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les chiens

IV LE CHIEN AU COURS DE LA GRANDE GUERRE

2) De 1945 à nos jours

Dans les différentes guerres qui vont suivre la guerre de 1939-1945 les chiens vont encore une fois être enrôlés que ce soit en Corée, en Indochine, en Algérie ou même plus récemment pendant la guerre du golfe Partout où une guerre de type conventionnelle se révélera incapable d'affronter une guérilla, les chiens retrouveront leur place aux côtés des combattants.

Les Américains ayant décidé que les chiens messagers, les chiens de trait et les chiens détecteurs de mines n'étant plus nécessaires, 1 500 chiens seulement prirent part à la guerre de Corée (1950-1953). Employés comme sentinelles ils devaient simplement garder les postes et les avant-postes. (150) 4000 chiens participèrent à la guerre du Vietnam (1964-1975). Outre la surveillance des camps ils furent dressés à débusquer l'ennemi puis à le suivre à distance ( sans être tenus en laisse) afin de découvrir leurs campements ou leurs cachettes souterraines. Ils devaient rester de 50 à 100m des Viêt-cong dans la jungle et à 200m en terrain découvert. (36 et 150)

Les chiens vont également participer aux différentes guerres coloniales que la France mena contre des pays soucieux d'acquérir leur indépendance.

Plus d'un millier de chiens remplirent des missions de détection de mines, de surveillance, de fouilles de caches et de pistage pendant la guerre d'Indochine (1946-1954).

52- Soldat américains en patrouille dans les rizières du Vietnam. (158)

En 1949 la France, soucieuse d'assurer la sécurité de ses troupes parachutistes va dresser des bergers allemands au parachutage en territoire ennemi. Les observations vétérinaires ayant prouvé qu'ils ne présentaient aucune perturbation physique ou psychologique après les sauts et qu'ils se recevaient avec souplesse sur leurs quatre pattes, leur enrôlement fut rendu officiel par décret et leur nombre étendu. Leur parachutage nécessita l'adaptation d'une sangle spécialement crée par le vétérinaire lieutenant-colonel Bardez qui permettait à l'animal d'être libéré automatiquement de son parachute dès son atterrissage sans courir le risque d'être traîné par celui-ci.

54- Chien parachuté au cours de la guerre d’Algérie. (158) En Tunisie ils pistaient les auteurs de sabotage des chemins de fer. (15)

Durant le conflit algérien (1954-1962), la France fit appel à quelques 7500 chiens. Une partie d'entre eux avait pour mission de débusquer les combattants du FLN au fond des grottes qui leur servaient de refuge et à les en faire sortir mains en l'air. Les autres unités cynophiles gardaient les installations militaires et avaient la redoutable tâche du déminage. (92) Longtemps considéré comme une difficulté insurmontable, le déminage par les chiens a gagné ses lettres de noblesse en Algérie, en particulier pour le déminage des voies ferrées. Le dressage était assez long. Le chien devait découvrir de la viande posée par terre puis enterrée dans une boite et donnée au chien quand il avait trouvé une boite vide enterrée, enfin la viande était supprimée. Les meilleurs de ces chiens pouvaient non seulement découvrir les mines mais les différents pièges de mise à feu. (80)

La France s'essaya aussi au dressage des chiens antichar. Le principe du dressage était le même que celui employé en Russie mais le chien était muni d'une mine avec un détonateur magnétique ou à antenne. Après plusieurs essais le projet fut abandonné car les inconvénients étaient nombreux:

• Le chien ne faisait pas toujours la différence entre les chars amis et ennemis.

• Pour les mines à antenne, tout obstacle sous lequel le chien se faufilait faisait sauter la charge.

• Pour les mines magnétiques ou à contact électrique, tous les obstacles métalliques les faisaient également sauter.

• Tous les chiens munis d'une charge suffisante ne pouvaient pas toujours se faufiler sous un plancher devenu trop bas. (80)

En 1989 les forces israéliennes engagées dans la guerre du Liban envoyèrent des bergers belges dans des missions suicides. Ces chiens étaient entraînés à entrer dans les bunkers ennemis porteurs de bombes ou de gaz qu'on actionnait à distance afin de libérer le gaz ou déclencher l'explosion.

Pendant la guerre du Golfe des Bergers Allemands, très bien entraînés, furent utilisés par l'armée française pour protéger les troupes, l'approvisionnement et les avions.

En Bosnie Herzégovine enfin, les forces suédoises, allemandes et américaines qui tentaient de ramener la paix et la stabilité dans ce pays déchiré ont toutes employé des chiens pour les patrouilles, la sécurité des camps et la détection des engins explosifs dans les immeubles ou les bureaux de poste par exemple.

3) Les honneurs rendus

Le plus célèbre des chiens de guerre à s'être illustré pendant la seconde guerre mondiale est américain et répondait au nom de "Chips. Envoyé en Europe en 1942 et affecté à la 3eme

division d'infanterie, il faisait partie du corps des chiens sentinelles et participa, en tant que tel à la conférence de Casablanca entre Roosevelt et Churchill en janvier 1943 mais c'est comme chien d'attaque qu'il mérita ses décorations en attaquant un bunker rempli d'ennemis et en les forçant à se rendre. Les unités qui l'utilisèrent témoignèrent de sa responsabilité directe dans la capture de nombreux ennemis.

Chips fut décoré de la " Silver Star" et de la "Purple Heart" et Walt Disney tourna même un film appelé : " Chips chien de guerre"

Envoyé sur le front du Pacifique, "Dick" en découvrant un bivouac japonais camouflé, et en avertissant son maître, permit de lancer une attaque surprise et de faire prisonnier les Japonais sans qu'un seul marine ne soit blessé.

La reconnaissance émane souvent de simples soldats et elle n'en est que plus précieuse. Pendant la guerre du Vietnam le sergent Foster écrivait : « Mon chien est le meilleur, il est

comme un frère pour moi »,tandis que le sergent Moen exprimait ce que bien des conducteurs

ressentaient : « Mon chien est aussi bon qu'une arme ».

En 1994 les Etats- Unis érigèrent un mémorial pour honorer les chiens qui avaient servi dans le Pacifique avec les unités marines. ; Il dit en substance: « 25 chiens de guerre marine

ont donné leur vie pour la libération de Guam en 1944. Ils ont été des sentinelles, des messagers, des chiens de patrouille. Ils ont exploré les souterrains, détecté les mines et les pièges ».

55- Mémorial du chien de guerre à l’honneur des Doberman de la seconde guerre mondiale. (158)

L'armée britannique, quant à elle, a continué à rendre hommage à ses chiens après la fin de la guerre. Certains ont même eu droit à un avis nécrologique paru dans le Times avec photographie et biographie comme en témoigne cette annonce :

« Nous avons le profond regret d'annoncer le décès du chien de guerre n° 3674, Peggy, à

20heures le vendredi 27 janvier 1950.Ce distingué chien de guerre était admiré par tous, et sa brève vie de travail fut la suivante: rejoint les forces de sa majesté en 1943 à l'école de dressage des chiens de guerre d'Aldershot... et dressé comme chien démineur... il procède à un service actif en France où il sert continuellement d'un bout à l'autre de la campagne jusqu'en août 1945. Ce chien-soldat était titulaire des décorations suivantes: 1939-1945 Star France and Germany, Défense, War Médal. Il termina sa carrière comme chien de démonstration de déminage devant les plus hautes personnalités, couvrant plus de 3500 miles en voyage. Il fut l'un des chiens les plus photographiés de l'armée... J'ajoute, pour finir, que ce chien était un épagneul. » (97)

Les chiens français n'ont pas démérité et certains ont même reçu les honneurs qu'ils méritaient.

En Tunisie dans la nuit du 8 au 9 juin 1952, le chien « Sento » découvrit l'auteur du sabotage d'un transformateur au milieu d'autres arabes après un pistage de plus de 800m.

En Indochine, dans la nuit du 18 mai 1949, le chien « Waldo » donna l'éveil et, seul, provoqua la fuite d'un groupe viet. Il fit le tour des sentinelles puis, après être revenu auprès de son conducteur détecta trois cachettes qui contenaient des munitions et des documents. En Indochine les chiens suivants furent cités à l'ordre de la division.

" Danh-ka, 2eme classe du commando cynophile d'Indochine, conducteur du chien de guerre

"Rai", éclairant une reconnaissance de nuit, le 8 février 1953, a dévoilé un groupe V.M et a ouvert immédiatement le feu. Pendant que le chien Rai attaquait furieusement les rebelles, son conducteur vidait ses huit chargeurs sur l'ennemi en fuite, recevant même plusieurs projectiles dans ses vêtements. Le chien continuant la poursuite, ne rentrait au camp que le lendemain, semant la panique chez l'adversaire. L'équipe Danh -Ka-Rai montrant de très belles qualités de courage et d'audace, a témoigné magnifiquement de sa valeur au combat.

Prak-Ha 2eme classe du commando cynophile de Saïgon. Conducteur du chien Marko a fait

preuve depuis le début de l'opération des plus belles qualités de spécialiste, éventant en plusieurs occasions des embuscades ennemies. A été blessé par mine le 21 février 1953, son chien tué à ses côtés par le même explosif. »

4) La France et le chien de guerre aujourd'hui

L'Armée française n'a pas oublié ses traditions et continue sa professionnalisation en spécialisant ses hommes... et ses chiens

La cynophilie militaire est assurée par le 132eme bataillon cynophile de l'armée de terre de

Suippes. Il dispose du plus grand chenil militaire d'Europe avec une capacité d'accueil de 700 chiens. Comme son maître, le chien possède un paquetage adapté aux missions qui lui sont confiées. Celles ci sont multiples et diverses : participation à la protection défense, recherche et détection d'explosifs, de stupéfiants, de personnes ou de matériel, protection des zones de stationnement des unités...

Actuellement le bataillon dispose d'unités implantées dans tout l'hexagone. 32 équipes cynotechniques sont en mission au Sénégal, au Liban, à la Réunion, au Gabon, en Côte d'Ivoire et en Guyane. (99)