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57l’architecture, respectivement représentés par le musée des Monuments français

et l’École de Chaillot et par l’IFA, sont aujourd’hui rapprochés, la fusion des trois institutions ne s’est pas immédiatement imposée.

Le Centre Chaillot dont la création est officiellement annoncée en 1994 ne voit le jour qu’en 1997 dû aux changements politiques qui modifièrent complètement le projet suite au rapport d’étude de Jean-Louis Cohen sur la préfiguration du musée d’architecture. La mission de maîtrise d’œuvre générale visant à reconfigurer l’aile Paris du palais de Chaillot se confirme. Le projet de Cité de l’architecture et du patrimoine incluant le musée des Monuments français, l’École de Chaillot et l’IFA, tel qu’il se présente aujourd’hui, est acté en 1998 et s’installe temporairement au palais de la Porte Dorée avant de rejoindre le palais de Chaillot. Après le Centre Georges-Pompidou, Arc en rêve, le Pavillon de l’Arsenal, il manquait en France un lieu capable de proposer une pédagogie d’ensemble sur l’art de la construction, un lieu de débat et d’enseignement destiné au plus grand nombre et en capacité d’accueillir des expositions d’ampleur internationale. L’axe développé par le musée est celui de l’accessibilité, en un seul lieu où le visiteur peut découvrir la totalité du patrimoine national. Cette caractéristique centralisatrice et globalisante de l’architecure caractérise la ligne de conduite de la Cité. Elle se donne pour mission de répondre à des attentes multiples  : professionnels de la construction et de la restauration, élus, maîtres d’ouvrage, industriels, amateurs d’architecture et simples curieux. La cité de l’architecture et du patrimoine propose une structure encore inédite, associant architecture et patrimoine, pour reprendre les termes de son directeur François de Mazières, «  l’association sans restriction des deux termes de patrimoine et d’architecture fonde le principe et l’originalité de la Cité  ». Il précise également que «  le rapprochement des anciens et des modernes est difficile, les gens sensibles au patrimoine n’ont pas nécessairement envie d’aller voir de l’architecture contemporaine, et inversement (…) pour cela, l’aménagement muséal propose des ouvertures, sans rien imposer, la curiosité ne pouvant venir que d’une démarche volontaire, d’une tentation  ».91

91. propos de François de Mazières recueillis par CASTANY Laurence  , «  La Cité de l'architecture et du patrimoine  » in Beaux-Arts magazine, hors série, septembre 2007, 66 p.

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L’histoire même du bâtiment Chaillot traduit la mission de conservation. Bien qu’il s’agisse d’une mission des Monuments historiques, la Cité se doit aussi de conserver et mettre à profit l’héritage architectural du bâtiment qui l’accueille. La palais de Chaillot est le symbole d’une conservation active. Conçu par Gabriel Davioud et Jules Bourdais pour l’exposition de 1878, le style mauresque du palais alors dénommé palais du Trocadero, fut largement critiqué. En vue de l’exposition de 1937, la salle de spectacle centrale est détruite permettant d’ouvrir une perspective vers le Champs de Mars. Les murs polychromes disparaissent au profit d’un style classique épuré. Et le musée est dédoublé dans sa hauteur comme dans son épaisseur. Le palais de Chaillot transcrit l’expression d’une République en quête d’une nouvelle monumentalité. En 2007, la rénovation de l’aile de Paris et la nouvelle scénographie du musée sont confiées à l’architecte Jean-François Bodin. La rénovation du musée s’articule autour de trois grandes orientations : la simplification et l’harmonisation des présentations, la présence plus forte de l’architecture, la modernisation et l’enrichissement des dispositifs destinés au public. Le patrimoine devait s’allier au contemporain, non seulement dans ses collections mais aussi dans les outils de présentation. La simplification a d’abord consisté à limiter la présentation en salle du nombre d’œuvres des anciennes collections de moulages et de peintures. Il fallait sortir des anciennes propositions, à tendance pédagogique sinon encyclopédique, pour offrir un parcours facile à appréhender grâce à des œuvres judicieusement choisies. Il fallait aussi apporter à ces collections une nouvelle dynamique et faciliter leur appréhension par un public. L’incendie de 1997 permit de découvrir les fermes métalliques du bâtiment d’origine, le palais du Trocadero, aujourd’hui visibles à l’intérieur de l’exposition, dans la galerie des moulages. Le parcours chronologique de cette galerie demeure fidèle au projet intellectuel du musée de Sculpture comparée.

La création de la bibliothèque et de la nouvelle galerie de l’Architecture moderne et contemporaine, dans le cadre de la rénovation du musée pour introduire à l’histoire de l’Architecture contemporaine, ont entraîné une redistribution des espaces. La collection est issue pour partie de l’inépuisable ressource que représentent les Archives d’architecture du XXe siècle – centre conjointement rattaché à l’IFA et à la Direction des archives de France. La galerie est enfin complétée par une exposition thématique renouvelée chaque année, et qui jouera en quelque sorte le rôle d’interface entre l’histoire et l’actualité. Les œuvres et documents sont au service d’une narration qui met en avant l’édifice et traite de la modernité architecturale, montrant davantage des ruptures que des continuités. Les maquettes créées spécialement pour la galerie moderne sont analytiques et didactiques. La qualité de l’intervention de l’architecte réside surtout dans son approche respectueuse du bâtiment. Son intervention se joue

30. vue de la galerie des moulages de la Cité de l’architecture et du patrimoine

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