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a) L’agriculture urbaine et périurbaine : définitions et évolution

L’agriculture en ville est sujette à plusieurs interprétations possibles. Un certain nombre d’institutions internationales (FAO, CGIAR) différencient l’agriculture urbaine, située dans la ville, de l’agriculture périurbaine, située autour de la ville. D’autres institutions (CRDI, PNUD, CIRAD, CORAF) utilisent un terme unique pour désigner ces deux agricultures : on parle alors « d’agriculture urbaine », « d’agriculture périurbaine » ou encore « d’agriculture urbaine et périurbaine »

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) Les définitions de l’agriculture urbaine et périurbaine

L’AUP peut se définir comme une activité articulant d’une part la culture de plantes et l'élevage d’animaux destinés à la consommation alimentaire et à d’autres fins, dans les villes (agriculture intra-urbaine) et en périphérie des villes (agriculture périurbaine) et d’autre part le traitement et la commercialisation de ces produits50.

50 L’Agriculture Urbaine et Périurbaine, la santé et l'environnement urbain. Document de discussion pour la conférence électronique de FAO-ETC/RUAF sur l’agriculture urbaine et périurbaine. 21 Août - 30 Septembre, 2000.

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Les systèmes de production AUP comprennent les tubercules, les légumes, les herbes aromatiques et médicinales, les fruits et l'élevage d'animaux de toutes sortes et de toutes tailles. Dans une faible proportion de ces systèmes sont aussi cultivés des produits tels que les plantes ornementales et les plants d’arbres. Les cultures vivrières les plus représentées sont les légumes et les produits et dérivés de l'élevage les plus périssables et à haute valeur ajouté. Selon Temple & Moustier (2004) s’agissant du développement de l’AUP, il se pose la question de la délimitation géographique des zones d’agriculture périurbaine. L’on peut bien considérer comme aire d’agriculture périurbaine, l’espace agricole dans lequel les systèmes de production sont polarisés par l’approvisionnement du marché urbain et mobilisent les ressources de la ville.

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) Les contraintes de l’agriculture urbaine et périurbaine dans le monde

Selon Ngapayi (1999), les jardins ménagers datent des années 1780. Au Canada, c’est vers la fin des années 1990 que l’agriculture urbaine dite « communautaire » s’est développée à travers les jardins communautaires (Reyburn, 2006). En Afrique, le développement de l’AUP est également ancien et relativement liée au processus colonial, puisque que selon Moustier & Pages (1997), l’émergence d’une catégorie de la population à fort pouvoir d'achat a introduit de nouveaux comportements alimentaires. Des ceintures vertes destinées à fournir des produits frais ont alors été créées pour répondre à ces besoins nouveaux. L’AUP à Lomé au Togo date de l’époque coloniale Allemande (1897) et Anglaise (1914). Les cultures maraîchères et vivrières furent introduites. Mais cette activité n’a pris de l’ampleur qu’à partir de 1980 (Schilter, 1991).

A Yaoundé, l’AUP date des années 1980 (Moustier & Mabaye, 1999). Selon Austier (1994), les premiers pratiquant de l’AUP furent les domestiques des missionnaires et ensuite les paysans. Mais la production maraîchère en zone périurbaine de Yaoundé est ancienne et remonterait avant les indépendances dans les quartiers Nkolbikok, Okolo et Nkolondom (Bopda, 2003).

L’AUP, c’est non seulement les cultures mais aussi les animaux. Une étude menée en 2002 à Koumassi par Smith révèle que les producteurs urbains élèvent plus de 3000

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bœufs, 30 000 ovins et 26 000 caprins. Selon Marquis (2005) et Temple-Boyer (2002), on distingue à Yaoundé les cultures vivrières (manioc, arachides, mais, patate), les cultures maraîchères (légumes feuilles et fruits), les cultures florales et ornementales et les cultures fruitières (papayer, manguier,…). Comme principales productions animales à Yaoundé, on peut citer : les poulets de chair et pondeuses, les porcs, les chèvres et moutons, les canards, les pigeons.

S’inscrivant dans un paysage urbain, l’AUP rencontre beaucoup de problèmes dans son élan d’expansion. Nous pouvons citer entre autres : les problèmes d’ordre foncier, sociaux et économiques. Selon Deguenon (2008), à Cotonou au Benin, comme partout en Afrique, le développement de la production maraîchère se heurte à des contraintes diverses telles qu’un accès limité à la terre, une baisse de la fertilité des sols et une forte pression parasitaire sur les cultures. En effet, les grandes métropoles africaines, connaissent une croissance spatiale importante dont l'une des contraintes majeures réside dans la question foncière avec comme corollaire la concurrence sur l'usage du sol entre activités agricoles et non-agricoles. Cette forme d'agriculture qui participe quotidiennement à l'alimentation de la ville, notamment en produits frais est confrontée à diverses difficultés dont l'accès à la terre qui menace sa pérennité et rend précaire cette activité.

L’AUP est une activité quasi propre aux bas-fonds marécageux. Les bas–fonds marécageux, étant du domaine public, sont susceptibles d’être la propriété de l’Etat (malgré le fait que sans un titre foncier même l’Etat ne saurait s’approprier ces terres) ; aussi, les agriculteurs urbains sont-ils bien souvent menacés de déguerpissement. Ces problèmes fonciers sont de nature à freiner l’expansion de cette activité dans les centres urbains. Les maraîchers sont pour la plupart des gens déçus par d’autres secteurs d’activité (commerce, diplômés de l’enseignement supérieur, chauffeur, retraités, menuisier, …). Ils s’y retrouvent pour « perdre le temps », c’est ainsi qu’ils se lancent dans l’agriculture sans formation préalable, bénéficiant juste des conseils des anciens; les techniques spécifiques à chaque marécage est le reflet même de ce mode de formation.

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Très souvent, à la veille des récoltes les producteurs sont victimes de vol particulièrement dans les porcheries. Sans doute le plus important, le transport des produits se fait au moyen de véhicules de transport en commun qui ne sont pas spécialement conçus à cet effet. Sur les marchés, les maraîchers n’ont pas d’emplacement spécifique, occupant parfois les bordures de route. Sur le plan individuel, la majorité des paysans se plaignent du manque de moyens ; ce problème, bien que réel est le plus souvent le résultat de leur mauvaise gestion des ressources disponibles. Un autre problème non moins important est celui de l’approvisionnement en intrants. Les agriculteurs en général se ravitaillent auprès des revendeurs de pesticides ; ces revendeurs étant souvent de compétence et de moralité douteuse, il serait moins risqué de se ravitailler auprès des maisons fiables.

b) L’agriculture urbaine et périurbaine : ses avantages et ses