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A L ANTIQUITE I LES CHEVAUX ET LES CHARS

V LA CAVALERIE LOURDE

1- Au temps d'Alexandre le Grand

Pendant des siècles, le nombre insuffisant de chevaux gêna le développement de la cavalerie grecque, la Macédoine en revanche, n'en manquait pas et comme l’élite était plus importante qu’ailleurs, la constitution d’une cavalerie forte s’avéra plus aisée. (Encarta)

Philippe II, père d'Alexandre ramena 20 000 juments d'une campagne en Scythie (38) pour les croiser avec ses étalons. En 344 av JC il se rendit maître de la Thessalie, réputée pour la beauté de ses chevaux et la qualité de ses cavaliers, ce qui lui permit d'améliorer encore sa cavalerie.

Il fut le premier à utiliser la cavalerie lourde en la plaçant sur le flanc droit de sa phalange. Les « Compagnons » ou Hetairai revêtus d'une lourde armure et portant un bouclier, étaient armés d'une épée et du xyston, courte lance de cavalerie. Il créa également un corps de lanciers (Sarissaphori ) armés de la légère sarisse, précurseurs des cuirassiers cataphractes et ancêtres lointains des chevaliers du Moyen Age. Cette cavalerie auxiliaire était, pour la plus grande partie, recrutée en Thessalie, son armement et son équipement était semblable à celle des Hétairai. (70)

L 'armée de Philippe II était une véritable forteresse mouvante. La phalange formait un front défensif, impénétrable, jusqu'à ce que la cavalerie lourde sorte pour charger et rompre les lignes ennemies mais elle n'attaquait généralement pas la cavalerie ennemie, cette tâche était dévolue à la cavalerie auxiliaire ainsi que l'attaque des flancs ennemis. (70)

Alexandre le Grand avait étudié l'art de l'équitation avec son maître Aristote. Alors qu'il avait 12 ans, il trouva dans un pré appartenant à son père, un jeune cheval qu'il admira pour sa grande beauté. La légende veut qu'il fut le seul à pouvoir le dompter car il avait compris que celui ci craignait son ombre. Il appela ce cheval Bucéphale, tous deux grandirent ensemble et menèrent par la suite de nombreuses campagnes guerrières. (44) Cette passion d'Alexandre pour les chevaux permet de comprendre la véritable révolution qui vit le jour dans l'art militaire à son époque.

62- Statuette en bronze représentant Alexandre le Grand et de Bucéphale. (158)

La tactique d'Alexandre ressemblait à celle de son père, la différence essentielle résidait dans le fait que sa cavalerie lourde, rangée en triangle, chargeait à fond et s'enfonçait comme une pointe dans les rangs ennemis et les coupait, y semant un grand désordre, avant de les rejeter sur la phalange macédonienne. (38) Ces cavaliers réalisèrent ce qu'à l'époque, personne ne croyait possible: charger et enfoncer l'infanterie adverse. (38)

En 331 av. JC, après avoir envahi l'Asie à la tête de 30 000 fantassins et de 5000 cavaliers, il consomma la défaite de Darius à Gaugamela malgré une armée ennemie beaucoup plus nombreuse que la sienne. (70)

Denison estime que sur 22 batailles, Alexandre qui était toujours à la tête de ses compagnons, en gagna 15 grâce à sa cavalerie. (70)

Après sa mort, ses successeurs, les Diadoques délaissèrent peu à peu la cavalerie et ses charges lui préférant les phalanges et les éléphants (70) pourtant la cavalerie lourde, sous les règnes de Philippe II et d'Alexandre fut la meilleure de toutes celles de l'antiquité et il faudra attendre l'invention de l'étrier et l'apparition des chevaliers du Moyen Age pour retrouver une telle efficacité dans les batailles. (101)

2-La cavalerie lourde des Sarmates

Au 3eme siècle avant notre ère les Sarmates, nomades indo-européens qui peuplaient les

steppes du nord de la mer d'Aral, migrèrent vers l'ouest pour envahir les territoires occupés par les Scythes, entre le Don et la Mer Caspienne. Comme les autres nomades ils combattaient à cheval, mais ils ne se contentaient pas des esquives incessantes des archers montés. (38) Leurs cavaliers portaient une armure constituée de lamelles de métal, de cornes, d'os ou de cuir durci imbriquées comme les écailles d'un poisson. Suffisamment souple pour ne pas gêner les mouvements, elle recouvrait entièrement le corps du cavalier.

Les chevaux étaient protégés par un énorme caparaçon qui leur enveloppait le corps et la tête Même les yeux étaient couverts de petites grilles rondes. Les Sarmates créèrent ainsi les premiers cataphractes, mot d'origine grec signifiant « couvert de partout ».(38)

Le poids des armures était important et seuls des chevaux d'une taille et d'une force considérables pouvaient galoper sous une telle charge. Ils étaient, en cela, très différents des petits chevaux montés par les Scythes et par les Huns. Les squelettes de certains spécimens retrouvés dans les tumuli de Pazirik, sur les flancs de l'Altaï permettent d'apprécier leur gabarit exceptionnel. (38) Ce ne sont pourtant pas seulement les qualités de cette race qui ont permis l'existence de la cavalerie des cataphractes. La structure fortement hiérarchisée des sociétés nomades permettait à une minorité de privilégiés de supporter les frais des coûteuses armures. (38)

63- Cataphracte chinois au IVe siècle. (158)

3-La cavalerie lourde des Parthes

Guerriers redoutables, avec un empire très étendu ( Assyrie, Babylonie, Perse...), les Parthes luttèrent contre les Romains pour finir par succomber sous les coups des Sassanides en 224 après JC.

Influencés par les cataphractes Sarmates lors de leur migration vers le sud ouest, les Parthes constituèrent leur cavalerie lourde avec des chevaux forts et endurants mais ils commencèrent par se servir de leur cavalerie légère qui harcelait sans cesse les fantassins. Les Romains qui, jusque là, avaient combattu des cavaliers protégés mais non recouverts de pièces métalliques, rencontrèrent tardivement les véritables cataphractes perses à la bataille de Carrhae en 53 av JC. Au cours de cette bataille la cavalerie légère parthe harcela la légion romaine de Crassus qui estima que ces cavaliers manqueraient rapidement de flèches mais il fut surpris par l'apparition de la cavalerie lourde de Suréna surgissant des bois et bien que les cavaliers romains aient tenté de se jeter sous les chevaux ennemis pour les atteindre au seul endroit qui n'était pas protégé, ils furent massacrés. (38)

A l'époque des premiers empereurs romains, la suprématie du fantassin sur le cavalier était toujours incontestée. L'utilisation audacieuse de la cavalerie lourde par Alexandre le Grand ne fut pas ou peu renouvelée et il faudra attendre le début des grandes invasions et l'évolution du harnachement pour que son influence grandisse.

VI L EVOLUTION DU HARNACHEMENT