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2-b- L’influence majeure d’Aristote sur la réflexion concernant la plante en général

La redécouverte d’Aristote au XIIIᵉ siècle influence fortement le discours sur la plante. Comme l’affirme Alain de Libéra, « Le corpus scientifique d’Aristote est le premier terrain où se forge la notion médiévale de l’experimentum. Mais c’est paradoxalement sur le terrain plus général de la philosophie de la nature et de la physique que, malgré l’hypothèque du problème de la création, le Moyen Age tardif rencontre le plus étroitement l’aristotélisme. De fait, il lui emprunte l’essentiel, à savoir la détermination de l’objet de la physique : la nature (définie comme ʻle principe et la cause du mouvement et du repos des choses en lesquelles elle réside immédiatement, par essence et non par accidentʼ, 192 b 21-23) et, par conséquent aussi, le mouvement (puisqu’on ne saurait connaître ce qu’est la nature sans avoir d’abord ce qu’est le mouvement), ou, plus exactement encore, l’ens mobile, dont le mouvement est la « passion » (c’est-à-dire l’attribut) ʻpropreʼ…153

». Aristote considère la botanique comme une composante de la physique. L’étude des plantes vise donc à déterminer leur nature, les végétaux n’étant évoqués que pour les situer par rapport aux animaux et aux minéraux. Les exemples de plantes ou les descriptions de leurs composantes servent à mettre en évidence leurs utilités ou leur composition. Le végétal est donc décrit pour comprendre l’état végétatif. Pour Aristote, les êtres vivants sont dotés d’une âme, c’est-à-dire d’un principe moteur154

. L’âme peut être comprise comme l’acte premier d’un corps physique organisé, c’est-à-dire ce qui lui permet d’être. Une grande partie de sa biologie est l’étude de la manière dont l’âme procède pour animer le corps. Selon lui, il existe une âme nutritive que possèdent tous les êtres vivants, animaux et végétaux. Elle est responsable de la vie végétative. Les animaux ont également une âme sensitive qui correspond à la sensibilité, à la motricité, à l’appétit et au désir. L’âme rationnelle est propre à l’homme. Dans son De anima, Aristote fait la distinction entre les facultés nutritive, sensitive, appétitive, motrice et rationnelle, chaque être vivant étant doté d’une ou plusieurs de ces facultés. Les plantes disposent de la faculté nutritive sans avoir la faculté sensitive. Cette âme nutritive155, appelée végétative par les auteurs du Moyen Age, est donc commune à tous les êtres vivants. Elle permet la reproduction et la nutrition, qui

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Dans Dictionnaire de la philosophie, Encyclopaedia Universalis France, 2015, à l’article « Aristotélisme médiéval ».

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On pourra se reporter à l’article de Paola Bernardini, « Corpus humanum est vegetabile, sensibile et rationale. L’âme végétative dans les commentaires au de anima du XIIIᵉ siècle », dans Le monde végétal. Médecine,

botanique, symbolique, textes réunis par Agostino Paravicini Bagliani, Sismel, Edizioni del Galluzzo, 2009, p.

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entraîne la croissance et le vieillissement. Pour Aristote, pour comprendre la nature, c’est-à-dire le principe de mouvement interne à chaque être, « la meilleure méthode devrait être de voir les choses naître et croître156 ». Il faut donc s’appuyer sur l’observation. De plus, les êtres vivants sont classés en fonction de leur degré de perfection, l’homme étant au sommet de la hiérarchie. Si les plantes sont bien des êtres vivants car elles se nourrissent et poussent, elles sont dépourvues de sensibilité (émotion et pensée), ce qui les rend inférieures aux animaux. Cette façon d’appréhender les plantes influence fortement les auteurs du XIIIe siècle qui viennent de redécouvrir la biologie d’Aristote. Leur préoccupation est de faire concorder son discours avec les Ecritures.

Les cinq premiers livres du De Vegetabilibus sont souvent considérés comme de simples commentaires du De Plantis. Suivant la démarche de Nicolas de Damas, le traité I du premier livre cherche à savoir si les plantes sont des êtres vivants et quelle est la nature de leur âme157. Celle-ci, principe de mouvement interne à la plante, permet de définir les caractéristiques propres au végétal. Albert le Grand y consacre 14 chapitres, alors que Nicolas de Damas traite de ces questions en 7 chapitres. Ce dernier commence par s’intéresser au type de vie rencontrée chez la plante, vie occulte par rapport à celle de l’animal. Il consacre plusieurs chapitres à ce thème, comparant le principe de vie chez la plante à celui de l’animal. Par exemple, dans le chapitre 7, il explique que si la plante se renouvèle et n’a pas besoin de dormir, l’animal n’en reste pas moins supérieur, la plante ayant été créée pour lui et non l’inverse. De même, les opérations de l’animal sont plus nobles que celles de la plante. Albert le Grand, après avoir situé les plantes dans l’échelle de la Création et expliqué qu’elles n’étaient dotées que d’une âme végétative, précise qu’il ne veut étudier que les principes communs aux plantes, et non toutes leurs spécificités, car cela constituerait une tâche trop vaste158. Comme ce qui est commun aux plantes est d’abord le principe de vie qui les anime, il souhaite commencer par étudier cette question. Décrire les différentes parties qui composent la plante permet de mieux en connaître la nature159. Les chapitres 2 à 14 sont donc une série

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Politique, I, 2, 1252a24.

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« Incipit Primus Liber Noster De Vegetabilibus, cujus tractatus I est : An vivat planta vel non ».

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De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre 1, § 6 : « Propter igitur hanc causam incipiendum est a

corporibus plantarum. De quibus in hoc libro intendimus secundum totalitatem et partes ipsaru m communia – quaecunque sunt plantis convenientia –prosequentes ; eo quod particularia sunt infinita, nec eorum, sicut Plato bene dicit, potest fieri disciplina. Quia vero commune primum principium, quod omnibus convenit plantis et partibus earum, est vita, quae invenitur in plantis ; ideo de vita plantarum primo inquiremus ».

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De Vegetabilibus, Livre I, traité II, chapitre 1, § 110 : « Quaerendo autem de corpore plantarum, oportet nos,

via naturae procedere. (…) Unde sicut anatomia, quae divisio vocatur, cognoscuntur animalium corpora ; ita per divisionem corporum plantarum cognoscitur natura corporum plantarum. Et ideo de partibus est considerandum primo secundum omnem partium diversitatem ».

de réflexions sur ce qu’est la plante, en la comparant avec l’animal, de manière à prouver son caractère moins abouti160. Il suit la pensée aristotélicienne selon laquelle le plus permet de définir le moins, autrement dit, en connaissant l’animal on peut connaître la plante. Il constate notamment que le principe de vie est manifeste chez les animaux qui peuvent se déplacer et répondre à leurs désirs. Les plantes, par contre, ne peuvent pas bouger et sont très dépendantes des phénomènes célestes. Elles n’ont pas de volonté. Leurs seuls actes sont de se nourrir, de croître et de se reproduire161. Ce sont des êtres animés simples, imparfaits, tant dans leur nature que dans leurs actions. Elles sont immergées dans la matière et ne sont dotées ni de conscience ni de mouvement. Leurs actions sont imparfaites car dictées par le corps et non pas liées à l’existence d’une âme sensible qui permet par exemple l’imagination162

. La morphologie végétale est comparée à celle de l’animal, toujours pour en prouver le caractère moins achevé. En effet, la plante n’a pas de membre dédié à une action particulière, contrairement à l’animal. Ses seuls actes sont de se nourrir et de pousser, alors que l’animal est doté de sens163. Il est de nature chaude, composé d’éléments supérieurs alors que la plante est terrestre et froide. De plus, il peut dormir, contrairement à la plante164. Comme le principe

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Le chapitre 2 du De Vegetabilibus est présenté comme une réflexion sur la vie qui anime les plantes : « De

opinionibus eorum, qui vitam et animam plantis inesse dixerunt » ; dans le chapitre 3, Albert le Grand prend

position contre certains auteurs de l’Antiquité, tels que Platon, qui affirment que la plante est dotée de sensibilité ; dans le chapitre 4, il expose l’avis de ceux qui estiment que les plantes ne sont pas des êtres vivants : « De positionibus eorum, qui negant, vitam inesse plantis » ; dans le chapitre 5, il définit la nature des plantes ; dans le chapitre 6, il continue à comparer animal et végétal ; dans le chapitre 8, il reprend les propos du pseudo-Aristote contre ceux qui affirment que la plante peut dormir : « De contradictione pseudo-Aristotelis contra eos, qui

plantas perfectas et dormientes esse dixerunt ». La question du sommeil est reprise au chapitre 11 : « Et est digressio declarans, an plantis conveniat somnus vel non, et quae fuerit intentio philosophorum, somnum convenire plantis affirmantium vel negantium ».

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De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre 2, § 7 : « In animalibus enim est vita manifesta per causam vitae,

et apparens per evidentes operationes ejus, quae nullo conveniunt naturali principio. (….) Similiter autem moveri secundum locum, imaginari, habere acceptionem et judicium sensibilium est adeo manifestum opus vitae,… ». Livre I, traité I, chapitre 2, § 8 : « Operationes autem ejus similiter sunt trahere alimentum et augere et generare… ».

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De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre 5, § 27, 28 et 29 : « Non enim possumus dicere rem illam

inanimatam, quae cibatur ; quicquid enim cibatur, non est sine anima sicut et omne animal habet animam. Sed in habendo vires animae est differentia magna in his, quae sunt animata ; quia planta est res imperfecta tam in viribus animae quam in operationibus earum : in viribus quidem eo, quod caret viribus nobilioribus, quae magis per aliquem modum a materia separatae sunt, et non habet nisi eas, quae in materia immersae, neque cognitionem neque movere in potestate habent ; in operibus autem imperfecta est, quia non operatur aliquid nisi operatione corporali, cum anima sensibilis operationes habet, quae non fiunt operatione qualitatis corporeae, sicut imaginari et caetera hujusmodi ».

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De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre 5, § 30 : « Imperfectionis autem hujus est indicium, quod planta

non habet membra determinata ad aliquem actum, qui magis sit animae quam corporis, sed simi lis quasi est in toto. Animalia autem, quae habent actus, qui magis sunt animae quam corporis, habent organa determinata. Habet autem utrumque istorum vim propriam sive virtutem ex motu, quem habet in se ipso, planta quidem secundum motum nutrimenti et augmenti, animal autem secundum motum sensibilium ».

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De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre 6, § 34 : « … animalia secundum se sunt magis calida et

participantia superiora elementa, quam plantae, quae sunt terrestres et frigidae ». § 35 : « Similiter autem visibiliter invenimus, quod plantae neque dormiunt, neque vigilant… ».

de vie chez la plante est moins évident que chez l’animal, il faut raisonner par syllogisme, se poser de nombreuses questions, pour savoir si tel principe est présent ou non chez la plante. Si celle-ci avait une vie manifeste, comme certains l’affirment, on pourrait constater sans difficulté que les plantes ont une âme et les facultés de désirer, de savourer et de ressentir la douleur. Comme cela n’est pas évident, on trouve beaucoup d’avis divers à ce sujet, certains affirmant qu’elle est dotée de telles facultés et d’autres le niant165. Il ne s’agit pas de s’intéresser aux plantes pour elles-mêmes, ce qui nécessiterait une étude approfondie des caractères distinctifs de chaque espèce. Les mentions de plantes particulières, bien que plus nombreuses que dans le De Plantis, ne figurent donc qu’à titre d’exemples. Albert le Grand veut recenser les différentes parties de la plante pour étudier les causes de cette variété166. Il veut commencer par les plantes en général pour ensuite descendre aux cas particuliers167. Il reprend les grands principes de la physique d’Aristote. Par exemple, il indique que l’âme nutritive de la plante lui permet d’attirer la nourriture à partir du lieu où elle est fixée. D’après Platon, ce mouvement est lié au désir et permet donc d’affirmer que la plante est dotée de sens. Mais selon Aristote, repris par Albert le Grand, ce principe d’attraction est naturel168. Elle a besoin de la terre pour se nourrir, ainsi que de l’air et du soleil. Elle dépend d’une vertu céleste169. L’influence d’Aristote sur la compréhension de la plante en général se perçoit en effet sur la question de la nutrition végétale. Ce dernier considère que les plantes ne se nourrissent que d’humus, de matières organiques qu’elles absorbent dans le sol. Le fumier

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De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre 2, § 8 : « Propter quod non evidens est vitae principium in plantis

sicut in animalibus, et ideo ad ejus assertionem per syllogismum et rationem, multam necesse est praecedere inquisitionem, an insit eis tale principium aut non. Si enim plantae haberent vitam manifestam et apparentem modis, quibus dictum est ; tunc constaret sine magna inquisitione, utrumne plantae haberent animam et virtutem animae discretivam desiderii et doloris et delectationis. Nunc autem, quia hoc evidens non est, multa multorum judicia valde diversa inveniuntur circa illud ad utramque partem contradictionis, quibusdam dicentibus, quod habent talem animam, quibusdam autem e contrario negantibus ».

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De Vegetabilibus, Livre I, traité II, chapitre 1, § 110 : « Tamen prius assignabimus tantum referendo

diversitates has ; et postea revertemur, assignando causas omnium diversitatum ».

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De Vegetabilibus, Livre II, traité I, chapitre 1, § 1 : « Et ideo iterum incipientes, communia plantarum

referemus secundum ordinem naturae, incipientes ab universalioribus, et usque in particularia tractatum deducentes ».

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De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre 5, § 31 : « Anima enim est, quae facit nasci motus attractionis

nutrimenti in locis, in quibus fixae sunt ; et secundum Platonem est iste motu desiderii, et secundum Platonem quidem desideria et motus tales non erunt plantarum in talibus locis sine sensu per modum, qui superius dictus est. Sed tamen secundum veritatem attrahere cibum contingit ex principio, quod vocatur naturale, eo quod vix aliquid habet potentiae supra naturam in modo operandi ; operatur enim ex necessitate sicut et natura ».

169 De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre 14, § 107-108 : « quod os habet inferius, et extremitates versus

coelum ; quoniam non traheret cibum nisi sibi affluentem et contentum aliquamdiu circa eam ; et non esset continens nisi terra ; attractus autem ex viribus suis imperfectis nunquam sufficienter praeparetur nutrimento et augmento et generationi, nisi calore aëris et solis juvaretur calor sibi innatus. Et ideo alias partes extendit, ut frequenter, in aërem et ad solem, ut subtilietur succus attractus, et evaporet superfluum ejus ; nec habent in se virtutem divinam specialem, sed potius assimilata materia in corpore plantae movetur virtute coelesti ».

permet d’améliorer la croissance de la plante. Il n’envisage pas le rôle de l’eau et des sels minéraux dans le processus de nutrition. Cette conception est reprise par les auteurs du XIIIᵉ siècle, au même titre que l’idée selon laquelle la plante est inversée par rapport à l’animal, sa « bouche », à savoir sa racine, se situant vers le bas. Les préoccupations sont éloignées des impératifs de la nomenclature mais cette vision d’ensemble peut être considérée comme un jalon important dans l’essor de la botanique. Elle invite les auteurs médiévaux à s’interroger sur le statut de la plante, ce qui le caractérise comparé aux autres règnes.

Barthélémi l’Anglais évoque également ces questions générales dès son premier chapitre du livre XVII. Il explique que dans le De Vegetabilibus d’Aristote, on trouve des considérations sur les propriétés des arbres et des plantes. Il s’y réfère pour constater que la vie est présente chez les arbres et les plantes, qui disposent d’une âme végétative, comme l’animal, mais qui s’en distingue car elle est occulte (occulta), l’animal étant plus achevé. Il reprend donc la teneur des propos de sa source mais de manière beaucoup plus concise qu’Albert le Grand. Les deux démarches sont intéressantes à comparer pour voir ce qu’apportent l’une et l’autre par rapport au pseudo-Aristote. Barthélémi l’Anglais s’en tient aux conclusions, sans chercher à avancer les explications préalables. Albert le Grand, au contraire, développe certains points. Barthélémi l’Anglais, en sélectionnant les informations, écarte les considérations qui pourraient s’éloigner du sujet. Par exemple, il ne relève pas les propos généraux de Nicolas de Damas sur l’animé et l’inanimé. Au contraire, Albert le Grand reprend et développe sa réflexion sur les animaux170, n’hésitant pas à s’écarter de son sujet principal pour expliquer par exemple ce qui provoque leur sommeil. Il n’ajoute pas d’idée nouvelle mais argumente à partir de digressions personnelles. En revanche, Barthélémi l’Anglais s’en tient aux plantes. Par exemple, dans cet extrait du premier chapitre, il ne s’écarte pas de son sujet : « La plante a un principe de vie occulte, contrairement à l’animal, plus achevé. Les arbres ne peuvent pas se déplacer selon un mouvement volontaire, ni se mouvoir suivant un appétit, un plaisir ou de la tristesse comme l’animal. La plante est dotée d’un principe de vie végétatif, ce qui lui permet d’attirer la nourriture pour en tirer les nutriments nécessaires. Mais elle n’a pas d’âme sensitive, ne sent rien quand on la coupe, ne se réjouit pas quand elle se nourrit, ne connaît pas la vigilance et le sommeil et ne respire pas171… ». Il peut rajouter quelques précisions pour rendre les propos plus clairs, comme par

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De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chapitre IV, § 23.

171

De proprietatibus rerum, Livre XVII, chapitre 1 : « Dicit enim quod in arboribus et plantis est vita, id est vegetabilis virtus quemadmodum in animalibus, sed differenter, quia in plantis est occulta, in animalibus est manifesta, perfecta scilicet et completa. Arbores enim non moventur motu voluntario nec progressivo sicut

exemple le fait que les plantes ne souffrent pas quand on les coupe, mais celles-ci ne cherchent pas à livrer d’explications supplémentaires. Vincent de Beauvais s’inscrit dans une démarche assez proche de celle de Barthélémi l’Anglais. Ce n’est que dans le chapitre 6 du livre neuf qu’il étudie la question du principe de vie qui anime les plantes, en même temps qu’il aborde les nutriments qui leur sont nécessaires. Il commence par se référer au Liber de

natura rerum, constatant que les plantes vivent et ont un mouvement interne lié à la

circulation de l’humeur. Puis il reprend le pseudo-Aristote, rappelant que la vie est manifeste chez les animaux et occulte chez les plantes. Certains prétendent que la plante est animée car elle pousse, se nourrit, verdit dans sa jeunesse et se détériore en vieillissant. Il ne reprend pas les réflexions générales sur le fait que la plante soit animée ou pas, en venant directement à la conclusion. Il précise que les plantes ont des parties animées selon des modalités différentes de celles de l’animal car elles n’ont pas de sens, leurs membres étant indéterminés. Il ajoute une remarque originale comme quoi les plantes renferment de la chaleur et de l’humeur car, quand elles n’en disposent plus, elles s’étiolent et se dessèchent. Cependant la plante n’a pas de sens, ni de mouvement volontaire, ni d’âme achevée. Sa nourriture est tirée de la terre. Les propos de Vincent de Beauvais suivent fidèlement ceux de sa source mais il n’aborde pas les questions dans le même ordre et en fait la synthèse. Il ne constate pas, contrairement à Barthélémi l’Anglais, que la plante ne ressent pas la douleur, ni le plaisir, ne dort pas ni ne respire. Il oriente l’analyse par rapport à ce qui suit, puisqu’il entend traiter des nutriments. Il extrait des éléments tirés de ses sources par rapport aux thèmes qu’il aborde et réorganise les informations pour offrir une synthèse plus facile à consulter.

Située en préalable ou au cours de l’étude sur les plantes, la réflexion sur leur nature et