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Teltwisch 2 et Klein-Nordende collection

Both

Comme les points communs et les différences entre le Belloisien et l’Ahrensbourgien sont au

centre de notre intérêt, les corpus ahrensbourgiens que nous avons observés à Schleswig appartenaient presqu’exclusivement au groupe d’Eggstedt-Stellmoor qui a été défini par Wolfgang Taute (1968) essentiellement par la présence de lames dites longues (12-15 cm de longueur, au moins 2,5 cm de largeur) ou géantes (plus de 15 cm de longueur et au moins 2,5 cm de largeur ou plus de 12 cm de longueur et plus de 5 cm de largeur) ainsi que par la présence d’armatures à troncature oblique et base concave. Ce groupe d’Eggstedt-Stellmoor semble dater majoritairement de la transition entre le Dryas récent et le Préboréal, tout comme le Belloisien en France et en Angleterre. Les deux sites éponymes se trouvent au Schleswig- Holstein mais proviennent de deux contextes géologiques différents : Eggstedt (Kr. Dithmarschen ; Taute, 1968) est situé dans la zone des moraines saaliennes tandis que Stellmoor (Rust, 1943) se trouve à la marge de la zone des moraines weichséliennes dans la

tunnel valley d’Ahrensbourg. Le relief

prononcé à cet endroit ainsi qu’une multitude de plans d’eau en fond de vallée en faisaient un terrain de chasse idéal au Tardiglaciaire dont nous pouvons observer les traces exceptionnelles grâce à la bonne préservation de vestiges en matière organique. Ainsi, la partie en fond de vallée du site, fouillée aux années 1930 par Alfred Rust, a fourni la

 

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes

Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire

Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène

plupart des informations économiques disponibles pour l’Ahrensbourgien de la plaine nord-européenne et a permis la datation des moments de chasse ahrensbourgiens. Cependant, la fonction du site fait que l’industrie lithique trouvée en contexte stratigraphique n’a livré que 1588 pièces et est pauvre en informations technologiques. Selon nos observations, les nucléus de Stellmoor montrent peu d’organisation du débitage, en tout cas par rapport à d’autres industries ahrensbourgiennes. Les sédiments sableux qui abritaient les vestiges lithiques à Eggstedt, mis au jour lors de prospections et d’une fouille par Wolfgang Taute en 1959, n’ont pas permis la préservation d’autres types de vestiges. Par contre, la composition de l’outillage semble indiquer qu’il s’agissait d’un site résidentiel qui a peut-être plus de potentiel pour nous renseigner sur les intentions et méthodes de débitage à l’Ahrensbourgien final. L’observation la plus importante était celle d’un décalage entre les nombreuses lames longues et régulières et les nucléus qui ne semblaient pas avoir pu livrer de telles lames et qui, pour certains, montraient le travail de tailleurs inexpérimentés. Or, ce sera seulement par des remontages que la question d’un éventuel apport de ces lames pourra être résolue.

Le troisième site comprenant des éléments du groupe d’Eggstedt-Stellmoor que

nous avons pris en compte était celui de Teltwisch 2 (Kr. Stormarn ; Tromnau, 1975), situé également dans la vallée tunnel d’Ahrensbourg mais exclusivement dans des sédiments minéraux. La fouille de Gernot Tromnau en 1968 a livré environ 5000 vestiges lithiques dont ca. 1200 lames et 54 nucléus. Cette série qui comporte, comme Eggstedt, toute la gamme d’outils et d’armatures ahrensbourgiens paraît plus homogène que les deux précédentes. Bien que les nucléus avec initialisation du débitage sur une face étroite et progression symétrique d’extension limitée semblent prédominer, quelques exemples d’extension complète apparaissent.

La production laminaire la plus impressionnante des séries ahrensbourgiennes finales considérées était celle documentée par le ramassage de surface qu’Ewald Both a réalisé à Klein Nordende (Kr. Pinneberg) et qu’Ingo Clausen a pu remonter en partie. Ces remontages illustrent une préparation par des lames longues et massives précédant probablement le détachement de quelques lames plus étroites et très régulières. Parmi les trois nucléus, un seul à progression tournante atteint une hauteur d’environ 10 cm tandis que les deux autres ne mesurent que 5 à 6 cm et ont livré des produits qui ne se trouvent pas dans la collection. La présence de haches en silex inconnue ailleurs dans l’Ahrensbourgien pose donc la question de savoir si la phase finale ne

 

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes

Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire

Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène

pourrait en comporter, vu que ce type d’outil apparaît aussi à Nørregård VI (Syddanmark, cf.

infra), à moins qu’il ne s’agisse simplement

d’un mélange avec du matériel mésolithique. Le Belloisien est également dépourvu de haches mais connaît de petits nucléus aplatis dont les bords sont légèrement travaillés, p.ex. à Donnemarie-Dontilly (Seine-et-Marne) et sur les sites normands.

Pour l’instant, notre image de cet Ahrensbourgien final reste encore un peu floue et trop influencée par les particularités de chaque série, c’est-à-dire qu’il reste encore à trouver les normes. Afin de comprendre en quoi ces productions laminaires se distinguent de celles de l’Ahrensbourgien plus ancien, nous avons non seulement vu le matériel d’Alt Duvenstedt LA 121 et LA 123 mais aussi celui de Teltwisch-Mitte (Tromnau, 1975). Les 7966 pièces mises au jour par une fouille en 1969 ont été attribuées à une phase plus ancienne de l’Ahrensbourgien que les séries précédentes à cause de l’absence d’armatures à troncature oblique et de la petite taille de la plupart des lames. Faute de datation directe, la relation chronologique avec les locus d’Alt Duvenstedt reste évidemment inconnue. Nous y avons observé des nucléus à plan de frappe concave et progression tournante comparables aux exemples qu’Inger Marie Berg-Hansen a décrit pour l’Ahrensbourgien d’Alt Duvenstedt. En

décembre 2015, les séries de Teltwisch 2 et de Teltwisch-Mitte feront l’objet d’une étude technologique plus approfondie par Ludovic Mevel et Mara-Julia Weber.

Comparaison

avec d’autres traditions