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L’élaboration du tableau de financement s’effectue en deux étapes :  Etape 1 : le bilan différentiel

Supposons que nous disposons de deux bilans, l’un établi à la fin de la période N-1 et l’autre à la fin de la période N et que nous souhaitons identifier les flux financiers de la période N.

Afin d’y parvenir, il faut mesurer les variations de postes. Il suffit de faire des différences des composantes des deux bilans encadrant la période. Ceci est ce que les comptables appellent un bilan différentiel ou une balance de mutation de valeurs.

Tableau N°5 : Elaboration du bilan différentiel

Eléments du bilan Bilan de l’exercice N-1 Bilan de l’exercice N Différences N - (N-1) Actif : ... ……… Passif : ……… ………

 Etape 2 : du bilan différentiel au tableau emplois-ressources

Les différences ainsi calculées peuvent être ensuite classées d’un point de vue économique et financier, en emplois et en ressources selon qu’elles représentent des sorties ou des entrées de fonds.

La logique de classement en emplois et en ressources stipule que les augmentations d’éléments de l’actif et les réductions d’éléments du passif correspondent à des emplois, tandis que les réductions d’éléments de l’actif et les augmentations d’éléments du passif correspondent à des ressources.

Emplois Ressources

Augmentation d’actifs Diminution de passifs

Augmentation de passifs Diminution D’actifs C- L’architecture du tableau emplois-ressources

Il existe une multitude de modèles de tableaux de financement proposés par les théoriciens et les praticiens. Mais, nous nous limiterons aux modèles les plus fréquemment utilisés et dont les présentations sont en homologie avec les différentes présentations du bilan. Seront donc présentés :

C-1 Le tableau de financement liquidité ou patrimonial

Le modèle de base des tableaux de financement privilégiant l’optique de la maturité analyse les ressources et les emplois en deux blocs, selon que leur terme est à moins ou à plus d’un an.

Les variantes du modèle de base structurent généralement le tableau de financement de manière à mettre en lumière le degré de couverture des emplois à long terme par les ressources à moyen et long terme ; elles débouchent donc sur des tableaux de financement en deux parties :

- première partie : confrontation des ressources longues aux emplois à long terme et calcul de la variation du fonds de roulement par référence à la partie haute du bilan patrimonial ;

- deuxième partie : confrontation des ressources à court terme aux emplois à court terme et calcul de la variation du fonds de roulement par référence à sa partie basse.

Tableau N°6 : Modèle de base du tableau de financement patrimonial

Emplois M Ressources M Emplois à long terme :

Augmentation ou diminution d’éléments à plus d’un an ∆ globale du FR

Ressources à moyen et long terme : Augmentation ou diminution d’éléments à plus d’un an ∆ globale du FR

Emplois à court terme :

Augmentation ou diminution d’éléments à moins d’un an ∆ globale du FR

Ressources à court terme :

Augmentation ou diminution D’éléments à moins d’un an ∆ globale du FR

Interprétation :

Il est d’abord important de rappeler que les bilans qui bornent la période sous revue, étant équilibrés, le tableau emplois-ressources (TER) doit l’être également.

Donc : ∑ Emplois = ∑ Ressources Ce qui correspond à dire :

(1) ∑ Emplois = emplois à long terme + emplois à court terme

(2) ∑ Ressources = ressources à long terme + ressources à court terme (1) + (2) = ELT + ECT = RLT + RCT

Donc : ELT – RCT = RLT – ELT

 Si (RLT – ELT) > 0 : la différence positive correspondrait au montant des nouvelles ressources longues qui se trouvent en excédent par rapport aux

B loc à plus d’un an B loc à moi ns d’un a n

nouveaux emplois longs et peuvent, de ce fait, être affectées au financement de nouveaux emplois courts. Ceci correspond à une augmentation du FR au cours de la période.

RLT > ELT → ECT > RCT → ∆ FR > 0

Cette augmentation du fonds de roulement s’exprime ainsi par la partie basse du fait que les nouveaux emplois courts excèdent les nouvelles ressources courtes.

 Si (RLT – ELT) < 0 : la différence négative correspond à la partie des emplois stables qui a dû être financée par des ressources à court terme parce que ses ressources stables lui ont fait défaut.

ELT > RLT → RCT > ECT → ∆ FR < 0

Ce modèle du tableau de financement est ancien, il a été conçu à une époque où l’analyse du bilan se faisait exclusivement en termes de liquidité et d’exigibilité. D’où l’accent mis sur la notion du FR patrimonial.

Les tableaux des variations de trésorerie qui suivent font au contraire référence à la notion de fonds de roulement fonctionnel.

C-2 Le TER fonctionnel horizontal

L’optique fonctionnelle a déjà fait l’objet d’une présentation lors de l’étude du bilan, appliquée au tableau de financement, elle aboutit à une structure fondamentale qui fait apparaître dans le même tableau la variation de la trésorerie, la variation du fonds de roulement net global et la variation du besoin en fonds de roulement :

∆ TN = ∆ FR - ∆ BFR

D’où une présentation en quatre parties : la première détaille la variation du FR fonctionnel, la deuxième la variation du BFR d’exploitation, la troisième la variation du BFR hors exploitation, enfin la quatrième détaille la variation de la trésorerie.

Tableau N°7 : Présentation fonctionnelle horizontale du tableau de financement Emplois du cycle d’investissement Ressources du cycle d’investissement

∆ FRNG

Emplois du cycle d’exploitation Ressources du cycle d’exploitation ∆ BFRE

Emplois du cycle hors exploitation Ressources du cycle hors exploitation ∆B FRHE

Emplois en trésorerie Ressources en trésorerie

∆ TN

C-3 Le tableau de financement de type « pool de fonds » L’optique « pool de fonds » est caractérisée par :

- la mise en évidence des stratégies de l’entreprise, grâce à la dissociation des emplois industriels et commerciaux d’une part, et financiers d’autre part ;

- un concept d’investissement élargi au BFR (investissement en immobilisations + investissement en BFR) ;

- un concept de financement décloisonné, toutes les sources de financements étant à priori indifférenciées quant à leur affectation, le choix de l’entreprise résultant d’un arbitrage entre la rentabilité et le risque.

Dans cette optique, le concept de FR n’est pas pertinent et le tableau de financement se présente schématiquement comme suit :

Tableau N°8 : Tableau de financement optique pool de fonds

Investissements industriels et

commerciaux :

 en immobilisations

 en BFR

Ressources propres internes :

 CAF industrielle (avant intérêts)

 Cessions d’investissements

Investissements financiers :

 En immobilisations financières

 En titres de placement et disponibilités

Ressources propres externes :

 Augmentation de capital (moins distributions de dividendes)

Ressources d’endettement :

 Nouveaux emprunts (moins

remboursement d’emprunts et moins charges financières)

Source : J. Richard, « Analyse financière et audit des performances », La Villeguerin, 2èmè édition, Paris, septembre 1993.

2-2-3-2 Les tableaux de flux de trésorerie A- Finalité et avantages des tableaux de flux

Alors que les tableaux de financement ne donnent qu’une information condensée sur la variation de la trésorerie, les tableaux d’analyse des flux de trésorerie permettent, quant à eux, une analyse plus fine des composantes et des causes de cette variation.

« Les tableaux de flux constituent un outil d’analyse privilégié, rompant avec l’optique patrimoniale, ils reposent sur une approche dynamique et cherchent à mettre en évidence les choix stratégiques de l’entreprise et leurs conséquences pour l’avenir de celle-ci »159.

Sa consécration a été observée dans les pays Anglo-saxons. Elle a d’abord eu lieu aux Etats-Unis avec la norme SAFS n 95 de novembre 1987, puis un peu plus tardivement en

Grande-Bretagne avec la norme FRS n 1 de 1992. Au plan international, la norme IAS7 révisée publiée en mars 1993 par l’IASC (International Accountancy Standards Commitee) fait obligation aux entreprises d’établir un tableau des flux de trésorerie et de l’inclure dans leurs états financiers160.

L’adoption du TFT est dû aux avantages qu’il présente au plan financier, en voici quelques-uns :

 Il remplace un tableau axé sur l’analyse de la variation du fonds de roulement, contré sur un indicateur peu pertinent. En effet, par exemple, une diminution de FRNG recouvre des situations fort différentes : des investissements trop importants par rapport au financement, une rentabilité insuffisante, un mode de financement inapproprié… ;

 Le tableau de flux de trésorerie centre la réflexion sur la notion de trésorerie, cette dernière est en effet un problème vital, c’est par la trésorerie que l’entreprise finance son activité et assure sa pérennité. La trésorerie constitue un indicateur-clé pour la gestion et l’analyse financière, tant à court terme (mesure de solvabilité) qu’à long terme (mesure des besoins de financement). Dans le même esprit, l’importance de la trésorerie (en valeur absolue ou relative) et son signe (positif ou négatif) peuvent caractériser une certaine situation de l’entreprise (bonne santé, vulnérabilité, défaillance…) ;

 Il distingue les différents cycles de l’entreprise : cycle d’exploitation, de financement et d’investissement. Ce qui permet une approche moins globale, plus différenciée de la gestion de l’entreprise ;

 Le TFT a l’ambition d’être simple, compréhensible, pauvre en termes réservés aux seuls initiés comptables et sa division en trois grands postes (activité, investissement, financement) favorise la compréhension des administrateurs, quelles que soient leurs connaissances comptables.

 Enfin, le dernier avantage et non le moindre d’un TFT est qu’il est adapté tant à une analyse rétrospective que prospective, car sa structure peut être retenue dans la construction du plan de financement et s’intègre parfaitement dans une démarche budgétaire.

160 P. Pellicier, C. Bailly-Masson, « Les tableaux de flux de trésorerie, les apports en informations nouvelles sur le plan financier », L’Expert comptable suisse, mars 2001, p. 185.