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1-b- L’influence des sources : une compilation de savoirs sur les plantes

A la fin du Moyen-Age, la connaissance des plantes livrée par les écrits semble tributaire de savoirs hérités, que ce soit de sources antiques ou médiévales. Dans les parties des ouvrages encyclopédiques qui ne sont pas consacrées à des plantes particulières, les différentes sources sont intégrées dans une approche thématique. Les auteurs s’interrogent sur des sujets variés tels que ce qui distingue la plante des animaux et des minéraux, la nature de son âme, les parties qui la composent, son mode de croissance… Bien que la façon de

25 En effet, dès le milieu du XIIIe siècle, certaines encyclopédies sont rédigées en langue vulgaire comme l’Image

présenter ce savoir puisse varier d’un auteur à l’autre, les informations délivrées restent fidèles à l’autorité compilée. Les connaissances sur les plantes semblent, à première vue, ne pas se renouveler mais être simplement réagencées. Pline l’Ancien, le pseudo-Aristote et Isidore de Séville servent plus particulièrement de référence dans les livres qui traitent de la plante en général.

L’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, dont les livres XII à XXVII s’intéressent aux plantes, a permis à une partie de la botanique de Théophraste d’être transmise au Moyen Age26. Pline a en effet voulu réunir l’ensemble du savoir et son étude des plantes s’intègre entre celle des minéraux et celle des animaux. Il explique en effet : « Telle est l’histoire, par espèces et par organes, de tous les animaux qui ont pu être connus. Reste à parler d’êtres qui ne sont pas non plus dépourvus d’âme, puisque rien ne vit sans âme, des productions végétales de la terre ; après quoi nous traiterons des minéraux extraits de son sein, de sorte que nous n’aurons passé sous silence aucune œuvre de la nature ». Bien que l’ouvrage de Pline soit peu original dans son contenu, il livre un ensemble de connaissances sur les plantes et ne les étudie pas seulement en rapport avec la médecine ou l’agriculture. Pourtant, elles ne sont envisagées que par rapport à leur utilité pour l’homme. Par exemple, dans le livre XII, quand il commence à parler des arbres, il s’intéresse d’abord à ceux consacrés aux divinités. Puis il note l’intérêt des arbres fruitiers et du bois de construction. Il enchaîne ensuite sur le platane qui offre une belle ombre, et sur d’autres arbres comme le cerisier ou le citronnier dont les vertus sont rappelées. Cette source majeure pour les auteurs du Moyen Age ne considère pas l’étude des plantes indépendamment de l’intérêt que l’on peut en tirer. Vincent de Beauvais s’y réfère davantage que Thomas de Cantimpré, Barthélémi l’Anglais ou Albert le Grand.

Par ailleurs, la redécouverte des travaux d’Aristote27

marque un jalon important dans le renouveau de la botanique. L’exemple le plus significatif est celui du De Vegetabilibus

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On pourra consulter Pline, Histoire naturelle, livres XIV à XXV, coll. des Universités de France, Les Belles Lettres, Paris, 1958-1974 et Pline, La vertu des plantes : « Histoires naturelles » livre XX, trad. par F. Rosso, Arléa, Paris, 1995. On pourra également voir J. André, « Pline l’Ancien botaniste », Revue des Etudes latines, 33, 1955 et A. G. Morton, « Pliny on plants : his place in the history of botany », dans Science in the early

Roman Empire : Pliny the elder, his sources and influence, Roger French and Frank Greenaway (éd.), Barnes

and Noble books, Towota, 1986, p. 86-97.

27 Voir notamment A. Birkenmajer, « Le rôle joué par les médecins et les naturalistes dans la réception d’Aristote au XIIe

et au XIIIe siècles », dans La Pologne au VIecongrès international des sciences historiques, Oslo, 1928, Varsovie, 1930, p. 1-15 ; C. H. Lohr, Commentateurs d’Aristote au Moyen Age latin. Bibliographie de la littérature secondaire récente, Cerf, Paris, 1988 ; et C. Leijenhorst, C. Lüthy, J.M.M.H. Thijssen, (éd.), The Dynamics of Aristotelian Natural Philosophy from Antiquity to the Seventeenth Century, Leiden, 2002 (Medieval and Early Modern Science, 5).

d’Albert le Grand, dont la principale source est le De Plantis du pseudo-Aristote28

. Si le philosophe grec a peut être écrit un ouvrage sur les plantes, l’auteur du De Plantis semble plutôt être Nicolas de Damas, qui a vécu au Iᵉ siècle avant J.-C29. Laurence Moulinier explique en effet que le De Vegetabilibus serait « le commentaire d’un traité apocryphe circulant sous le nom d’Aristote et qu’il faut sans doute attribuer, d’après Jerry Stannard, à Nicolas de Damas30 ». Albert le Grand a certainement consulté la traduction latine d’une copie arabe réalisée autour des années 1200 par Alfred de Sareshel. A. C. Crombie explique que « la traduction de l’ouvrage du pseudo-aristotélicien Liber de Plantis ou De

Vegetabilibus » daterait du début du XIIIᵉ siècle. « Mis à part les herbiers empruntés à

Dioscoride et au pseudo-Apulée », ce serait « la source unique et la plus importante de la botanique médiévale ultérieure31 ». Comme l’explique R. J. Long, l’original grec de Nicolas de Damas a été perdu. Il a été traduit en syriaque au IXᵉ siècle et en arabe autour de 900 par Ishaq ibn Hunain. Alfred de Sareshel aurait ensuite traduit l’ouvrage en latin. Roger Bacon atteste de l’existence d’une seconde version latine dans la première moitié du XIIIᵉ siècle. E. L. J. Poortman, dans son introduction à l’édition critique de Pierre d’Auvergne32

, confirme que le De vegetabilibus et plantis a été disponible pour l’Occident latin dans la seconde moitié du XIIᵉ siècle. Il ajoute que c’est certainement la traduction arabe qui a été trouvée en Espagne par Alfred de Sareshel à la toute fin du XIIᵉ siècle. Probablement deux versions en ont été faites, un premier projet sans prologue et un autre avec, la seconde version étant celle qui a été la plus transmise. La traduction d’Alfred de Sareshel a en effet beaucoup d’influence. Le De Plantis devient en 1254 un sujet d’étude à la faculté des Arts de Paris. Une autre preuve de l’importance du traité est le nombre de commentaires qui en a été fait. Celui d’Alfred de Sareshel est le premier et certainement le plus bref des neuf ou plus composés au

28

Par exemple, De Vegetabilibus, Livre IV, § 1 : « Plantarum vires naturales, (…), in hoc quarto libro hujus

scientiae dicere suscipimus, sequentes in hoc Aristotelem, cujus dicta in suo libro secundo vegetabilium posita hic more nostro exponemus » : « dans le livre IV nous allons traiter des vertus naturelles des plantes, suivant

Aristote dans son livre II sur les végétaux ».

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On pourra consulter : De plantis : five translations/Nicolaus Damascenus, éd. et intr. par H. J. Drossaart et E. L. J. Poortman, Oxford : North Holland, Amsterdam, 1989 ; ainsi que R. French, « Teaching Aristotle in the Medieval English Universities : De Plantis and the Physical Glossa Ordinaria », Physis, 34, 1997, p. 225-296.

30

Dans « Deux jalons de la construction d’un savoir botanique en Allemagne aux XIIe-XIIIe siècles : Hildegarde de Bingen et Albert le Grand », dans Le monde végétal (XIIe-XVIIe siècles) : savoirs et usages sociaux, dir. A. J.

Grieco, Presse Universitaire de Vincennes, 1993, p. 91 et 92 ; Alain de Libera rejoint Jerry Stannard en attribuant l’ouvrage à Nicolas de Damas, traduit de l’arabe par Alfred de Sareshel avant 1200 », dans « Aristotélisme médiéval », dans Dictionnaire du Moyen Age, littérature et philosophie, Encyclopaedia universalis, Albin Michel, 1999, p. 105.

31

Dans Histoire des sciences de Saint-Augustin à Galilée : 400-1650, trad. J. d’Hermies, P.U.F., Paris, 1959, page 33.

32 Petrus de Alvernia, Sententia super librum « De vegetabilibus et plantis », éd. E. L. J. Poortman, Brill, Leiden-Boston, 2003.

Moyen Age. Il existerait également un commentaire anonyme à Cambridge, sous la cote de Peterhouse MS. 157. Les passages de la version arabe auxquels celui-ci ajoute des gloses sont les quatre premiers chapitres du premier livre et les dix derniers chapitres du second livre. Il ne commente donc pas les vingt-deux chapitres intermédiaires. R. J. Long constate qu’on n’en connaît pas la raison mais que c’est peut-être parce qu’il ne voit pas l’intérêt de les commenter33, supposition rejetée dans l’édition de H. J. Drossaart Lulofs et E. L. J. Poortmann34. Alfred de Sareshel attribuant le De Plantis à Aristote, les commentaires qu’il ajoute sont tirés d’autres traités du corpus aristotélicien. Ils se basent sur les quatres éléments et leurs qualités, la logique aristotélicienne, une partie de la biologie d’Aristote et les écrits d’Avicenne. Le texte du commentaire d’Alfred de Sareshel suit immédiatement le passage du pseudo-Aristote auquel il se rapporte. De plus, il illustre ses commentaires par des exemples d’arbres d’Europe de l’Ouest ou d’arbres connus à travers les écrits bibliques ou patristiques : cendre, sapin, nèflier, figuier, ébène, palmier et buis. Le texte ne comporte pas d’indication qui laisse entendre que ces exemples aient pu être puisés dans des observations personnelles mais c’est peut-être le cas pour certains d’entre-eux. R. J. Long a retrouvé cinq citations du commentaire d’Alfred de Sareshel dans le De Proprietatibus rerum et une utilisation plus importance dans le commentaire du De Plantis d’Adam de Bockenfield. Il conclut sur le fait que si le commentaire d’Alfred de Sareshel marque la naissance de la botanique, elle reste à l’état embryonnaire35

. Par ailleurs, Iolanda Ventura, dans son édition critique du livre XVII du

De Proprietatibus rerum, explique que la version que Barthélémi l’Anglais a utilisée n’est pas

le texte critique publié par Long en 1985 mais une version plus ample. Elle reproduit la version du commentaire transmise par un groupe de codices anglais des XIIIᵉ et XIVᵉ siècles, connue sous le nom Glossa ordinaria anglicana36. Le texte de cette version a été rédigé dans

33

Voir « Le commentaire du De Plantis de Nicolas de Damas », dans R. J. Long (éd.), « Alfred de Sareshel’s commentary on the pseudo-aristotelian De Plantis. A critical edition », Medieval Studies, XLVII, (1983), p. 145-167.

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« It is surprising that Long has failed to consider a possibility that seems obvious in cases like this, i. e. the

mechanical loss of a part, e. g. a quire from the archetypes of the commentary. A close scrutiny of the numerous MSS, that contain – sometimes quite extensive- fragments of Alfred’s Commentum, and then of the subsequent commentaries on De Plantis might perhaps yield quotations from the missing part of the commentary”, dans Nicolaus Damascenus, De Plantis, Five translations…, 1989.

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Il note également que pour que la version du texte d’Alfred par Meyer soit utilisable, il faut la compléter car ce dernier ne s’est basé que sur trois manuscrits pour établir le texte d’Alfred, alors qu’il en existe environ 170 versions. Inconscient de l’existence du commentaire d’Alfred, Meyer aurait trop compté sur Albert le Grand.

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Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum. Volume VI : livre XVII, éd. Iolanda Ventura, Turnhout, 2007, page XIV : « Il testo del commento di Alfredo segue, di solito, immediatamente il brano dello Pseudo -Aristotele a cui è riferito, o viene mescolato ad esso. La redazione che Bartolomeo Anglico ebbe tra le mani non rispecchia il testo critico pubblicato dal Long nel 1985, ma è molto piu ampia, e riproduce la versione del commento tramandata da un gruppo di codici inglesi del XIIIe XIVe nota come Glossa ordinaria anglicana ».

la seconde moitié du XIIIᵉl siècle37. Cette version inclut en plus du commentaire courant un groupe de gloses interlinéaires et marginales qui fournit, contrairement au texte publié par Long, l’interprétation des deux livres du De Vegetabilibus. C’est sur la base de ce texte que se déroulaient les lectures de Nicolas de Damas dans les universités anglaises entre les XIIIᵉ et XIVᵉ siècles38. Par ailleurs, l’édition de H. J. Drossaart Lulofs et E. L. J. Poortmann explique que le commentaire d’Albert le Grand, celui de Pierre d’Auvergne et probablement celui de Vincent de Beauvais sont tous basés sur celui d’Alfred de Sareshel. C’est Albert le Grand qui approfondit le plus le texte d’origine. Le commentaire d’Adam de Bockenfield, Glossae super

De vegetabilibus et plantis39, dans l’édition critique qu’en a faite R. James Long40

, montre qu’il ne s’écarte pas de celui d’Alfred de Sareshel. Il révèle plutôt des qualités pédagogiques car ses paraphrases permettent d’éclairer les propos de sa source. Par exemple, il commence par diviser le texte pour le rendre plus clair. Dans son De Vegetabilibus, Albert le Grand fait preuve de plus d’esprit critique. Il attribue en effet l’apparente confusion de certains passages du traité aux erreurs de traduction. A la fin de l’exposé du premier livre du De plantis, il reconnaît que si « tout ce qui a été affirmé depuis le début de ce livre, excepté nos propres considérations dans le premier chapitre, semble être obscure, la faute ne vient pas d’Aristote mais de ses traducteurs »41. Il les corrige42 et explique que son intention est de reprendre les

37

De proprietatibus rerum…, éd. Iolanda Ventura, p. XV : « Il testo della Glossa ordinaria anglicana, pubblicato in parte nel 1997 dal French, è ritenuto dallo studioso essere stato redatto durante la seconda metà del XIII secolo; i manoscritti più antichi che lo transmettono, infatti, risalgono a questo periodo. L'uso dell'esposizione da parte di Bartolomeo Anglico induce, pero, a rivedere la datazione del testo, ed a spostarne la data della redazione almeno agli anni intorno al 1230 »,.

38

De proprietatibus rerum…, éd. Iolanda Ventura, p. XV : « Questa versiona, che incude, oltre al commento corrente, anche un gruppo di glosse interlineari e marginali, fornisce, contrariamente al testo pubblicato dal Long, l'interpretazione di tutti e due i libri del De vegetabilibus; è sulla base di questo testo che si svolgevano le lecturae dello scritto di Nicola Damasceno nelle università inglesi tra XIIIe XIVe secolo ».

39

Les manuscrits d’Adam de Bockenfield ne semblent pas avoir été copiés au-delà des premières décennies du XIVe siècle.

40

2012.

41

De Vegetabilibus, Livre V, § 1 : « philosophia de plantis imperfecte tradita ab antiquis multimoda est

valde » : « la philosophie au sujet des plantes, mal transmise par les anciens, est très diverse ». Livre I, § 58 :

« omnia, autem, quae a principio libri dicta sunt, satis obscura videntur esse, praeter ea sola, quae in primo

capitulo ex nostra sententia tradidimus. (…) hanc autem obscuritatem accidisse arbitror ex vitio transferentium librum Aristotelis de plantis… ». Il mentionne également des écrits, peut être réalisés par Aristote, mais qui ne

sont pas parvenus jusqu’à lui : Praelibanda, XXVI : « …quos vel Aristoteles non fecit, et forte si fecit, ad nos

non pervenerunt… ».

42

De Vegetabilibus, Livre IV, § 138 : « et haec est scientia Aristotelis de coloribus lignorum, quae propter

malitiam translationis vix est intelligibilis. Sed sciendum est, Aristotellem velle dicere, quod ligna sunt quaedam nigra et quaedam alba » : « Voici la science d’Aristote sur les couleurs du bois, laquelle est difficilement

compréhensible du fait des erreurs de traductions. Mais on sait qu’Aristote voulait dire que les bois sont parfois noirs et parfois blancs ».

propos d’Aristote pour les éclairer et les vérifier43

. De son côté, Roger Bacon, dans son commentaire au De Plantis44, accorde une place importante à la réflexion sur des questions de physique, adoptant une présentation qui relève de la question posée en université, ce qui se perçoit dans des expressions telles que « queritur », « contrarium » ou « solutio ». Son commentaire serait plus ou moins contemporain de celui d’Adam de Bockenfield. Autre commentaire issu du De Plantis, la Sententia super de vegetabilibus de Pierre d’Auvergne, éditée par E. L. J Poortman45, reprend largement le texte d’Albert le Grand. Il daterait de la fin du XIIIᵉ siècle et reste proche de la traduction d’Alfred de Sareshel46. D’une manière générale, les traductions du De Plantis favorisent la réflexion sur la nature de la plante, son âme, sa structure, ses fonctions et le rôle de ses différentes parties.

Isidore de Séville est également une source importante pour les encyclopédies du Moyen Age47, à la fois dans les chapitres consacrés à la plante en général et dans les herbiers qui s’intéressent aux espèces particulières pour leurs propriétés. La partie la plus importante de son livre XVII est constituée d’une liste de noms de plantes, répartie en cinq chapitres, sur les arbres, les arbres aromatiques, les herbes aromatiques et communes, les légumes et les légumes aromatiques. La priorité est donnée à l’analyse étymologique, notamment dans les chapitres sur l’agriculture. Cette approche reste une façon répandue d’aborder les plantes à la fin du Moyen Age, surtout dans les herbiers. La méthode d’Isidore de Séville, qui n’est pas basée sur l’observation directe, consiste à désigner la plante par un mot, l’analyse du mot permettant d’avoir des informations sur celle-ci ; d’éventuelles propriétés naturelles et/ou une citation tirée d’une autorité confirmant ou donnant des précisions.

43

De Vegetabilibus, Praelibanda, chapitre 1, page XXVI : « Erit autem modus noster in hoc opere : Aristotelis

ordinem et sententiam sequi et dicere ad explanationem eius et ad probationem eius … » : « voici comment nous

allons procéder, en suivant l’ordre et l’opinion d’Aristote pour le commenter et le vérifier… ».

44

Roger Bacon, Quaestiones supra De Plantis, dans Opera hactenus inedita Rogeri Baconi, éd. R. Steele et F. M.Delorme, 1932.

45

Petrus de Alvernia, Sententia super Librum « De vegetabilibus et plantis », éd. E. L. J. Poortman, Leiden, Boston, 2003.

46

Petrus de Alvernia, Sententia… : « Ideo de vita plantae primo inquirendum est. Circa quod actor sic procedit :

primo (determinat) de forma ipsius plantae et de operibus quae ex forma insunt, sicut de anima plantae et de vita, de somno et vigilia, et de sexu ; secundo determinat de materialibus, ut de corpore plantae, de anatomia partim, etc. ».

47

On pourra notamment consulter : I. Draelants,« Encyclopédies et lapidaires médiévaux : la durable autorité

d’Isidore de Séville et de ses Etymologies », dans Cahiers de Recherches Médiévales, 16 : La réception d’Isidore de Séville durant le Moyen Âge tardif (XIIe-XVe siècle) s. dir. J. Elfassi, B. Ribémont, 2008, p. 39-93 ; J. Elfassi

et B. Ribémont (éd.), La réception d'Isidore de Séville durant le Moyen Âge tardif (XIIe-XVe s.), Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 16, 2008 ; et C. Cordoñer Merino, Transmisión y recepción de las « Etimologías », Actas del V congreso internacional de latín medieval hispánico, éd. J. Mártinez Gázquez, O. de

la Cruz Palma, C. Ferrero Hernández, Barcelona 7-10 sept. 2009, Firenze, 2011 (Millenio medievale, 92 ; Strumenti e Studi, 30), p. 5-26.

Si Pline l’Ancien, Nicolas de Damas et Isidore de Séville sont des autorités souvent citées par les auteurs qui s’interrogent sur la plante en général, elles n’occupent pas forcément la même place d’un ouvrage à l’autre. De plus, d’autres sources sont mentionnées. Dans le De

Vegetabilibus, la référence aux autorités est visible dans les titres de chapitres du premier

traité du livre I. Albert le Grand expose l’avis de « ceux qui prétendent que la plante est vivante et qu’elle a une âme48

» au contraire de « ceux qui nient que les végétaux soient des êtres vivants49 » et « animés50 ». Il souhaite en effet compiler et clarifier les informations tirées des sources, car « les dires des anciens sont vraiment ambigus et suscitent beaucoup d’interrogations51

». « Tout ce qui a été dit par la physique ancienne sur les plantes est désordonné52 ». Pour y remédier, le dominicain veut organiser son étude en commençant par une réflexion générale sur les plantes avant de s’intéresser aux espèces particulières. Il entend d’abord s’interroger sur la nature des plantes car c’est ce qu’elles ont en commun53

. Il compile les connaissances apportées par certains auteurs mais reprend fidèlement les propos du pseudo-Aristote, sans chercher à éliminer des passages. En effet, Albert le Grand se réfère essentiellement à Nicolas de Damas dans les cinq premiers livres de son De Vegetabilibus qui se veut un commentaire du De Plantis. Le dominicain se présente comme « l’interprète et le rapporteur54 » d’Aristote qu’il cite à de nombreuses reprises55, que ce soit dans les titres de chapitres ou dans les développements de l’ouvrage56. Il soumet par exemple son opinion sur le sommeil des plantes57 ou son opposition à ceux qui prétendent que les plantes sont parfaites et