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la préoccupation environnementale

3.1.1. L’attractivité du territoire est fondée sur le cadre de vie

Dans le Dictionnaire des mots de la Géographie (Brunet et al., 1993) : « L’attraction est un phénomène fondamental en géographie, où certains lieux sont plus attractifs que d’autres en fonction : 1. De leur masse (population, richesse, équipements) (…), 2. De qualités particulières (emploi, climat, renommée, salaires). Il est évident que l’attraction est fonction de la nature même de l’attiré, et peut jouer en sens inverse (…) : le contraire de l’attraction est la répulsion : il est des lieux que l’on fuit et que l’on évite, et qui sont ainsi des pôles de répulsion. L’un des effets de l’attraction est de faire apparaître des pôles ou foyers d’attraction, qui rivalisent avec leurs semblables » et donc « l’attractivité est la capacité à attirer, et qualifie l’attracteur ; elle peut se mesurer au moins par la masse de l’attracteur et la distance de l’attiré ». Les critères d’attraction sont également mis en avant par le Dictionnaire d’analyse spatiale : « En fonction des principes de la gravitation et de la polarisation, les lieux sont inégalement attractifs. Plus le poids (population, richesse, équipements, commerces, services…) du lieu en question est fort, plus son aptitude à capter des flux est élevée et plus son attractivité, c’est-à- dire sa force d’attraction, est grande » (Bavoux & Chapelon, 2014).

Le développement d’un territoire fonctionne s’il est impulsé par ses habitants, c’est ce que l’économie et la géographie appellent le développement endogène, un développement « par le bas » ou « par les acteurs » (Auclair, 2011; Dejardin, 2010; Gumuchian et al., 2003; Obrecht & Rahetlah, 2014). Pour que cette impulsion ait lieu, le territoire doit pouvoir conserver ou attirer vers lui des actifs, ayant une propension à générer des dynamiques, qu’elles soient entrepreneuriales ou associatives. C’est là le lien entre l’attractivité et le développement, qui a plutôt été étudié par les disciplines économiques et géographiques sous l’angle des aspects territoriaux de l’entrepreneuriat. De nombreux auteurs ont tenté d’expliquer pourquoi des entreprises se créent en un endroit plutôt qu’à un autre, et quels sont les déterminants de la création d’entreprise : nous avons retenu la synthèse de (Dejardin, 2010), que nous confronterons avec notre terrain. La littérature économique a ainsi montré que :

– le choix d’un individu d’entreprendre dépend de l’espérance de revenu qu’il peut attendre d’une activité entrepreneuriale en comparaison d’une activité salariée ;

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– l’espérance d’un revenu salarié n’est pas identique d’une région à une autre, en ce sens un contexte économique déprimé peut agir positivement sur la décision d’entreprendre, l’individu considérant la possibilité d’être au chômage ;

– la propension à créer une activité dépend aussi de la richesse de l’individu et des potentiels consommateurs (richesse, elle aussi inégalement distribuée sur les territoires) ;

– les entreprises se situent de manière privilégiée dans des lieux ou d’autres entreprises sont déjà localisées (effets d’agglomération) ; – pour comprendre l’entrepreneuriat, on doit considérer l’existence de ressources tel que le capital humain (niveau de connaissance, de diversité sociale, d’ouverture aux nouveaux arrivants), et matériel (le foncier par exemple).

Si l’on compare ces critères avec le terrain étudié : il est vrai que les possibilités d’emploi salarié y sont réduites, ce qui peut pousser les individus souhaitant y habiter à créer leur propre activité. Quant aux critères d’espérance de revenus, de niveau de richesse des individus et des consommateurs, de supposés effets d’agglomération, ils sont une moindre mesure sur le terrain étudié et ne peuvent expliquer à eux seuls l’apparition d’initiatives entrepreneuriales ou associatives sur les îles. On peut alors se poser la question : s’il n’y a que peu d’emplois salariés, que le territoire est en déclin démographique, qu’il présente une rupture par rapport aux réseaux de mobilité, pourquoi vouloir y habiter ? Nous faisons l’hypothèse que les îles de l’Iroise bénéficient d’une certaine attractivité, qui relève d’autres critères que ceux précédemment décrits. Afin de vérifier cette hypothèse d’une potentielle force d’attraction des îles, nous cherchons dans un premier temps, à comprendre la trajectoire biographique des porteurs de projet et leur rapport personnel à l’île, à partir de l’analyse des parcours des individus, basée sur leur récit. Le projet de vie s’avérant lié à la recherche d’une supposée qualité de vie, nous avons ensuite cherché à définir le cadre de vie des îles de l’Iroise.

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151 Les parcours qui mènent des actifs à l’île

Des points communs permettent de regrouper les parcours des insulaires ayant une activité professionnelle en mer qui ont été enquêtés, même si nous prenons en compte que chaque parcours de vie est bien unique et personnel. Pour établir trois types de profils, nous avons retenu la typologie de (Negro, 1994), qui a permis de distinguer dans une étude en milieu rural sur les agriculteurs, trois profils de créateurs d’entreprises : les héritiers, les natifs et les néo-ruraux que nous appellerons ici les « néo-insulaires ». Nous avons ajouté une catégorie à cette typologie : les « parties rapportées » tel qu’ils se désignent souvent eux-mêmes, c’est-à- dire qu’ils sont en couple avec un natif de l’île. Cette désignation permet d’englober les aspects professionnels ainsi que le rapport entretenu avec le territoire au cours du parcours (Tableau 16).

Un premier profil peut être identifié comme celui des « héritiers » d’une tradition maritime décrite en chapitre 1 : il y a l’idée d’une transmission de génération en génération, des métiers de la mer. C’est le cas en particulier pour les pêcheurs. Ils sont originaires de l’île, ils y ont grandi et travaillé dans le même métier toute leur vie. La grève et les bateaux ont constitué le terrain de jeu de leur enfance, ils ont donc baigné dans le milieu de la pêche avant d’en faire leur profession. C’est généralement une personne de leur famille, leur père, oncle ou frère, qui les a embarqués très jeune pour leur apprendre la mer. À Molène certains ont appris le métier à bord des homardiers40, pour « le coup de main », avant

même d’apprendre le métier à l’école des pêches.

Tableau 16 : Les parcours qui mènent des actifs à l’île, tableau inspiré de la typologie de Yves Negro, 1994.

Comme tous les îliens, les personnes de ce premier profil connaissent à un moment de leur existence, une rupture spatiale. Les îliens de l’ancienne génération quittaient l’île à la fin du primaire, ils allaient au pensionnat sur le continent. Depuis la création du collège des îles du Ponant, c’est à partir du lycée que les îliens partent sur le continent pour poursuivre leur scolarité. Dans le cas des anciens, après l’obtention de

40 Canots à bord desquels des hommes proches de la retraite finissaient leur carrière, à la pêche au

homard au casier.

Les « héritiers » 3 anciens pêcheurs (+55 ans, retraités)

5 pêcheurs actifs

Les « natifs »

1 directeur centre nautique 1 pêcheur — conteuse 1 direction entreprise algues 2 pêcheurs

1 pêcheur-récoltant d’algues 1 ostréiculteur

Les « néo-insulaires »

1 directeur centre nautique 1 employé Ledenez 1 couple Quéménès Les « parties rapportées »

1 pêcheur

1 pêcheur — scaphandrier 1 ostréiculteur

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leur diplôme de pêche, cette coupure géographique était prolongée par le service militaire et parfois par une période où ils étaient engagés dans la marine de commerce. Cette expérience leur a permis de « voir du pays », « couper le cordon » (entretiens anciens pêcheurs), de découvrir des terres éloignées, ce qui leur laisse un souvenir d’aventure : « J’avais jamais pris le train, ni le taxi, j’avais jamais été plus loin que Brasparts… me voilà à 15 ans à Paris, changeant de train (…), le soir j’étais au Havre et cinq jours après j’étais à New York » (Pêcheur, île de Sein).Ils bénéficient de cette expérience de voyage au long court, le long des côtes africaines, aux Antilles, en Asie, etc., ils ont une expérience de « l’ailleurs ». Dans le cas des plus jeunes qui n’ont pas effectué de service militaire, ils ont eu une expérience en dehors de l’île en étant embarqués à la pêche au large.

Après cette coupure, ils reviennent sur leur île natale pour y vivre et y travailler, ce retour est vécu comme « naturel ». Pour la plupart, vivre de la pêche sur leur île est ce qu’ils ont toujours voulu faire, depuis qu’ils étaient enfants, parfois contre la volonté de leurs parents (le métier est dur et dangereux, et après les années 1950, moins rémunérateur). Dans les récits on a parfois le sentiment que le retour sur l’île, corrélé au début de leur carrière de pêche, est le véritable début de l’histoire, comme pour ce pêcheur qui termine le récit de sa jeunesse : « Et après voilà, je suis devenu marin pêcheur. Là j’ai commencé ma vraie vie » (Pêcheur, île de Sein). Un pêcheur analyse cependant, avec le recul, ne pas avoir eu véritablement le choix : « Mon père a fait construire un bateau neuf et je n’ai pas eu le droit d’aller à l’école ! À dix-huit ans on m’a dit, tiens il y a un moment de creux tu vas aller à l’école, donc j’ai jamais choisi en réalité ce que j’ai fait. Mais quand je le raconte on dirait que j’ai des regrets, j’en ai pas hein ! Mais ça s’est fait comme ça. (…) Et en 1994 mon père a dit “j’arrête, je te vends mon bateau” donc là c’est pareil encore on m’a pas demandé mon avis j’ai acheté le bateau. » (Pêcheur). Le parcours est aussi déterminé par les attentes familiales et culturelles. Nous pouvons analyser qu’il est associé à une culture traditionnelle où les valeurs familiales et collectives occupent une place importante. Devenir pêcheur incarne plus qu’une destinée individuelle liée à un projet économique, c’est aussi l’acquisition d’un statut et d’un rôle social au sein d’une communauté. L’individu choisit son parcours, mais son choix est en partie guidé par les attentes du groupe auquel il est intégré.

Une valeur importante qui guide ce type de parcours est associée au travail. Le spectre de la pauvreté que l’on a connu aux 19ème et 20ème

siècles sur les îles n’est pas si éloigné. Les pêcheurs aujourd’hui proches de l’âge de la retraite ont grandi dans ce contexte, ce qui crée un rapport particulier à l’activité professionnelle, perçu comme vecteur pour sortir de la précarité économique. Le travail est alors une valeur prioritaire qui oriente le parcours de vie, motivé par l’idée de subvenir aux besoins de la famille afin de ne pas reproduire sur les générations suivantes les conséquences d’une pauvreté que l’on a connues dans son enfance. Dans le prolongement de ce prisme, les loisirs et les vacances sont peu valorisés et peu pratiqués.

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Au sein de ce premier profil, on trouve des anciens (trois enquêtés), mais aussi plusieurs jeunes pêcheurs (trois enquêtés). Ces jeunes reproduisent un modèle ancien, mais ils n’exercent pas leur métier dans les mêmes conditions que leurs aînés. D’une part les conditions économiques ne sont pas les mêmes : la ressource est moins abondante, et bien que les prix de vente des produits de la pêche soient plus élevés, les coûts associés aux navires (le navire lui-même, le matériel technologique, radars, sécurité, etc.) sont aussi plus importants. Faire la pêche peut être un métier très intéressant du point de vue économique, mais demande énormément d’investissement financier, et cela reste un métier physiquement difficile. D’autre part les conditions sociales ne sont pas les mêmes que dans le passé : auparavant les pêcheurs étaient entourés d’une communauté de pêcheurs, ils étaient un collectif : les anciens racontent qu’après la pêche, ils se retrouvaient au café ; à terre, ils pouvaient s’entraider. Aujourd’hui, lorsque le maximum d’hommes occupés à la pêche à la même période est atteint sur l’île de Molène, ils sont six. L’ambiance est donc différente, il y a sans doute moins d’émulation. Il reste la solidarité familiale, qui est très importante : entre frères travaillant sur le même navire (c’est le cas sur les îles de Molène et Ouessant), les parents contribuent aussi beaucoup à l’activité de leurs enfants, en aidant à la manutention sur le port, en aidant au commerce, en prêtant un espace de leur maison comme local, etc. Finalement, si l’on prend en compte le contexte dans lequel la jeune génération effectue ce parcours qui mène à devenir pêcheur sur leur île d’origine, on peut considérer qu’il nécessite une certaine force de conviction. Dans les entretiens menés auprès des trois jeunes pêcheurs, cette motivation provient d’une part de la perception d’un enjeu de filiation, d’autre part de l’attachement profond à un territoire, sur lequel ils ont souhaité s’investir.

Figure 53 : Un patron pêcheur et son matelot remontent le vivier à homard sur la cale. Ils travaillent en famille, à l’île de Sein.

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Un second type de parcours peut être regroupé sous la désignation des « natifs » : ils ont fait le choix de revenir vivre sur leur île natale après quelques années passées sur le continent où ils ont vécu une partie de leur parcours professionnel. Étant donné qu’ils avaient la possibilité de poursuivre leur activité professionnelle ailleurs, sur le continent, leur retour est véritablement une démarche liée à la volonté de revenir vivre sur le territoire insulaire : « Ma priorité, c’était vraiment de revenir sur l’île. J’ai fait différents petits boulots au début. Et puis c’est [un ami] qui m’a motivé pour monter l’activité sur l’île » (professionnel de la mer). Cette volonté est liée dans les discours, à la recherche d’une qualité de vie qu’ils estiment meilleure sur l’île, associée, comme pour les héritiers, à un attachement fort au territoire, une conscience des enjeux démographiques et économiques, une volonté de s’engager pour l’île.

Les professions des natifs dans le milieu maritime sont diversifiées, mais on y trouve aussi des pêcheurs. L’un d’eux affirme avoir adapté son projet professionnel dans l’objectif de venir vivre sur l’île : « Si on veut rester sur Molène et travailler, il n’y a pas trente-six solutions. J’étais au commerce [c’est-à- dire dans la marine de commerce] quand je suis revenu vivre sur l’île. Mais je voulais arrêter le commerce pour avoir une vie de famille un peu plus facile, et donc la seule solution c’était de faire la pêche. » (Pêcheur). Les natifs considèrent comme un atout, le fait d’avoir passé quelque temps dans un autre lieu que leur île natale, et/ou d’avoir eu une autre expérience professionnelle : c’est une respiration qui leur permet de mieux revenir en ayant eu une ouverture sur le monde (source : entretiens). Plusieurs enquêtés identifient sur les îles un développement croissant de ce profil, celui de jeunes prêts à revenir sur l’île après avoir passé quelques années sur le continent : « Il y en a qui font des formations et puis après ils reviennent et ils prennent ce qu’ils trouvent, sans que ce soit forcément en rapport avec leur formation. » (Professionnel de la mer).

Figure 54 : Couple

d'ostréiculteurs, en route pour le phare de l’île de Sein (ouest de l’île), où se trouvent leurs parcs à huîtres. Ces porteurs de projet ont de la famille sur l'île, ils sont venus s'y installer en 2015 et ont créé leur activité.

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Une distinction que nous avons ajoutée à la typologie est celle des « parties rapportées » qui accompagnent les « natifs » dans un couple. Il peut s’agir de couple porteur d’une entreprise, mais dans un cas, le membre qui est « partie rapportée » entreprend seul. L’arrivée sur l’île est liée avant tout à l’origine de l’autre partenaire du couple et résulte d’un choix commun portant à la fois sur la vie de famille et sur la vie professionnelle.

Le profil des « néo-insulaires » est celui de personnes sans lien initial avec l’île, qui viennent y vivre et y installer leur activité économique. L’arrivée sur l’île est donc un changement de vie, qui est généralement motivé par la quête d’une meilleure qualité de vie. On peut s’étonner de la faible proportion de profils de néo-insulaires dans la population d’entrepreneurs maritimes que nous avons étudiée, mais rappelons que sur l’ensemble des îles du Ponant où l’entrepreneuriat a été étudié (Brigand et al., 2014), le secteur primaire est minoritaire dans les nouvelles créations d’entreprises, la pêche et l’aquaculture d’autant plus : sur 1157 entreprises créées sur l’ensemble des îles du Ponant depuis moins de six ans en 2012, 68,8 % relevaient du secteur tertiaire, 24,2 % du secteur secondaire et 7 % du secteur primaire (dont 2,55 % sont la pêche et l’aquaculture) (source : Base de données SIREN 2012). Comme les « natifs », et dans une certaine mesure une partie des « héritiers » qui ont connu d’autres contextes professionnels et géographiques, les néo- insulaires sont aussi susceptibles d’apporter avec eux sur le territoire, d’autres manières de faire, d’autres visions des choses : cet aspect est mentionné par des habitants locaux (entretiens habitants) et semble se vérifier sur d’autres terrains d’études en milieu rural (Kalantaridis & Bika, 2006; Saleilles, 2010).

Pour ces différents porteurs de projets, aux activités et aux parcours variés, la démarche d’entreprendre est imbriquée dans un projet de vie, lequel projet est de vivre sur l’île. La littérature mentionne deux types de motivation pour entreprendre sur un territoire rural : soit parce qu’il n’y a pas l’opportunité de trouver un emploi salarié sur le territoire (motivation de type « push » ou « négative »), soit parce que la création d’entreprise est un projet personnel (motivation de type « pull » ou « positive » selon (Saleilles, 2010). Concernant la population étudiée, les deux motivations ne peuvent être dissociées dans la mesure où elles sont entremêlées au sein du projet de vie global qui est de vivre sur l’île. Le projet de vie motive la création d’activité, mais également en contrepartie, la création d’activité est un pari qui engage la vie personnelle, familiale et professionnelle des individus. La démarche d’entreprendre comporte en effet une prise de risque et n’est pas sans heurts. Partant d’une idée, les porteurs de projet doivent investir en temps et en argent, pour finalement parvenir à en tirer un revenu, sinon deux revenus lorsqu’il s’agit d’un projet en couple. Plusieurs des enquêtés (trois) ont en effet fait le choix d’entreprendre en couple sur une même activité, ce choix constitue à la fois une force et présente ses difficultés

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propres, sur le plan financier : dans la mesure où les deux parties du couple misent sur la même activité pour générer les revenus d’un ménage, le risque est multiplié par deux. Une fois démarrée, la création d’activité génère un certain nombre d’incertitudes, financières, matérielles, que les porteurs d’initiatives doivent assumer. Pour des raisons diverses et de nature personnelle ou financières, plusieurs projets entrepreneuriaux ont été avortés dans le secteur maritime ces dernières années sur les îles de l’Iroise : c’est le cas d’entreprises conchylicoles sur l’île d’Ouessant et l’île de Sein, et d’une entreprise de pêche sur l’île de Molène. Lorsque le projet s’arrête de manière prématurée, les conséquences sur la vie personnelle et professionnelle peuvent être importantes, dans un cas, les porteurs de projet ont quitté l’île, mais dans les deux autres cas, le projet de vie sur l’île a été maintenu, c’est le projet professionnel qui a été modifié (dans un cas, une réorientation dans le secteur salarié, dans l’autre, la création d’une autre entreprise). On voit que le projet de vie sur l’île est à la fois un moteur