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L’engagement dans la boxe.

CHAPITRE 6 : QUELQUES ELEMENTS SUR LES BOXEURS ET LEUR ENGAGEMENT DANS LA BOXE

6.3 Quelques éléments sur les boxeurs amateurs et professionnels.

6.3.1 L’engagement dans la boxe.

Plusieurs raisons motivent l’engagement dans une telle activité. Certaines ont été abordées précédemment à travers l’analyse du discours des jeunes boxeurs puisqu précoce.

La tradition familiale

On adhère au club de boxe car cela fait partie d’une tradition familiale ou par identification au père pratiquant pugiliste. La partie 4.1 développe largement la question d’un environnement familial pugilistique.

L’influence des médias télévisuels

On adhère également suite à la diffusion télévisuelle d’un match ou d’un film.

« Mes idoles quand j’ai commencé la boxe c’était Rocki. Non c’était un modèle, il a tout voilà. Pour moi personnellement il est parfait, il est un peu simple tout en captant les choses qu’il veut capter et sur le ring il cause quoi. Je m’identifiais à lui parce qu’il est parti de rien et qu’il est arrivé en haut. C’est pour ça que je suis passé professionnel. » (pro ex INSEP, 20 ans)

Une célébrité locale

On adhère parfois en raison de la connaissance d’un boxeur de célébrité locale médiatisé. « Moi j’ai commencé à 19 ans, mais pendant un an je faisais pas de compétition. Je n’étais jamais venu dans la salle. La première fois que je suis venu c’était pour pratiquer. J’étais venu avec des copains du quartier. On venait voir Saïd. A l’époque c'était la gloire locale. La star. On le voyait à la télé. Ça a attiré quelques copains mais je suis le seul à être resté. Moi j’ai commencé au moment où Saïd a arrêté. C’était son dernier combat il a eu le titre de champion de France 2000 contre olivier maunier à Dijon. » (Amateur bon club, 21 ans)

Une idole nationale

L’identification à une idole fortement médiatisée est l’une des raisons les plus évoquée dans les discours.

« Il faut voir que tous les petits garçons qui viennent, ils ont une idole… ça été Marcel Cerdan, Bouttier, Tiozzo. .. Donc ils ont une idole et ils viennent pour les imiter … pour monter en haut. Donc l’idée au départ c’est de faire boxeur professionnel, d’en faire un métier. » (Entraîneur de club)

La proximité d’une salle

Le constat d’une adhésion de proximité revient souvent chez les boxeurs. Il apparaît que la proximité semble un élément déterminant surtout chez les boxeurs n’ayant pas véritablement de rattachement familial avec la boxe.

« La boxe, ça a toujours été ma passion. Je l’ai connue dans une salle, j’habitais juste en face, moi j’étais à côté, j’étais dans une école juste au-dessus. Après l’école j’allais à la salle. » Amateur club, moyen, 30 ans « j’ai 29 ans aujourd’hui. J’ai débuté la boxe par hasard. Simplement parce qu’il y avait une salle de boxe qui se situait en face du domicile familial. » (Pro ex INSEP, 29 ans)

Le besoin de se dépenser

Il apparaît ensuite que l’une des raisons fortes de l’adhésion se trouve dans un besoin de dépense physique. Il n’apparaît pas toujours dans le discours des jeunes boxeurs mais ressort davantage dans le discours des adultes.

« En fait ce qui m’a vraiment plu dans la boxe c’est après le premier entraînement. C’était la première fois que je transpirais vraiment dans un sport. On bossait. Ça me plaisait. Et j’ai commencé à y prendre goût. »

(amateur INSEP, 25 ans)

Le besoin de se faire respecter.

Enfin l’une des dernières raisons nous semblant réellement importante est la recherche d’une identité à travers la boxe : s’afficher comme maîtrisant une pratique de combat.

« Les gamins, ils viennent à la boxe juste pour avoir leur licence, ils friment devant les potes » (Entraîneur de

club)

Dans certains discours, cette motivation est fortement critiquée sur le principe que l’identité de la boxe ne se fonde pas sur la violence, la bagarre et le paraître, mais davantage sur le travail, la rigueur et surtout sur la maîtrise non affichée de la violence. Nous développerons cette idée dans le chapitre suivant. Néanmoins, que cette motivation soit consciente ou inconsciente, rejetée ou exhibée, elle demeure une réalité forte de l’engagement dans la boxe «C’est un sport qui intéresse les voyous quand même. Donc on voit souvent la boxe par rapport à l’intégration. Eux, ils viennent faire de la boxe pour se faire un nom. Le type, il voit son nom une fois dans les journaux, il est content… Moi quand j’étais délinquant, ce que je recherchais c’est déjà que j’étais avec les potes. C’était se faire son nom. Qu’on dise attention c’est un caïd, il sait se battre. Se faire un nom c’est déjà pas mal. C’est un truc de gamin mais dans les cités ça se passe comme ça. Même les grands, ils savent que tu fais un sport de combat, avant de nous chercher, ils réfléchissent à deux fois. Il y a un certain respect qui s’instaure. C’est ça ce qu’ils recherchent. Ouah ! attention, lui c’est un chaud comme ils disent. Il a pas peur. Quand on fait un sport, je crois que c’est différent. On est traité différemment. On leur prouve qu’on n’est pas obligé d’aller voler pour avoir notre nom. On est vu autrement. » (Amateur INSEP, 25 ans)

Le discours d’un ancien boxeur devenu aujourd’hui entraîneur résume assez bien les différents éléments constituant ce processus d’adhésion à la boxe.

« Comme je vous le disais, il y a des garçons qui viennent à la boxe. Ils viennent très jeunes … à la boxe éducative. Ils viennent pour s’amuser. Ils viennent pour se défouler pour ne pas rester dans la rue. Mais qui viennent certains avec tout de même une idée derrière la tête. Tiens, il y a tel champion. Ils viennent car ils ont une idole, un modèle. Ils viennent car ils aimeraient être comme celui ci ou celui là. Ça existe beaucoup chez les tout jeunes (…)

Moi je me rappelle, il y a quelques années de cela la boxe n’était pas très florissante en France. Il y avait Jean- Claude Bouttier qui commençait à sortir. Il commençait à être une vedette. On parlait de lui comme le futur champion. Et les gamins, comme c’était un garçon qui boxait bien, étaient très attirés par ce garçon là.

Il y en a en plus ceux qui ont de la famille, le cas des Thomas etc. Ils sont dans la boxe, ils deviennent champion de France, ils deviennent internationaux. Ça c’est une autre chose voyez-vous. (Entraîneur de club)