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D DE LA RENAISSANCE AU DEBUT DU 19 eme SIECLE Pendant la Renaissance(fin du XIVeme, début du XVIIeme siècle) l’histoire militaire connaît

V LE CHEVAL EN AMERIQUE

1-La colonisation du nouveau monde

Les premiers conquistadores espagnols gagnant l'Amérique au début du 16eme siècle se

considérèrent comme les explorateurs d'un immense territoire à conquérir. Pour les chevaux on pourrait dire que ce fut, en quelque sorte, un retour aux sources puisque certains historiens estiment, qu'à l'ère préhistorique, le cheval vivait en Amérique. On ignore les raisons de sa disparition de ce continent mais à son arrivée le cheval était inconnu des indiens qui en furent effrayés et l'élevèrent même au rang de divinité.

Comment ces chevaux ont traversé les continents et comment les conquistadores en firent leur arme préférée, c'est ce que nous allons maintenant étudier.

1a- L'arrivée des chevaux en Amérique

Les conquistadores n'avaient pas d'autre choix que de faire voyager les chevaux par bateau. Les tempêtes représentant un véritable problème pour leur transport, ils durent donc imaginer

un système pour que les animaux puissent voyager dans les meilleures conditions possibles. Des espèces de grandes écharpes permettaient de suspendre les chevaux dans les cales des navires. Ces derniers se balançaient au rythme des vagues et leurs sabots ne touchaient pas le sol. Cependant, malgré ces précautions, la moitié des chevaux périt durant le trajet du fait de l'humidité et du manque d'exercice. Une partie de l'Atlantique fut d'ailleurs nommée « les latitudes du cheval » en raison du grand nombre d'animaux morts, jetés par-dessus bord pendant la traversée.

Une fois arrivé aux Amériques, on bandait les yeux des chevaux pour qu'ils ne s'affolent pas, puis on les soulevait au-dessus du pont et on les descendait dans l'eau puisque les quais n'avaient pas encore été construits. Les chevaux, entourés de barques, devaient alors nager jusqu'à la rive. (84)

1b- Les conquistadores

Les chevaux rescapés purent ainsi participer à la conquête du nouveau monde. En 1519 Cortés déclara : « Après Dieu, nous devons notre victoire à nos chevaux ». Il n'y en avait pourtant que seize, mais les Indiens qui n'en avaient jamais vus considéraient le cavalier et sa monture comme un être seul et unique. (84) Certains récits aztèques font état de la terreur qu'ils inspiraient « Les chevaux, ils hennissent fort, ils transpirent beaucoup, c'est comme de l'eau

qui tombe d'eux... et lorsqu'ils avancent, ils crépitent grandement, ils claquent, ils martèlent comme si on lançait des cailloux. Aussitôt, elle se creuse la terre, là où ils lèvent leurs pattes »(11)

Après Cortés on emmena beaucoup plus de chevaux et en 1547, Mendoza, 1er gouverneur de

la nouvelle Espagne (Mexique), possédait onze haciendas et 1500 chevaux. Les Espagnols interdisaient aux indiens de les approcher sans autorisation mais quand ces derniers capturaient des chevaux sauvages, ils les mangeaient au lieu d’apprendre à les monter. (84)

Durant cette période le cheval eut, d'un point de vue tactique, la même importance que pendant le 2eme millénaire av JC quand les nomades du Nord semaient la panique dans les

contrées ennemies. Comme eux, les Espagnols profitèrent de l'effroi inspiré par les chevaux et purent aisément envahir le continent.

2 -La guerre d'indépendance des Etats unis 2a- Le rôle crucial des chevaux

Les colons qui réclamaient leur indépendance utilisèrent leurs propres chevaux pendant la guerre mais, connaissant les difficultés du transport par mer préférèrent, quand ils le pouvaient, les voler aux rebelles plutôt que de les faire voyager par bateau.

Les Anglais utilisaient la charge massive, tactique originaire du vieux continent, alors que les rebelles se servaient plutôt de leur cavalerie pour des attaques surprises ou pour couper la retraite des anglais comme à la bataille de Cowpens où seulement 50 d'entre eux sur les 500 présents purent s'échapper. Les Anglais commencèrent alors à détester ces chevaux à un point tel que lorsque l'un d'entre eux désobéissait ou n'effectuait pas la tâche qui lui incombait, il était abattu ou noyé pour ne pas tomber aux mains des rebelles.

Beaucoup d'historiens estiment que la victoire des colons est due, en partie, à leur excellente cavalerie et que sans cela, la révolution se serait prolongée et aurait même pu aboutir à un véritable désastre. (84)

2b -Quelques anecdotes

Voici quelques anecdotes concernant les chevaux durant cette guerre. :

La plupart des portraits de Georges Washington le montrent chevauchant un cheval blanc majestueux alors que son cheval attitré était un superbe galopeur brun du nom de Nelson, cadeau du gouverneur de la Virginie. Durant la guerre Nelson fut sur tous les fronts, et si de nombreux chevaux moururent d'épuisement, Nelson survécut malgré la famine et les longues marches entre Boston et la Caroline. Après la victoire, Nelson est resté dans les mémoires « d'abord dans la guerre puis dans la paix » (84)

Un autre cheval, Prince Charlie, devint célèbre aux Etats Unis car il permit d'éviter la capture de Thomas Jefferson. Le capitaine Jack Jouett fut, par hasard, averti de la prochaine tentative pour capturer celui-ci. N'écoutant que son courage, il enfourcha Prince Charlie, galopa toute la nuit sur des terrains boueux, caillouteux, dans les forêts, sautant au-dessus des fossés et après deux chutes et 120 km parcourus en un temps record, il put prévenir Jefferson qui se cacha. Le capitaine Jouett et Prince Charlie rentrèrent dans la galerie des héros de la guerre d'indépendance. (84)

Le cheval joua donc un rôle important, autant pour la colonisation du nouveau monde que pour la guerre d'indépendance américaine. Les Espagnols auraient, sans aucun doute, soumis les Indiens sans cet allié, mais l'impact psychologique du cheval fut tel, que la victoire fut plus rapide et plus aisée. Quant aux colons américains, le seul fait d'en posséder alors que l'ennemi était obligé de les voler, fut l'une des raisons de leur suprématie sur les champs de bataille. Le cheval fait partie de l'histoire américaine de cette période au même titre que bien des héros plus connus.