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B. LE SECTEUR CONCERNÉ

1. L ES CARACTÉRISTIQUES DU SECTEUR DE LA MESSAGERIE

a) Définition générale du secteur

14. Les entreprises de messagerie assurent un service de transport de marchandises de moins de trois tonnes, par des moyens essentiellement routiers. Les différentes phases de l’acheminement des colis comprennent respectivement : l’enlèvement du bien à livrer au domicile de l’expéditeur, le regroupement des colis à acheminer sur des plateformes de tri local, leur tri en fonction du lieu de livraison, l’acheminement vers un centre proche de la destination finale et enfin la livraison effectuée au domicile du destinataire. Le secteur de la messagerie se distingue du secteur du transport routier, ce dernier concernant des expéditions par lot et par camion complet.

15. Le secteur de la messagerie se divise en trois segments : la messagerie traditionnelle et rapide, l’express et la messagerie monocolis. Si les frontières entre les différents segments de marché ne sont pas totalement étanches, chacun d’entre eux se distingue toutefois par des offres spécifiques.

b) Les caractéristiques de la demande

16. Les principaux clients des sociétés de services de messagerie viennent de l’industrie manufacturière, qui représente plus de la moitié du chiffre d’affaires de la profession. Si la

reculé en 2008 (-3,3 %) et surtout en 2009 (-13,6 %), avant d’amorcer une timide reprise en 2010 et 2011 (voir cote n° 47684).

17. Le commerce de gros constitue le second débouché du secteur de la messagerie. Ce segment a connu une forte chute de son chiffre d’affaires en 2009 (- 10,7 %) avant de reprendre en 2010 (+ 5 %) (voir cote n° 47685).

18. Enfin, la vente à distance représente le troisième débouché des entreprises de messagerie.

Si certains vépécistes comme La Redoute ont recours à leur propre réseau de distribution, la majorité des opérateurs du e-commerce sollicite de plus en plus les services des entreprises de messagerie. En effet, les ventes en ligne de biens et services ont été, en valeur, multipliées par plus de cinq entre 2005 et 2012 (cote n° 57423) et ont connu une croissance de 25 % en 2009 (cote n° 47686).

19. Ainsi, les principaux segments des activités de messagerie restent les envois de nature commerciale entre entreprises (« Business to Business », ou « B to B ») et les envois des entreprises vers les particuliers (« Business to Consumer », ou « B to C »), tandis que les envois entre particuliers (Consumer to Consumer, ou « C to C ») représentent une activité très faible. En effet, sur le marché « C to C », le colis postal reste, pour de nombreux Français, le produit de référence.

c) Les caractéristiques de l’offre

Structure du marché

20. En 2008, le chiffre d’affaires en France du secteur de la messagerie classique et express s’élevait à 8,5 milliards d’euros (cote no 10247). Les parts de marché (hors international) des principaux opérateurs du secteur étaient les suivantes :

Tableau 1 - Parts de marché dans le secteur de la messagerie tous segments confondus

Société Parts de marché 2008 (en valeur)

Geodis 20.90 %

DHL 9.40 %

TNT Express 8.80 %

Chronopost 7.50 %

Mory 7.20 %

Dachser France 5.60 %

Heppner 4.13 %

Exapaq 4.00 %

GLS France 3.80 %

Gefco 3.70 %

Schenker-Joyau 3.40 %

Alloin / Khuene + Nagel Road 2.90 %

Ziegler France 2.90 %

Tatex 2.20 %

Transports Henri Ducros 0.40 %

Normatrans 0.30 %

21. En outre, comme indiqué par les études économiques disponibles (voir étude Xerfi 2011 du secteur, cote n° 47663 et étude Microeconomix fournie par TLF, cote n° 72203), le secteur de la messagerie compte aujourd’hui encore, outre les grands groupes qui viennent d’être mentionnés, plus de 900 entreprises, la plupart d’entre elles étant le plus souvent des opérateurs d’influence régionale, voire locale.

Évolution du chiffre d’affaires

22. Le chiffre d’affaires du secteur de la messagerie a connu l’évolution suivante au cours de la période 2003-2010 (cote n° 47690) :

Tableau 2 Source : Étude Xerfi février 2011.

23. Il ressort de ce tableau que le chiffre d’affaires des entreprises de messagerie est marqué depuis 2004 par une progression constante, à l’exception de l’année 2009, en raison d’une baisse significative de la production manufacturière en France et, dans une moindre mesure, du commerce de gros, qui représentent les deux principaux débouchés du secteur

Évolution du chiffre d’affaires des entreprises de messagerie généré en France (entreprises pérennes)

Année 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Taux de croissance en valeur

-0,3 % +1,3 % +3,2 % +7,1 % +3,1 % +1,9 % -10,9 % +9,0 %

de la messagerie comme indiqué ci-dessus. En 2010, le fort taux de croissance s’explique principalement par la reprise de la demande industrielle et des échanges extérieurs.

Autres caractéristiques du secteur

24. Le secteur de la messagerie est caractérisé depuis plusieurs années par une rentabilité très faible, voire négative. L’étude économique relative aux caractéristiques du secteur fournie par TLF indique qu’au cours de la période des pratiques (2004-2010), le taux de marge brute d’exploitation (EBE/Chiffre d’affaires) a oscillé dans la messagerie entre 0,6 % (en 2009) et 3 % (en 2004), tandis que le ratio (résultat net sur chiffre d’affaires), structurellement faible, a été négatif en 2009 (étude Microeconomix, cotes nos 57380 et 57381). Cette faiblesse des marges a conduit à de nombreuses faillites et restructurations, en particulier au cours de l’année 2008, marquée par la disparition de 11 % des entreprises du secteur.

25. Il est également constaté que le secteur de la messagerie est caractérisé par un déclin continu de l’emploi salarié qui est passé de 55 000 en 2004 à 40 000 en 2010.

Figure 1 - Évolution des effectifs salariés dans la messagerie et le fret express (en milliers)

26. Enfin, plusieurs éléments au dossier attestent de l’existence de surcapacités structurelles dans le secteur de la messagerie. Celles-ci sont d’abord mentionnées par plusieurs mis en cause, notamment Alloin (cote n° 49930), Geodis (cote n° 48350), GLS (cote n° 48551), Mory (cote n° 44544), Schenker-Joyau (cote n° 47968) et Heppner (paragraphes 154 à 159 de son mémoire). Elles ont également été relevées lors du test de marché relatif à la décision de concentration n° 12-DCC-153 du 12 novembre 2012 relative à la prise de contrôle exclusif de certains actifs de la société Sernam Services SNC par la société Calberson SNC. S’il est vrai que la crise économique de 2008 à 2009 a amplifié le niveau des surcapacités en raison de la baisse de la demande, TLF, dans ses observations à la notification de griefs, précise que « [d]e nombreux acteurs ont ainsi pénétré le marché français ou renforcé leur offre à la fin des années 1990. L’offre de services de messagerie et de fret express s’est retrouvée structurellement excédentaire tandis que les conditions économiques devenaient moins favorables et que la demande se retournait à la baisse » (annexe 1, page 20, cote n° 57374).

Les différents types de prestations

27. Le secteur de la messagerie comprend plusieurs types de prestations et d’activités, qui diffèrent en fonction notamment du poids des colis, du mode de collecte et de tri, des délais proposés ou encore du type de destinataire visé.

28. Deux principaux segments d’activité peuvent être identifiés : (1) la messagerie traditionnelle et rapide et (2) la messagerie express, avec des délais garantis, une remontée d’informations et des services annexes (voir étude Xerfi, cotes nos 47674 et 47675). Les envois internationaux, qui représentent 16 % du chiffre d’affaires du secteur, ne sont quant à eux pas concernés par la présente affaire.

La messagerie traditionnelle et rapide ou « messagerie classique »

29. La messagerie traditionnelle, la messagerie rapide et la messagerie palette, qu’il est possible de regrouper sous l’appellation « messagerie classique », s’adressent plus particulièrement à des envois lourds, groupés ou palettisés. Les délais de livraison oscillent entre 24 et 72 heures pour la France. Il s’agit de l’activité la plus importante du secteur avec 45 % du chiffre d’affaires du secteur en 2013 (voir cotes nos 57360 à 57362).

Légèrement plus atomisée que le segment de l’express, la messagerie classique compte une multitude d’entreprises d’influence régionale dominée par des transporteurs d’envergure nationale tels que Geodis (Geodis Calberson) ou Dachser.

30. La messagerie traditionnelle concerne des livraisons dans un délai de 48 heures ou plus.

31. La messagerie rapide concerne des livraisons le lendemain pour un enlèvement avant 18 heures et se distingue de la messagerie express en ce qu’elle ne garantit pas les délais.

Les colis faisant l’objet de ce type d’envois font généralement plus de 30 kilos.

32. La messagerie palette est une prestation particulière de la messagerie classique et ne concerne que des colis posés sur des palettes. Il s’agit généralement de fret d’un poids plus important, d’au moins 200 kilos et avec un poids moyen d’une tonne.

33. La distinction entre messagerie traditionnelle et messagerie rapide n’est toutefois pas opérante pour un grand nombre d’entreprises du secteur. En effet, les acteurs du secteur proposent généralement une prestation standard de messagerie, qui peut éventuellement être complétée par des garanties supplémentaires ou un meilleur suivi.

34. De même, pour un grand nombre d’acteurs, la messagerie palette est incluse dans les prestations de messagerie classique. Cependant, certaines entreprises se sont spécialisées dans ce type de transport (voir cote n° 51035).

35. Dans la présente décision, la messagerie traditionnelle, la messagerie rapide et la messagerie palette seront donc, sauf mention contraire, intégrées dans la notion de

« messagerie classique ».

36. Selon l’étude Xerfi précitée, l’évolution du chiffre d’affaires des entreprises de messagerie classique en France au cours de la période 2003-2010 a été la suivante :

Tableau 3

Évolution du chiffre d’affaires des entreprises de messagerie classique généré en France (entreprises pérennes)

Année 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Taux de croissance en valeur

+ 1,3 % + 2,8 % + 1,2 % + 3,0 % + 4,7 % + 1,0 % - 9,1 % + 4,0 % Source : Étude Xerfi février 2011.

37. Il ressort de ce tableau que les prestations de messagerie classique ont connu une hausse constante, à l’exception de l’année 2009. Le retour à la croissance du chiffre d’affaires en 2010 est lié, comme indiqué au paragraphe 23 ci-dessus, à la reprise de la production manufacturière et des échanges interentreprises.

38. En 2008, les parts de marché concernant le segment de la messagerie classique étaient les suivantes (cote n° 10247) :

Tableau 4 - Parts de marché sur le segment de la messagerie classique Parts de marché 2008

(en valeur) Geodis France (avec Cool Jet) 28,88 %

Mory 12,10 %

Graveleau (Dachser) 9,40 %

DHL Express 8,00 %

Heppner 7,80 %

Gefco France 7,30 %

Schenker-Joyau 6,40 %

Ziegler France 5,60 %

Alloin / Khuene + Nagel Road 5,50 %

Sernam 4,80 %

UPS 4,00 %

La messagerie express

39. La messagerie express nationale, qui représente 39 % du chiffre d’affaires du secteur en 2013 (cote n° 57362), concerne les livraisons dans les 24 heures suivant l’heure de l’enlèvement chez le client, le poids moyen des colis étant d’environ 4 kilos.

40. La messagerie express correspond à un service de livraison avec délais garantis, prises de rendez-vous, remontée d’informations et suivi des livraisons. Une telle prestation est quatre à cinq fois plus chère que la messagerie traditionnelle (cote n° 47675). L’express répond donc à un besoin spécifique reposant sur la rapidité d’exécution, la fiabilité du transport et le respect des délais.

41. Les entreprises prestant des services de messagerie express, dites les « expressistes », doivent être distinguées selon qu’elles sont « expressistes monocolistes », tels que Chronopost ou TNT, qui prennent en charge des colis légers (moins de 30 kilos) ou

« expressistes industriels » ou « lourds », tels que Tatex ou France Express, qui peuvent prendre en charge des colis allant jusqu’à 800 kilos (cote n° 51141).

42. Selon l’étude Xerfi précitée, l’évolution du chiffre d’affaires des entreprises de messagerie express en France au cours de la période 2003-2010 a été la suivante :

Tableau 5

Évolution du chiffre d’affaires des entreprises de messagerie express généré en France (entreprises pérennes)

Année 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Taux de croissance en valeur

- 1,8 % - 3,0 % + 2,1 % + 6,3 % + 6,7 % + 0,2 % - 13,3 % + 1,0 % Source : Étude Xerfi février 2011.

43. Il ressort de ce tableau que l’évolution du chiffre d’affaires de la messagerie express a connu, tout comme les activités de messagerie classique, une baisse en 2009 plus marquée par rapport à la messagerie classique, suivi en outre d’un rebond moindre en 2010. Afin de capter des volumes suffisants, les entreprises de messagerie express ont consenti des hausses de prix limitées, ce qui a entraîné une hausse du chiffre d’affaires moins importante que celle des quantités transportées en 2010.

44. Caractérisé par la présence de grands groupes tels que La Poste (Chronopost et Exapaq), le segment de l’express apparaît plus concentré que celui de la messagerie standard, ce qui a d’ailleurs tendance à s’accroître depuis plusieurs années, à la suite de multiples opérations de rachat. Les dix premières entreprises représentent en effet près de 80 % du marché en 2008 (cote n° 47663), comme en atteste le tableau ci-après :

Tableau 6 - Parts de marché sur le segment de l’express

Société Parts de marché 2008 (en valeur)

TNT Express 21,40 %

Chronopost 12,80 %

Geodis (France Express et Ciblex) 13,91 %

DHL Express 12,20 %

FedEx 7,80 %

UPS 5,10 %

GLS France 4,70 %

Tatex 4,40 %

Sernam 3,40 %

Mory 1,80 %