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L’intérêt des jeunes pour la politique

2. LA SOCIALISATION POLITIQUE

2.4 L’intérêt des jeunes pour la politique

Plusieurs agents participent, dès l’enfance, à la socialisation politique des jeunes. Ces derniers vivront plusieurs expériences qui contribueront aussi à ce type de socialisation. Le comité des élèves représente d’ailleurs une instance de participation des élèves à la vie scolaire qui y contribue. De façon plus concrète, nous avons porté un regard sur l’intérêt des jeunes pour la politique. L’âge de la jeunesse n’est pas déterminé de façon unanime par les auteurs, mais elle concerne généralement les individus de 30 ans et moins.

L’intérêt pour la politique dépend d’un grand nombre de facteurs dont il est difficile de départager les effets (Muxel, 1996). Soulignons toutefois que les facteurs sont de deux ordres : 1) individuel, tel que la socialisation familiale et la trajectoire sociale et 2) générationnel, en tenant compte du contexte politique et historique dans laquelle la génération s’inscrit (Ibid.). En outre, l’intérêt pour la politique augmente avec le niveau d’éducation et, inversement, « c’est parmi les individus dont les conditions d’insertion sociale et économique sont les moins favorables que l’on constate le désintérêt le plus élevé » (Ibid., p. 76). De cette façon, l’intérêt pour la politique est influencé par la famille, le niveau socioéconomique et le niveau de scolarité.

Il est étonnant de constater que les jeunes accordent une grande importance à leur droit de vote et au fait de l’obtenir, sans pour autant en user (Percheron, 1993). La phase d’installation dans l’âge adulte (jusque vers 25 ans) représente une période

où les jeunes ne participent pas réellement à la vie publique, en n’adhérant pas aux syndicats ou aux partis politiques, allant même jusqu’à s’abstenir de voter (Ibid.). Même si les individus votent davantage en vieillissant, le facteur le plus déterminant quant à l’exercice du droit de vote demeure la scolarité des électeurs (Blais et Loewen, 2011; Milner, 2004). Les individus plus scolarisés ont tendance à s’informer davantage et à voter plus régulièrement (Milner, 2004). Aussi, ceux ayant une plus grande confiance en leurs institutions politiques sont plus sujets à s’y engager et vice- versa (Ibid.).

Même s’ils ont davantage accès à la culture et aux savoirs politiques qu’auparavant, les jeunes ne sentiraient pas davantage de proximité avec les politiciens et les institutions démocratiques, mais renforceraient plutôt une image négative de ceux-ci (Muxel, 1996). Les jeunes sont très critiques à l’égard des politiciens et des pratiques des partis politiques (Gavray, Born et Waxeiler, 2012; Muxel, 2001). Une étude basée sur les données provenant de l’Enquête sociale générale menée au Canada en 2003 a mis en relief que les jeunes dans la vingtaine suivraient moins les nouvelles et l’actualité sur une base quotidienne que leurs aînés (Milan, 2005). Les raisons évoquées pour expliquer cet écart entre les groupes d’âge relèvent d’un plus grand intérêt de la part des adultes plus âgés et probablement de la disposition de plus de temps libre (Ibid.).

Pour contrer le cynisme et le fatalisme envers la politique, il pourrait s’avérer bénéfique de développer chez les individus l’efficacité politique, soit la croyance qu’ils peuvent avoir un impact réel sur la politique (Réseau Éducation- Médias, 2011). De plus, lorsque nous évaluons l’intérêt qu’ont les jeunes pour la politique, il est nécessaire d’éviter un des pièges qui consiste à percevoir l’engagement politique uniquement dans sa forme la plus engageante, soit le militantisme. Cette forme ne concerne qu’une minorité de la population, soit environ 2 %, et cette proportion est relativement semblable au sein de la jeunesse (Muxel, 1996).

De plus, les médias représentent une source d’information politique pour les jeunes (Muxel, 1996, 2001; Milner, 2004). Le niveau d’études serait déterminant quant aux types de médias auxquels ont recours les individus. Mis à part la télévision, les médias seraient utilisés davantage lorsque le niveau de scolarité des individus est plus élevé (Muxel, 2001). Dans le cas de la télévision, il s’agit de l’inverse, soit plus le niveau de scolarité est bas, plus il s’agit d’un média utilisé (Ibid.). Toutefois, les jeunes politiquement actifs ne s’en tiennent pas à une seule source d’information, mais préféraient combiner l’utilisation de l’internet, la lecture des livres et l’écoute de la télévision (Réseau Éducation-Médias, 2011).

Le Réseau Éducation-Médias (2011) relève qu’il n’y a « aucun impact fort et homogène » entre l’utilisation de l’internet et l’engagement civique (p.14). Par contre, l’utilisation des ressources électroniques représente une source de motivation des jeunes pour réaliser des apprentissages en lien avec leur rôle de citoyen (Ibid.). Contrairement à ce que nous pourrions croire, l’émergence des ressources électroniques n’a pas éclipsé les formes d’engagement plus traditionnelles, mais on assiste plutôt à une combinaison des interactions virtuelles et réelles entre les individus (Ibid.).

Malgré que l’exercice du droit de vote soit parfois reconnu comme la forme sine qua non de la participation (Milner, 2004), les jeunes pourraient se détourner de cette forme plus classique pour s’intéresser à d’autres moyens d’engagement (Milan, 2005; Muxel, 2001). Ils privilégieraient un engagement actif grâce auquel ils peuvent voir des résultats immédiats (Gauthier, 2008; Milan, 2005; O’Neil, 2007; Percheron, 1993; Quéniart et Jacques, 2008; Quintelier, 2007) et se tourneraient vers un engagement plus individualisé, « à la carte, éphémère, multiple, à distance » (Ion et Ravon, 1998 dans Quéniart et Jacques, 2008, p. 215). Par conséquent, les jeunes dans la vingtaine vont privilégier des moyens d’engagement comme chercher de l’information sur une question politique, signer une pétition en ligne, boycotter (ou acheter) un produit pour des raisons éthiques, participer à des manifestations ou

réaliser du bénévolat (Milan, 2005; Percheron, 1993; Réseau Éducation-Médias, 2011). Plusieurs jeunes ne perçoivent pas le droit de vote comme un devoir, mais « préfèrent choisir les causes qui les intéressent et les méthodes qui leur semblent susceptibles de fournir des résultats le plus rapidement possible » (Gardner, Roth et Brooks-Gunn, 2008; Smith, 1999 dans Réseau Éducation-Médias, 2011, p.8).