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Fréquemment dans les prescriptions destinées aux parents, de manière plus discrète pour les enseignants, le traitement préconisé des jeunes enfants s'inscrit dans le registre de l'affection. Les disciplines de référence des auteurs, telles la psychologie, la psychanalyse et la pédiatrie, portent cette conception des relations à l'égard du jeune enfant.

Dans le manuel des parents

Dans J'élève mon enfant, l'amour est requis entre parents et enfants de manière péremptoire. Sans faire l'objet de longs développements, l'affection est présentée comme nécessaire pour la croissance et l'équilibre ultérieur de l'enfant. Source de plaisir pour les pères, mères et enfants, elle aide à guérir, à grandir et atténue les erreurs, selon L. Pernoud. Pour convaincre les parents, l'auteur liste tous les problèmes physiques et psychologiques que peut engendrer un manque d'affection.

On l'a vu, le corps de l'enfant constitue le souci le plus évident de J'élève mon enfant : les soins, l'alimentation, le sommeil, la croissance sont présentés de manière technique, détaillée et illustrée. Par comparaison, le thème de l'affection est traité plus rapidement, mais aussi avec plus de force. Sa nécessité est affirmée à chaque occurrence avec vigueur : “ce besoin d’attachement précède même le besoin de nourriture, c’est une observation faite aussi bien par les éthologistes, que par les psychologues et les psychanalystes”163. L’ouvrage de conseils aux parents recourt à la psychologie, mais aussi à l’éthologie et la psychanalyse pour asseoir ce constat sans appel. En soulignant l’importance des émotions, de l’affectivité dans la structuration de la personnalité, la psychologie justifie scientifiquement la conception de l’enfant comme objet d’amour. Dans tout l’ouvrage, l’affection est définie comme un besoin de l’enfant, crucial pour son bon développement

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: "Rien n’est moins important pour le moment que d’établir ce contact, cette confiance, qui vous rassureront tous les deux”164 ; “L’amour (...) est pour l’enfant indispensable. Il est même vital”165.

L'amour est à la fois présence, disponibilité, écoute, attention et proximité : “Votre enfant attend de vous présence, chaleur, tendresse -p.350". Laurence Pernoud emploie aussi l'expression de "sécurité affective" pour le désigner : "Que recherchent-ils tous? Votre présence pour les réconforter, l'assurance qu'ils peuvent compter sur vous pour affronter la nouveauté. C'est cela, leur sécurité. (...) Sûr de vous, sûr de votre affection, l'enfant est capable de toutes les audaces, il peut supporter le changement, la maladie, même la séparation -p.474". Ce lien se définit en terme de qualité de présence : "Finalement, ce qui est le plus important pour un enfant -pour lui-même et pour son équilibre - ce n'est pas tant la quantité d'heures de présence que sa mère lui donne, mais la qualité de l'affection qu'elle lui offre -p.364". Là, le spécialiste est convoqué pour renforcer le propos : "Comme l'a dit Bowlby : "Ce qui compte le plus, c'est la joie que la mère et l'enfant ont à être ensemble -p.364".

La relation doit procurer du plaisir et cette directive est réitérée : "Prenez ensemble des récréations, riez, jouez avec votre enfant, ou simplement écoutez-le. En un mot profitez de sa présence -p.483". Le lien affectif apporte du bonheur aux parents comme aux enfants : "L'enfant a souri, la mère aussi. Qui a commencé? Nul ne le sait. Cela s'appelle une réaction circulaire : pour la mère, c'est simplement le bonheur -p.352" ; "La maman sourit, parle à son bébé, le bébé lui répond, fait des roulades ; pour lui c'est le paradis -p.355".

D'après J'élève mon enfant, l'affection a des propriétés exceptionnelles, aidant à la guérison, favorisant les apprentissages, dissolvant les colères : " Enfin, sachez que votre présence pourra beaucoup pour la guérison de votre enfant et non pas seulement à cause des soins que vous lui donnerez, mais aussi à cause de l'apaisement que lui apporteront

164Ibid., p.37.

votre voix douce, votre sourire, votre main, le seul fait d'être là. (p.321)" ; "Pour apprendre à parler, il va aussi répéter indéfiniment les mêmes syllabes, comme, pour apprendre à saisir, il a passé des semaines à s'exercer. Ce qui aidera votre enfant, c'est votre approbation pour ses efforts, votre compréhension pour ses besoins. (p.380)" ; "Pour qu'un enfant parle normalement, il faut qu'il vive entouré d'affection et de compréhension. (p.398)". L'affection est requise pour apprendre à parler mais aussi pour apprendre la propreté : "Ce qu'on demande à l'enfant est difficile ; il faut lui montrer de l'affection, sinon il n'y aura pas de résultat (p.387)". En fait, ce sont toutes les acquisitions qui requièrent de l'affection : "Cette loi qui veut qu'un enfant désire faire des progrès dans la mesure où il est aimé, on l'appelle loi d'appétition (p.360)".

L'amour peut aussi apaiser une colère : "Et au moindre signe de détente, vos paroles apaisantes et votre tendresse précipiteront la fin de la crise (p.470)".

Le lien affectif aide tout le développement : "il faut que les passages délicats, les petites périodes de crise soient bien franchies, et pour cela il faut que l'enfant se sache aimé (p.412)" ; "ce qui lui est nécessaire, c'est un milieu stable, stimulant, affectueux (p.409)". L'amour peut même pallier aux erreurs des parents : "De toutes façons, même si vous essayez d'être des parents parfaits, vous ferez des erreurs, c'est inévitable ; d'ailleurs, cela n'a aucune importance si votre enfant a l'essentiel : votre affection et votre confiance (p.483)".

Cette relation est importante non seulement pendant les premières années du petit, mais elle a des conséquences sur sa vie ultérieure : "L’expérience heureuse ou moins heureuse de ses contacts quotidiens avec vous laissera sa trace sur toute sa personnalité”166 . Laurence Pernoud responsabilise très fortement les parents, et en particulier la mère, sur l'équilibre ultérieur de leur progéniture : "Dès les premiers jours, alors que ce nouveau-né paraît vivre "entre parenthèses", son inconscient tisse patiemment sa toile. La qualité et la solidité de la toile dépendent de tout son entourage et d'abord de vous. (p.349)"; "Ces premières semaines sont importantes, elles vont établir des liens entre vous et votre

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enfant, liens dont la qualité peut avoir une importance certaine sur son avenir (p.350)". L'auteur recourt à un spécialiste pour étayer cette idée et cite page 350 D.W. Winnicott, pédiatre et psychanalyste anglais : "L'équilibre de l'adulte se forme tout au long de l'enfance, mais les fondations de cet équilibre, c'est la mère qui les établit dès les premières semaines et les premiers mois de l'existence de son bébé".

En détaillant les effets d'une carence affective, L. Pernoud veut prouver l'importance de l'amour des parents pour leurs enfants : "Certaines agressivités irréductibles, certaines indifférences affectives (comme une incapacité à aimer) qui apparaissent plus tard, à l'âge de l'école en particulier, n'ont d'autre origine que la frustration affective des premiers mois. 8 à 15 jours (d'absence) : suivant son tempérament, l'enfant exprime sa tristesse violemment par des pleurs et des cris, ou au contraire, sans bruit, par son silence immobile, le regard vide, il devient indifférent à ce qui l'entoure, il dort moins bien, il mange moins bien, ce qui lui fait perdre du poids. Si la carence affective se prolonge plusieurs semaines, des troubles plus importants peuvent apparaître. D'abord digestifs (diarrhée ou constipation qui résiste à tout traitement, vomissements...), puis des rhumes bénins, mais qui n'en finissent pas, ou des affections plus graves telles que broncho-pneumonie, comme si le manque d'amour rendait l'organisme plus fragile et plus vulnérable aux microbes. Parfois, l'enfant qui apprenait à marcher s'arrête net. Celui qui était propre peut se remettre à se mouiller. Certains enfants perdent complètement l'appétit, d'autres au contraire se jettent sur la nourriture et dévorent : on dirait que l'enfant veut remplacer l'amour par la nourriture. Au delà de quatre mois, les troubles s'aggravent nettement et peuvent laisser des traces, des marques indélébiles : un enfant peut souffrir, parfois sa vie entière, rester nerveux, méfiant, incapable de s'adapter au moindre changement, parce qu'il aura, pendant de longs mois, été privé d'amour aux alentours de sa première année. Les troubles de ce troisième stade peuvent atteindre les nerfs, les muscles ou la personnalité et parfois bloquer le développement. etc. (p.361 et s.)"

Cette forte mise en garde est rappelée dans les autres parties de l'ouvrage, par exemple : "Frustrer d'affection peut être très grave pour un enfant, vous l'avez vu au chapitre précédent (p.472)" .

Si l'on considère les instructions de J'élève mon enfant., à coté des principes de justice domestique, civique, de l'inspiration et de l'efficacité, à côté de la logique de l'ordre naturel, déjà relevés dans les chapitres précédents, l'amour constitue une référence, un principe de relation entre les parents et les jeunes enfants. Les liens affectifs sont présentés comme non seulement importants mais comme nécessaires aux jeunes enfants.

Dans le manuel des instituteurs

Dans Orientations-projets-activités pour l'école maternelle, l'affection n'est certes pas prescrites aux enseignants de la même manière qu'aux parents. Cependant sous des termes plus neutres, plusieurs instructions requièrent de la part des instituteurs d'école maternelle une forme d'affection, pour rassurer l'enfant et favoriser les apprentissages.

Dans les prescriptions destinées aux enseignants, les relations avec l'enfant s'appuient implicitement sur les sentiments. Définie comme un lieu d’éducation et d’acquisition, l’école maternelle souhaite cependant répondre aux “besoins” de l’enfant. L’affection étant définie comme telle par la psychologie, référence importante des apports sur l’enfant, il en est fait discrètement mention dans la circulaire du 30 janvier 1986. Le texte souligne le besoin d’ “une attention effective”, celui d’ “être accompagné par des adultes suffisamment disponibles”, “l’importance de l’affectivité et de la structuration de la personnalité”. “Un intérêt véritable (pour les enfants)” est requis. L'attention, l'intérêt, la disponibilité décrivent bien une forme de relation privilégiée. C'est une qualité d'échange qui est requise : "le maître veille à la qualité de sa présence. (p.29)". Le verbe aimer n'est employé qu'une fois, non sous la forme d'un conseil mais d'un constat ayant le poids de l'évidence et auquel les auteurs associent des attitudes : "Les aimer, c'est comprendre qu'ils appartiennent d'abord à eux-mêmes, et c'est savoir leur laisser la marge de liberté...(p.26)". Le terme amour n'est pas employé, mais celui

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d'affection est usité, pour désigner ce qui doit animer les enseignants à l'égard des jeunes enfants : “Il s’agit d’abord de témoigner aux enfants l’intérêt, l’affection et l’écoute intelligente dont ils ont besoin pour s’épanouir”.

Les expressions "respect de l'enfant", "respect de son activité", "respect de son rythme" moult fois répétées dans le manuel, comportent cette exigence de sollicitude, de compréhension de la part des enseignants à l'égard des petits écoliers.

L'affection est présentée comme nécessaire pour la sécurité qu'elle apporte à l'enfant et les auteurs emploient l'expression de "sécurité affective" : "Le bien-être et la sécurité affective doivent être l’objet d’un souci éclairé et sérieux”.

Dans Orientations-projets-activités pour l'école maternelle, le lien affectif apparait comme utile aux apprentissages : "les apprentissages sont favorisés par la richesse des relations qui se développent entre les enfants eux-mêmes, et entre les enfants et le maître (p.28)".

La partie du manuel sur l'organisation de l'espace laisse peu apparaître l'enfant dans cette perspective, l'enfant comme corps, comme être à protéger, le souci d'efficacité sont plus présents dans ces directives d'aménagement. L'un des cinq critères pour concevoir l'équipement de la classe est cependant "l'importance du bien-être psychologique et de la sécurité affective (p.99)". Mais c'est la seule indication concernant l'espace qui place l'enfant comme objet d'affection.

Vis-à-vis des jeunes enfants, le principe d'amour est convoqué, de manière forte dans J'élève mon enfant, et plus discrètement pour les instituteurs. Pour être dignes de leurs fonctions et pour les assumer correctement, parents et enseignants sont sommés d'aimer les enfants.

Conclusion

Comment s'articulent la socialisation familiale et la socialisation scolaire? Quelles réponses apportent la collecte et la confrontation des principes d'action à l'égard des jeunes enfants des instituteurs et les logiques de traitement des petits par les parents?

L'analyse des textes juridiques - Code Civil, Convention Internationale des Droits de l'Enfant, décrets et circulaires du Ministère de l'Education Nationale -, des manuels J'élève mon enfant et Orientations-projets-activités pour l'école maternelle et de la revue Bonheur a permis de recenser les conceptions du jeune enfant, les formes de relation à son endroit, les types de fonctionnement du groupe, les organisations spatiales en vigueur et les logiques correspondantes.

En agissant avec les enfants, les instituteurs choisissent entre les différentes formes d'action qui existent pour eux et qui constituent leur répertoire. Les formes d'action envisagées pour l'enseignant dans les textes analysés se fondent essentiellement sur les principes domestique et civique, sur la logique de la nature, de manière moindre aux principes de l'efficacité et de l'inspiration, et discrètement à une logique affective.

De la même façon, les parents agissent avec leurs jeunes enfants de telle ou telle manière, parmi les diverses possibilités qui s'offrent à eux et qui composent leur répertoire. Les attitudes des pères et mères, telles qu'elles apparaissent dans les prescriptions, réfèrent surtout aux principes domestique et civique, aux logiques de l'amour et de la nature, et de façon limitée aux valeurs de l'inspiration et de l'efficacité.

Le répertoire des parents et le répertoire des instituteurs comportent, certes avec des pondérations distinctes, des principes identiques, des conceptions semblables du jeune enfant et de son traitement : un principe domestique où les relations avec le jeune enfant dépendant sont particularisées et d'autorité douce ; un principe civique dans lequel des liens de coopération s'établissent avec un enfant partenaire ; le principe d'inspiration associé à l'enfant créateur ; le principe d'efficacité lié à l'enfant performant ; la logique de

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la nature ramenant l'enfant à un corps inachevé naturellement inférieur à l'adulte ; la logique affective établissant l'enfant comme objet d'amour.

Chaque conception est étayée, mais sans qu'aucune ne l’emporte de façon décisive. Elles constituent des références dont disposent les acteurs, dont ils usent selon les situations, selon les autres acteurs, selon l'organisation spatiale. De là résulte une situation d'alternatives pour les acteurs, où le choix existe entre des principes contradictoires167.

Au terme de cet inventaire des répertoires de principes de traitement du jeune enfant dont disposent parents et instituteurs, quelle conclusion peut-on en tirer vis-à-vis de la question de l'articulation des socialisations familiale et scolaire?

Les instituteurs et les parents n'ont pas des répertoires fondamentalement dissemblables ; au contraire, ils disposent d'un stock de conceptions proches pour agir, pour organiser la classe et le foyer. La famille et la classe maternelle s'ordonnent sur un ensemble similaire de principes et de logiques et ne peuvent pas être considérées comme deux univers totalement hétérogènes. Bien sûr, les rôles et les fonctions des parents et des instituteurs diffèrent et pondèrent le poids de chaque logique dans l'organisation de la classe ou dans l'organisation du foyer. Cependant les actions, les formes de relation, le fonctionnement du groupe mis en place par les parents s'appuient sur des principes identiques à ceux qui peuvent sous-tendre les activités, les échanges, l'organisation de la classe instaurés par les enseignants.

La socialisation, l'acquisition des savoirs et des savoir-faire requis pour l'établissement de liens sociaux, résultent des interactions entre l'enfant et son environnement, des actions et réactions de l'enfant vis-à-vis de l'entourage matériel et vis-à-vis des actions et réactions des personnes présentes. Si les parents et les enseignants d'école maternelle puisent dans le même stock de principes d'action, on ne peut opposer la socialisation familiale à la socialisation scolaire, pas plus que l'on ne peut mesurer leur écart sur un critère unique.

167Cette multiplicité des références ne crée pas seulement des jeux de parole mais inscrit l’incertitude dans les situations ordinaires, où parents et enseignants ne savent pas sur quels principes définir leur action : "on navigue à vue", "c'est au jour le jour" disent-ils.

L'articulation de ces deux processus ne peut guère mieux être schématisé dans un dessin en deux dimensions. Une modélisation en trois dimensions figurant les six orientations d'action que proposent chaque organisation permet de se représenter l'articulation comme l'imbrication de deux architectures complexes. Les instituteurs et les parents ne pouvant se référer qu’aux mêmes logiques, les jeunes enfants sont insérés dans un fonctionnement familial et une organisation scolaire qui peuvent mettre en oeuvre des principes communs et connaître des ressemblances dans les formes de relation et les activités.

On peut constater que les idées du jeune enfant et de son traitement existant pour les instituteurs et les parents dépassent l'école et la famille et se rencontrent chez d'autres acteurs dans notre société.

Ainsi, on peut trouver l'enfant comme petit à protéger dans la médecine, dans certains aspects de la psychologie. Elle est très forte dans le sens ordinaire comme en témoigne le dégoût suscité par les mauvais traitements à enfant : on y voit la défaillance de l'adulte défini comme protecteur. L'amplification médiatique qui en est faite souligne la force et la vivacité actuelles de cette définition de l'enfant inscrit dans une relation de protection-subordination avec l'adulte.

L'idée d'enfant partenaire égal en droit se rencontre en dehors de la famille et de l'école, dans la mise en place de conseils municipaux d’enfants par exemple.

Par ailleurs, les récents travaux ethnologiques et sociologiques participent de cette logique et considèrent plutôt l'enfant comme sujet, comme acteur168 .

L' inscription de l’enfant dans la logique de l'efficacité s'observe dans la valorisation de l'habileté manuelle, de la rapidité technique, que ce soit à l'école, en tant que résultat de l'apprentissage, par la médecine, en tant que mesure de normalité, par la psychologie,

168Sirota R., L’école primaire au quotidien, Paris, PUF, 1988 ; Perrenoud P., “Nouvelles didactiques et stratégies des élèves face au travail scolaire”, in : Perrenoud P., Montandon C. (eds), Qui maîtrise l’école?,

Lausanne, Réalités sociales, 1988 ; Mollo-Bouvier S. (ed.), Enfances et sciences sociales, Revue de l’Institut de Sociologie, Université libre de Bruxelles, n° 1-2 ; Vasquez A. et Martinez I., La socialisation à l’école. Approche ethnographique, Paris, PUF, 1996 ; Dandurand R., Hurtubise R., Le Bourdais C. (eds),

Enfances, Sainte-foy, Presses de l’Université de Laval, 1996 ; Hammersley L., Woods P., The process of schooling, London, The Open University, 1976 ; Woods P., L’ethnographie de l’école, Paris, Armand Colin, 1980 ; James A., Prout A. (eds), Constructing and reconstructing childhood, London, Falmer Press, 1990 ; Qvortup J., Bardy M., Sgritta G.et Wintersberger H. (eds), Childhood Matters. Social theory, practice and politics, Hants, U.K., Avebury, 1994.

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comme repère du développement psychomoteur. L'enfant ne peut pas se définir totalement dans le monde industriel, mais l'objectif de performance qui lui est assigné fréquemment dans notre société, entretenu par la concurrence, la compétition, lui confère cette dimension, au-delà de l'école et de la famille.

La définition de l'enfant qui le ramène à sa dimension biologique en s'appuyant sur le critère physique de l'âge notamment est largement partagée dans notre société. Tout autant que son appréhension comme être à chérir.

Les définitions du jeune enfant rencontrées dans les textes étudiés existent dans d'autres univers que ceux de l'école et de la famille et sont partagés plus largement dans notre société169. Ces principes qui mettent en forme différents types de relation entre adultes et jeunes enfants se retrouvent dans le savoir savant et la connaissance commune. Les ouvrages spécialisés sont repris dans les discussions entre parents, dans les réunions d’enseignants, dans les débats télévisés et radiophoniques. L'hypothèse d'un échange constant entre connaissance savante et connaissance ordinaire à propos des conceptions