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1-a- une connaissance de la plante tributaire de sources médicales

A l’époque médiévale, l’étude des différentes espèces végétales a essentiellement pour but de connaître leurs propriétés. Elle se présente souvent sous la forme d’herbiers, série de descriptions de plantes médicinales, voire de substances minérales et animales, disposées généralement dans l’ordre alphabétique. Chaque notice de plante comporte un rappel de l’étymologie de son nom, parfois des synonymes, une brève description de son apparence et l’indication de ses propriétés, avec parfois des recettes de préparations thérapeutiques. A la fin du Moyen Age, plusieurs herbiers s’inscrivent dans la tradition de la matière médicale de Dioscoride ou de l’Herbarius du pseudo-Apulée. Le De materia medica, composé au Iᵉ siècle, est en effet la principale source des herbiers médiévaux692. Marie Cronier indique qu’il existe trois traductions latines de Dioscoride avant la Renaissance, appelées traductions A, B et C. Les deux premières n’ont pas été conservées et ne sont connues au Moyen Age qu’à travers des citations dans d’autres textes. Par exemple, la traduction A est en partie préservée dans un traité connu sous le nom de De herbis femininis693. Seule la traduction C, qui date du VIᵉ siècle, est parvenue jusqu’à nous. Elle est souvent nommée le « Dioscorides Longobardus », car c’est le nom du manuscrit le plus connu (München, BSB Clm 337, IXᵉ siècle). Cette version reste peu diffusée au Moyen Age. Dioscoride est généralement transmis en latin dans une forme arrangée par ordre alphabétique, le Dioscorides Alphabeticus 694, dont la principale

692

On pourra se reporter à la thèse de Marie Cronier, Recherches sur l’histoire du texte du De Materia medica

de Dioscoride, sous la direction de Brigitte Mondrain, soutenue à l’EPHE en 2007. Elle prépare une édition,

traduction française et commentaire du De materia medica de Dioscoride. Elle est également l’auteur de plusieurs publications, dont « Le Dioscoride alphabétique latin et les traductions latines du De materia medica », dans Body, Disease and Treatment in a Changing World. Latin texts and contexts in ancient and medieval

medicine, éd. B. Maire et D. Langslow, (Proceedings of the IX International Conference «Ancient Latin Medical

Texts», Hulme Hall, University of Manchester, 5th-8th September 2007), Lausanne 2010, p. 189-200 ; et « Comment Dioscoride est-il arrivé en Occident ? À propos d’un manuscrit byzantin, de Constantinople à Fontainebleau », Νέα Ῥώμη. Rivista di ricerche byzantinistiche 10 (2013) [2014], p. 185-209.

693 Edition : Heinrich F. Kästner, « Pseudo-Dioscoridis De herbis femininis », Hermes, 31 (1896), p. 578-636.

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Marie Cronier, « Le Dioscoride alphabétique latin et les traductions latines du De materia medica », Body,

Disease and Treatment in a Changing World. Latin texts and contexts in ancient and medieval medicine, éd.

dans Brigitte Maire et David Langslow, Proceedings of the IX International Conference « Ancient Latin Medical Texts »; Hulme Hall, University of Manchester, 5th-8th September 2007. (Lausanne: BHMS, 2010), 189-200.

source est la traduction C695. Il parvient en latin à l’Occident au XIIᵉ siècle696. D’après Iolanda Ventura, il correspondrait à 70 % à l’original grec et serait issu pour le reste d’un autre fond697. Karen Reeds indique par ailleurs que la plupart des physiciens médiévaux ne connaissent la matière médicale de Dioscoride qu’à travers des extraits des livres II et V du

Canon d’Avicenne et de l’Aggregator de Simplicibus du pseudo-Sérapion698. L’Herbarius d’Apuleius Platonicus, compilé en latin au IVᵉ siècle, est également une source importante pour les herbiers du Moyen Age. Il est tiré de Dioscoride et de Pline et décrit cent trente et une plantes, en précisant leur usage médical. Il est doté d’illustrations de plantes. L’Herbarius est généralement associé à deux traités illustrés issus de Dioscoride, le Ex herbis femininis et le Curae Herbarum. Les auteurs de traités botaniques de la fin du Moyen Age puisent également leurs connaissances dans d’autres sources. Le savoir relatif aux plantes est d’abord entretenu dans les monastères. Au haut Moyen Age, les grands monastères carolingiens de Saint-Gall ou de Reichenau s’intéressent aux plantes pour se nourrir ou se soigner et disposent de jardins. Certains écrits témoignent de cet intérêt utilitaire pour la plante, comme par exemple le De virtutibis Herbarum, dit de Macer Floridus, attribué à Odon de Meung, et qui daterait du IXᵉ siècle699. La science médicale se développe également au XIIᵉ siècle en Italie du Sud, dans la région de Salerne, comme en témoigne le Liber de Simplici Medicina, appelé également Circa instans. Cette liste de soixante-treize drogues, dont deux-cent-vingt-neuf sont d’origine végétale, connaît un grand succès tout au long du Moyen Age700. Dictionnaire de synonymes avec des références latines et arabes, il serait l’oeuvre de Matthaeus Platearius, médecin de Salerne, et aurait été composé vers 1130-1160. La première édition en a été faite en 1497 à Venise, avec le Liber Aggregatus du pseudo-Sérapion. Les sources arabes apportent également une contribution majeure à la thérapeutique. Dans son

Canon de la médecine, du début du XIᵉ siècle, Avicenne mentionne 650 plantes, dans une

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Marie Cronier, « Dioscorides Excerpts in Simon of Genoa’s Clavis sanationis », dans Simon of Genoa’s

Medical Lexicon, éd. Barbara Zipser, De Gruyter, Londres, 2013, p. 82-83.

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Voir les travaux de J. Riddle sur la transmission de la Matière médicale dans Catalogus translationum et

commentariorum.

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Bartholomaeus Anglicus, De Proprietatibus Rerum, éd. I. Ventura, introduction p. VIII ; voir l’article « Le

Dioscorides alphabeticus : un exemple de pharmacopée arabo-latine ? », dans Circolazione dei saperi nel Mediterraneo : filosofia e scienze, secoli IX-XVII. / Circulation des savoirs autour de la Méditerranée : philosophie et sciences, IXᵉ-XVIIᵉ siècle, sous la dir. de Ahmad Hasnawi et de Grazielle Federici Vescovini,

Fiesole, Cadmo, 2012, p. 159-166.

698

Karen Reeds, « Renaissance Humanism and Botany », Annals of science, XXXIII, 1976, p. 524.

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On pourra par exemple se référer à l'édition de L. Choulant, Macer Floridus, De viribus herbarum, Voss, Leipzig, 1832.

700 On pourra notamment consulter Platearius Matthaeus, Le livre des simples médecines, éd. G. Malandrin, Fr. Avril et P. lieutaghi, Vilo, B.N., Paris, 1986.

liste de 758 drogues. Beaucoup d’entre elles sont des herbes déjà citées par Dioscoride, mais d’autres sont de nouvelles espèces. L’ouvrage a été traduit de l’arabe en latin par Gérard de Crémone au XIIᵉ siècle701. Autre exemple, le Tacuinum sanitatis, attribué au médecin arabe Ibn Butlan, qui a vécu au milieu du XIᵉ siècle, est traduit en latin dans la seconde moitié du XIIIᵉ siècle et illustré en Lombardie à la fin du XIVᵉ siècle. D’autres traités, généralement associés à la thérapeutique, ont pu avoir une influence sur les auteurs du Moyen Age. C’est le cas par exemple de l’ensemble mis sous le nom de Mesué dont l’origine est encore incertaine. Le premier livre est connu sous trois noms : De medicinis laxativis, De simplicibus ou De

Consolatione. Il traite de l’utilisation des purgatifs. Un deuxième livre, le Gradabin, est un

antidotaire, et un troisième livre, le Liber medicinarum particularum, s’intéresse à la thérapeutique. La première édition en latin de cet ensemble date de 1471 et a pour titre De

medicinis universalibus702. Deux types d'oeuvres sont attribuées à au pseudo-Sérapion au Moyen Age. La première est une somme médicale de Yūhannā ibn Sarābiyūn, du IXᵉ siècle, qui a été traduite par Gérard de Crémone sous le titre de Practica ou Brevarium medicinae. L'autre, le Liber aggregatus de simplicibus medicinis, a été traduite seulement à la fin du XIIIᵉ siècle. Elle est tirée du Livre des médicaments simples d’Ibn Wafid, auteur arabe d'Espagne du XIᵉ siècle703. Cet ouvrage a été imprimé à Milan en 1473. L’Antidotaire de Nicolas, au XIIᵉ siècle, est également un autre recueil de compositions médicamenteuses. L’inventaire non exhaustif des sources qui ont pu inspirer les traités botaniques de la fin du Moyen Age montre combien les traités médicaux et pharmacologiques occupent une place importante. Le savoir sur les plantes est en effet orienté vers un but pratique. Le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré704, qui date des années 1230-1245, aborde les plantes dans une perspective plus large que leur simple utilisation en médecine. L’ouvrage est en effet une encyclopédie qui aborde toutes les sciences naturelles. Il consacre plusieurs chapitres aux plantes, traitant d’abord des arbres communs dans le chapitre X, puis des arbres aromatiques dans le chapitre XI, et enfin des herbes aromatiques dans le chapitre XII. Ce sont 114 plantes ou parties de plantes qui sont étudiées. Néanmoins, les auteurs de traités botaniques de la fin

701

On pourra consulter l’édition en ligne sur le site Gallica de la BNF de la traduction de Gérard de Crémone :

Liber canonis quem princeps Aboali Abinsceni de medicina edidit ([Reprod.]) / translatus a magistro Gerardo Cremonensi in Toleto ad arabico in latinum, per Filippum de Lavagnia (Mediolani), 1473.

702

On pourra se reporter aux travaux de S. Lieberknecht, Die Canones des Pseudo-Mesue, Eine Mittelalterliche

Purgantien-Lehre, Ubersetzung und Kommentar, Stuttgart, 1995.

703

On pourra se référer à P. E. Pormann, « Yūhannā ibn Sarābiyūn : further studies into the transmission of his works », Arabic sciences and philosophy, a historical journal, 14 (2004), p. 233-262.

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du Moyen Age continuent souvent à envisager la plante selon une approche utilitaire, comme en témoignent plusieurs herbiers du XIIIᵉ siècle.

Le livre VI du De Vegetabilibus, le livre XVII du De Proprietatibus rerum, les livres IX à XIV du Speculum naturale et le De virtutibus herbarum de Rufinus sont des exemples d’herbiers du XIIIᵉ siècle issus d’un long héritage. Laurence Moulinier précise que dans le livre VI du De Vegetabilibus, Albert le Grand « s’inscrit, comme le liber primus d’Hildegarde, (…), dans la lignée de l’œuvre composée par Dioscoride au Iᵉ siècle, traduite en latin au VIᵉ siècle sous le nom De materia medica et décrivant environ six cents plantes. Avant lui, au IIIᵉ siècle avant J.-C., l’herbier de Théophraste en avait recensé quelques cinq cents et il ne fait pas de doute pour J. Stannard, au vu des noms et des propriétés des plantes citées par Albert le Grand, que ce dernier se soit inspiré d’un ouvrage de ce genre pour rédiger son livre VI705. ». Celui-ci est composé de deux traités, un sur les arbres, l’autre sur les herbes. Dans ses descriptions des arbres, présentés dans l’ordre alphabétique, le dominicain rappelle leur apparence générale, leur hauteur, leur mode de croissance, sous l’effet de la chaleur ou de l’humidité, la forme de leurs feuilles, la nature de leurs fruits… A plusieurs reprises, il décrit la texture du bois et expose l’usage que l’on peut en faire. Dans le second traité du livre VI, il traite des herbes. Le premier chapitre porte sur les vertus des herbes en général706 et le dernier sur les trois formes les plus communes qu’elles peuvent avoir707. Les autres chapitres sont des monographies de plantes classées par ordre alphabétique. L’herbier de Barthélémi l’Anglais708

comprend deux premiers chapitres qui sont des remarques générales sur les plantes tandis que les chapitres suivants sont consacrés à des arbres, des plantes ou des parties spécifiques. Les 197 notices sont classées par ordre alphabétique. L’herbier de Vincent de Beauvais est intégré aux livres neuf à quatorze de son Speculum

naturale709. Dans le livre neuf, il décrit 197 plantes communes. Dans le livre dix, il s’intéresse aux plantes cultivées dans les jardins, dans le livre onze, aux plantes à graines ou à suc, dans le livre douze, aux arbres communs et cultivés, dans le livre treize, aux arbres aromatiques, et dans le livre quatorze, aux arbres fruitiers. Quant à l’herbier de Rufinus, publié par Lynn

705

Laurence Moulinier, « deux jalons de la construction d’un savoir botanique en Allemagne… », p. 92.

706 De Vegetabilibus, Livre VI, traité II, chapitre 1 : « De virtutibus herbarum in communi ».

707

De Vegetabilibus, Livre VI, traité II, chapitre 22 : « De tribus formis, quibus omnes plantarum attribuuntur

operationes ».

708

Iolanda Ventura, De proprietatibus rerum volume 6 Liber XVII : Bartholomaeus Anglicus, Brepols (Turnhout), 2007.

709

Thorndike710, il est également classé par ordre alphabétique. Rufinus l’aurait composé peu après 1287. En effet, comme il ne fait pas d’allusion à Simon de Gênes dont le dictionnaire de synonyme daterait de peu après 1292, le De virtutibus herbarum devrait se situer entre 1287 et 1300711. Rufinus aurait suivi une formation aux sept arts libéraux à Naples et Bologne puis appris l’astronomie et l’astrologie712. Il explique dans la préface de son herbier qu’il a collecté des données chez les savants anciens qui ont décrit les vertus des herbes et leurs actions sur les corps à partir de ce qu’ils ont expérimenté. Il entend citer Dioscoride, le Circa instans, Macer, Alexandre le philosophe, les maîtres de Salerne, Isaac et les synonymes. Rufinus apporte également sa contribution. Les exemples mentionnés précédemment et le nombre d’herbiers composés au XIIIᵉ siècle montrent que ce type d’ouvrage rencontre un certain succès durant cette période. Néanmoins, les monographies de plantes ne sont pas toujours intégrées au même type d’ouvrage.

Les herbiers du XIIIᵉ siècle se trouvent souvent dans des ouvrages de type encyclopédiques ou associés à des livres de médecine. Leur place dans l’ensemble est parfois justifiée. Par exemple, Albert le Grand prend soin d’expliquer pourquoi il traite des plantes particulières dans son livre VI. Le De Vegetabilibus est davantage un ouvrage de philosophie naturelle qu’un travail de botanique descriptive. Les sept livres contiennent des observations personnelles, mais seuls les deux derniers décrivent des plantes particulières. Or, Albert le Grand n’entend pas inventorier toutes les espèces botaniques. Il souhaite limiter son étude aux plantes les plus communes, car répertorier tous les végétaux nécessiterait, selon lui, plusieurs volumes. Il le justifie à deux reprises : « les genres de plantes qui sont traitées ont beaucoup d’autres genres et espèces en dessous d’elles et si on les exposait toutes individuellement, cela excéderait le volume713 » ; « si nous citions plus que le nom des plantes, cette tâche excéderait le volume, et c’est pour cette raison que ne seront mentionnées que celles qui sont les plus connues chez nous, les autres seront délaissées714 ». Il ne veut donc pas explorer toute la diversité du monde végétal, ce qui serait à ses yeux un travail trop long. Il explique par exemple que les couleurs des plantes sont très nombreuses et, de ce fait, ne peuvent pas être

710

The Herbal of Rufinus, edited from the Unique Manuscript by Lynn Thorndike, University of Chicago Press, Chicago, 1946.

711

The Herbal of Rufinus, introduction p. xii.

712 The Herbal of Rufinus, p. xiv.

713

De Vegetabilibus, Livre II, § 28 : « haec autem genera plantae, quae dicta sunt, plurima sub se habent alia

genera et species, quae, si ponantur per singula, modum voluminis excederet ».

714

De Vegetabilibus, Livre VI, § 1 : « … si nihil amplius quam nomina plantarum simpliciter poneremus,

modum voluminis oporteret opus excedere, et ideo quaedam, quae apud nos sunt magis notae, ponantur, aliis omnino dimissis ».

toutes enseignées, ce qui est également valable pour les odeurs et les saveurs715. Il note également que « toutes les diversités des plantes ne peuvent pas être énumérées, parce qu’on ne peut pas toutes les connaître mais aussi parce que cela serait trop long716 ». En conclusion de sa description de l’encens (thus), il affirme qu’« il est utilisé dans beaucoup de préparations médicales, ce que nous ne développons pas ici, notre propos n’étant pas de traiter du particulier717 ». En effet, pour Albert le Grand, se pencher sur le cas d’une plante ne relève pas de la philosophie : « Selon les principes de philosophie nous recherchons que les causes de ce qui apparaît dans les plantes et nous n’énumérons pas leur diversité. Parler du cas particulier ne relève pas de la philosophie718 ». Le but de celle-ci est de découvrir la cause réelle et manifeste d’un phénomène, en mettant en évidence de quelle manière a lieu cette cause, ainsi que ce qui est impossible719. C’est pour cette raison que les cinq premiers livres du De Vegetabilibus décrivent des phénomènes communs aux végétaux. Dans les livres six et sept, plus concrets, il s’écarte de son approche philosophique et se justifie en notant qu’il compile des informations « pour satisfaire la curiosité720 ». B. M. Ashley explique qu’Albert le Grand souhaite se justifier car le genre de certitudes recherchées par le philosophe peut difficilement être atteint en s’intéressant aux détails de la nature721. Il affirme que l’étude de plantes particulières permet d’illustrer les principes généraux des cinq premiers livres : « de la même façon que dans l’étude des animaux on ne connaît pas leur nature si on ne connaît pas leur nourriture, leurs actions et leurs parties, dans l’étude des plantes, on ne connaît pas leur nature sans étudier leurs parties, leurs qualités et leurs effets722 ». Par contre, il ne souhaite pas étudier les plantes particulières uniquement dans un but médical. Il l’indique quand il introduit la partie du livre VI consacrée aux herbes, précisant qu’après s’être intéressé à la

715

De Vegetabilibus, Livre II, § 88 : « Particulares colores plantarum plurimi sunt ; sed de his disciplina

propter infinitatem fieri non potest. (…) De odoribus autem et saporibus plantarum hic tradi doctrina non potest… ».

716

De Vegetabilibus, Livre IV, § 117 : « omnes autem hujusmodi diversitates plantae nullus omnino sufficeret

enumerare, tum quia sciri non possunt, tum quia longum et infinitum esset ».

717

De Vegetabilibus, Livre VI, § 235 : « … et ad alias multas medicorum praeparatur operationes, de quibus

hic non intendimus, nec est per singula dicendum ».

718

De Vegetabilibus, Livre II, § 28 : « Nos autem secundum propositam philosophiam non quaerimus nisi

causas eorum, quae in plantis apparent, et non enumerationem diversitatis earum per singula. Singula enim talia dicere non est philosophicum ».

719

De Vegetabilibus, Livre II, § 89 : « Philosophari enim est, effectus jam cogniti certam et manifestam et veram

causam investigare, et ostendere, quomodo illius causa est, et quod impossible est, aliter se habere ».

720

De Vegetabilibus, Livre VI, § 1 : « In hoc sexto libro Vegetabilium nostrorum, magis satisfacimus curiositati

studentium quam philosophiae… ».

721

B. M. Ashley, « the nature of natural science », dans Albertus Magnus and the sciences- Commemorative

essays, édité par J. A. Weisheipl, 1980, page 87.

722

De Vegetabilibus, Livre VI, traité II, chapitre 1, § 263 : « sicut enim in animalium scientia non scimus

naturam eorum, nisi cognitis cibis et operibus animalium et partibus eorum : ita etiam in scientia plantarum nequaquam cognoscitur natura ipsarum, nisi sciantur et partes earum et qualitates et effectus ».

nature des arbres et des fruitiers, il entend faire des recherches sur la nature des herbes, c’est-à-dire sur leurs qualités et leurs propriétés, sans pour autant tenir les mêmes propos que ceux de la médecine723. Ainsi, s’il s’intéresse aux éléments qui les composent, n’est-ce pas uniquement pour en révéler les propriétés médicales. Il replace la question des qualités des plantes dans le contexte plus global de ses cinq premiers livres. Il rappelle ainsi que les arbres sont plus achevés et que, par conséquent, les qualités des éléments qui composent les herbes et les légumes sont plus prononcées. Du fait de leur composition moins aboutie, ceux-ci sont mous et poussent moins en hauteur que les arbres. Ils sont plus proches des éléments et de la matière. Leur âme végétative est moins résistante et ils ont une meilleure efficacité pour transmuer les corps. Leurs qualités sont donc davantage propices à une utilisation en médecine724. La composition de la plante peut être chaude, froide, sèche ou humide. Par ailleurs, chaque espèce a des qualités spécifiques, comme la scammonée qui purge la bile,