• Aucun résultat trouvé

Les bénéfices et le fonctionnement du comité des élèves

2. DES PRATIQUES PROMETTEUSES : LE COMITÉ DES ÉLÈVES COMME

2.2 Les bénéfices et le fonctionnement du comité des élèves

Afin de situer ce qui est entendu par le comité des élèves, nous identifions ses bénéfices et son fonctionnement. Par la suite, les rôles des différents acteurs sont mis en évidence.

2.2.1 Les bénéfices associés au comité des élèves

Des recherches menées au Québec et à l’international relèvent que le comité des élèves joue généralement un rôle positif, à la fois pour les élèves et pour le milieu scolaire. Griebler et Nowak (2012) ont réalisé une recension des écrits sur les comités des élèves au regard de la promotion de la santé dans les écoles. Leur                                                                                                                

analyse de la documentation composée de deux articles scientifiques et de cinq rapports de recherches réalisées pour des associations professionnelles ou des fondations montre que les élèves délégués au comité des élèves développeraient leur sens des responsabilités, leur estime de soi, leurs capacités de communication et leurs connaissances et leurs compétences en lien avec la démocratie, par exemple, une meilleure connaissance des pratiques parlementaires et une meilleure compréhension du processus démocratique. Le comité des élèves permettrait aussi d’accroître leur sentiment de bien-être, leurs résultats scolaires (Davies et Yamashita, 2007) ainsi que leur capacité à coopérer et à faire preuve d’autonomie (McFarland et Starmanns, 2009; Pache-Hébert, 2009).

L’étude réalisée par Davies et Yamashita (2007) relève que les élèves qui participent au processus démocratique de leur école pourraient mieux comprendre le fonctionnement de leur société par la suite. Pour réaliser cette recherche, une coordonnatrice a travaillé avec des élèves et des membres du personnel de huit écoles secondaires en Angleterre, sur une période de trois années scolaires (2004-2007), afin de les soutenir dans le développement de comités des élèves. Les données de cette recherche ont été principalement recueillies par l’entremise de questionnaires et d’entretiens auprès de différents acteurs des écoles, ainsi que par les observations de la coordonnatrice. Aussi, à plus petite échelle, Pache-Hébert (2009) a montré que la participation des élèves au comité des élèves permettrait de saisir le fonctionnement d’un comité.

Lorsqu’ils sont interrogés sur les bénéfices qu’ils attribuent à leur participation au comité des élèves, les élèves délégués affirment se sentir écoutés, plus compétents pour communiquer avec les autres, plus confiants et fiers de leurs réalisations (Davies et Yamashita, 2007; Pache-Hébert, 2009). Ils soutiennent éprouver du plaisir à exercer leur rôle de délégué et se considèrent privilégiés par rapport aux autres élèves de l’école de pouvoir assumer cette responsabilité (Pache- Hébert, 2009).

Plusieurs études soulignent aussi que la participation active des jeunes dans leur milieu, telle leur participation au comité des élèves, aurait des répercussions sur leur engagement citoyen futur (Knapp, Fisher et Levesque-Bristol, 2010; Lakin et Mahoney, 2006; McFarland et Starmanns, 2009; McLellan et Youniss, 2003). Cet effet serait expliqué par la nature des activités du comité des élèves qui est directement liée aux formes d’engagement existant à l’âge adulte, soit dans une société démocratique. De plus, une étude longitudinale réalisée sur 11 ans (de 1986 à 1997) auprès de 600 jeunes montre que les individus qui participent activement à une mobilisation collective auront plus de chance de démontrer une participation active ultérieurement et que cette disposition perdure dans le temps (Muxel, 2001). Dans cette optique, l’expérience de participation active dans une action politique « a de fortes chances d’imprégner durablement, non seulement la mémoire, mais aussi le parcours politique ultérieur de l’individu » (Ibid., p.158). D’ailleurs, des effets positifs sur la socialisation politique2 des jeunes seraient attribués au comité des

élèves (Beck et Jennings, 1982; Hank et Eckland, 1978; McFarland et Thomas, 2006 dans McFarland et Starmanns, 2009).

Aussi, des bénéfices sur l’ensemble du milieu scolaire relativement au comité des élèves dans une école sont relevés. En réalité, le comité des élèves amènerait à reconnaitre un rôle actif aux élèves, accroîtrait leur intérêt pour contribuer à leur environnement, en plus de les sensibiliser à leur milieu (Davies et Yamashita, 2007; Flutter, 2006). Précisons que Flutter (2006) s’est intéressée à savoir comment la participation des élèves peut contribuer à des stratégies efficaces pour améliorer l’environnement de travail à l’école, et ce, à partir de plusieurs expériences et recherches menées en Angleterre sur la participation des élèves.

De plus, le comité des élèves permettrait de développer de meilleures relations interpersonnelles, autant entre les enseignantes et enseignants et les élèves                                                                                                                

2  Le prochain chapitre consacré au cadre de référence précisera en quoi consiste la socialisation

qu’entre les élèves (Davies et Yamashita, 2007; Griebler et Nowak, 2012; Miles, 2010). Il aurait pour effet de réduire l’exclusion des élèves (Davies et Yamashita, 2007), de développer une plus grande conscience des autres ainsi qu’un respect de leurs opinions (Pache-Hébert, 2009). Le seul fait qu’une école dispose d’un comité des élèves actif pourrait faire une différence par rapport à l’attitude positive des élèves (Davies et Yamashita, 2007).

La documentation gouvernementale et professionnelle insiste quant à elle sur les apprentissages de la démocratie réalisés grâce au comité des élèves. Ce comité offrirait la possibilité de « concerter toute l’école et de contribuer à en faire un milieu de vie et un lieu d’apprentissage de la vie en société » (DGEQ, 2005a, p.4). L’expérience d’engagement au comité des élèves permettrait aux élèves d’apprendre le fonctionnement d’une démocratie, notamment par la reproduction du système électoral et de la démocratie représentative (CSE, 1998; DGEQ, 2005a; ANQ, 2009a). La mise en œuvre d’un comité des élèves permettrait aussi d’accroître le sentiment d’appartenance à l’école (ANQ, 2009a; DGEQ, 2005a; Gouvernement du Québec, 2002).

2.2.2 Les modes de fonctionnement

Les écrits professionnels apportent un éclairage quant aux modes de fonctionnement des comités des élèves. Ces écrits mettent l’emphase sur le fait qu’il n’y a pas qu’une seule manière de mettre en œuvre un comité des élèves dans une école (Pierret-Hannecart et Pierret, 2006) et, par le fait même, qu’il « n’existe donc pas de démarche modèle pouvant garantir sa réussite » (Le Gal, 2002, p.164). Les écoles sont confrontées à des réalités différentes et c’est pourquoi le comité des élèves doit être adapté à chacun des milieux, en concordance avec leur projet éducatif (DGEQ, 2005b; Holdsworth et Kennelly, 2008; Le Gal, 2002; Marchant, 2011). En fait, quel que soit le fonctionnement mis de l’avant, il revient

généralement à déterminer le déroulement des rencontres et de l’ensemble des travaux du comité des élèves (DGEQ, 2005a, 2005b).

Bien que les comités des élèves puissent avoir divers modes de fonctionnement, il n’en demeure pas moins que des valeurs communes doivent guider l’implantation de ce comité de participation des élèves, dont « l’autonomie, la responsabilité et la prise en charge par l’élève de sa formation, l’initiative et la créativité, l’écoute, le partage, la solidarité et l’entraide, la liberté (d’expression notamment) et la confiance, le sens critique, l’aide à la réussite » (Pierret-Hannecart et Pierret, 2006, p.93). En outre, Le Gal (2002) considère que la mise en place d’un comité des élèves doit se faire de façon progressive en tenant compte du rythme des différents acteurs. Marchant (2011) qui agit comme accompagnateur de comité des élèves depuis plusieurs années soutient que trois années de travail seraient nécessaires pour parvenir à ce que le comité des élèves soit fonctionnel.

Des sujets très diversifiés sont abordés d’un comité à l’autre, mais le comité des élèves voit à l’amélioration de la vie scolaire (ANQ, 2009a, 2009b; Biermann, 2006). Pour prendre des décisions, les élèves procèdent habituellement par recherche de consensus (Le Gal, 2002; Rueff-Escoubès et Moreau, 1987). Cependant, ils votent parfois afin de se positionner plus rapidement lors des rencontres (Le Gal, 2002). Notons également que certains comités des élèves ont à leur disposition un budget et d’autres pas. Le fait d’avoir à gérer un budget responsabilise les élèves du comité, et la création de liens entre le comité des élèves et la communauté peut encourager une citoyenneté active des élèves (Davies et Yamashita, 2007).