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Aussi bien pendant l’étude du matériel ahrensbourgien à Gottorf qu’à la session du workshop à Kiel, des éléments de comparaison synchronique et diachronique avec l’Ahrensbourgien du Schleswig-Holstein ont été apportés par les différents collègues. Parmi les traditions contemporaines avec au moins une phase de l’Ahrensbourgien, le Swidérien et le Belloisien sont les plus importantes. Les communications à la session du workshop à Kiel qui traitaient de l’Ahrensbourgien dans le Brandebourg et du Swidérien avaient tendance à souligner les points typologiques en commun de part et d’autre de l’Oder au cours du Dryas récent. Les pointes à pédoncule ahrensbourgiennes et de type Chwalibogowice au Swidérien se différencieraient seulement par la présence d’une retouche envahissante inverse sur le pédoncule des dernières et les pointes de Swidry en forme de feuille de saule seraient bien moins représentées à l’ouest de l’Oder où le silex chocolat polonais est également absent. De quel ordre serait donc la relation entre l’Ahrensbourgien et le

 

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes

Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire

Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène

Swidérien ? Les supports des pointes de Swidry ont intrigué Boris Valentin par leur morphologie et leur régularité rappelant certaines lames belloisiennes classées comme lames préférentielles. Ceci correspondait aussi à l’observation de Witold Migal (Państwowe Muzeum Archeologiczne Warszawie) lors de sa communication suggérant qu’un type spécifique de lames a été recherché afin d’être transformé en pointe de Swidry. Et est-ce que l’hypothèse de Romuald Schild selon laquelle l’accès aux mines de Rydno était par moments contrôlé par des groupes de chasseurs- cueilleurs (Schild et al., 2011) ne rappelle pas de loin le système économique belloisien avec ses sites à proximité de sources de silex de très bonne qualité ?

La collection de surface de Klein Nordende est la seule des séries décrites qui présente clairement des affinités avec la production laminaire comme nous la connaissons du Belloisien en France. A travers une analyse technologique comparative qui prend en compte la fonction des sites, il reste à définir à quel point les autres séries ahrensbourgiennes s’en différencient et comment l’évolution de cette production au sein du millénaire d’existence de l’Ahrensbourgien s’est opérée. Le site de Nørregård VI qui est situé au milieu du Jutland et qui a été rapproché des Long Blades

Assemblges donc du Belloisien (Sørensen et

Sternke, 2003) montre, selon Mikkel Sørensen et Inger Marie Berg-Hansen, la même méthode de débitage et la même intention du débitage que l’Ahrensbourgien à Alt Duvenstedt LA 121 et 123 malgré le décalage chronologique entre les deux occupations. La seule particularité serait l’intention supplémentaire constatée sur le site danois d’obtenir de longues lames qui auraient cependant été importées.

En ce qui concerne les groupes à

Federmesser dans le sud de la Scandinavie, les

volumes de silex choisis étaient plus grands qu’à Alt Duvenstedt LA 121 et LA 123, selon Mikkel Sørensen. De plus, le percuteur de pierre tendre y aurait été employé avec un geste plus rentrant, ce que Witold Migal a confirmé pour les mêmes groupes en Pologne en ajoutant que les talons montraient une préparation du détachement des lames par facettage. A la différence de ces industries ahrensbourgiennes, le Brommien dont les porteurs auraient eu un accès facile à la matière première siliceuse aurait connu l’usage d’un seul plan de frappe sans réaménagement de celui-ci et une progression tournante du débitage résultant en produits laminaires naturellement appointés, d’après Mikkel Sørensen et Witold Migal, le premier ayant caractérisé cette méthode comme peu économe. Résultant d’un débitage rentrant au percuteur de pierre tendre, les produits étaient

 

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes

Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire

Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène

plutôt épais. Ces observations correspondent à celles faites par Bo Madsen (1992) sur des industries lithiques du Brommien danois et en comparaison avec du matériel expérimental. Postérieur à l’Ahrensbourgien, le Mésolithique ancien dans le sud de la Scandinavie s’en différencie également par l’extension tournante du débitage comme les collègues scandinaves ont pu l’observer à Lundby 4 (Sjælland) au Danemark et à Duvensee (Kr. Herzogtum- Lauenburg) en Allemagne.

En conclusion, comme Boris Valentin l’a résumé à Schleswig, nous savons en l’état actuel des recherches que les productions laminaires à l’extrême fin du Pléistocène se ressemblent beaucoup, mais à un niveau très

général : des lames plutôt régulières ont été produites avec un percuteur de pierre tendre. Or, nous ignorons toujours quelles caractéristiques spécifiques ont été recherchées pour les lames de première intention et comment celles-ci ont été utilisées. Qu’en est- il ensuite des différences régionales potentielles ? Les implications sociales d’un débitage qui nécessite un long apprentissage et un niveau élevé de compétences resteront également hors de portée tant que les bases techniques et économiques sont inconnues. Il reste à espérer que la session consacrée à ces questions à laquelle le PCR contribuera au prochain Congrès préhistorique de France nous fera encore avancer.

Bibliographie