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ANNEXE II : Description des céramiques

3. L’époque mérovingienne (VIIe – début VIIIe siècle)

Fig 5 : Fo 38 avant sa fouille (Cl. B. Gissinger)

Nous pouvons aborder cette période grâce au site de La Gripperie-Saint-Symphorien. En effet, les fouilles ont permis de mettre au jour une fosse, remplie d’environ 30 kg de coquilles (fig. 5). Grâce à une datation au 14C, elle a pu être attribuée à la fin du VIIe – début du VIIIe siècle259. Au vu de la quantité très importante de restes malacofauniques, nous n’en avons étudié qu’une partie, c’est-à-dire 14 kg. Nous avons pu observer au sein de cette fosse une très faible diversité spécifique avec seulement 9 taxons de mollusques marins identifiés, dont 5 ne dépassent pas 1 % du total, que ce soit en termes de masse, de NMI ou de NR (fig. 6, 7). L’espèce majoritaire est l’huître plate Ostrea edulis suivie par la palourde européenne Ruditapes decussatus. La présence du pétoncle Mimachlamys varia et du couteau Solen marginatus est marginale. Ces espèces montrent l’exploitation de deux milieux différents, l’un plutôt rocheux avec l’huître plate, l’autre plutôt sableux avec la palourde. Ces deux espèces supportent bien les milieux qui tendent à s’envaser, ce que confirme la très forte récurrence du ver Polydora sur près de 85 % des valves d’huîtres (fig. 8). Sa présence marquée indique également que les huîtres vivaient dans un milieu où la salinité était assez peu élevée, sans doute au-dessous de 15 %260. Par ailleurs, toutes ces espèces ont pu être collectées très régulièrement sur l’estran à marée basse, à l’exception du pétoncle qui n’a pu être collecté que lors de forts coefficients de marée.

Fig. 6

259 Gissinger 2013, à paraître. 260 Claassen 1998, 129.

Fig 7 : Les différentes espèces rencontrées.

Les huîtres qui ont été amenées sur le site proviennent d’une huîtrière naturelle dense. En effet, 77 % des valves gauches (ce sont celles qui se fixent à un support) étaient associées avec au moins une autre huître. Les indices de ces associations sont divers : bouquets, faces aplanies, fragments de coquille restés attachés… Les huîtres ne semblent pas avoir fait l’objet d’un tri très sélectif : certains individus morts ou au contraire des juvéniles ont ainsi été collectés, en même temps que des individus adultes. La gamme de taille est en effet très étendue, jusqu’à 118 mm, pour une moyenne de 67 mm. Les petits individus ont été écartés de cette moyenne, afin d’éviter les distorsions dues à la collecte de bouquets. En effet, 7 % des valves gauches étaient associées à une petite huître (< 30 mm). Ces petits individus n’ont sans doute pas été visés par la collecte et n’ont pas été rejetés. Ce type de pratique a pu mettre en danger la pérennité du banc d’huîtres en le privant de ses juvéniles. La présence de stigmates sous formes d’encoches ou d’éraflures sur les valves de coquilles prouvent que les huîtres ont été ouvertes fraîches (fig. 9). Ceux-ci n’ont pas été observés sur les plus petits individus : s’ils ont été ramassés, ils n’ont pas été consommés.

Fig. 8 : Polydora

Ces marques n’ont été observées que sur un faible nombre de coquilles : 85 % d’entre elles étaient trop altérées pour en permettre l’observation. Toutefois, nous en avons relevé un nombre suffisant pour indiquer une tendance consistant à ouvrir l’huître par le bord opposé à la charnière. En revanche, leurs formes étant diverses, le ou les outils utilisés pour les ouvrir n’ont pas pu être identifiés. Par ailleurs, le déséquilibre marqué entre le nombre de valves droites (599) et de valves gauches (843) pourrait indiquer l’ouverture des coquilles avec rejet de la valve droite puis transport de la valve creuse avec la chair, jusqu’à l’enfouissement. L’hypothèse d’une conservation différentielle a été écartée, le taux d’altération étant plus fort sur les valves gauches que sur les droites. Ces dernières ont ainsi pu être rejetées sur le lieu de collecte, mais aussi à un autre endroit du site, hors de l’emprise de fouille. Il n’est pas possible à l’heure actuelle de déterminer si les huîtres ont été consommées crues ou cuites. En effet, seul le contact direct avec une flamme laisse des traces de chauffe visibles sur la coquille. Une cuisson par chauffe indirecte, au sein d’un bouillon par exemple, n’est pas détectable à l’œil nu. Une éventuelle modification physico- chimique de la coquille est possible mais n’a pas encore été étudiée. Par ailleurs, il est également envisageable que la chair ait été retirée de la coquille pour la cuisiner ensuite. L’étude des caramels alimentaires sur les céramiques pourrait peut-être mettre en évidence ce type de procédé.

Fig. 9 : stigmates d'ouverture

Au fond de cette fosse se trouvait un creusement interne dont le comblement était en grande partie composé cette fois de la palourde. Ces coquillages ont été triés selon leur taille avant leur arrivée sur le site : aucun individu inférieur à 25 mm n’a été découvert. La distribution des longueurs de palourde montre également une forte correspondance entre les valves droites et les valves gauches (fig. 10). Associé au fait qu’une vingtaine d’individus ont pu être reconstitués, ceci témoigne de la faible perturbation du dépôt après le rejet.

Le Moyen Âge central n’est quasiment pas représenté sur les deux sites. Ainsi, à La Gripperie-Saint-Symphorien, la phase II qui s’étend du Xe au XIIe siècle n’a livré que deux fragments de coquillages, tandis que les vestiges malacofauniques les plus anciens à l’abbaye de Fontdouce sont datés du XIIIe siècle.