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Chapitre 3 Méthodologie

3.2 L’analyse de contenu

3.2.3 L'analyse thématique de contenu

Pour répondre à nos questions spécifiques de recherche et analyser ces politiques publiques, nous avons dû choisir entre différents types d'analyse de contenu. Trois variantes principales peuvent être répertoriées. La première est celle des analyses formelles; elle s’attarde aux formes du discours. L’analyse de l’expression et l’analyse de l’énonciation en font toutes deux partie. La première se penche sur des indicateurs « formels », tels que le vocabulaire, la longueur des phrases, leur enchaînement (Bardin, 2009; Van Campenhoudt et

Quivy, 2011). La seconde, l’analyse de l’énonciation, s’attarde aux ruptures de rythme dans le discours, aux répétitions, etc. Toutes deux s’appliquent davantage aux discours oraux qu’écrits et font appel à une analyse quantitative.

La deuxième variante est celle des analyses structurales. Par apport à la première, ici, « la fréquence à laquelle revient un mot ou un thème n’est pas, en soi, un indicateur suffisant pour décrypter les significations d’un texte » (Van Campenhoudt et Quivy, 2011, p.208). On cherche plutôt à analyser la manière dont les éléments du texte sont mis en relation les uns par rapport aux autres, à donner un sens à la structure du texte en tant que telle.

Pour répondre à nos questions de recherche, nous optons pour la troisième variante, soit l’analyse thématique. Selon Bardin (2009), ce type d’analyse « vise à prendre en considération la totalité d’un « texte » pour le passer à la moulinette de la classification » (p.41). Elle consiste à regrouper par thématiques le contenu à analyser, c'est-à-dire à le coder. L'objectif du codage est de de repérer, classer, ordonner, condenser le contenu. À partir des documents, l’analyste fait ressortir des « unités de sens », c’est-à-dire des portions de texte qui lui paraissent significatives. Il peut s’agir d’un mot, d’un thème, d’un paragraphe. Comme le dit Deslauriers (1991) :

Cette opération désigne le découpage des informations obtenues par observation,

entrevue ou tout autre moyen, et leur enregistrement34. La codification est une procédure de déconstruction de données : le chercheur prend un élément d’information, le découpe et l’isole, le classe avec d’autres du même genre, le désindividualise, le décontextualise. […] Dans la recherche qualitative, le codage est un travail simultané de création, d’interprétation et d’induction (p.70).

L’unité de sens codée peut représenter deux éléments du codage : les rubriques, qui, souvent, correspondent aux questions de la recherche (Van der Maren, 1996, p.434) et les

catégories, qui représentent les regroupements des « réponses » aux questions de recherche.

Les rubriques et catégories peuvent être déterminées selon trois modalités. Premièrement, elles peuvent être déterminées à partir du cadre conceptuel, puisque ce dernier comporte

généralement une conceptualisation minimale de l’objet qui en trace les contours. Avoir une telle liste de rubriques et catégories prédéterminées permet une éventuelle comparaison entre différentes sources, puisque le chercheur dispose alors des mêmes catégories pour chaque document analysé. On parlera ici d’un codage fermé. Deuxièmement, dans le cas où le chercheur ne dispose pas, dans son cadre conceptuel, de modèle pour son objet, il peut faire la lecture des textes sans rubriques ou catégories a priori, tout en ayant en tête plusieurs modèles qui pourront potentiellement s’appliquer à son objet. Ici, « ce sont les passages du texte qui suggèrent les rubriques plutôt qu’ils n’y répondent » (Van der Maren, 1996, p.429). Le codage est alors dit ouvert. Finalement, le codage peut être mixte; dans ce cas, il est composé d’un ensemble de rubriques et de catégories qui peuvent être modifiées. La liste de base reste sujette aux changements en cours d’analyse, c’est-à-dire à l’ajout, la suppression ou la hiérarchisation des catégories.

Nous avons opté pour ce dernier type de codage, tout à fait cohérent avec la posture inductive indiquée et respectant le cadre conceptuel développé. Une telle grille permet l'émergence d'un contenu latent que le cadre conceptuel n'aurait pas pu anticiper, et elle est en ce sens également conséquente à l'induction et aux principes inhérents à l'analyse de contenu.

Le codage de départ s'est ainsi appuyé sur les thématiques développées dans le cadre conceptuel : mission de formation, mission de recherche, troisième mission pour l’objet des finalités de l’université; et dimensions économique, politique et culturelle pour la mondialisation. Ce premier codage permet de dégager des politiques publiques le contenu manifeste. Comme le souligne Landry (1997), « toute analyse de contenu doit démarrer avec l'examen du contenu manifeste : l'analyse de ce qui n'est pas dit n'a de valeur que si elle repose sur une excellente analyse de ce qui a été dit, c'est-à-dire une analyse complète et détaillée du contenu manifeste » (p.333).

Ensuite, l'analyse de contenu suppose la présence d'un certain « contenu latent » dans les textes analysés. Il est possible, en approfondissant les thèmes abordés et ceux qui leur sont associés, de voir se dessiner une « trame historique » (van der Maren, 1996, p.410), ou, pour reprendre le terme de Bernatchez (2010), un « référentiel » faisant appel aux valeurs et normes

inhérentes aux politiques (p.59). Autrement dit, « la lecture de l'analyste de contenu des communications n'est pas, ou n'est pas seulement, une lecture « au pied de la lettre », mais la mise au jour d'un sens au second degré » (Bardin, 2009, p.46). Prenons par exemple la catégorie « mission de formation »; la première étape du codage nous a amenée à sélectionner de manière générale tous les segments de textes qui traitaient de cette mission. C’est en lisant et en relisant le contenu de cette mission que nous avons pu remarquer qu’il pouvait être question des « caractéristiques générales de la formation », des « objectifs de formation », ou des « programmes de formation ». Ces sous-catégories ont ainsi émergé au cours de l’analyse.

Pour procéder au codage, nous avons utilisé un logiciel d'analyse de contenu, dont le principe de base relève

[…] d’une démarche de décontextualisation-recontextualisation du corpus. Cette décontextualisation consiste à sortir de son contexte un extrait du texte afin de le rendre sémantiquement indépendant, dans le but de créer des catégories ou des thèmes regroupant tous les extraits traitant d’un sujet en particulier (Deschenaux et Bourdon, 2005, p.7).

Nous décrivons dans la prochaine partie de façon plus spécifique la façon dont les données ont été traitées en fonction des trois questions spécifiques de recherche.