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Joinville (Santa Catarina)

Dans le document CHAPITRE 1 : INTRODUCTION (Page 87-90)

CHAPITRE 4 : PRÉSENTATION DU TERRAIN DE RECHERCHE

4.4 Joinville (Santa Catarina)

Joinville, ville industrielle, est une des villes qui ont le meilleur niveau de vie du Brésil.

Son territoire, anciennement majoritairement indigène, est marqué par une immigration européenne (principalement allemande, suisse, norvégienne et italienne) et compte aujourd’hui plus de 500 000 habitants.

Carte 1. Carte de la microrégion de Joinville, dans l’État de Santa Catarina, Brésil

Forte présence européenne à Joinville

La ville de Joinville a son histoire propre, intimement liée à ses débuts avec la colonisation européenne. Joinville a été officiellement fondée le 9 mars 1851. Son nom français lui vient du prince français de Joinville, qui épousa en 1843 la princesse héritière du trône du Brésil, Dona Francisca, sœur de Dom Pedro II. Le territoire sur lequel se trouve Joinville, majoritairement occupé par les Tupis et les Guaranis, fut donné en cadeau au couple princier et le palais royal y fut érigé. Dans la période de la IIe Guerre mondiale, seulement 30% de la population

joinvilloise parle la langue portugaise et 10% se reconnaît comme Brésilien. C’est à partir de 1940 que Joinville s’ouvre au reste du pays, notamment par ses activités économiques. La forte production agricole laisse peu à peu place à une urbanisation importante et à une croissance démographiques notable dans les années 1970 et 1980 (Facchini et Pedrini, 2000).

Joinville est nommée ville industrielle dès 1970, ce qui favorise une croissance urbaine et l’arrivée de migrants nationaux à la recherche de bonnes opportunités de travail et de plus saines conditions de vie (IPPUJ, 2011, 4 ; traduction libre).26 La ville, toujours principalement formée par des Brésiliens de descendance européenne, compte un taux de croissance de 1,8%

entre 2000 et 2010. Son indice de développement humain est de 0,857 et son taux d’urbanisation est de 97%. Elle détient maintenant le titre de troisième pôle économique du sud du Brésil et le PIB le plus élevé entre les villes de l’état de Santa Catarina. En plus du secteur industriel, le tiers-secteur contribue à la vitalité économique de la ville. Joinville a élu pour la première fois en 2009 un candidat du Parti des Travailleurs (PT) à la mairie, Carlito Merss.

Une richesse qui cache certains problèmes sociaux

Joinville est reconnue par ses habitants et surtout par ses « immigrants » nationaux comme une ville sécuritaire, où il fait bon vivre et où les emplois sont plus abondants qu’ailleurs. De l’extérieur de la région, toutefois, on la considère comme plutôt sérieuse, fermée sur elle-même et teintée d’un conservatisme social. On voit ainsi se tracer le portrait d’une ville fortement européanisée, dont le niveau de vie n’a que peu de lien avec des réalités plus dures telles que vécues dans le Nordeste ou l’Amazonie, par exemple.

                                                                                                               

Joinville a toutefois son lot de problèmes sociaux, malgré la relative sécurité des lieux.

L’habitation, en plus des questions de violence et de trafic de drogue, constituent des enjeux vécus ou discutés pour ceux qui y vivent. Hors du centre, les propriétés de nombreux quartiers ont été acquises et les habitations construites sous la pratique de l’« invasion », soit par une appropriation illégale de terres inoccupées, parfois dans des conditions ardues. Plusieurs se sont installés à même des terres inondables, des « marais » dont la crue des rivières fait des ravages plus ou moins sévères selon les années, dans cette ville au plus haut taux de précipitations du pays. Au cours des dernières décennies, certains prêtres ont participé activement à l’appropriation populaire des terres et à la constitution des quartiers par les occupations.

De pair avec l’occupation de la ville, Joinville a connu, au milieu des années 1970, des mouvements sociaux de gauche animés par le CL et la lutte contre la dictature. Cette période a mené à la mise en place du troisième centre de défense de droits humains au pays, en mars 1979 – qui a une influence marquante sur le paysage politique de gauche de la ville. Il reste que la ville et ses mouvements sociaux sont à comprendre au travers de sa propre histoire, car en comparaison à d’autres milieux brésiliens, Joinville reste un endroit très conservateur (Entretien 2011d). La plus jeune génération amène encore aujourd’hui ses mouvements de gauche, de défense des gais et des Noirs, même si ce sont des réseaux et groupes limités en nombre (ibid).

Portrait religieux de Joinville27

Joinville possède des lieux de culte protestants, catholiques, spiritistes, ainsi que quelques centres afro-brésiliens ou d’autres lieux de religion populaire. C’est à la base une

                                                                                                               

27 Inspiré de l’ouvrage Le butinage religieux : pratique et pratiquants au Brésil (2009), d’Édio Soares et du portrait du quartier de Paranagua-Mirim, non loin du quartier de Itinga, où prend place notre recherche.

société d’inspiration catholique ibérique, bien vite transformée par les métissages. On parle ainsi:

d’un catholicisme dévotionnel [qui] coexiste avec un catholicisme plus épuré, les pratiques magico-religieuses avec celles de l’action catholique ou des communautés ecclésiales de base. Le tout constitue un ensemble différencié, mais intégré, forgé par une culture de l’image mariale, qui […] a servi de pôle stabilisateur à des traits de toutes provenances’’ (Bastian 2001 : 181). C’est donc un catholicisme au pluriel, comme l’était déjà la version ibérique qui s’est installée au Brésil (Soares, 2009).

Le paysage religieux de Joinville est aujourd’hui marqué par une multiplication des petites églises évangéliques pentecôtistes, par la baisse de la religion catholique apostolique romaine (de 73% à 65% de la population entre le recensement de 2000 et 2010) et par la hausse des personnes s’identifiant au spiritisme, à une religiosité diverse et à l’absence d’appartenance religieuse (IBGE, 2010).

4.5 Présentation du terrain de recherche : le cas de la Fondation Padre Luiz Facchini au

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