HindIII et NotI ajoutés sur les amorces sens et anti-sens respectivement pour simplifier le sous-clonage des ADNc.

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Clonage de HLA-A, -B, -C et E et transfection dans K562.

Les ARN ont été isolés à partir de la lignée Raji par la technique classique d’extraction au Trizol. Brièvement, 2x107 cellules ont été lysées dans 4mL de Trizol, et 800µL de chloroforme ont été ajoutés. Après centrifugation (12000g, 5min, 4°C) la phase aqueuse (~2mL) a été récupérée et l’ARN a été précipité par ajout de 1,4mL (0,7 volume) d’isopropanol froid et centrifugation à 12000g pendant 15min à 4°C. Les culots d’ARN ont été lavés en éthanol 70% et la quantité obtenue a été estimée par mesure de la densité optique à 260nm.

Les ADNc ont été obtenus par RT-PCR en utilisant les amorces anti-sens spécifiques de chaque isotype (l’utilisation d’amorces de type oligo-dT donnant des résultats peu satisfaisants). La spécificité de l’amplification a été vérifiée par digestion enzymatique (données non montrées). Les ADNc ont été clonés directement après PCR dans le vecteur TOPO (Invitrogen) selon les recommandations du fournisseur, puis séquencés. Les isotypes isolés correspondent aux allèles A*0301, B*1510, Cw*0304, Cw*0401 et E*0101, ce qui concorde avec les données de l’IMGT pour le typage de la lignée Raji. Ces allèles seront notés A, B, Cw3 et Cw4 par la suite, par simplification.

Les ADNc ont ensuite été sous-clonés dans le vecteur d’expression eucaryote pcDNA3.1 (Invitrogen) par les enzymes HindIII et NotI. Les cellules K562 ont été tranfectées par nucléofection (Amaxa) selon les instructions du fournisseur puis cultivées et clonées (dilution limite) en RPMI complet en présence de G418 (1mg/mL) après vérification de l’expression des isotypes par cytométrie de flux. Brièvement, les cellules ont été lavées en PBS 5% SVF, incubées avec l’anticorps W6/32 puis avec l’anticorps secondaire pendant 45min. Les données ont été acquises sur un FACScan (BD) et analysées avec le logiciel WinMDI 2.9 (The Scripps Research Institute). Après clonage et expansion des transfectants, l’expression du CMH-I et de la sous-unité β de l’ATP synthase a été mesurée par cytométrie de flux.

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Interférence ARN.

Les séquences des ARNi ont été déterminées par alignement des isotypes HLA clonés, sélection des séquences spécifiques d’HLA-B puis analyse des séquences pouvant être potentiellement ciblées, en utilisant le logiciel disponible sur le site internet de la compagnie Applied Biosystems (http://www.ambion.com/techlib/misc/siRNA_finder.html).

Les séquences des ARNi contrôles ont été déterminées par réarrangement aléatoire des nucléotides. Pour chaque séquence les ARN sens et anti-sens ont été synthétisés et appariés. Séquences cibles : hla-b1 :CACACAGATCTGCAAGACC et GGTCTTGCAGATCTGTGTG hla-b2 :GACCAACACACAGACTTAC et GTAAGTCTGTGTGTTGGTC

Contrôles : scr1 :ATCCAAAGGCGCATCAACC et GGTTGATGCGCCTTTGGAT scr2 :AACACCTAACGATACACCG et CGGTGTATCGTTAGGTGTT Les ARNi ont été transfectés de la même façon que les vecteurs contenant les ADNc (voir ci- dessus). La diminution d’expression a été contrôlée par cytométrie de flux 24h après transfection selon la méthode décrite précédemment.

Test d’activation des lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

Un test d’expression du marqueur CD107a (aussi appelé LAMP-1, protéine lysosomale exprimée en surface lors de la libération des granules cytotoxiques) décrit précédemment a été utilisé (247). Brièvement, les cellules K562 transfectées ont été incubées ou non pendant 16h avec du pamidronate (50µM), lavées et co-cultivées avec les lymphocytes T Vγ9/Vδ2 (rapport 1:1) en présence de l’anticorps anti-CD107a-PE (dilution 1/25ème) pendant 5h à 37°C. La bréfeldine A, utilisée dans le protocole publié, a été omise après avoir vérifié qu’elle ne modifiait pas les réponses obtenues. Les cellules ont ensuite été lavées, marquées par l’anticorps anti-Vδ2-FITC (dilution 1/20ème

Résultats I : Interaction Ecto-F1-ATPase / CMH-I cellules cibles, et les données ont été acquises sur un FACScan (compensations : Fl1-0.8% Fl2 et Fl2-18,8% Fl1), analysées avec le logiciel WinMDI et traitées avec Excel.

3.3) Résultats

L’Ecto-F1-ATPase est préférentiellement masquée par HLA-B.

L’expression des isotypes de CMH-I n’étant pas homogène après transfection, nous avons cloné les cellules et conservé les clones présentant la plus forte expression. HLA-E a originellement été co-transfecté avec HLA-B qui présentait l’expression la plus forte dans nos premiers essais. Le marquage par l’anticorps W6/32 n’est toutefois pas augmenté et le marquage à l’aide d’un anticorps spécifique anti-HLA-E s’est avéré négatif (données non montrées).

Figure 17. Expression des isotypes HLA et effet sur la détection de l’Ecto-F1-ATPase.

Les isotypes mentionnés ont été clonés à partir de la lignée Raji et transfectés dans la lignée K562. L’expression du CMH-I (ligne pointillée) et de la chaîne β de l’ATP synthase (ligne pleine) a été vérifiée par marquage avec les anticorps W6/32 et 3D5 respectivement, et l’anticorps secondaire anti-IgG de souris couplé FITC. Histogramme grisé : contrôle isotypique. Le contrôle correspond aux cellules transfectées avec le vecteur pcDNA3.1 vide.

Résultats I : Interaction Ecto-F1-ATPase / CMH-I Les résultats présentés en Figure 17 montrent une expression relativement modérée des isotypes transfectés. De plus l’expression de Cw4 est plus faible que celle des autres isotypes. Comme le même vecteur d’expression a été utilisé, et que ce résultat est resté le même pour tous les clones analysés, cela suggère que cette caractéristique est inhérente à HLA-Cw4. Il est possible qu’il présente des peptides moins fréquents, ou qu’il soit moins bien reconnu par W6/32. Par ailleurs, ces données indiquent également que seul HLA-B induit un masquage de la chaîne β l’Ecto-F1-ATPase. HLA-E ayant été co-transfecté avec HLA-B, et n’étant pas détectable en surface (données non montrées), l’abolition de la détection observée pour ce clone est probablement due à HLA-B uniquement. Ces résultats suggèrent que, des trois isotypes de CMH-Ia testés, il est celui qui contribue majoritairement à l’interaction avec l’Ecto-F1-ATPase. On ne peut en revanche rien conclure sur la capacité ou non d’HLA-E à interagir avec l’Ecto-F1-ATPase.

HLA-B diminue fortement l’activation des lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

Nous avons voulu savoir si l’expression de ces différents allèles modifiait le potentiel stimulateur naturel ou induit des cellules K562. Les transfectants ont donc été traités ou non par le pamidronate, un aminobisphosphonate induisant une surproduction de phosphoantigènes et augmentant la réponse cytotoxique des lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

La Figure 18 indique que dans les deux cas, HLA-B induit une diminution quasi-totale de l’activation des lymphocytes. Les isotypes HLA-C entrainent par ailleurs une légère baisse de la stimulation de la lignée GDL6, alors que seul Cw4 semble légèrement moduler la lignée GDL9. HLA-B apparaît donc comme l’isotype majeur dans le contrôle de la réactivité des lymphocytes T Vγ9/Vδ2 par le CMH-I classique.

Résultats I : Interaction Ecto-F1-ATPase / CMH-I

Figure 18. Modulation de l’activation des lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

Les cellules K562 transfectées avec le vecteur vide (contrôle) ou les différents isotypes HLA ont été traitées ou non pendant 16 heures avec du pamidronate (50µM) puis incubées avec les lignées de lymphocytes T Vγ9/Vδ2 issues de deux donneurs différents (lignée GDL6, A ; lignée GDL9, B) en présence de l’anticorps anti-CD107a-PE. Les cellules ont ensuite été marquées par l’anticorps anti-Vδ2-FITC. Non stim. : Lymphocytes seuls. Le pourcentage de cellules positives pour CD107a indiqué représente la moyenne de trois puits de stimulation +/- écart type. Les résultats sont représentatifs de trois expériences indépendantes. Des résultats équivalents ont été obtenus en test de secrétion d’IFN-γ.

Inhiber l’expression d’HLA-B restaure partiellement la détection de l’Ecto-F1-ATPase. Nous avons ensuite voulu confirmer les résultats précédents en réalisant l’expérience inverse, c’est-à-dire diminuer spécifiquement l’expression d’HLA-B. Nous avons tout d’abord confirmé l’efficacité des ARNi en les utilisant sur les transfectants HLA-B uniquement (Figure 19A). hla-b1 et hla-b2 montrent une capacité quasi équivalente à diminuer l’expression d’HLA-B (~82% vs 73%). En revanche, ils ne permettent de restaurer que partiellement la détection de l’Ecto-F1-ATPase, hla-b1 semblant légèrement plus efficace. Nous avons ensuite utilisé ce dernier sur tous les transfectants, et seul le transfectant HLA-B montre une diminution du marquage par W6/32, ce qui confirme la spécificité de cet ARNi (Figure 19B). En revanche, cette diminution ne s’est pas accompagnée d’une restauration du potentiel stimulant des cellules (données non montrées).

Résultats I : Interaction Ecto-F1-ATPase / CMH-I

Figure 19. Inhibition de l’expression de HLA-B par ARN interférence.

(A) Les ARNi ciblant HLA-B (hla-b1 et hla-b2) et leurs contrôles respectifs (scr1 et scr2) ont été utilisés sur la lignée K562 transfectée par HLA-B et les expressions du CMH-I (vert) et de la chaîne β de l’ATP synthase (rouge) ont été contrôlées par les anticorps W6/32 et 3D5, respectivement. L’histogramme grisé correspond au contrôle isotypique. (B) hla-b1 semblant légèrement plus efficace, il a été utilisé sur tous les transfectants afin de vérifier sa spécificité. L’expression du CMH-I a été contrôlée par l’anticorps W6/32. Histogramme grisé : cellules transfectée par scr1. Histogramme en ligne pleine : cellules transfectées par hla-b1. Ces résultats sont représentatifs de deux expériences indépendantes.

3.4) Discussion

Nos résultats indiquent que l’expression d’HLA-B permet de masquer l’Ecto-F1-ATPase et induit une diminution de la stimulation des lymphocytes T Vγ9/Vδ2. Cette diminution pourrait s’expliquer de deux manières :

L’interaction des molécules du CMH-I avec l’Ecto-F1-ATPase entraîne une diminution de la stimulation des lymphocytes causée par les NKR de type inhibiteur (iNKR). Il est admis que la proximité de ces récepteurs avec le TCR facilite son inhibition. De tous les iNKR connus à l’heure actuelle, seuls deux sont capables de reconnaître HLA-B. KIR3DL1 (famille des KIR) reconnaît des molécules de CMH-I portant un épitope de type Bw4 (248). L’allèle cloné à partir de la lignée Raji portant un épitope de type Bw6, ce récepteur n’est probablement pas en cause. Il reste donc ILT2 (famille des LIR) dont la spécificité est large puisqu’il reconnaît

Résultats I : Interaction Ecto-F1-ATPase / CMH-I le domaine α3 du CMH-I qui est conservé et peu polymorphe (249). De plus, un travail récent a montré qu’ILT2 est exprimé en surface de divers clones Vγ9/Vδ2 et qu’il est probablement le récepteur majoritairement responsable du contrôle de la réactivité de ces lymphocytes. Il s’agit donc d’un candidat potentiel intéressant. Alors qu’il a été montré que le blocage du CMH-I par l’anticorps W6/32 permet d’annuler l’effet inhibiteur d’ILT2 (68), nous n’avons pas observé une telle inhibition dans les mêmes conditions (données non montrées). Le rôle des iNKR reconnaissant HLA-B dans notre modèle nécessite donc des travaux supplémentaires.

Alternativement, l’interaction entre HLA-B et l’Ecto-F1-ATPase pourrait, de la même manière qu’elle empêche la liaison des anticorps dirigés contre les chaînes α et β de l’ATP synthase, gêner la reconnaissance de l’Ecto-F1-ATPase par le TCR Vγ9/Vδ2. Ceci préviendrait donc directement l’activation des lymphocytes sans intervention des iNKR.

La récupération partielle de la détection de l’Ecto-F1-ATPase et l’absence totale de restauration du potentiel stimulant après traitement par ARNi suggère qu’une faible expression d’HLA-B est suffisante pour inhiber fortement les lymphocytes T Vγ9/Vδ2 malgré un démasquage de l’Ecto-F1-ATPase. Il est possible que dans ce cas, les iNKR puissent être impliqués dans la régulation de ces lymphocytes. Les deux mécanismes pourraient donc être impliqués.

Nous avons également utilisé ces ARNi sur la lignée Raji, mais dans ce cas nous n’avons observé aucune détection de l’Ecto-F1-ATPase (données non montrées). Plusieurs hypothèses pourraient permettre d’expliquer ce résultat. L’expression du CMH-I par la lignée Raji est extrêmement élevée et la diminution obtenue étant relativement faible (~30%), elle ne suffit peut être pas à démasquer les épitopes. Il est possible que cette lignée exprime un autre allèle d’HLA-B qui n’a pas été identifié par typage génomique (IMGT) et que nous n’avons pas pu

Résultats I : Interaction Ecto-F1-ATPase / CMH-I cloner. Enfin, il n’est pas exclu que d’autres molécules soient capables d’interagir avec l’Ecto-F1-ATPase.

Même s’ils ne masquent pas l’Ecto-F1-ATPase, les isotypes Cw3 et Cw4 semblent diminuer légèrement l’activation des lymphocytes T Vγ9/Vδ2. Cette diminution, si elle s’avère significative, pourrait également impliquer des iNKR. Cw3 et Cw4 appartiennent à deux groupes distincts, nommés C1 et C2, qui sont reconnus par KIR2DL2 (CD158b) et KIR2DL1 (CD158a) respectivement. L’expression de ces récepteurs par les lymphocytes T Vγ9/Vδ2 a été décrite (250, 251) mais elle est très hétérogène, ce qui pourrait expliquer la faible diminution de l’activation globale d’une population polyclonale. L’absence d’inhibition par Cw3 pour la lignée GDL9 pourrait suggérer une incompatibilité entre cet allèle HLA et les iNKR exprimés par les lymphocytes T Vγ9/Vδ2 du donneur. Pour finir, le fait que cette inhibition soit faible et que HLA-A ne modifie pas la stimulation des lymphocytes suggère que l’interaction entre le CMH-I et l’Ecto-F1-ATPase est importante pour un contrôle efficace de la reconnaissance de cette dernière par les lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

En conclusion, nos résultats montrent que l’Ecto-F1-ATPase interagit en surface des cellules avec des molécules de CMH-I, préférentiellement HLA-B. Cet isotype inhibe fortement l’activation des lymphocytes T Vγ9/Vδ2. Des travaux complémentaires sont nécessaires pour déterminer son mode d’inhibition (iNKR et/ou encombrement stérique prévenant la liaison du TCR). Il n’est également pas exclu que d’autres molécules puissent interagir avec l’Ecto-F1-ATPase et moduler sa détection et/ou l’activation des lymphocytes.

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Résultats II : Propriétés de l’ApppI

1) Introduction

Le deuxième projet développé au cours de ma thèse a eu pour but de déterminer s’il existe un lien entre les phosphoantigènes et l’Ecto-F1-ATPase, deux entités très différentes activant la même sous-population γδ. En d’autres termes, ce complexe enzymatique exprimé à la surface des cellules est-il éventuellement impliqué dans le mécanisme de présentation des phosphoantigènes aux lymphocytes T Vγ9/Vδ2 ?

L’identification des phosphoantigènes à partir d’extraits de Mycobacterium tuberculosis a mis en évidence l’existence de dérivés nucléotidiques naturels de ces phosphoantigènes, TUBAg3 et TUBAg4 (85). Des travaux ont également montré que l’ajout d’un nucléotide sur un phosphoantigène classique par synthèse chimique avait généralement peu d’effet sur sa bioactivité (150). Toutefois, aucune étude n’a réellement étudié en détail les propriétés des phosphoantigènes nucléotidiques.

L’ApppI, un dérivé adénylé de l’IPP, a récemment été isolé à partir de cellules traitées par des aminobisphosphonates. Il serait produit directement à partir de l’IPP et d’AMP par une activité de type aminoacyl tRNA synthase (252). Nous nous sommes intéressés à ce composé pour plusieurs raisons :

- C’est un prototype de phosphoantigène nucléotidique.

- Il est produit de façon importante par des cellules traitées par les aminobisphosphonates, qui augmentent la capacité de ces cellules à activer les lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

- Etant un analogue d’ATP, l’ApppI pourrait lier l’Ecto-F1-ATPase.

Dans un premier temps nous avons donc étudié les propriétés de l’ApppI (synthétisé en collaboration avec l’équipe du Pr. Christian Périgaud, UMR CNRS 5247, Montpellier).

Résultats II : Propriétés de l’ApppI

L’utilisation de ce composé pour l’étude de la présentation de phosphoantigènes sera décrite dans la troisième partie des Résultats Expérimentaux.

Nous avons pu montrer que l’ApppI est capable d’activer spécifiquement les lymphocytes T Vγ9/Vδ2. En revanche, il n’est pas actif directement, mais après clivage par une activité de type Nucleotide PyroPhosphatase (NPP) qui le transforme en AMP + IPP. Cette activité peut être fournie soit par ajout de « cellules présentatrices », soit directement (enzyme commerciale). De plus, il possède des propriétés intéressantes qui le distinguent des phosphoantigènes classiques tels que l’IPP :

- Il est résistant aux phosphatases terminales telles que la phosphatase alcaline ou l’apyrase. - Il peut être « pulsé » sur des cellules cibles (comme des lignées tumorales ou des cellules

dendritiques), c’est-à-dire qu’il est capturé par ces cellules et leur confère une forte activité stimulatrice similaire à celle des lignées activant spontanément les lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

Pour finir, nous avons pu montrer que cet antigène est produit de façon naturelle par la lignée Daudi, une cible classique des lymphocytes T Vγ9/Vδ2.

Nos résultats décrivent donc les caractéristiques uniques des phosphoantigènes nucléotidiques. Ils suggèrent qu’ils pourraient être impliqués dans le mécanisme d’activation des lymphocytes T Vγ9/Vδ2 par des cellules infectées ou tumorales, et possèdent des propriétés qui pourraient les rendre intéressants dans le développement de protocoles thérapeutiques.

Résultats II : Propriétés de l’ApppI

2) Article 2

Ce travail est actuellement soumis au Journal of Immunology. Le manuscrit original est inclus ci-dessous. Il n’a pas été modifié, hormis la mise en page afin de limiter l’espace utilisé et de