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L’amant mythique : entre épique et élégiaque

II. Transposition des critères relationnels élégiaques sur les couples mythiques de

2. L’amant mythique : entre épique et élégiaque

Nous avons vu jusqu‘à présent qu‘Ovide, par le choix des caractéristiques présentées dans la digression narrative, insiste sur la qualité de la relation choisie par le soupirant, ce qui lui permet d‘indiquer le type d‘union à favoriser dans un contexte amoureux selon les critères élégiaques. Cette transposition des critères amoureux ne s‘arrête toutefois pas à la relation, mais est aussi employée pour illustrer le niveau d‘implication de l‘amant dans la relation et ainsi indiquer sa qualité à titre d‘amoureux. Afin de montrer comment Ovide décrit les personnages masculins des digressions narratives de l‘Art d’aimer en fonction des critères amoureux élégiaques, nous exposerons plus particulièrement le cas de trois héros : Céphale, Achille et Mars.

L‘histoire amoureuse de Céphale et Procris est constituée de plusieurs épisodes ; Ovide relate la fin de la relation, marquée par un événement tragique : la mort de Procris de la main de Céphale. Ce premier choix narratif nous renseigne déjà sur la tonalité voulue par l‘auteur puisque le décor et l‘action sont remplis d‘une promesse poétique hors du commun qui n‘a pas échappé à Ovide. Le poète, après avoir situé Céphale dans un cadre naturel qui, nous l‘avons déjà mentionné, s‘apparente au locus amoenus, rapporte la réaction de Procris à la suite des révélations d‘adultère dont son mari fait l‘objet. La jeune femme ressent de vives émotions à l‘annonce des infidélités de Céphale et son comportement, influencé par la jalousie et la colère, est l‘élément déclencheur de la narration dont l‘aboutissement aura sur la jeune femme les répercussions funestes rapportées plus haut : la mort.

Procris, perdant alors tout contrôle, désire prendre sur le fait cet époux adultère ; pour ce faire, elle doit alors quitter le lieu dans lequel elle se trouve, la ville, pour entrer dans l‘univers où vit Céphale, la nature. Nous avons vu précédemment que cette fuite de Procris vers le milieu naturel peut être comparée à une évasion de la raison vers la folie ; nous ajouterons ici qu‘Ovide accentue cette fuite en avant puisqu‘il prend soin de souligner que Procris, bien qu‘entourée de suivantes, entre seule dans la forêt : Vt prope peruentum,

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comites in ualle relinquit / Ipsa nemus tacito clam pede fortis init386. En pénétrant dans les bois, Procris s‘expose alors aux multiples dangers de ce décor hors de contrôle qu‘est la nature, dont nous avons montré l‘incompatibilité avec le jeu de l‘amour.

L‘intégration de la jeune femme au milieu naturel est provoquée par le désir de surprendre et de venger une trahison amoureuse présumée de son époux. Il convient dans cette perspective d‘observer d‘un peu plus près le personnage de Céphale ainsi que son comportement dans la relation qui l‘unit à Procris. En premier lieu, l‘entrée de Procris dans la forêt est la conséquence de la présence de Céphale en ce lieu ; en effet, le jeune homme occupe ses loisirs à la chasse, ce qui l‘entraîne non seulement dans les bois, mais aussi loin de sa femme. L‘éloignement volontaire de l‘amant à distance de la puella est, bien sûr, vivement critiqué par les élégiaques, surtout s‘il est motivé par des activités telles que la guerre ou, dans ce cas-ci, la chasse ; la pratique de ces activités brime, voire détruit la relation amoureuse par la séparation qu‘elle provoque. Il est toutefois intéressant de noter que les élégiaques, et plus particulièrement Ovide dans l‘Art d’aimer, ont employé, au même titre que la militia amoris, le thème de la chasse de façon à le faire correspondre à la carrière de l‘amour.

La quête amoureuse, analysée et présentée par le praeceptor amoris, prend en effet des allures de chasse puisque le jeune homme est encouragé à trouver une puella, à la traquer et enfin, à la conquérir : le jeu de l‘amour dans l‘Art d’aimer est alors présenté selon ce parallèle du chasseur / amant et puella / chassée387. Nous préciserons ici que ce type de chasse se pratique en terrain urbain et que Rome constitue l‘endroit le plus propice aux rencontres et à l‘amour388 : « La quête de la femme suppose un terrain favorable […]. Si la femme est comme une proie, l‘amant comme un chasseur ou un pêcheur, Rome est comme les vallées, les forêts et les rivières389 ». La chasse, présentée du point de vue de l‘amour

386 Ars, III, 711-712 : « Quand elle arrive, elle laisse ses compagnes dans le vallon ; elle-même, se

dissimulant, étouffant le bruit de ses pas, pénètre hardiment dans le bois ».

387 Chassée qui prend bien sûr des allures de chasseuse dans le livre III, bien que nous aimerions rappeler

l‘inertie du rôle que doit jouer la jeune femme dans la quête de l‘amour puisqu‘elle doit attirer l‘amant et non pas le poursuivre de ses assiduités.

388 Tot tibi tamque dabit formosas Roma puellas / « Haec habet » ut dicas « quidquid in orbe fuit » (« Tant et

de si belles femmes se rencontreront à Rome, que l‘on peut dire : ―Notre ville possède tout ce qu‘a pu produire l‘univers‖ », Ars, I, 55-56).

par Ovide, désigne ainsi le processus de séduction devant mener à la conquête de la jeune femme ; celui qui la pratique se doit par conséquent d‘être totalement à l‘affût de la puella et de connaître le territoire qu‘elle occupe, Rome.

Lorsque nous observons le type de chasse pratiqué par Céphale, nous constatons que les caractéristiques présentées ne correspondent pas à la traque amoureuse ; Céphale est occupé à pourchasser le gibier dans la nature et n‘est donc pas en mesure de se consacrer à sa femme qui, elle, se situe dans le milieu urbain. Afin d‘accentuer ce décalage entre la pratique de Céphale et la conception élégiaque, Ovide joue sur le double sens de la chasse lors de la narration de la mort de Procris : elle se transforme en proie, sans que le statut de la chasse ne change. En effet, croyant qu‘une bête sauvage approche, Céphale lance une flèche vers le buisson dans lequel est cachée sa femme et atteint Procris en plein cœur. L‘inadéquation de la pratique de la chasse dans le contexte amoureux est alors amplifiée par une intervention du narrateur dans la diégèse : Quid facit, infelix ? Non est fera ;

supprime tela / Me miserum ! iaculo fixa puella tuo est390. La méprise aux conséquences si désastreuses de Céphale s‘explique du fait que la chasse a une emprise plus grande sur lui que l‘amour qu‘il porte à Procris ; il ne peut par conséquent s‘extraire de son rôle de chasseur lorsqu‘il est convié au jeu de l‘amour et confond gibier et puella lorsqu‘il perçoit la présence d‘une proie391.

Personnage entièrement absorbé dans le monde épique, Céphale ne peut intégrer l‘univers élégiaque, dont les fondements sont incompatibles avec les caractéristiques du jeune héros. L‘incapacité de Céphale à intégrer le jeu amoureux et à en appliquer les règles révèle ainsi ses lacunes dans la relation qui l‘unit à Procris ; il ne peut par conséquent vivre une relation amoureuse selon les critères des poètes augustéens de l‘amour. L‘incompatibilité de Céphale avec le programme amoureux élégiaque concorde toutefois

390 Ars, III, 735-736 : « Que fais-tu malheureux ? Retiens tes traits ! Ce n‘est pas une bête ! Malheur ! Ta

bien-aimée est transpercée par ton javelot. » (Traduction de D. Robert).

391 Dans l‘Art d’aimer, l‘arme avec laquelle Céphale frappe Procris est une flèche. On doit noter que dans la

version du mythe que l‘on retrouve dans les Métamorphoses (VII, 840-841), Procris est tuée par une lance qu‘elle avait elle-même offerte à Céphale. Le choix de l‘arme laisse supposer un effort supplémentaire du poète pour souligner le double sens que peut prendre la blessure, physique et émotive, puisque, nous le rappelons, la flèche est l‘arme à laquelle recourt Éros pour frapper d‘amour ses victimes. La possibilité est suggérée par Procris elle-même alors qu‘elle s‘écrit : « Ei mihi ! conclamat. Fixisti pectus amicum / Hic locus

a Cephalo uulnera semper habet […]». « Hélas ! s‘écrit-elle, tu as percé un cœur qui t‘aime. Cette partie de

127 avec le statut de puella de Procris que nous avons établi précédemment ; en effet, nous avons vu qu‘Ovide ne construit pas le personnage de Procris selon les critères de la puella idéale, mais tend au contraire à signaler l‘incompatibilité du personnage féminin et de la

puella élégiaque. L‘inadéquation de sa relation et des préceptes amoureux concorde donc

avec son statut : elle ne représente pas le type d‘excellence de la puella.

La digression narrative dans laquelle se trouve Achille est différente ; elle raconte son histoire d‘amour avec Déidamie, fille de Lycomède, roi de Scyros ; Achille se cachait chez ce roi à la demande de sa mère afin de ne pas aller combattre à Troie où il trouverait une mort certaine. Il dissimulait alors sa virilité sous une tunique de femme et les travaux féminins occupaient son temps : c‘est dans ces circonstances qu‘il séduisit Déidamie. Sous cet angle, Achille paraît avoir charmé la jeune femme de Scyros selon les procédés élégiaques, en particulier le seruitium amoris que laisse présager sa pratique du tressage et du filage392 ; ce trait nous incite à examiner plus en détail les composantes amoureuses de ce personnage afin de valider ce statut à première vue élégiaque du Péléide.

Ovide introduit l‘épisode d‘Achille et de Déidamie dans l’Art d’aimer afin d‘appuyer son argumentation visant à montrer que les femmes aiment être manœuvrées dans l‘acte d‘amour : grata est uis ista puellis / Quod iuuat, inuitae saepe dedisse uolunt393.

Il affirme alors qu‘Achille, déguisé en femme, eut l‘opportunité de dormir dans le même lit que la puella et d‘user ainsi de ses faveurs sous des couverts trompeurs. Ovide insiste alors sur le fait que la relation qui unit Achille et Déidamie ne fut pas le résultat d‘un élan amoureux irrépressible de la part du jeune héros ; en effet, lorsqu‘il rapporte les circonstances de la conquête, il signale qu‘Achille a porté son choix sur Déidamie par hasard et non pas à cause des charmes de la jeune femme : Forte erat in thalamo uirgo

regalis eodem394. L‘absence d‘amour souligné par l‘aspect fortuit des événements expose

392 À l‘image d‘Hercule, comme le rapporte le praeceptor amoris : Ille, fatigata praebendo monstra

nouerca / Qui meruit caelum, quod prior ipse tulit / Ionias inter calathum tenuisse puellas / Creditur et lanas excoluisse rudes / Paruit imperio dominae Tirynthius heros (Ars, II, 217-221, « Le dieu qui, après avoir lassé

sa belle-mère de mettre des monstres sur sa route, mérita d‘être admis au ciel, qu‘il avait d‘abord porté, tenait, à ce que l‘on croit, la corbeille à ouvrage parmi les vierges d‘Ionie et travaillait la laine grossière. Aux ordres de sa maîtresse obéit le héros de Tyrinthe »).

393 Ars, I, 571-572 : « mais cette violence est agréable aux femmes ; ce qu‘elle aime à donner, souvent elles

veulent l‘accorder malgré elles ».

une première critique envers le jeune amant / héros de la part d‘Ovide qui, aussi bien dans son recueil élégiaque que didactique, mentionne l‘importance de l‘impulsion du jeune amant vers la puella puisqu‘il est à l‘origine de l‘intérêt et de l‘amour que lui porte le jeune héros395.

Le mouvement initiateur de la relation, le hasard, et, nous ajouterons, la commodité, permet un nouveau regard sur ce qui semblait de prime abord être un jeune amant filant la laine dans le but de séduire une jeune femme, comme le veut le seruitium amoris. En effet, Achille pratique ces occupations dans le seul but de tenir le rôle qu‘il est contraint de jouer pour éviter le service militaire ; il est en outre pertinent de souligner que ce premier rejet de la guerre n‘est pas causé par l‘amour d‘une femme, mais plutôt par la volonté d‘une mère. C‘est pourquoi, lorsque vient le temps pour le héros de partir à la guerre, les complaintes de la jeune femme qui cherche à le retenir n‘ont aucune influence sur lui. C‘est au contraire avec beaucoup d‘excitation qu‘Achille se prépare à aller combattre à Troie, délaissant du coup la puella et ne se souciant aucunement de la séparation à venir : Saepe « mane » dixit,

cum iam properaret Achilles / Fortia nam posito sumpserat arma colo396. Ce comportement

contraste bien sûr avec le refus du poète amoureux de quitter la puella afin d‘aller combattre sur des terres étrangères pour une cause qui ne le concerne pas. Il se trouve par ailleurs que cette absence de motivation personnelle est soulignée par Ovide dans la mise en situation de l‘épisode lorsqu‘il affirme : Iurabant omnes in laesi uerba mariti / Nam

dolor unius publica causa fuit397. L‘entrain d‘Achille pour le départ à la guerre mis en parallèle avec l‘absence d‘implication personnelle dans la cause du combat achève d‘illustrer l‘absence de correspondance entre le jeune héros et l‘amant élégiaque puisqu‘Achille, tout comme Céphale, évolue dans un univers épique où les activités guerrières prennent le pas sur celles de l‘amour.

395 La preuve ayant été faite en ce qui concerne l’amator, nous exposerons la pensée du praeceptor à ce sujet.

Dans l‘Art d’aimer, il s‘agit en effet du premier conseil qu‘il promulgue à ses discipuli : Dum licet et loris

passim potes ire solutis / Elige cui dicas « tu mihi sola places » (« Tandis que, libre encore, tu vas où tu veux,

la bride sur le cou, choisis celle à qui tu puisses dire : ―Toi seule me plaît‖ », I, 41-42).

396 Ars, I, 699-700 : « Souvent elle lui dit : ―Reste‖, quand Achille déjà se hâtait de partir ; car il avait déjà

déposé la quenouille pour saisir ses armes redoutables ».

397 Ars, I, 685-686 : « Tous les Grecs avaient juré d‘obéir au mari offensé, car le ressentiment d‘un seul

129 Dans l‘épisode d‘Achille et de Déidamie, Ovide n‘indique que très peu de caractéristiques au sujet de la jeune femme puisqu‘il met l‘accent sur le personnage masculin, Achille. L‘axe pris par le poète dans cet épisode contraste de manière très marquée avec celui qu‘il choisit pour les autres digressions narratives où la femme est alors le personnage central de l‘épisode. Cette distinction ne nous a pas permis d‘étudier le personnage de Déidamie sous le même angle que les autres puellae du recueil érotico- didactique et nous empêche par conséquent de classer Déidamie dans une catégorie d‘exemplum en nous appuyant sur ses caractéristiques propres. Observant toutefois la relation dans laquelle elle se trouve ainsi que le type d‘amant avec qui elle s‘unit, nous pouvons affirmer que Déidamie, non pas d‘un point de vue individuel, mais en tant que partie d‘un couple dont les attributs ne concordent pas avec ceux de la relation amoureuse idéale précédemment établis, ne concorde pas avec l‘image d‘une puella d‘excellence dans la mesure où la description de sa situation amoureuse ne concorde pas à celle de l‘amour élégiaque.

Jusqu‘à présent, les personnages masculins présentés dans les digressions narratives de l‘Art d’aimer, à l‘exception de Bacchus, n‘incarnent pas l‘image du partenaire amoureux selon les critères élégiaques établis. Leur incompatibilité au jeu de l‘amour a par conséquent des répercussions sur la qualité de la relation qui engage les deux partenaires puisqu‘ils ne peuvent participer adéquatement au jeu de l‘amour. Il nous reste toutefois un dernier personnage masculin à analyser : Mars.

Mars est le dieu de la guerre : ce personnage évoque donc, en premier lieu, la force brute, la violence et les combats, ce qui nous incite bien sûr à l‘associer d‘emblée aux héros dont le statut ne concorde pas avec celui de l‘amant élégiaque. Dans l‘Art d’aimer toutefois, Ovide présente ce personnage en lui attribuant des caractéristiques qui tendent à démarquer le dieu de son statut usuel de guerrier. Le type d‘épisode choisi par Ovide, l‘histoire d‘amour de Mars et Vénus, laissait déjà présager un changement générique de la présentation du dieu qui passait alors du milieu épique au cadre élégiaque ; le praeceptor accentue cette transformation du dieu en affirmant : Mars pater insano Veneris turbatus

amore / De duce terribili factus amator erat398. Ayant succombé aux plaisirs de l‘amour, le

dieu de la guerre troque son titre de chef guerrier pour celui de galant ; il délaisse alors combats et expéditions afin de se vouer à sa nouvelle passion : Vénus. Le dévouement de Mars pour la puella s‘accorde bien sûr avec la relation idéale selon les poètes amoureux et fait par conséquent du dieu un amant élégiaque.

En construisant le personnage de Mars de cette façon, Ovide présente la divinité comme le symbole par excellence du cursus amoris et en fait donc un exemple particulièrement persuasif : si le dieu de la guerre en personne refuse la guerre pour rester auprès d‘une puella, toute personne dont le statut est inférieur à celui du dieu, ce qui signifie bien sûr tous les hommes, se doit de suivre son exemple et de déposer les armes pour s‘adonner à l‘amour. À cet égard, l‘excellence des qualités amoureuses de Mars correspond bien sûr à celle de sa compagne, Vénus, qui par son statut au sein de la poésie élégiaque, ne pouvait que représenter une puella d‘excellence.

À la suite de la présentation des personnages masculins des digressions narratives de l‘Art d’aimer, nous constatons que le type d‘amant présenté concorde à tous coups avec celui de la puella à laquelle il est associé. Ainsi, les héroïnes dont la présentation ne correspond pas à une puella d‘excellence selon les critères élégiaques se voient engagées avec des personnages masculins aux qualités amoureuses douteuses dans une relation où l‘amour fait défaut. Les puellae d‘excellence, Ariane et Vénus, au contraire, prennent part à une relation amoureuse avec un amant dont la connotation élégiaque ne peut être mise en doute. La valeur de la puella se trouve alors justifiée selon l‘amant et le type de relation qui l‘unit à ce dernier ; ce fait est d‘autant plus vrai que nous retrouvons dans le couple de nos deux puellae d‘excellence un aspect sans lequel la relation ne pourrait être totalement élégiaque : la fidélité de l‘engagement amoureux.

Lorsque nous avons analysé le type de relation unissant Bacchus et Ariane, nous avons mentionné que le dieu entreprenait de séduire la jeune femme en lui promettant son amour ; plus précisément, la divinité jure à la jeune femme un amour qu‘il qualifie de plus

398 Ars, II, 563-564 : « Le dieu Mars, épris d‘une folle passion pour Vénus, de terrible guerrier était devenu un

131 fidèle : en, adsum tibi cura fidelior399. La fidélité du sentiment dont parle Bacchus est le ciment de la relation amoureuse élégiaque puisqu‘il apporte légitimation et solidité à la relation librement consentie sans la contrainte qu‘occasionne le mariage. Cet engagement, nous l‘avons vu, se présente sous la forme de foedus amoris, promesse qu‘honore le couple Mars / Vénus : ueniunt ad foedus amantes400. L‘engagement dont font preuve les couples