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L’emploi d’une approche longitudinale

UNE REVUE SYSTEMATIQUE DE LA LITTERATURE

1.1. Présentation du protocole de recherche : une étude exploratoire quantitative et qualitative quantitative et qualitative

1.1.3. L’emploi d’une approche longitudinale

Après avoir élaboré l’idée d’une perspective d’échantillonnage basée sur quatre sous-groupes (GE, GC, GD, VBS), une nouvelle difficulté méthodologique s’est présentée. En effet, malgré les apports inhérents à la mise en place d’une méthode comparative, nous avons pu envisager différents scénarios et situations où la présence et l’influence de certains facteurs individuels pouvaient impacter les résultats obtenus et de fait, engendrer un biais d’interprétation. Par exemple, pour répondre à la question ‘‘la présence de troubles dépressifs observée en suite de couche est-elle liée au sujet ou à l’expérience de l’accouchement ?’’. Il est nécessaire de procéder à une évaluation initiale étudiant la prévalence de symptômes dépressifs avant l’accouchement pour se positionner sur le vécu en suite de couche.

Nous avons donc trouvé nécessaire de réaliser une évaluation initiale antérieure à l’évènement discriminant de notre approche comparative (dans notre situation il s’agit du mode d’accouchement). Dès lors, il a été nécessaire de procéder à l’établissement d’un temps d’évaluation initial et par conséquent de pouvoir rencontrer les participantes avant leur accouchement. La période de la grossesse retenue pour cette évaluation a été sélectionnée en fonction du processus de maturation lié à l’expérience de grossesse. Généralement, il est considéré qu’à partir de 7 mois et demi de grossesse, les femmes enceintes se tournent progressivement vers l’idée de la fin de la grossesse, l’enfant à naître (Bydlowski, 1997 ; Ammaniti et al., 1999 ; Delassus, 2010 ; Soulé et al., 2015) et surtout, ce n’est qu’à partir de cette période qu’elles commencent à se représenter l’accouchement (Mercer, 2004). Sachant que certains de nos outils questionnaient l’appréhension fantasmatique de l’accouchement, la borne partant de 7 mois et demi de grossesse jusqu’à l’accouchement a été retenue comme la période de première évaluation des futures parturientes. L’évaluation initiale (T0) a donc été réalisée pour toutes les participantes entre 7 mois et demi de grossesse et le jour de l’accouchement.

Dans un second temps, il a été nécessaire de différencier le vécu spécifiquement conséquent à l’épisiotomie (GE), à la césarienne (GC), aux déchirures (GD) et aux naissances sans difficultés spécifiques (VBS), tout cela au sein du bouleversement physique et corporel sans précédent lié au devenir mère (Bydlowski, 1997). Pour cela, notre approche longitudinale a dû être complétée par une standardisation des modalités d’évaluation, et ce, en nous appuyant sur une méthodologie test-retest évaluant de la même façon les mêmes variables. De cette manière, il a été possible de pouvoir considérer préférentiellement l’évolution des facteurs

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étudiés et non leur simple présence par le biais d’une méthode dites ‘‘à mesure répétée’’. Sur ce point, une dernière notion a été particulièrement importante. Effectivement, même si à notre connaissance nous n’avons pas trouvé d’étude portant spécifiquement sur cet aspect, notre expérience clinique tout comme celle partagée par nos confrères et collègues nous a amené à penser qu’en l’absence de traumatisme le vécu de l’accouchement est soumis à un processus de refoulement progressif. Il nous a donc semblé nécessaire de pouvoir évaluer nos variables sur différents temps de la période post-accouchement.

Les choix relatifs à ces différents temps ont été préalablement décidés en fonction de la période temporelle pertinente permettant l’étude des dimensions que nous avons retenues (qualité de vie, satisfaction liée à l’accouchement, sexualité, image du corps, économie psychique et identité psychosexuée féminine/maternelle). Ces choix ont aussi pris en considérant les modalités méthodologiques liées à la passation de nos outils. Ainsi, nous avons décidé d’étudier la satisfaction maternelle tout juste après l’accouchement et ensuite procéder à une seconde évaluation ultérieure permettant une réflexion sur l’évolution de cet indicateur. Nous avons donc décidé d’évaluer cette dimension 2 jours après l’accouchement (intégrant l’intervalle de passation suivante [1-4 jours]) et 2 mois après l’accouchement (intégrant l’intervalle de passation suivante [50-70 jours]). Nous le verrons dans la partie concernant les outils, ces deux temps d’évaluation se sont appuyés sur les modalités de passation de deux auto-questionnaires sélectionnés (CPQ-VF et WOMBLSQ4). Ils correspondent à l’hypothèse H2 et ils n’interviennent pas dans l’étude des autres hypothèses. N’étant pas forcément réalisées en présentiel, les évaluations à 2 jours et 2 mois ne sont donc pas considérées comme des temps de rencontre spécifique de notre approche longitudinale.

En revanche, l’étude des besoins en évaluation des autres dimensions a montré la nécessité de circonscrire trois temps usuels. Nous avons décidé de sélectionner comme premier temps d’évaluation ‘‘retest’’ la date de 3 mois après l’accouchement correspondant à la fin du post-partum. Dans les publications, cette date est très souvent utilisée pour étudier la présence de dépression du post-partum, la présence de troubles de la sexualité ou encore de difficultés avec l’image du corps. Elle correspond à la fin de la période de fusion totale entre la mère et l’enfant, celle de la reprise de la sexualité mais aussi celle des débuts de la reprise du travail. En outre, nous avons considéré que les besoin de l’enfant entre 0 et 3 mois n’auraient pas enjoint les mamans à se rendre disponible au cours de cette période difficile, marquée par la fatigue et le manque de disponibilité des mères. Ainsi, à l’exception de la satisfaction liée à l’accouchement, toutes les dimensions y ont été étudiées. Le premier temps d’évaluation

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présentiel a donc été réalisé 3 mois révolus après l’accouchement avec un intervalle de rencontre de [2mois et 15 jours-3mois et 20 jours]. Il est codé dans notre écrit sous l’appellation

T1.

Un deuxième temps d’évaluation basé sur la méthodologie ‘‘retest’’ a été réalisé à 9 mois. Cette période marque l’apparition des premiers vocables primitifs et parfois, des premiers pas. De même, la période comprise entre 4 et 9 mois est caractérisée par l’apparition de la diversification alimentaire, les premières nuits, le sevrage… Les neufs mois marquent donc la fin de la période de dépendance totale de l’enfant et l’amorce d’une phase d’indépendance. Au niveau des participantes, elle correspond également à la période où le corps commence à se restructurer mais aussi, au moment où les jeunes maman (quand elles le peuvent) ont tendance à se tourner à nouveau vers la sphère sociale. Il semblait donc utile d’étudier le vécu spécifique à cette période charnière en proposant une évaluation en présentiel de toutes les dimensions questionnées par nos hypothèses (à l’exception de la satisfaction liée à l’accouchement). L’évaluation ‘‘restest’’ à 9 mois révolus (dorénavant codée T2) correspond donc à une période de rencontre située au sein de l’intervalle suivant : [8mois et 15 jours- 9 mois et 20 jours].

Enfin, nous avons retenu comme dernier temps de rencontre la période de la date anniversaire correspondant à une année révolue après la naissance de l’enfant. Cette date clôt notre étude longitudinale. Elle est marquée par le premier anniversaire de l’enfant et la possibilité d’induire une forme de rétrospective de l’expérience vécue. Ce faisant, cette période étant dorénavant marquée par la naissance de l’enfant elle permet d’invoquer en filigrane l’expérience passée de l’accouchement. Enfin, il est important de préciser que cette date est généralement utilisée dans les études scientifiques abordant la présence de conséquences à long terme liées au mode d’accouchement. En conséquence, nous avons choisi d’étudier l’ensemble des dimensions (à l’exception de la satisfaction liée à l’accouchement) questionnées par nos hypothèses à cette période spécifique. Le dernier rendez-vous basé sur une méthode longitudinale en test-retest a donc été réalisé 1 an après l’accouchement (T3) avec un intervalle de rencontre compris entre 11 mois et 10 jours et 13 mois et 10 jours ; [11mois et 10 jours-13 mois et 10 jours].

Pour conclure, la méthode d’évaluation longitudinale que nous avons choisie repose sur six temps d’évaluation et quatre temps de rencontre avec les participantes : Avant

l’accouchement T0, 3 mois après l’accouchement T1, 9 mois après l’accouchement T2 et

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L’ensemble de ces temps incluant également les deux auto-évaluations à 2 jours et 2 mois après l’accouchement a été résumé dans le schéma suivant incluant de manière non exhaustive les principales dimensions évaluées par notre étude :