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CHAPITRE 2 : D’ UN CONCEPT MULTIFORME À L ’ ESSAI D ’ UNE PROBLÉMATISATION

2.1. Les liens sociaux au sein du rester

2.1.1. L’intégration et l’appartenance

Rester oui, mais où ? Si rester est envisageable, c’est parce qu’il y a des espaces et des situations au sein desquels il est possible de rester et où il y a du sens à rester. Rester implique donc une forme d’intégration au sein d’un groupe ou d’une sphère sociale, ainsi qu’une appartenance physique ou symbolique à celle-ci. Quelles que soient leurs formes, l’intégration et l’appartenance sociale nous questionnent quant à leur incidence et leur rôle pour que le rester soit possible. Comment se créent les appartenances et les intégrations sociales ? Quels sont les ressorts de celles-ci et comment les individus sont-ils tenus ou lâchés au point de rester ici ou ailleurs ? Questionner les espaces où l’on reste, c’est tenter de comprendre ce qui se forme et se déforme au sein de ces espaces et qui rend possible le rester. En somme, en intégrant les souterrains des espaces d’intégration et d’appartenance,

89La distinction faite entre l’insertion individuelle et l’insertion sociale se situe dans l’objectivité et la subjectivité du vécu

d’insertion. L’insertion sociale telle que nous l’entendons est le fait même de faire partie objectivement d’un groupe social (pairs, collègues, etc.) et d’expérimenter une reconnaissance qui en découle. Au-delà d’une appartenance au groupe, l’insertion sociale regroupe un ensemble d’éléments qui permettent à un individu d’être intégré et de fonctionner en société. L’insertion individuelle se réfère à la manière dont l’individu se sent subjectivement inséré auprès d’un groupe d’appartenance spécifique qui le relie aux autres.

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nous allons tenter d’extraire les composantes fondamentales de ces dimensions pour éclairer les liens sociaux qui traversent le rester.

Les liens sociaux fournissent aux individus des prises à partir desquelles il leur sera possible de se déployer, de grandir et de se construire au sein de ce que Serge Paugam (2008) appelle le « maillage social » (p. 78). Ce maillage se construit au gré d’une quête d’autonomie qui se réalise grâce à la mise en place de « relations d’interdépendance » qui constituent des points d’appui nécessaires à une forme d’émancipation de la sphère strictement familiale (Gaudet, 2001, p. 75). Le processus de socialisation secondaire induit ce que Stéphanie Gaudet appelle une « renégociation des liens » avec les membres d’un « réseau primaire », une forme de repositionnement face à l’entourage et une inévitable « redéfinition des liens » (P. 75). La quête d’autonomie, qui concerne de près la jeunesse sans qu’il ne soit possible de la restreindre à cette catégorie de personnes, oblige la mobilisation de tierces personnes et donc de liens sociaux, autant qu’elle induit, de fait, un processus de socialisation. Loin d’une recherche d’indépendance ou d’autosuffisance où les liens sociaux prendraient une place secondaire, la quête d’autonomie soulève la nécessité du lien, tant « l’autonomie se construit à travers les liens » (Ibid., p. 75). Le processus d’autonomisation se juxtapose au processus de passage à un nouveau statut qui demande de se tourner vers l’extérieur pour construire les points d’appui de cette nouvelle définition de soi. L’apprentissage de l’autonomie correspond à un processus de socialisation (Ibid.) qui peut être vu comme un espace d’apprentissage social et de (re)définition de soi. La création d’un espace composé de liens sociaux, de possibilités de socialisation, d’apprentissage et d’autonomie permet aux individus une variété d’expérimentations individuelles et sociales. Que ces espaces soient socialement reconnus ou non, ils s’apparentent à des lieux symboliques dans lesquels il est possible de « passer son chemin » ou de rester.

La relation apparaît comme centrale dans le processus de définition de soi. Face à soi et face aux autres, chacun mobilise des liens sociaux créant ainsi des espaces de socialisation diversifiés. La définition de soi implique l’exposition de soi, notamment par la mise en lumière, voire la réaffirmation, de ses propres valeurs qui, dans le contexte contemporain de désinstitutionalisation, se fait, selon Stéphanie Gaudet (2001), à travers des pratiques qui engagent les individus les uns envers les autres, mais aussi « envers certaines institutions » (p. 78). Pouvoir montrer et « se » montrer qui l’on est devient une nécessité à l’heure où chacun définit sa propre expérience au travers d’une multiplicité de possibles. Les pratiques n’ont toutefois de sens qu’à partir du moment où elles trouvent un public susceptible de les percevoir et de les légitimer, mais aussi de reconnaître les valeurs qui leur sont sous-jacentes. Les autres ne sont toutefois pas que des réceptacles ou des validateurs de l’expérience ; ils constituent aussi un groupe dont l’appartenance est « productrice d’identité » et permet d’exprimer à la fois sa similitude et sa singularité (Le Garrec, 2002, p. 24).

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Ainsi, l’espace du rester n’a de sens que parce qu’il est occupé par autrui et parce que l’interaction rend possible tant l’expérience sociale et collective que l’expérience de soi.

Cette dynamique de réorganisation et de renégociation des liens laisse transparaître une juxtaposition des espaces d’appartenance, voire une fluctuation des degrés d’intégration. Ce flottement qui touche les différents univers sociaux en (dé)construction montre que, quels que soient les liens sociaux qu’un individu ait tissés avec son entourage et le groupe social auquel il appartient objectivement, il peut, d’une part, s’en distancer et, d’autre part, se conformer à des valeurs qui ne sont pas celles de son « groupe d’appartenance » (Merton, 1997, p. 206). La notion de groupe est ici importante pour montrer non pas une forme clanique et visible de regroupement, mais l’appartenance à un espace social qui dépasse l’objectivité des individus en présence et des liens visibles. La possible discordance entre l’appartenance objective et l’inscription subjective au groupe est relevée par Robert Merton (Ibid.) qui distingue les groupes d’appartenance et de référence. Cette différenciation offre un volume non négligeable à la notion d’espace et de socialisation. En effet, quelles que soient la situation des individus et la dynamique dans laquelle ils se trouvent, l’auteur nous montre que les individus peuvent se trouver dans un groupe d’appartenance, dans un groupe de référence, c’est-à-dire un groupe vers lequel l’individu cherche à se hisser, voire, selon nous, à être à cheval entre les deux. Dès lors, les différents espaces d’existence, de représentation de soi, en somme les différents « mondes sociaux » (Lahire, 1998), ne sont pas clairement définis et distincts les uns des autres et méritent d’être regardés au travers de ce qu’ils apportent et des liens qu’ils engagent. Dans ce sens, les pratiques dont parle Stéphanie Gaudet qui traduisent des valeurs et qui sont susceptibles d’engager l’individu face aux autres et aux institutions, peuvent enrôler cet individu dans son groupe d’appartenance ou dans un groupe de référence, démontrant ainsi la multiplicité et la complexité des univers sociaux.

Tenir compte de la subjectivité, de la subtilité et de la logique des socialisations et des conditions de vie actuelles est essentiel pour saisir la complexité de l’action (Lahire, 1998). L’auteur soutient que si les différents mondes sociaux auxquels participent les individus représentent des espaces de socialisation hétérogènes, ceux-ci peuvent également être contradictoires. Avant cela, les travaux de George Herbert Mead (1963), et dans leur continuité ceux d’Anselm Strauss (1993), montrent la pluralité des mondes sociaux dans lesquels les individus peuvent conjointement s’inscrire et les possibles conflits que cela peut engendrer90. Cette contradiction et ces conflits peuvent venir du fait que les différents mondes sociaux avec lesquels les individus jonglent sont disparates, mais aussi par

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Bernard Lahire (1998) présente la pluralité des mondes sociaux en axant son propos sur l’hétérogénéité des groupes que côtoient les individus au cours de leur existence et ce, dès la plus tendre enfance. Quel que soit le degré d’appartenance et d’affiliation à un univers social, il nous dit que « ces groupes (…) constituent les cadres sociaux de notre mémoire » (p. 36).

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le fait que l’individu peut aspirer à intégrer un espace social (sans pour autant y appartenir) et se tenir dans une posture de « conformisme anticipateur » (Merton, 1997, p. 224). Cette posture permet l’insertion réelle ou imaginaire dans un groupe recherché. Dans ce sens, le processus de socialisation s’agrandit en considérant que les individus sont aussi susceptibles d’être dans « un temps de préparation » qui s’apparente à une « socialisation anticipatrice » (Ibid., p.227) vécue de façon partiellement inconsciente. L’intérêt de considérer ici les propos de Robert Merton réside dans la mise en exergue des différents temps de socialisation, voire des socialisations « cachées ». En effet, les socialisations reflètent non seulement l’inscription sociale et relationnelle des individus, mais aussi, et surtout, leur posture au sein de leur environnement, soit la dimension plus subjective de leur appartenance et de leur intégration à un espace social. À ce propos, Bernard Lahire (1998) souligne la possibilité pour les individus d’avoir différents positionnements dans un groupe social91

, ce qui reflète, à notre sens, un degré variable d’intégration et un sentiment d’appartenance qui pourraient ne pas correspondre à l’intégration visible. À titre d’exemple, et en mobilisant le concept de « socialisation anticipatrice », certains individus pourraient, en apparence, être relativement bien intégrés dans un univers professionnel, tout en étant, intimement, dans un temps de préparation susceptible de les conduire vers un univers nouveau, qui constitue déjà une référence depuis un certain temps. Ce temps de préparation logiquement accompagné d’une modification du sentiment d’appartenance induit des changements au niveau du positionnement de soi dans les différents univers sociaux. L’exemple du professionnel qui tacitement change le cours des choses n’a pas pour but d’analyser la bifurcation92

, mais de démontrer que la prise en compte des espaces de socialisation qui habitent le rester demande de sortir de l’apparence pour se préoccuper de celle qui lie l’individu à ses mondes sociaux. Ce fil qui lie l’individu aux différents espaces qu’il fait siens ou, au contraire, qui se distend à mesure que l’individu s’engage ou se désengage, s’avère essentiel à questionner pour saisir les conditions qui rendent possible le rester.

L’hétérogénéité des mondes sociaux soulève l’hétérogénéité des liens sociaux et des engagements individuels qui les rendent possibles. Saisir les engagements, c’est donc saisir de plus près le sens et la force des liens. Nous avons vu que, pour Howard Becker, l’individu crée des paris subsidiaires qui le lient de, diverses manières, et l’impliquent dans un système d’action qui se doit d’être cohérent. Ces paris subsidiaires peuvent dès lors être étroitement liés au groupe d’appartenance ou à un groupe de référence, ce qui engendre une installation différente dans les mondes sociaux qui composent les réalités de chacun. L’individu peut dès lors impliquer dans l’équation de son parcours d’autres individus et se lier ainsi à un espace plutôt qu’à un autre, en s’engageant dans une ligne d’action qu’il devra maintenir cohérente. Or, il peut aussi (et c’est particulièrement intéressant) éviter

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Comme celui de consommateur, d’amateur, de spectateur, ou encore de producteur ou de professionnel.

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de se lier, voire déjouer certains engagements qui engendreraient des tensions et des conflits. S’il se crée des liens sociaux qui contribuent à expliquer l’intégration sociale et l’appartenance de chacun à certains univers, il se construit conjointement, au fur et à mesure des parcours biographiques, des engagements qui lient l’individu à d’autres individus et plus largement à un groupe social plutôt qu’à un autre. En suivant cette logique qui reflète la mobilité sociale contemporaine93, les individus qui restent dans un espace social particulier peuvent être en processus d’insertion forte dans ce groupe social, par le biais d’un conformisme à l’égard des normes et des valeurs du groupe, ou alors être en processus de désinsertion de ce groupe en cherchant à se hisser, pas à pas, dans un autre espace social. Ils peuvent aussi utiliser un certain contexte à des fins de socialisation et d’autonomisation et c’est la compréhension du processus individuel plus que du contexte qui permettra d’appréhender l’insertion et donc le rester.

Michel Parazelli (1997) montre que certains contextes, et en l’occurrence la marge, peuvent constituer des espaces de socialisation selon la façon dont l’individu s’y inscrit. La marge, qui offre à certains jeunes une possibilité de « socialisation marginalisée », est apparentée à un espace au sein duquel l’individu se construit, s’expérimente au gré des liens sociaux et des engagements qui s’y créent et ne peut se réduire à un refuge qui aurait pour seule vertu l’éloignement de la conventionalité. Le sens que l’individu donne aux espaces sociaux dans lesquels il s’insère devient dès lors d’une importance capitale, dans la mesure où il permet de saisir les fonctions de cet espace et l’utilité de ce qu’il cherche à y créer. Dans ce sens, analyser le rester demande de comprendre à la fois l’intégration et l’appartenance d’un individu à un groupe social, mais aussi le processus d’inscription sociale, relationnelle et symbolique vers lequel il tend pour saisir l’intensité du rester.

La constellation individuelle permettant de saisir le rester se doit de considérer à la fois l’hétérogénéité des espaces de socialisation, les liens sociaux qui se font et se défont, et les engagements individuels, en tenant compte des processus anticipatoires dans lesquels les individus se socialisent (ou cherchent à se socialiser). Ces derniers conditionnent l’intégration et l’appartenance à un espace social au sein duquel se vit une situation sociale et expérientielle particulière. Liens sociaux, engagements et socialisations forment ainsi une triade conceptuelle qui permet d’approcher l’espace du rester et les constructions individuelles et sociales qui s’y forment. En ce sens, la triade nous montre que l’individu qui reste ne peut s’apparenter à « un atome solitaire face à un bloc lisse qui serait la société » (Bidart & Longo, 2010, p. 116), mais à un être capable de créer et de dynamiser son propre espace social et relationnel.

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Robert Merton (1997) nous montre que le fait de se hisser vers un groupe auquel l’individu n’appartient pas est possible dans une structure sociale qui laisse une place à la mobilité.

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Au-delà de ce qui se crée au sein de l’espace où l’on reste, arrêtons-nous sur ce qui s’y vit. Qu’apporte un espace dans lequel on reste ? Qu’est-ce qui se vit et qu’est-ce qui est recherché au point de s’installer dans cet espace ? Nous avons vu que se construisent des temps forts de socialisation et d’autonomisation, des expériences individuelles et collectives qui contribuent à la négociation et à la définition de soi et des liens aux autres. Cependant, l’espace social constitue aussi un endroit de participation active et collective qui rend cet espace vivant. Les relations sociales qui se tissent permettent aux individus d’exercer des rôles sociaux94

plus ou moins variés selon la qualité et la nature des relations entretenues. Il est reconnu par ailleurs qu’au cours de l’enfance, le réseau social et affectif dans lequel évolue le jeune s’agrandit et que d’autres espaces et individus participent à la construction stable de sa personne, l’amenant à jouer des rôles diversifiés (Mallet, et al., 2003). Or la qualité et la variété des rôles sociaux dépendent du contexte de vie et des relations sociales qui s’en dégagent et il existe donc une grande différence interindividuelle dans l’expérimentation de ces rôles. Pourtant, ces derniers agissent comme des principes directeurs en imposant un cadre souvent précis et permettent à l’individu de s’exercer dans différents registres. Par les rôles sociaux qu’ils exercent, les individus se confrontent aux attentes qui s’y rapportent, aux exigences sociales et à la nécessité d’une cohérence entre le rôle qui leur est attribué et les actions menées. Dans ce sens, les rôles sociaux constituent en eux-mêmes des espaces de participation où l’individu a l’opportunité de se montrer actif et de s’expérimenter dans un cadre donné. À l’instar de l’ensemble des espaces sociaux, celui dans lequel l’individu reste offre l’opportunité de jouer des rôles, non pas au sens d’un divertissement, mais comme une création interactive. Rester se fait donc dans un espace qui offre la possibilité d’une participation active à la co-construction ou au maintien des relations engagées ; qui permet de s’exercer dans des registres variés et de se construire ainsi un bagage d’expériences.

Le bagage dont les individus disposent est exprimé par de nombreux auteurs qui mobilisent des concepts différents. Le réseau de relations, que les individus tissent et entretiennent au sein d’un groupe apporte, pour Pierre Bourdieu (1980), un « capital social » qu’il définit comme « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’inter-reconnaissance, ou, en d’autres termes, à l’appartenance à un groupe, comme ensemble d’agents qui ne sont pas seulement dotés de propriétés communes (susceptibles d’être perçues par l’observateur, par les autres ou par eux- mêmes), mais sont aussi unis par des liaisons permanentes et utiles » (p. 2). Le concept de capital social entendu par Pierre Bourdieu met en évidence le bagage de chacun au travers des ressources qu’apporte (ou peut apporter) l’appartenance à des « mondes sociaux » (pour reprendre le terme

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Les rôles sont « des comportements appris par l’individu sur la base de ses statuts actuels ou futurs. Ils correspondent à une attente sociale à laquelle l’individu doit se conformer pour valider sa présence dans le statut considéré » (Durand & Weil, 1999, p. 115). Les auteurs citent Ralph Linton qui définit le terme de rôle comme « l’ensemble des modèles culturels associés à un statut donné » (1967, p. 71).

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utilisé par Bernard Lahire). La diversité du réseau social mobilisable, qui offre, nous l’avons vu, une variété de rôles sociaux, donne aussi accès à un capital social dont le volume dépend justement des liaisons que chacun a créées et maintenues dans son univers social. L’auteur ajoute que ce capital dépend également « du volume du capital (économique, culturel ou symbolique) possédé en propre par chacun de ceux auxquels il est lié » (Ibid.). En considérant le bagage avec lequel certains individus restent dans des situations sociales et expérientielles particulières, Pierre Bourdieu attire l’attention sur deux aspects. D’une part, le bagage est composé d’un capital social qui ne peut se réduire au capital économique, culturel ou symbolique ; d’autre part, ce capital social est partiellement dépendant du capital culturel et économique de l’individu, car ces derniers offrent la reconnaissance et l’assurance d’une certaine homogénéité que Pierre Bourdieu nomme « objective »95 dans le groupe.

Les liens sociaux qui se créent dans un espace social particulier sont donc producteurs de rôles sociaux, mais aussi de ressources. Ces dernières s’apparentent à des profits réels ou potentiels qui n’existent que grâce à un entretien nécessaire « pour produire et reproduire des liaisons durables utiles, propres à procurer des profits matériels ou symboliques » (Bourdieu, 1980, p. 2). En d’autres termes, le réseau, qui lie les individus les uns aux autres dans un espace où l’on reste, peut se créer par le biais de « stratégies d’investissement social » (Ibid.), ce qui donne d’ailleurs du corps à la notion de construction de l’espace où l’on reste. Les réseaux sociaux, qui sont le fruit de stratégies, peuvent être définis comme « une source importante de ressources diversifiées pour l’individu » et sont dès lors largement considérés dans les études relatives aux problématiques sociales et plus particulièrement à celles qui s’intéressent à l’isolement (Charbonneau & Turcotte, 2005, p. 173). En effet, bien que les relations lient les individus entre eux, il est nécessaire de les considérer comme étant toutefois de nature, d’intensité, de qualité et de fonctions différentes et susceptibles de générer des ressources de nature également différente (Ibid.). De ce fait, les constellations sociales et individuelles de chacun sont liées et les ressources constituent le contenu fort du bagage avec lequel