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L’éducation féminine sous les yeux des intellectuels des Lumières

Chapitre I. Être une femme au siècle des Lumières : Polémique ou

3. Être une femme dans un univers d’hommes

3.2. L’éducation féminine sous les yeux des intellectuels des Lumières

ainsi à ses rôles de mère et d’épouse mais l’installant aussi de plus en plus dans une représentation fondée sur la différence et l’inégalité.79

Pour mieux comprendre la polémique autour de la femme qui se développa au XVIII

e

siècle, il est aussi intéressant de rappeler la division sociale de l’époque, également étudiée

par la spécialiste espagnole Mónica Bolufer

80

. La société était divisée en deux domaines : le

public et le privé. L’espace public était exclusivement réservé aux hommes. Dans la majorité

des cas, ils travaillaient en dehors de la maison, ou jouaient dans des milieux choisis un

certain rôle politique ou pseudo-politique de par leur appartenence même à une élite, alors que

la femme se retranchait exclusivement à l’intérieur du domaine privé. Elle était destinée aux

travaux dits féminins : l’entretien du foyer familial, l’alimentation et l’éducation des enfants,

l’économie familiale et les besoins de son mari. Malgré une société si divisée,

compartimentée et stratifiée, le XVIII

e

siècle devint le siècle de la polémique et de la raison,

donc de la mobilité. Et la femme commença à solliciter une place plus représentative dans la

nouvelle société

81

.

C’est dans ce nouveau contexte que nous devons présenter la situation des femmes.

Après ce mépris traditionnel de la condition féminine, les nouvelles politiques commencèrent

à octroyer à la femme du XVIII

e

siècle une maturité sociale

82

jamais vue auparavant ; et

comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, l’éducation devint une des inquiétudes des

politiciens de l’époque. Malgré une envie d’évolution évidente, il était encore habituel de

trouver des écrits où les femmes étaient critiquées, ou injuriées

83

.

3.2. L’éducation féminine sous les yeux des intellectuels des Lumières

Malgré les soupçons de certains auteurs de l’époque, nombreux furent les écrits issus de

plumes féminines qui se rebellèrent contre toutes ces injustices commises envers leur sexe et

qui démontrèrent, avec leurs propres exemples, que le talent pour l’écriture et l’intelligence

n’étaient pas seulement du ressort des hommes.

79

Guillemet, Morgane, De la représentation au mythe : l’ambigüité féminine dans le roman libertin du XVIIIe siècle, thèse

citée, p. 31.

80 Bolufer Peruga, Mónica, « Lo íntimo, lo doméstico y lo público: representaciones sociales y estilo de vida en la España ilustrada », in Studia Histórica, Historia Moderna, n° 19, 1998.

81 Ibid., p. 113.

82

Bolufer Peruga, Mónica, Mujeres e Ilustración. La construcción de la feminidad en la España del Siglo XVIII, Valencia, Institution Alfons el Magnanim, 1998.

83

36

L’arrivée des femmes dans certaines institutions considérées jusqu’à l’époque comme

des espaces exclusivement masculins provoqua une sorte d’encouragement chez certaines

femmes encore indécises. Toutes ces pionnières démontrèrent que les femmes, à la différence

de ce qu’auraient pu laisser supposer toutes les théories qui affirmaient le contraire, n’étaient

pas inférieures aux hommes, et que seulement une dissemblance d’éducation marquait la

disparité entre les deux sexes. En outre, les femmes commençaient aussi à être présentes dans

certaines des institutions les plus prestigieuses

84

de l’Espagne de l’époque. La Real Academia

de Bellas Artes de San Fernando, à Madrid, fut le premier de ces établissements à abolir

l’interdiction d’entrée aux femmes et à accepter parmi les académiciens douze nouvelles

intellectuelles. De plus, la Real Academia de la Lengua intégra Isidra Quintina de Guzmán

85

,

la première femme espagnole à avoir obtenu un diplôme universitaire, et la célèbre Josefa

Amar y Borbón, parmi ses nouveaux membres illustres.

La spécialiste Mónica Bolufer s’est intéressée à tous ces bouleversements sociaux en

affirmant que :

La presencia femenina en ese foro emblemático parecía amenazar tanto su propia identidad de hombre público y político de quién, porque temía quién que hiciera peligrar el autocontrol y la austeridad que había de caracterizar a los amigos del país, como su ideal de una sociedad ordenada, en la cual los espacios estuvieran nítidamente separados entre los sexos.86

Cependant, les polémiques et les opinions divergentes contre ces nouveaux changements

ne tardèrent pas à apparaître, et le résultat fut l’ubiquité d’un sentiment misogyne prévalant

tout au long du siècle. Un nouveau conflit s’instaura entre les sexes, nourrissant les lignes

d’une grande partie de la production littéraire de l’époque.

Commençons donc par les intellectuels espagnols et leurs avis autour de la question de la

femme. Comme nous l’avons déjà précisé, tous les secteurs de la société n’acceptèrent pas

l’introduction récente du « sexe faible » dans la République des lettres, un univers qui, jusqu’à

l’époque, était exclusivement destiné aux hommes et gouverné par eux.

84

Pérez Canto, Pilar, Mió Romero, Esperanza, « Las mujeres en los espacios ilustrados », in Signos Históricos, n° 13, 2005.

85 Staff Wilson, Mariblanca, Mujeres que dejaron Huella, Panamá, Universal Books, 2005, p. 134.

86

Bolufer Peruga, Mónica, Mujeres e Ilustración: La Construcción de la Feminidad en la Ilustración Española, Valencia, Institució Alfons el Magnànim, 1998, p. 360. « La présence féminine dans ce forum emblématique semblait menacer sa propre identité d’homme public et politique, parce qu’il craignait la disparition de l’autocontrôle et de l’austérité qui avaient caractérisé “les amis du pays”, comme idéal d’une société ordonnée, dans laquelle les espaces nettement séparés entre les sexes pourraient être mis en danger. » (N.T.)

37

De ce fait, certains membres des sociétés économiques montrèrent leur désaccord face

aux initiatives favorisant l’intégration sociale des femmes, notamment celle qui consistait à

leur ouvrir les portes de ces institutions exclusives. Il est intéressant de relever que dans leurs

statuts, il n’existait aucune règle explicite excluant la présence des femmes ; néanmoins, rares

furent les intellectuelles qui osèrent ou purent franchir les portes de cet ces univers, plutôt

masculin et traditionnel.

L’admission des femmes dans la société économique madrilène fut précédée d’un débat

passionné entre certains des membres les plus respectés de l’époque. Dès la fondation de cette

institution culturelle, en 1766

87

, l’académicien José Marín fut un des premiers à manifester

timidement son soutien à l’admission féminine. Il considérait que les académiciennes admises

ne pourraient qu’enrichir ces sociétés si traditionnelles avec leur présence et leur savoir :

Los entendimientos no tienen sexos, ni las almas se diferencian como los cuerpos. Algunos dicen que el país puede fomentar sus artes, industria y agricultura sin que las damas entren en las Sociedades Económicas. Es cierto que ello no es requisito absolutamente necesario para los buenos efectos que prometen sus talentos y aplicación. Pero también lo es, que es imponderablemente mayor el estímulo para lograrlo, la esperanza de acreditar su celo con sólo incluir sus nombres en la lista de Amigos del País.88

Or, entre 1775 et 1787, Francisco de Cabarrús et Gaspar Melchor de Jovellanos

enflammèrent les discussions avec cette polémique. Les critiques négatives et l’aversion de

Cabarrús envers l’admission des femmes, face à une philosophie plutôt progressiste de

Jovellanos ou de Amar y Borbón, attisèrent ce débat innovant et insolite

89

.

Francisco de Cabarrús, « ilustrado » d’idéologie rousseauiste, s’opposa catégoriquement

à l’admission des femmes en tant que membres actifs des sociétés économiques. L’intellectuel

ne se disait pas ennemi des femmes, ni ne critiquait leurs capacités intellectuelles, mais il

estimait vitale la division des sexes dans les espaces publics. Selon ses propres propos, il

87

Palacios Fernández, Emilio, La mujer y las letras en el siglo XVIII, op. cit., p. 64.

88

Quintanilla Fernández, Paloma, La mujer ilustrada en la España del siglo XVIII, Madrid, National, 1981, p. 58, sur la « Memoria de Don José Marín sobre la admisión de las damas en la sociedad ». « Les jugements n’ont pas de sexes, et les âmes ne se distinguent pas comme les corps. Certains disent que le pays peut promouvoir ses arts, son industrie et son agriculture sans que les dames participent aux sociétés économiques. Il est certain que cela n’est pas une condition absolument nécessaire pour les bons effets que leurs talents et application promettent. Mais il est également vrai que la stimulation pour y arriver et l’espoir d’accréditer leur zèle seraient éminemment plus importants rien qu’en incluant leurs noms sur la liste des amis du pays. » (N.T.)

89

38

considérait le nouveau désordre

90

social comme le responsable direct de tous les malheurs de

la société espagnole des Lumières.

No ignoro señores, el ridículo que el vicio impone a las máximas que lo condenan; no ignoro los nombres cultos y agradables con que procuran disfrazarse entre nosotros el adulterio, la corrupción, la grosería y el abandono de toda decencia, pero ¿acaso la moda y sus partidarios prevalecerán contra la voz de la naturaleza, que sujetó a las mujeres a la modestia y el pudor, o contra las relaciones inmutables de todas las sociedades que las impusieron, como una obligación civil la fidelidad a sus maridos, el cuidado de sus hijos u una vida doméstica y retirada?91

En faisant mention de la nature frivole et instable des femmes

92

, Cabarrús voulait, avec

ses affirmations, empêcher que les femmes s’aventurassent dans ces univers nouveaux et

inaccessibles pour elles. Pour atteindre son objectif, l’intellectuel espagnol publia en mai

1786, dans le journal Memorial literario, un article intitulé « Discurso sobre la admisión de

señoras en las Sociedades Económicas de Madrid », dans lequel il soutenait et justifiait, corps

et âme, sa philosophie misogyne et traditionaliste. Évoquons par exemple le passage suivant,

où il défendait ses raisons de ne pas perturber une histoire qui traditionnellement avait écarté

les femmes des domaines publics et les avait destinées au domaine domestique.

A estas mujeres no se les ha ocurrido tratar con otras mujeres sus guerras, luchas y proyectos. No dieron ninguna nueva autoridad a su propio sexo y lo siguieron teniendo reducido a su mundo, que es el doméstico. Si las mujeres importantes no habían cambiado la situación de las otras mujeres, ¿por qué habían de hacerlo los hombres? Era pasarse de listos para dar en rematadamente tontos.93

90

Morant, Isabel, « Hombres y Mujeres en el espacio público. De la ilustración al liberalismo », in Orígenes del Liberalismo,

Universidad, Política, Economía, Salamanca, Universidad de Salamanca, 2003, p. 120.

91

Cabarrús, Francisco, « Memoria sobre la admisión y asistencia de las mujeres en la Sociedad Patriótica », in Memorial

literario, VIII-27 (mayo 1786), p. 153. « Messieurs, je n’ignore pas le ridicule que le vice impose aux maximes qui le

condamnent ; je n’ignore pas les noms cultivés et agréables sous lesquels l’adultère, la corruption et l’abandon de toute décence essaient de se cacher parmi nous, mais peut-être la mode et ses partisans prévaudront-ils contre la voix de la nature, qui impose aux femmes la modestie et la pudeur, ou contre les relations immuables de toutes les sociétés qui les ont imposées, comme une obligation civile de fidélité à leurs maris, le soin de leurs enfants ou une vie soumise et retirée. » (N.T.)

92 Ibid., p. 44.

93

Cabarrús, Francisco, « Memoria sobre la admisión y asistencia de las mujeres en la Sociedad Patriótica », op. cit., p. 83. « À ces femmes qui ne sont pas arrivées à délibérer avec d’autres femmes de leurs guerres, luttes et projets. Elles n’ont donné aucune nouvelle autorité sur leur propre sexe et elles ont continué à le voir comme réduit à son monde, qui est celui du domestique. Si des femmes plus importantes n’avaient pas changé la situation des autres femmes, pourquoi les hommes avaient-ils à le faire? Il vaut mieux ne pas faire son malin pour ne pas devenir complètement imbécile. » (N.T.)

39

Suite aux critiques sévères de ces affirmations, Cabarrús décida d’adoucir ses propos et

considéra adéquat

94

d’accorder seulement le traitement d’« honorarias »

95

, ou associées

honoraires, aux rares femmes méritant cette distinction.

En revanche, certaines voix s’élevèrent en faveur de la nouvelle condition des femmes.

Jovellanos, José Martín, Luis de Imbille ou l’une des rares intellectuelles parmi tous ces

académiciens, Josefa Amar y Borbón, contrairement aux propos formulés par Cabarrús,

soutenaient que :

Las mujeres deben ser admitidas con las mismas formalidades y derechos que los hombres; que no debe formarse de ellas clase separada; se debe recurrir a su consejo y a su auxilio en las materias propias de su sexo y del celo, talento y facultades de cada una; y finalmente, todo eso se debe acordar por acta formal, y si pareciese, extender un reglamento separado que fije la materia en lo sucesivo.96

Malgré l’acceptation de ces académiciens, certaines limites furent mises en place.

Évoquons par exemple les propos de Gaspar Melchor de Jovellanos, qui acceptait l’admission

de nouvelles académiciennes, mais à condition de ne pas mettre en avant leur beauté et leurs

richesses par rapport à la raison et aux capacités intellectuelles :

Yo supongo que no admitiremos un gran número de señoras. Esto conviene y está en nuestra mano. Si queremos que miréis el título como una verdadera distinción no lo vulgaricemos, dispensémosle con parsimonia y sobre todo con justicia. No lo concedamos precisamente al nacimiento, a la riqueza, a la hermosura. Apreciemos en buena hora estas cualidades, pero apreciémoslas cuando estén realzadas por el decoro, por la humanidad, por la beneficencia por aquellas virtudes civiles y domésticas que hacen el honor de este sexo.97

94

Palacios Fernández, Emilio, La mujer y las letras en el siglo XVIII, op. cit., p. 69.

95

Cabarrús, Francisco de, « Memoria sobre la admisión y asistencia de las mujeres en la Sociedad Patriótica », op. cit., p. 85.

96

Negrín Fajardo, Olegario, La educación popular en la España de la segunda mitad del siglo XVIII: las actividades

educativas de la Sociedad Económica Matritense de Amigos del País, Madrid, UNED, 1987, p. 126. « Les femmes doivent

être admises avec les mêmes formalités et droits que les hommes : on ne doit pas former avec celles-ci des classes séparées; il faut recourir à leur conseil, à leur aide dans les domaines propres à leur sexe et aux zèle, talent et facultés de chacune d’entre elles; et finalement, tout cela doit se concrétiser dans un acte formel, et si nécessaire, il faudra rédiger un règlement différent qui fixe la matière en question pour l’avenir. » (N.T.)

97

Jovellanos, Gaspar Melchor de, Memoria leída en la Sociedad Económica de Madrid, sobre si deben o no admitir en ella a

las señoras, Madrid, Biblioteca de Autores Españoles, 1952, p. 54. « J’imagine que nous n’admettrons pas un grand nombre

de dames. Cela est convenable et est à notre portée. Si nous voulons que vous regardiez le titre comme une véritable distinction, il faut ne pas le vulgariser, dispensons-le avec une certaine parcimonie et surtout avec justice. Ne l’accordons pas précisément dès la naissance, à cause de la richesse ou de la beauté. Apprécions, à la bonne heure, ces qualités, mais apprécions-les quand elles seront dominées par le respect, par l’humanité, par la bienfaisance, par toutes ces vertus civiles et domestiques qui font honneur à ce sexe. » (N.T.)

40

Néanmoins, et malgré certaines restrictions imposées, Jovellanos estima appropriée, pour

les deux sexes, l’arrivée des femmes dans les milieux culturels des Lumières espagnoles. Les

académiciens, comme l’explique Isabel Morant, loin de craindre cette nouvelle concurrence,

pourraient profiter de ces nouvelles membres pour enrichir leurs connaissances :

Pero supongamos que el deseo de instruirse, la beneficencia o la curiosidad las traigan alguna vez a nuestras asambleas […] ¿Qué mal podría hacer? Pero qué digo, ¿quién no ve que nos harían un gran bien?98

Ce débat passionné et passionnant parvint rapidement aux oreilles du public, et la presse

se fit l’écho des propos les plus inquiétants. Le journal Memorial literario, comme nous

l’avons déjà évoqué auparavant, publia en mars 1786 les différentes opinions des intervenants

dans le débat. Quelques mois plus tard, dans les pages du même journal, parut le Discours en

défense des talents des femmes

99

de Josefa Amar y Borbón, un texte ironique et transgressif

dans lequel l’intellectuelle aragonaise implorait précisément l’admission des femmes dans ces

sociétés. Cependant, les journaux espagnols ne furent pas les seuls à exposer au grand jour ce

vaste débat dans leurs pages. Nous savons, grâce à une lettre adressée par Madame Levacher à

plusieurs journaux espagnols de l’époque, que les propos négatifs de Cabarrús furent aussi

traduits et publiés dans la presse française. Le Mercurio histórico et le Periódico

enciclopédico semanal publièrent en 1787 la lettre de l’intellectuelle française offusquée

100

.

En définitive, ce débat montra que la polémique autour de la femme allait au-delà du

simple sentiment masculin d’exclusivité des sociétés économiques. Il s’agissait de décider du

rôle de la femme dans la société, et ces institutions furent le lieu où se cristallisa la querelle.

Comme l’affirme Mónica Bolufer, dans ces discussions, ce quiétait en jeu n’était ni l’intellect

ni les connaissances de leurs membres mais la redéfinition des espaces masculins et

féminins

101

.

98

Morant, Isabel, « Hombres y Mujeres en el espacio público. De la ilustración al liberalismo », op. cit., p. 124. « Supposons que le désir de s’instruire, la bienfaisance ou la curiosité les amènent un jour dans nos assemblées […] : quel malheur cela pourrait-il nous faire ? Mais qu’est-ce que je dis : qui est-ce qui n’arrive pas à comprendre qu’elles nous feraient un grand bien ? » (N.T.)

99 Amar y Borbón, Josefa, « Discurso en defensa del talento de las mujeres y de su aptitud para el gobierno y otros cargos en que se emplean los hombres », in Memorial literario, août 1786.

100 Morant Deusa, Isabel et Bolufer Peruga, Mónica, « Josefa Amar y Borbón. Une intellectuelle espagnole dans les débats des Lumières », in Clio, n° 13, 2001, p. 18.

101

Bolufer Peruga, Mónica, Mujeres e Ilustración, la construcción de la feminidad en la España del Siglo XVIII, Valence, Institut Alfons el Magnamin, 1998, p. 345.

41

Finalement, cette polémique des sexes fut résolue par le monarque Charles III lui-même,

quand il décida d’autoriser l’admission des femmes à la société économique de Madrid. Ce

soutien royal ne fut pas du goût de certains savants hispaniques de l’époque. Toutefois, cette

décision royale

102

éclairée fut vantée dans le reste de l’Europe des Lumières.

El Rey entiende que la admisión de las Damas de Honor y Mérito que, en Juntas regulares y separadas, traten de los mejores medios de proponer la virtud, la aplicación y la industria en su sexo, será muy conveniente en la Corte, y escogiendo las que por sus circunstancias sean más acreedoras a esta honrosa distinción, procedan y traten unidas los medios de fomentar la buena educación, mejorar las costumbres con su ejemplo y sus escritos […].103

Femme des Lumières progressiste, Josefa Amar y Borbón n’hésita pas, comme nous

l’avons déjà mentionné, à intervenir dans cette controverse passionnante avec un discours

fervent et rationnel, publié dans le journal déjà cité, avec des arguments difficiles à réfuter, où

elle défendait les capacités intellectuelles et créatrices de ses collègues féminines.

Ninguno que esté medianamente instruido negará que en todos tiempos y en todos los países ha habido mujeres que han hecho progresos hasta en las ciencias más abstractas. Su historia literaria puede acompañar siempre a la de los hombres porque, cuando éstos han florecido en las letras, han tenido compañeras e imitadoras en el otro sexo.104

Il faut noter, comme le fait aussi Emilio Palacios

105

, que son discours fut le plus complet

et le plus sensé de son époque, à ce propos. En outre, il devint si important qu’il renforça la

popularité de Josefa Amar y Borbón, une des rares femmes à être admise au sein de

l’institution madrilène. Bien évidemment, elle voulait que son cas servît d’exemple à d’autres