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Les auteurs de la fin du Moyen Age puisent l’essentiel des connaissances sur les plantes dans des sources, mais ils apportent des contributions personnelles sous différentes

formes. Par exemple, Vincent de Beauvais et Barthélémi l’Anglais ajoutent certaines gloses qui, comme dans le De Vegetabilibus, cherchent à rendre le texte d’origine plus compréhensible. Les digressions sont beaucoup moins nombreuses que chez Albert le Grand, mais elles sont tout de même présentes. Eduard Frunzeanu et Emmanuelle Kuhry91 expliquent que Vincent de Beauvais affirme, dans le Libellus apologeticus placé en tête de son Speculum

maius, qu’il a confié à des collaborateurs la tâche de compiler les livres d’Aristote. Dans les

chapitres consacrés aux plantes, parmi les gloses, on trouve par exemple à la place du mot

alavsic le terme ramnus. « Toutes les autres gloses enchâssées dans les citations tirées du De plantis sont des appositions explicatives qui ne trouvent pas de correspondant ailleurs, qu’il

s’agisse du commentaire d’Alfred de Sareshel ou de la glose ordinaire rédigée en milieu anglais. Si, dans le Speculum naturale, les ajouts au texte du De plantis sont peu nombreux et peu prolixes, on découvre en revanche chez Barthélemy l’Anglais des interventions plus importantes, par leur nombre et par leur ampleur, qui, elles non plus, n’ont pas de correspondant ailleurs, sans toutefois que l’acte de compilation devienne commentaire. Par exemple DPR p. 23, l. 334-339 : Item Aristoteles : Quelibet planta quatuor indiget, scilicet

semine terminato (id est in sua specie perfecto et maturo et a putrefactione conservato) et convenienti loco (id est territorio generationi plante congruo) et aqua moderata (humore scilicet temperato) et aere consimili (scilicet mediocriter temperato). Toutes les parties de

phrase placées entre parenthèses représentent des ajouts par rapport au texte de l’édition critique du De plantis ». Les commentaires prouvent que Barthélémi l’Anglais a bien compris le sens du texte de sa source. « Il prolonge le raisonnement d’Aristote en explicitant davantage les relations de cause à effet manifestes dans le métabolisme des végétaux92 ». Eduard Frunzeanu et Emmanuelle Kuhry ajoutent que les auteurs d’encyclopédies ne font pas que reprendre des textes de philosophie naturelle. Ils se les approprient en sélectionnant des citations, en les réorganisant, et en les reformulant pour rendre le texte plus compréhensible. La glose est aussi un outil didactique. Elle relève de la paraphrase mais permet une meilleure compréhension des explications. Certains ajouts par rapport à la source peuvent aussi avoir pour but d’attirer l’attention du lecteur sur tel ou tel passage, grâce à des expressions telles que « scilicet », « nota quod » ou « est notabile »93. Or, la glose relève de choix propres à chaque encyclopédiste. Par exemple, Iolenda Ventura explique que Barthélémi l’Anglais, contrairement à Thomas de Cantimpré et Vincent de Beauvais, ne montre pas d’intérêt

91

Dans « L’apport des gloses, des paraphrases et des syntagmes synonymiques… », p. 39-49.

92 Ibid., p. 48.

93

particulier pour les légendes associées aux plantes exotiques. C’est certainement dû au fait qu’ils ne les croient pas utiles à ses lecteurs. On trouve quelques exceptions comme pour le palmier, la cannelle ou le laurier94. Eduard Frunzeanu et Emmanuelle Kuhry pensent que le manuscrit utilisé par Vincent de Beauvais pour la compilation d’Avicenne comportait des gloses ou un lexique permettant d’identifier certains noms arabes de plantes95

.

Outre les ajouts d’informations montrant que les auteurs du XIIIᵉ siècle s’approprient en partie les données compilées, on relève parfois des prises de position plus audacieuses, surtout chez Albert le Grand. Ce dernier explique qu’il veut : « récapituler et énoncer clairement » les sources96. Il ne prétend pas se substituer à celles-ci mais les éclairages apportés permettent de préciser certains propos, de les illustrer en partant de faits concrets, voire de les critiquer. Il reste surtout fidèle à sa source principale, le De Plantis. On peut mesurer les emprunts faits à Nicolas de Damas en comparant un passage de la traduction du

De plantis réalisée par Alfred de Sareshel avec le De Vegetabilibus d’Albert le Grand. Dans le

premier livre, Nicolas de Damas affirme : « Anaxagore, Démocrite et Abrucalis prétendent que la plante a une forme d’intelligence, mais nous rejetons ces propos honteux et préférons une proposition saine. Pour nous, les plantes n’ont ni désir, ni sens : le désir ne peut exister sans sensibilité et notre volonté est transmise par les sens97…». Albert le Grand explique de son côté que ce qu’affirment Anaxagore, Démocrite et Protagoras ou Abrutalus selon lesquels les plantes ont une forme d’intelligence en acte estcontre la raison ; de même que les affirmations des Platoniciens leur attribuant une sensibilité. Il indique qu’il rejette ces propos qu’il juge « absurdes et honteux ». Il précise ensuite ce qu’il faut entendre par l’adjectif « sain » offert par la traduction de Nicolas de Damas : ce qui a été libéré de la maladie de l’absurdité par une médecine d’arguments rationnels. Le désir ne peut avoir lieu en dehors des sens qui le saisissent en premier98. Sa démarche consiste à alterner paraphrases et réflexions

94

Dans Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum…, p. XXII.

95

Dans « L’apport des gloses, des paraphrases et des syntagmes synonymiques… », p. 45.

96

De Vegetabilibus, chapitre 9 : « Tunc enim et melius docebimus hoc, quod intelligimus, et clariora erunt verba

philosophi ».

97

Premier livre, § 10 : « Anaxagoras autem et Democritus et Abrucalis illas intellectum intelligentiamque habere

dicebant ; nos vero – haec ut foeda repudiantes – sano insistamus sermoni. § 11. Dico ergo quod plantae nec sensum habent nec desiderium : desiderium enim non est nisi ex sensu, et nostrae voluntatis finis ad sensum convertitur. § 12. Nec invenimus in eis sensum nec membrum sentiens nec similitudinem eius nec formam terminatam nec consecutionem rerum nec motum nec iter ad aliquid sensatum nec signum aliquod per quod iudicemus illas sensum habere, sicut signa per quae scimus eas nutriri et crescere », cité dans De Plantis : five translations/Nicolaus Damascenus, éd. et intr. par H. J. Drossaart et E.L.J. Poortman, Oxford : North Holland,

Amsterdam, 1989.

98

Chez Albert le Grand : Livre I, § 15 et § 16 : « Sed omnino contra rationem est, quod Anaxagoras et

Democritus et Prothagoras seu Abrutalus plantas habere dicebant int ellectum et intelligentiam secundum actum ; cum etiam mirabile sit, quod sensus et desiderium ex tam dubia causa appetitus a quibusdam Platonicis

personnelles, de manière à rendre le texte du pseudo-Aristote plus accessible. Quand des avis contradictoires sont donnés par différentes sources, il s’en remet généralement au pseudo-Aristote. C’est le cas par exemple quand il relève les débats sur des questions telles que l’existence d’une âme chez les végétaux. Il explique qu’il a exposé les théories d’Aristote contre ceux qui prétendent que les plantes ont du sens et du désir. Il souhaite approfondir cette question en mettant en évidence le vrai et le faux dans les dires des anciens, lesquels se contredisent au sujet de l’existence d’une âme chez les plantes99

. Il expose également les débats sur la sexualité des plantes, notamment la question de savoir si elles sont hermaphrodites100. A propos de leur sommeil, il soumet l’explication de Socrate mais se rallie aux objections des Péripatéticiens car elles lui semblent plus pertinentes101. Il tâche d’expliquer pourquoi les autorités ne s’entendent pas sur certains points, notant par exemple : « En faisant cette distinction, on trouve la solution aux objections et la cause des contradictions chez les anciens102 ». Dans son livre VI, il relève parfois les contradictions d’un auteur à l’autre. Par exemple, Avicenne semble dire que onicha est du genre blactae

byzantiae et vient de Constantinople. Dioscoride affirme qu’il pousse près de l’Océan indien

et certains disent qu’on le trouve à Babylone103

. Le camphre, d’après Constantin serait la gomme d’un arbre d’Inde. Mais pour le dominicain, la meilleure hypothèse est celle d’Avicenne affirmant que c’est le suc du bois d’un arbre qui vient des îles de l’Inde104

. Alors que les auteurs d’encyclopédies ne semblent pas préoccupés par la critique des sources, mais plutôt par l’organisation de tout le savoir à leur disposition, Albert le Grand exprime parfois son point de vue. Il critique parfois les autorités. Il l’a déjà fait dans le Livre des animaux,

plantis inesse dicebantur. Nos vero, haec ut absurda et foeda repudiantes, his opiniorum sermonibus insistamus , qui sani sunt. Sanos autem dicimus, quos aliqua rationum medicina ab infirmitate absurditatis liberavit. Dico igitur, plantas nec sensum nec desiderium habere. Desiderium enim, quod nunquam fit in desiderante, nisi prius apprehenso desiderabili, non potest fieri nisi per sensum, per quem primum deprehenditur desiderabile ».

99

De Vegetabilibus, Livre I, § 38 : « istae autem, quas induximus, sunt rationes Aristotelis contra eos, qui

plantas sensum et desiderium habere dicebant propter quaedam signa sensus et desiderii et somni et vigiliae, quae inesse plantis videbant. Nos autem inferius etiam de his perfectius considerabimus, ostendentes, quid veritatis et quid falsitatis sermo inductus contineat. Interim autem dicta antiquorum et rationes eorum et contradictiones, quibus sibi contradixerunt, prosequimur, praecipue ea, in quibus de anima plantae aliquid dixisse inveniuntur »..

100

De Vegetabilibus, Livre I, traité I, chap. 7 : « De sexu plantarum secundum dicta antiquorum » : « au sujet du

sexe des plantes selon les dires des anciens ».

101

De Vegetabilibus, Livre I, § 78 : « contra haec autem subtiliter multum quidam Peripateticorum

objecerunt » : « contre cette idée les péripatéticiens objectent avec beaucoup de finesse… ».

102

De Vegetabilibus, Livre I, § 93 : « Et per istam distinctionem patet solutio objectorum et causa

contradictionis antiquorum ».

103

De Vegetabilibus, Livre VI, § 168 : « Avicenna videtur dicere : quod onicha quae ungula dicitur, est de

genere blactae byzantiae, hoc est de Constantinopolitanae (…). Dicit autem Dioscorides quod veniunt de mari Indiae, et aliquando de mari rubro. Quaedam autem sunt babylonicae… ».

104 De Vegetabilibus, Livre VI, § 300 :« quod est succus a ligno arboris expressus, vel per se sicut gumma

montrant que nombre de récits étaient des fables ou des histoires sans fondement105. Il reconnaît que les « anciens » ne sont pas les détenteurs de vérités. Il en donne un exemple à propos des saveurs. L’avis de Galien et de presque tous les Péripatéticiens est que l’on trouve la douceur, l’amertume et le piquant dans les substances chaudes, l’âpre et le vinaigré dans les substances froides. Si Albert le Grand reconnaît que c’est souvent le cas, il précise que ce n’est pas une loi inéluctable, s’appuyant sur l’exemple de l’opium qui est une substance amère mais froide106. Il reproche aux ignorants de prétendre que le girofle (gariofilus ; Syzygium

aromaticum L.) pousse sous le septième climat, ce qui est pour lui « complètement faux ». En

effet, c’est en fait une herbe dont le nom est « pied de cheval » (tussilage, ungula caballina,

Tussilago farfara L.)107. De même, les « anciens » se trompent doublement quand ils avancent que le platane n’est pas grand dans l’île d’Allemagne, car ce pays n’est pas une île et le platane n’est pas un arbre de petite taille108

. Si Albert le Grand reste fidèle à sa source principale, il s’en écarte parfois. Par exemple, le dominicain et Nicolas de Damas semblent se contredire quand le premier affirme que certaines plantes sont stériles quand elles sont jeunes, car elles absorbent tout le suc pour leur croissance, alors que d’autres fructifient plus quand elles sont jeunes comme l’amandier, le poirier et le chêne. Nicolas de Damas prétend au contraire que l’amandier, le poirier et le chêne fructifient mieux quand ils sont vieux109

. Ce type de remarques prouve qu’Albert le Grand n’est pas totalement tributaire de ses sources. Les dires des anciens ne peuvent être acceptés que s’ils ont été vérifiés. De même, il prend la peine de réagencer un passage du De Plantis, certainement parce qu’il estime que les informations ne s’enchaînent pas avec suffisamment de logique. En effet, après avoir présenté les différentes configurations du fruit et avant d’évoquer les fruits à coque, Nicolas de Damas

105

Laurence Moulinier, dans Le manuscrit perdu à Strasbourg : enquête sur l’œuvre scientifique d’Hildegarde

de Bingen, Paris : Publications de la Sorbonne, St-Denis : Presses Universitaire de Vincennes, 1995, cite un

certain nombre de références en note de bas de page (11) p. 246.

106

De Vegetabilibus, Livre III, § 73 : « Est autem sententia Galeni et fere omnium Peripateticorum de saporibus loquentium, quod dulcis et amarus et acutus sunt in substantia calida, stypticus autem et acetosus et ponticus sunt in substantia frigida. Tamen in isto dicto antiquorum est probabilitas, et non necessitas. Invenitur enim instantia, quoniam opium est amarum valde et habet superfluam frigiditatem. Error autem iste frequentius fit ex parte frigoris, quam ex parte caloris ».

107

De Vegetabilibus, Livre IV, § 117 : « Quod autem dicitur a quibusdam imperitis, quod gariofili crescant in septimo climate, omnino falsum est. Hoc enim, quod vocant gariofilos, est herba, quae vocatur ungula equi, et apud vulgum vocatur herba leporis… ».

108

De Vegetabilibus, Livre VI, § 183 : « Platanus est arbor magnae quantitatis valde, et nota in habitationibus

nostris. (…) Propter quod nihil veritatis habent, qui dicunt, eas esse arbores parvas in insulis Germaniae crescentes : quoniam nec Germania insula est, neque insulae sunt in ipsa, neque platanus arbor parva est… ».

109

De Vegetabilibus, Livre I, traité II, chapitre 11, § 202 : « Amplius autem quaedam in juventute steriliores sunt quam in provecta aetate quod ideo contingit, quia succus totus transit in incrementum earum. (…) Quaedam autem econtrario melius fructificant in juventute quam in senectute sicut amigdali, piri et ilices… ».

Nicolas de Damas, Livre I, chapitre 18 : « Quaedam in juventute fertiliores sunt quam in senectute, quaedam e

précise : « les fruits sont comestibles ou impropres à la consommation par accident, certains peuvent être consommés et d’autres non, il en est de même pour les animaux qui peuvent en manger certains et pas d’autres110

». Cette remarque et les digressions associées figurent juste après l’évocation des fruits à coque chez Albert le Grand111. L’enchaînement avec la suite paraît en effet plus cohérent que dans le De Plantis.

Les trois auteurs pris en exemples, Albert le Grand, Vincent de Beauvais et Barthélémi l’Anglais, témoignent de formes d’émancipations à l’égard de leurs sources. Le premier les critique, les deux autres ajoutent des gloses. Mais le savoir hérité n’est pas vraiment remis en cause. Le regard porté sur les plantes peut sembler figé. Pour Albert le Grand comme pour les auteurs d’encyclopédies, il s’agit surtout de savoir comment les connaissances compilées doivent être organisées, en permettant au lecteur un accès aisé aux informations dont il aura besoin. Pourtant, le glissement des choix opérés, d’un auteur à l’autre, ainsi que dans le temps, peuvent témoigner d’une évolution de la perception de la plante. La sélection d’informations nécessite chez le compilateur une réflexion sur ce qui constitue à ses yeux l’essentiel, les informations importantes à transmettre sur le monde végétal. Le type de données sélectionnées peut être déterminé par les destinataires. Mais les choix personnels de l’auteur dans la sélection des informations compilées peuvent aussi influencer le discours sur la plante. Or, la comparaison des commentaires au De Plantis est un support intéressant pour essayer de mesurer les permanences et les mutations dans la façon d’envisager l’étude des plantes.

Le De Vegetabilibus d’Albert le Grand est un ouvrage essentiel pour l’essor de la botanique. Il est repris par Pierre d’Auvergne dans sa Sententia super de vegetabilibus112. Mais ce dernier n’apporte pas d’évolution majeure par rapport à sa source. Dans son introduction, E. L. J. Poortman explique que Pierre d’Auvergne a été un magister Artium de l’université de Paris dans la seconde moitié du XIIIᵉ siècle et certainement recteur de l’université en 1275. Il a également été maître de théologie. Ses commentaires ressemblent beaucoup à la forme et à la structure d’une lectio. Le texte est expliqué par des paraphrases et

110

De Plantis : Livre I, chapitre XIV : « Sed fructus comestibiles et incomestibiles sunt per accidens, et

quosdam fructus quidam comedere possunt, quidam vero non ; et quosdam quaedam animalia comedunt, quaedam vero non ».

111

De Vegetabilibus, Livre I, traité II, chapitre 7, § 178 : « Fructus etiam diversitas est secundum usus animalium. Quidam enim sunt comestibiles, et quidam incomestibiles per accidens quod est, qui a venenosi vel abominabiles sunt comedenti eos. Et quidam homines comedunt quosdam fructus, et quidam homines non possunt comedere eosdem, sicut quidam, quem ego vidi, qui totiens syncopizabat, quotiens mala odorabat, quae tamen boni odoris et valde esibilia fuerunt aliis. Similiter autem quaedam animalia comedunt quosdam fructus, et quaedam non possunt comedere eosdem ; sicut passer jusquiamum comedit, qui homini nocet valde ».

112

l’attention est parfois portée sur certains points par des expressions telles que notandum (est) ou nota. De plus, il introduit les sujets abordés. Ses commentaires sont très largement repris de ceux d’Albert le Grand113

mais il s’appuie également sur le texte de Nicolas de Damas. Les ajouts relèvent surtout d’une volonté de guider le lecteur en résumant les sujets traités et en annonçant ceux à venir. Par exemple, sur les trois « forces » (vires) agissant dans la plante, les informations notées sont quasiment identiques à celles d’Albert le Grand. Mais Pierre d’Auvergne introduit son texte : après que dans le premier livre ait été traité des parties de la plante, des différents genres et de l’anatomie des différents organes, le second livre va en étudier les causes. Il sera d’abord traité des causes de la croissance des plantes, deuxièmement de leurs propriétés. Il sera tout d’abord vu que la croissance des plantes est liée aux quatre éléments, ensuite, comment la plante est composée de ces éléments…114

. Les thèmes sont annoncés avec beaucoup de précision, donnant parfois une impression de redite. Si Pierre d’Auvergne reprend le De Vegetabilibus, il ne se réfère explicitement à Albert que six fois115

. Par exemple, quand il décrit les différents types de plantes, il le cite : « secundum

Albertum116 ». Il s’appuie également sur le De Plantis de Nicolas de Damas. C’est le cas quand il note que « certains arbres ont des nœuds, des veines, des ventres, du bois et de la moelle. Certains n’ont pas la totalité de ces parties, certains ont plusieurs écorces, les fruits sous l’écorce, comme le cassier, certains entre l’écorce et le bois, comme les fruits du sapin et du pin qui sont contenus dans une écorce ». Si ces propos sont en grande partie tirés d’Albert le Grand, il suit l’ordre des informations données par Nicolas de Damas, faisant la synthèse des deux. En effet, après avoir noté que certaines plantes ont plusieurs écorces, Albert le Grand aborde au paragraphe suivant les nœuds. Nicolas de Damas note pourtant, avant d’évoquer les nœuds, que les fruits peuvent être sous l’écorce ou entourés d’une écorce, comme le fait Pierre d’Auvergne. Ce dernier reprend surtout les livres I et IV du De

Vegetabilibus. Il compile le texte d’Albert le Grand mais puise parfois dans plusieurs livres

différents pour les assembler. C’est le cas par exemple quand il fait allusion au genre des scirpes (scirpus) dont la moelle est très molle : à cause de sa nature aqueuse, si on la mélange

113

E. L. J. Poortman en donne deux exemples, ibid. p. xiv.

114

Petrus de Alvernia, Sententia... : « … quasi dividendo genus plantarum in genera subalterna et similiter

ostendendo anatoniam ipsarum per partes integrales, et hoc fecit narrando, in hoc secundo libro intendit de illis causas reddere naturales, unde circa hoc duo facit. (…) Item circa primum sic procedit : primo determinat de